Esclavage et servitude aux Antilles
373 pages
Français

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Esclavage et servitude aux Antilles , livre ebook

373 pages
Français

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Description

De l'Antiquité à la traite des Noirs, ce livre apporte un éclairage passionnant, parfois surprenant de facettes très diverses de l'esclavage. L'esclavage, à toutes les époques, est un crime contre l'Humanité. Il est important de disséquer le phénomène, et particulièrement de le comprendre. Des servitudes antiques aux traites transocéaniennes, jusqu'aux esclavages qui souillent notre temps, il y a un seul et même fil conducteur : le déni de l'être humain.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2015
Nombre de lectures 61
EAN13 9782336384511
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Jean-Gabriel MONTAUBAN
Dominique Aimé MIGNOT





Esclavage et servitude aux Antilles

L’héritage antique et médiéval – XVII e -XX e
AVERTISSEMENT
Les réflexions et les opinions des contributeurs n’engagent qu’eux-mêmes mais aucunement les auteurs et l’éditeur de l’ouvrage.
Copyright

© L’HARMATTAN, 2015
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-73462-0
PREFACE
« C’est une chose étrange à la fin que le monde »

Jean d’Ormesson

Préfacer un ouvrage portant sur l’esclavage, thème que John Wesley a défini comme l’abrégé de toutes les infamies n’est pas chose facile. Il est des mots qui font frémir : L’esclavage fait partie de ceux-là. Il fait remonter en nous ce que l’oubli tente, en vain, de garder. Cependant, quand on jette en arrière un regard sur les écrits ayant trait à ce concept, on constate que ceux qui font état du bonheur des esclaves sont nombreux. Et pourtant, parmi les théories dominantes à travers les époques, celles qui avancent qu’il est bon pour l’équilibre de l’humanité que certains hommes ne mangent pas à leur faim pour que d’autres puissent s’accomplir et user librement de leurs droits politiques ne sont pas les moins répandues. Platon au nom de la politique ou encore Zénon au nom de l’indifférence stoïque ont légitimé l’esclavage. Comment, à notre époque, le regard peut-il être différent qu’attristé ? Comment peut-on comprendre que l’esclavage existe encore ?

Chacun a son idée. Je me garde bien d’argumenter lors de cette préface car l’auteur de cette dernière doit éviter sans cesse certains écueils. En effet, dans l’usage commun, la préface désigne cette partie du texte placée au début d’un ouvrage afin de le recommander au lecteur après en avoir extirpé sa substance. Il est donc bien fidèle à son étymologie (du latin præ : avant et fari : parler). Le risque est grand devant un tel sujet, de vouloir résumer toutes les contributions et faire du délayage en étant surabondant.

Un autre écueil se présente. Si l’on a en mémoire que la préface désigne également depuis neuf siècles, la partie chantée ou non du canon de la messe qui enchâsse la consécration liturgique, le risque est bien réel de croire que nos pensées doivent avoir la primauté sur celles des autres et qu’il n’existe pas d’alternative pour baliser la route. On y va alors de sa grand-messe et, pris par les rites de la cérémonie, l’attention du lecteur est portée uniquement sur le préfacier qui va de son rituel en attirant toute l’attention vers lui et empêche à l’avenir de découvrir le passé. Le préfacier ne résistait pas à réserver deux pages à faire son apologie.

Thucydide qui a légitimé l’esclavage au nom de l’histoire a mis en avant, dans une préface ou préambule resté célèbre, les raisons qui l’ont poussé à relater la guerre du Péloponnèse. Il explique les raisons de ces investigations en procédant à une synthèse de l’histoire grecque.

D’autres préfaces, enfin connues sous le nom de Préfaces casquées ( prologi galeati ), étaient adressées aux adversaires de l’auteur pour le prévenir d’attaques éventuelles. Puisque le « moi est haïssable », je ne parlerai pas de moi. Il est plus sage de suivre ce conseil de Voltaire : « Parlez de vous le moins que vous pourrez, car vous devez savoir que l’amour-propre du lecteur est aussi grand que le vôtre. Il ne vous pardonnera jamais de vouloir le condamner à vous estimer. C’est à votre livre à parler pour lui. » Les Italiens l’ont bien compris puisqu’ils appellent la préface « la salsa del libro » : la sauce du livre. Bien assaisonnée elle permet de dévorer l’ouvrage. Nous espérons donner au lecteur un guide de lecture en essayant de rester au plus près possible du contenu.

