Deux Beaux Salauds. La rafle du Figeacois des 11 et 12 mai 1944
188 pages
Français

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Deux Beaux Salauds. La rafle du Figeacois des 11 et 12 mai 1944 , livre ebook

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Description

Cet ouvrage revient sur l'immense rafle orchestrée dans le Lot par la Das Reich, division de la Gestapo de 12000 hommes célèbre pour sa cruauté. A leur tête, "Hercule", un nain de 18 ans, infiltré dans la Résistance, secondé par un Grec, André Isanove. Il retrace le parcours effarant de ces deux individus, révélant leur inhumanité mais aussi l'héroïsme de ceux qui n'ont pas désespéré.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 73
EAN13 9782296464421
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Deux Beaux Salauds
La rafle du Figeacois des 11 et 12 mai 1944
François Sauteron
 
 
Deux Beaux Salauds
La rafle du Figeacois des 11 et 12 mai 1944
 
 
 
Du même auteur :
 
Trois jours comme les autres , Julliard 1961.
 
Comps sur Artuby , Chroniques d’un village provençal 1984 (ouvrage collectif).
 
Histoire d’une aventure , Kodak-Pathé, 1987 (avec Michel Rémond).
 
Cent ans de cinéma , Glénat 1995 (BD avec Catherine Zavatta, dessins de Gilbert Bouchard).
 
Au pied de mon arbre ; Le Monument ; Illusions perdues , Diffusion Mairie de Faycelles 46100, 2044, 2006 (Histoire illustrée en 3 volumes d’un village du Lot, avec Arlette Sauteron).
 
Quelques vies oubliées, Une enfance vendéenne , L’Harmattan, 2007.
 
Une si jolie usine, Kodak-Pathé Vincennes , L’Harmattan 2008.
 
La chute de l’empire Kodak, L’Harmattan 2009.
 
Un gars de Ménilmontant (avec Guy Moisan), L’Harmattan 2010.
 
 
 
 
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
 
ISBN: 978-2-296-54966-1
EAN: 9782296549661
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
À la mémoire de Pierre Combes, Résistant de la première heure, déporté à Auschwitz, Buchenwald puis Flossenburg, et qui consacra sa vie à perpétuer le souvenir de ses camarades martyrisés pour notre liberté .
 
