Jason le guérisseur au service d Héra
168 pages
Français

Jason le guérisseur au service d'Héra , livre ebook

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168 pages
Français

Description

Jason ne serait-il pas un enjeu de pouvoir entre les anciens dieux issus de Gaia et les nouveaux dieux gouvernés par Zeus ? Si Jason n'est pas un héros qui lutte en utilisant la force de la matière, il n'est pas non plus un héros qui se donne spontanément à l'esprit. Parce qu'il est particulier, Jason nous interpelle et nous fait comprendre que nos choix de vie n'ont que peu de poids devant des décisions qui nous échappent. Est-il le jouet du destin en subissant Héra puis Médée et finalement Zeus ? Telle est la question que l'auteur se pose encore !

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336350547
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gilbert ANDRIEU
Jason le guérisseur au service d’Héra
POUR COMPRENDRE POUR COMPRENDRE
Jason le guérisseur au service d’Héra
Pour Comprendre Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud  L’objectif de cette collectionPour Comprendrede présenter en est un nombre restreint de pages (176 à 192 pages) une question contemporaine qui relève des différents domaines de la vie sociale.  L’idée étant de donner une synthèse du sujet tout en offrant au lecteur les moyens d’aller plus loin, notamment par une bibliographie sélectionnée.  Cette collection est dirigée par un comité éditorial composé de professeurs d’université de différentes disciplines. Ils ont pour tâche de choisir les thèmes qui feront l’objet de ces publications et de solliciter les spécialistes susceptibles, dans un langage simple et clair, de faire des synthèses.  Le comité éditorial est composé de : Maguy Albet, Jean-Paul Chagnollaud, Dominique Château, Jacques Fontanel, Gérard Marcou, Pierre Muller, Bruno Péquignot, Denis Rolland. Dernières parutions Jean-Baptiste ESAÜ,Les élections présidentielles Aux Etats-Unis,2014. Gérard PETITPRÉ,Les trente Glorieuses de la Ve République (1958-1988), 2014. Xavier BOLOT,Les Trois Réalités. Physique, perçue, représentée ici, maintenant, évolutions, 2014. Alain DULOT,Ce que penser veut dire. Essai, 2013. Claude-Michel VIRY,Guide historique des classifications de savoirs, 2013. Maixent LOUBASSOU-NGANGA,L’immigré et la gestion du patrimoine, 2013. André MESIN,De Smith à Marx : deux approches du capitalisme, 2013. Xavier BOLOT,Comment représenter l’action. Le bonheur d’appliquer les sciences de la vie aux arts du vivants, 2012. Thomas SEGUIN,Le postmodernisme. Une utopie moderne, 2012. Nicolas BALTAZAR,La place des salariés dans l’entreprise de demain. Que cache la rationalisation des entreprises françaises ?, 2012. Denis MONNEUSE,Les jeunes expliqués aux vieux, 2012. Gérard PARDINI,Grands principes constitutionnels. Institutions publiques françaises, deuxième édition, 2012.
Gilbert ANDRIEUJason le guérisseur au service d’Héra
Du même auteur Aux éditions Actio L’homme et la force, 1988 e L’éducation physique au XX siècle, 1990 Enjeux et débats en E.P., 1992 À propos des finalités de l’éducation physique et sportive, 1994 e La gymnastique au XIX siècle, 1997 Du sport aristocratique au sport démocratique, 2002 Aux Presses Universitaires de Bordeaux Force et beauté. Histoire de l’esthétique en éducation physique e e aux XIX et XX siècles, 1992 Aux éditions L’Harmattan Les Jeux Olympiques un mythe moderne, 2004 Sport et spiritualité, 2009 Sport et conquête de soi, 2009 L’enseignement caché de la mythologie, 2012 Au-delà des mots, 2012 Les demi-dieux, 2013 Au-delà de la pensée, 2013 Œdipe sans complexe, 2013 Le choix d’Ulysse, 2013 À la rencontre de Dionysos, 2014 Être, paraître, disparaître, 2014 La preuve par Zeus, 2014 Pour comprendre la Théogonie d’Hésiode, 2014 © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris www. harmattan.comdiffusion.harmattan@wanadoo.frharmattan1@wanadoo.frISBN : 978-2-343-03334-1 EAN : 9782343033341
UNE MORT QUI FAIT RÉFLÉCHIR Entre Héra et Zeus, Jason pourrait bien n’être qu’un intermédiaire ! Entre les dieux de première génération et les Olympiens, il pourrait également représenter un exemple d’évolution qui trancherait fondamentalement avec celui d’Héraclès. Il pourrait se situer entre la Terre et le Ciel. Toute sa vie et, plus particulièrement, son voyage vers la Colchide représenteraient l’accomplissement d’une mission décidée par les Olympiens, principalement le couple divin formé par Héra et Zeus, autrement dit le frère et la sœur, mais encore sous contrôle de la Terre Mère. Jason est connu pour son voyage plus que pour le reste de sa vie et s’il doit figurer parmi les héros de la quatrième race hésiodique, il reste que ses exploits n’ont pas la renommée de ceux d’Héraclès. Ils ne rentrent pas dans le cadre réservé par Homère aux demi-dieux, mais aussi