Quand j’interroge la conscience sur ce qui est important, point d’hésitation : la liberté est inestimable et irremplaçable ; c’est donc le bien le plus précieux. Quand on fait appel au passé qui, en réalité, ne passe jamais ; quand on interroge le présent qui peut nous tromper sur l’avenir fugace et volatil, on apprend que des milliards d’hommes ont connu l’esclavage ; que des millions d’êtres humains en souffrent dans leur chair, et que les tyrans destructeurs sont immortels en face de leurs victimes éternelles.

Les chercheurs du jeune Centre de Recherche en Economie et en Droit du Développement Insulaire sis à la faculté de droit et d’économie (C. R. E. D. D. I.) de la Guadeloupe en nous présentant cet ouvrage collectif tente de résoudre cette énigme. Ils n’ont pas du tout fait leur la maxime du Cardinal de Retz « quand les événements nous échappent feignons d’en être les instigateurs » et ont tenté de mettre en lumière les éléments qui pourraient défaire les nœuds de l’illogique afin de résoudre cette contradiction lamentable. Certains hommes tiennent plus que tout à leur liberté en exigeant de l’autre qu’il y renonce. On sait la difficulté de penser le présent « no sabemos lo que pasa y eso es lo que pasa » (Ortega y Gasset) En d’autres termes, l’immédiat et l’expérience précèdent la conscience. Ce sont les idées qui ouvrent ou ferment la porte à la réalisation d’un grand dessein. Comme l’a dit Pierre Gutoyat, « Les forces « extérieures » du monde sont les mêmes que celles qui nous agitent intérieurement ; ses drames, ses tentations, ses lâchetés, ses cruautés –pour peu qu’on ait l’occasion, la volonté, la franchise, l’intelligence de les voir, de leur résister, de les combattre en soi-même procèdent aussi de la vie intérieure de tous les autres êtres humains….Les cruautés des tyrans leur viennent d’une vie intérieure qui nous est commune à tous ».

Le colloque organisé les 22, 23 et 24 novembre 2012 à la Faculté de sciences juridiques de la Guadeloupe a permis de confronter les points de vue de chercheurs travaillant sur la thématique de l’esclavage mais avec des approches différentes. C’est d’ailleurs un des gros mérites de ce colloque d’avoir permis cette confrontation d’idées tant il est vrai qu’il n’existe pas de grille de lecture pouvant nous dévoiler les secrets du XXI e siècle.

Edgar Morin a recensé sept réformes nécessaires à réaliser au début de ce troisième millénaire et s’en prend à la barbarie de nos vies lorsqu’il affirme que nous ne sommes pas intérieurement civilisés. En effet, de tout temps, dès que deux hommes s’affrontent, le vainqueur asservit l’autre et « selon que l’on soit puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». La loi va du côté des puissants alors que son existence a comme objectif premier de garantir la liberté. Comment éviter ces écueils ? L’esclavage a existé sur un large spectre (Romains, Grecs, Perses, etc.) avec des intensités différentes, tantôt plus brutales, tantôt plus souples mais sans cesse impitoyables. Le bipartisme existe bel et bien entre l’acceptation et la soumission à l’esclavage d’une part et entre la tyrannie et l’autorité d’autre part. Pour ne pas travailler, l’homme oblige un autre à travailler. Pas de résistance, sinon il le bat ; pas d’infécondité, sinon il le vend.

Les membres du C. R. E. D. D. I. ont retenu le thème de l’esclavage qui a toujours été aux Antilles françaises à l’heure et au goût du jour.

La problématique consiste à savoir si l’esclavage aux Antilles françaises a été en grande partie la simple reprise de phénomène esclavagiste relevant plus du « droit des gens » ou ius gentium des Anciens que du droit civil ou si, inversement, l’institution esclavagiste a constitué un ultime avatar de la servitude antique en raison de la philosophie grecque dominante et de la matrice juridique romaine qui avaient fait de l’esclave « seruus » non seulement une « res coporales » mais une « persona » selon les institutes de Gaius du deuxième siècle de notre ère.

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