J’avais de la chance, assuraient mes amis, une chance que je me gardais bien de mettre à l’épreuve dans un quelconque jeu de hasard. En réalité cette réputation flatteuse était née uniquement de ma facilité à garer ma voiture. Encore une fois je pouvais parader, ayant trouvé libre l’une des dix places réservées à cet usage devant le cimetière de Cahors.
Je franchis la porte St-Michel avec, comme toujours, un pincement au cœur, impressionné par cette grande ouverture en ogive dans le rempart de grosses pierres blanches surmontées de briques roses où l’on distingue l’amorce d’un chemin de ronde. Cette muraille, censée protéger autrefois la ville, permettait maintenant de pénétrer dans le royaume des morts. J’entrais toujours dans ce lieu avec la sensation qu’il y manquait un tombeau, ayant du mal à admettre qu’une célébrité comme Gambetta ne soit pas enterrée dans sa ville natale. On aurait dû réserver la place d’honneur au fils du boutiquier du Bazar génois de la place Jacques-Chapou, devant la cathédrale St-Etienne. C’était ma marotte, et je surprenais souvent quelques coups d’œil de commisération lorsque j’abordais ce sujet. Cette idée venait de loin, d’un grand portrait, qui, dans le grenier du grand-père, voisinait avec celui du maréchal de Mac-Mahon. Je savais même que ces grandes lithographies, encadrées d’un jonc noir, ornaient autrefois les mairies, et avaient été éditées par un certain Bernasconi, à Lyon. Je n’avais aucun mérite à retenir ce nom, car c’était celui d’un petit copain, un émigré Italien, complètement nul aux billes, que je lui gagnais systématiquement.
J’étais intarissable sur Gambetta , et il est vrai que mon idée de tombeau était parfaitement imbécile. On aurait eu bien du mal à rassembler les restes du grand homme. Il mourut le 31 décembre 1882, à 44 ans, quelques minutes avant minuit. Le surlendemain matin de sa mort, après avoir fêté dignement l’arrivée du nouvel an, pas moins de 15 sommités s’étaient jetées sur les 112 kg du corps illustre pour le dépecer. « Une vraie boucherie ! », dira l’embaumeur, écœuré, et qui pourtant en avait vu d’autres ; un pillage excusé, affirmait-on, par « La Science. » Le professeur Mathias Duval avait participé à ce massacre. Conformément au vœu du défunt, il lui avait coupé la tête bien proprement pour s’emparer du cerveau. Ce célèbre Duval, qui, entre autres activités, enseignait l’anatomie à l’école des beaux-arts de Paris, avait placé dans une vitrine cette masse blanchâtre à côté du cerveau de Broca qui avait découvert le centre du langage. Plus tard ce reste macabre côtoiera également le cerveau de Bertillon qui savait si bien confondre les criminels, avait inventé la photographie scientifique des corps refroidis, juste après le meurtre, mais qui, hélas, se ridiculisa dans l’expertise du bordereau de l’affaire Dreyfus, oubliant qu’un anthropomètre n’est pas un graphologue.
Duval avait été stupéfait. Il avait envoyé Baudiau, des pompes funèbres, peser immédiatement le cerveau chez un pharmacien de Sèvres, juste à côté. Il crut à une erreur. Le pesant et repesant lui-même, effaré, il ne trouva qu’1 kg 246, 150 grammes de moins que la normalité ! Allez y comprendre quelque chose ! Gambetta étonnait pourtant par sa fabuleuse mémoire. Le docteur Fieuzal emporta le crâne vide. L’un des bras, le droit, je crois, avait été désossé par le professeur Aristide Verneuil et disparut. Le chirurgien Odilon Lannelongue, pour bien montrer qu’il avait été le seul, parmi tous les grands savants au chevet du malade, à avoir fourni le bon diagnostic, avait coupé un grand morceau d’intestin, cause de tous les maux. Il aurait opéré le patient avec succès, pensait-il, si on ne l’en avait pas empêché, en partie parce qu’il était jeune et n’était pas encore professeur. Il avait exposé la relique dans un bocal au musée de l’académie de médecine, pour mettre en évidence les deux perforations purulentes. L’ami Paul Bert avait enveloppé le cœur sanguinolent dans un morceau de journal en attendant de le déposer dans un vase en cristal. Une association d’Alsace-Lorraine le fit placer dans un monument élevé aux Jardies, 14 rue du chemin vert à Sèvres, demeure du défunt, qui avait été le pavillon du jardinier de Balzac. Monument tout de même réalisé par le célèbre sculpteur Bartholdi, l’homme de la statue de la liberté et du Lion de Belfort. On traitait donc ce cœur, réceptacle supposé de toutes les vertus, comme ceux des rois de France. Pour un peu Gambetta aurait subi le sort de St-Louis dont on avait dispersé dans toute l’Europe côtes et phalanges. Baudiau avait eu bien du mal à remettre quelques vêtements sur ces débris sanglants.
Non, il n’était pas derrière cette muraille cadurcienne, Gambetta . On lui avait organisé de bien belles funérailles nationales, de la chambre des députés drapée d’un voile noir de 1 500 mètres carrés, jusqu’au Père-Lachaise, dans un catafalque décoré par Garnier, l’architecte de l’opéra. Ce furent trois heures de défilé. On entendit huit interminables discours, mais monsieur Gambetta père, l’italien, qui habitait maintenant Nice, et qui passait pour très obtus, exigea que son fils soit enterré au mont Boron à côté de sa mère tant aimée, qui y reposait depuis six mois. Les dépêches de Victor Hugo, de la plupart des célébrités du moment, le déplacement de quelques Alsaciens n’y firent rien : ce serait Nice, dans une terre qui avait été si longtemps italienne. On fit donc partir un train spécial avec la dépouille et, à chaque gare, les loges maçonniques, les élèves des écoles, les sociétés républicaines, les administrations, rendirent hommage au disparu.
Ce cœur qui avait tant battu pour Léonie Léon, cette fille-mère qui évitait soigneusement de rencontrer la famille du grand homme, finit par se retrouver dans une belle urne orange nichée dans l’escalier qui descend à la crypte du Panthéon. On l’y plaça le jour même où la dépouille du soldat inconnu fut déposée sous l’arc de triomphe.
J’avais donc des regrets, et je me consolais à l’idée que Cahors, dans le musée Henri Martin, gardait tout de même un morceau du héros. C’était, dans un petit bocal en verre, son œil droit crevé alors qu’il avait huit ans et qu’il traînait dans la boutique d’un voisin coutelier. Il regardait un apprenti, presque de son âge, percer des trous de rivets dans le manche d’un couteau, lorsque le fleuret tendu sur

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