par un Zeus adulte qui, d’après Hésiode, serait à l’origine de la quatrième race. J’aborderai plus tard la quête de la Toison d’Or, mais il m’a semblé utile, pour la compréhension de l’ensemble, de commencer par étudier la mort de Jason qui résume ou symbolise toute la vie du héros. Il est assez surprenant de voir que cette mort n’est pas évoquée par tout le monde. Pierre Grimal n’en parle pas dans sonDictionnaire de mythologie grecque et romaine! La naissance et la mort des héros sont pourtant hautement symboliques. Les morts d’Héraclès, d’Œdipe ou de Thésée ne sont pas négligées et donnent du sens à leur vie. Dans le cas de Jason, elle révèle le sens de sa vie, certainement mieux que tous les détails qui lui ont donné une place importante dans la mythologie comme le voyage sur l’Argo.
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Comment ne pas être surpris de voir que l’étude de Jason, chez ceux qui la font, peut se situer à part de la quête de la Toison d’Or, comme s’il s’agissait de deux mythes différents ou complémentaires ? Cette quête pourrait-elle exister sans Jason ? N’est-ce pas la recherche du pouvoir à Iolcos qui conduit Jason à se doter d’un navire, à regrouper autour de lui d’autres héros et à faire ce long voyage vers la Colchide ? Ne serions-nous pas influencés par ceux qui, comme pour Ulysse, se sont focalisés sur le voyage comme s’il s’agissait d’un voyage exploratoire ou un voyage dominé par un esprit de conquête ou de commerce ? Je traiterai plus tard du voyage vers la Colchide, autrement dit vers le Soleil levant, symbole de l’origine de la vie et de la pureté, grâce à cette lumière qui tous les matins émerge victorieusement des ténèbres. Le mythe a été récupéré par des psychologues comme Paul Diel qui se sert de sa légende pour étudier le combat contre la banalisation de la vie et c’est à partir de son travail que je vais commencer mon analyse. Lorsque Gaston Bachelard, qui préface son livre, nous dit que le mythe est un drame humain condensé et fait de Jason un homme qui possède «un surconscient, un moi et un subconscient», il nous entraîne dans son monde qui n’est pas 1 celui de Jason . Nous sommes habitués, depuis longtemps, à voir dans l’homme une fonction psychique et le complexe d’Œdipe n’a fait que confirmer la relation entre les mythes et ce psychisme. Pour autant, ce rapprochement ne va pas de soi et c’est ce que nous verrons par la suite. Lorsque Gaston Bachelard ajoute que «le combat du héros est moins un combat historique qu’un combat psychologique» (p.12), nous avons envie de le rejoindre, mais nous sentons aussi que ce transfert peut cacher d’autres éclairages. Sans vouloir le critiquer, je dirai que cette vision du mythe est une vision culturelle, une vision largement influencée par un ensemble de connaissances qui se veulent objectives. J’aurais aimé que G. Bachelard nous
1  DIEL P.Le symbolisme dans la mythologie grecque. Paris, Payot, 2002 (1966), p. 11.
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propose une pensée plus proche de celle qu’il avait évoquée en parlant de Narcisse. Pour Paul Diel, qui se démarque de Freud, de Jung et d’Adler, «la symbolisation mythique est un calcul psychologique exprimé en langage imagé» (p.25) et son travail consiste à étudier le calcul psychologique qui permet de comprendre le combat que les hommes livrent au fond d’eux-mêmes contre l’automatisme subconscient, contre l’exaltation imaginative. Pour lui, l’homme doit avancer vers la lucidité vis-à-vis de ses intentions inconscientes et la spiritualisation permet d’atteindre la vérité en dissolvant le mensonge ou en écartant le refoulement. Le mythe parlerait de la souffrance psychologique des hommes et de leur désir de la surmonter, il raconterait leur combat héroïque : «combat destiné à surmonter cette erreur vitale qu’est la fausse introspection-interprétation et son incessant calcul de justification mensongère» (p.23). On comprend bien que Zeus étant le symbole de l’esprit, les intentions symboliques des divinités puissent être la projection des intentions réelles des hommes. Il est peu probable que nos ancêtres aient été sensibles à cette distinction entre les différents éléments de la conscience ! Le danger, pour l’homme qui raisonne, reste de comprendre le passé à partir de ce qu’il sait. J’y reviendrai à la fin de cette étude qui cherche à dégager, avant tout, un enseignement caché sous les symboles. Le mythe traiterait à la fois de la cause première de la vie et de la conduite sensée que les hommes peuvent lui imposer, la première étant un mystère, une sorte d’esprit absolu. À l’homme reviendrait la tâche de donner un sens à la vie, autrement dit de développer sa vraie qualité en se spiritualisant. Dans tous les combats héroïques, le héros est opposé à un monstre qui symbolise son exaltation imaginative. C’est par l’intermédiaire d’une spiritualisation ou d’une sublimation qu’il peut vaincre le monstre. Ainsi, tout combat peut aboutir à l’une des deux solutions possibles : le pervertissement ou la sublimation qui correspond à la spiritualisation. Le mythe, qui est une «création collective du rêve surconscient de la vérité» (p.40), se rapporterait à la délibération intime intérieure et à
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l’activité sensée. Paul Diel oppose alors l’élan évolutif qui devrait permettre la spiritualisation et la déformation psychique qu’il nomme «l’euphorie banale» et précise : «Pendant pervers de la surtension angoissée due à l’accumulation des désirs exaltés, la banalisation se présente comme un état de sous-tension énergétique. Chaque désir est immédiatement contenté, aucun désir ne peut être retenu : aucune tension sensée, aucune énergie évolutive, ne peut se former, l’énergie s’épuise en agitations vaines. Puisqu’il n’y a pas de désirs retenus, aucun travail de spiritualisation ou de sublimation n’est possible. Il ne reste que le vide intérieur.» (p.41) Le héros est l’homme qui lutte pour réussir cette délibération intérieure, mais il ne peut le faire qu’avec l’aide des dieux, qu’avec les armes symboliques des divinités que Paul Diel regroupe sous l’étiquette de «clairvoyance spirituelle» (p.43) et qu’il associe à la «pureté de l’activité» (p.43). Le travail de Paul Diel est orienté vers la justification d’une morale qui ne serait ni une convention sociale ni une obligation surnaturelle, «mais un phénomène naturellement inhérent à la vie.» (p.44) Sur ce point particulier, je le rejoins aisément. Toutefois, je reviendrais sur l’usage d’une morale qui reste un objet qui ne dépend pas de nous, mais des autres. Elle correspondrait à la recherche d’un désir essentiel qui ne pourrait être obtenu qu’en harmonisant et en dépassant les désirs secondaires : elle «est l’économie du plaisir et la valorisation surconsciente qui cherche le plaisir sublimé. » (p.44) La clairvoyance surconsciente qui permettrait ce choix correspondrait à notre conscience, autrement dit au pressentiment d’une loi «qui stipule qu’à toute déviation essentielle correspond l’angoisse vitale : le tourment de la culpabilité.» (p.44) De là proviendrait le sentiment religieux. Le combat que livreraient tous les héros représenterait la situation conflictuelle de la psyché humaine. On comprend mieux que les héros mythiques puissent être observés à partir de leur degré de sublimation, de leur atteinte de l’objectif qui consiste, symboliquement, à devenir des dieux ou l’égal d’une divinité. C’est ainsi que Jason, Thésée ou
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Héraclès peuvent être étudiés par rapport à leur combat contre la banalisation à l’opposé d’Orphée et d’Œdipe qui le sont par rapport à la banalisation ou Icare et Persée par rapport à l’exaltation. Il convient de retenir ici les précisions apportées par Paul Diel en ce qui concerne la banalisation. «Pour peu que l’homme oublie l’esprit, qu’il exalte ses désirs vers la matière (vers la terre-mère), il se banalise.» (p.155) «L’esprit humain est la manifestation la plus éclatante de l’Essence-Mystère. La séduction banale, l’attachement exclusif à la terre-mère, apparaît sous cette perspective non seulement comme une révolte de l’intellect contre l’esprit, mais comme une chute originelle, comme une faute de l’espèce humaine à l’égard de «l’essence-mystère». Cette faute se définit comme l’oubli de la profondeur mystérieuse de toute vie. Le mythe appelle symboliquement cette faute essentielle « la mort de l’âme ». La signification psychologique de ce symbolisme est la banalisation.» (p.156) Je n’ai pas à faire ici l’analyse de l’analyse, mais je voudrais souligner sans tarder le sens unique retenu par Paul Diel : lorsque le héros ne monte pas vers le Ciel il commet une faute, il régresse en retombant sur Terre ! L’ensemble du travail de Paul Diel est à prendre en considération ne serait-ce que pour approfondir les mythes dans leur sens symbolique. Toutefois, il me semble que cet approfondissement est orienté par un choix personnel, un choix e de psychologue du XX siècle. Il serait possible d’ajouter de psychologue chrétien. Il semble compréhensible que chaque héros puisse trouver sa place sur le vecteur psychologique qui conduit vers la spiritualisation. En opposant Zeus et Gaia, en concevant le sens de l’évolution qui conduit de la matière à l’esprit, il ne pouvait que faire de Dionysos le symbole du déchaînement du désir terrestre, parler de banalisation dionysiaque et replacer le tout dans une Grèce décadente. On peut dès lors entrevoir que Jason ne sera pas le héros idéal, qu’il subira la punition de la banalisation.
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