"La guerre" de 1811
136 pages
Français

"La guerre" de 1811 , livre ebook

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136 pages
Français

Description

Voici le résultat de recherches sur la seule révolte d'esclaves effective sur l'Île de la Réunion. En 1811, alors que l'île était sous domination anglaise, plus de 200 esclaves se sont dressés contre l'oppression du système esclavagiste. Cette révolte s'organisa dans les hauts de Saint-Leu, commune privée d'eau qui voyait les esclaves venant des propriétés diverses se rassembler quotidiennement au bassin d'eau et penser la révolte à l'abri des regards des maîtres. Les évènements se termineront tragiquement pour les révoltés.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2015
Nombre de lectures 27
EAN13 9782336368702
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Historiques
Gilles Gérard
série Travaux
« La guerre » de 1811 oU là RévolUtion DEs EsclàvEs DE Sàint-LEU, îlE BoURbon (Là réUnion)
Historiques Travaux
« LA GUERRE DE 1811 »
OU
LA RÉVOLUTION DES ESCLAVES DE SAINT-LEU, ÎLE BOURBON (LA RÉUNION)
Historiques Dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland La collection « Historiques » a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d'étude et des périodes historiques. Elle comprend trois séries : la première s’intitulant « travaux » est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la deuxième intitulée « sources » a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien ; enfin, la troisième, « essais », accueille des textes ayant une forte dimension historique sans pour autant relever d’une démarche académique. Série Travaux Yann GUERRIN,La France après Napoléon, 2014. Émilienne LEROUX,Histoire d’une ville et de ses habitants, Nantes. De 1914 à 1939,Tome II, 2014. Émilienne LEROUX,Histoire d’une ville et de ses habitants, Nantes. Des origines à 1914,Tome I, 2014. Eric AGBESSI,Ce qu’en disait le Sud. La loi sur les droits civiques de 1964 : perspectives et arguments des opposants au projet,2014.Annie BLETON-RUGET,La Bresse bourguignonne. Les e e dynamiques d’un territoire. XVIII -XXI siècle, 2014.Jean-Michel PARIS,L’Humanitaire (1841), Naissance d’une presse anarchiste ?, 2014. Sébastien ÉVRARD,L’or de Napoléon. Sa stratégie patrimoniale (1806-1814), 2014. Eva PATZELT,Un haut fonctionnaire est-allemand aux prises avec l'intelligentsia (1963-1989), 2014.
Gilles GÉRARD
« LA GUERRE DE 1811 »
OU
LA RÉVOLUTION DES ESCLAVES DE SAINT-LEU, ÎLE BOURBON (LA RÉUNION)
Du même auteur Visages de l’usine. Muséum Stella Matutina. 1994 (Avec Yann Arthus-Bertrand). Famiy maron ou la famille esclave à Bourbon. L’Harmattan, 2012. Mariaz la pa badinaz ou le choix du conjoint en société créole. E. Book, 2014.
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-05484-1 EAN : 9782343054841
A Sudel FUMA
Remerciements particuliers à Martine Grimaud, Marie Hélène Hilaire, Jean-Michel Lambert et Jean-Paul Calteau.
Aux sources de la révolte Entre le 4 et le 8 novembre 1811 eût lieu à Saint-Leu, petite commune du sud-ouest de l’île Bourbon (île de La Réunion) un mouvement insurrectionnel organisé par des esclaves afin de mettre fin au système esclavagiste en vigueur sur l’île depuis le début de son peuplement. A la différence d’autres mouvements de rébellion avortés avant leur mise en œuvre, souvent en raison de délations, celui-ci va se réaliser grâce aux esclaves eux-mêmes. D’autres évènements de même type dans les colonies des Caraïbes concernaient souvent des esclaves associés à des Libres de Couleur, anciens esclaves affranchis, et parfois eux-mêmes propriétaires d’esclaves. Une des singularités de cette révolte réside dans sa préparation et sa réalisation avec unique-ment des personnes esclaves, issues de la Traite ou natives de l’île. Sa conclusion dramatique, sa brièveté, trois ou quatre jours, expliquent en partie son oubli dans la mémoire collective. Nommer les évènements qui se déroulèrent à Saint-Leu n’est pas simple. Dans cette société esclavagiste, le monopole des mots et des dénominations reste l’apanage des différents pou-voirs. Le monde esclave, dans son silence ou plutôt dans la négation de sa parole publique, apparaît peu dans les écrits et archives à la base d’une étude historique sur des faits remontant à plus de deux siècles. La mémoire orale des uns ou des autres est absente et seules les communications plus ou moins récentes entretiennent le souvenir de novembre 1811. 1 «Laguerre»est le terme employé spontanément, semble-t-il, par trois esclaves pour des faits remontant soit à 1799, au même endroit et avec les mêmes protagonistes, soit en 1811, lors des 1 Ce terme sera aussi utilisé lors du complot de Sainte-Rose en 1799 par Jean Marie dans le but d’ «assassiner les habitants pour gagner leur liberté et s’emparer du païs» ; cité par Albert Jauze,Traite, réification, révoltes, éman-cipations des esclaves à Bourbon. Son usage apparaît également lors d’insurrections aux Caraïbes, en particulier en Jamaïque en 1760 et à Saint-Domingue dès 1791. 7
interrogatoires des insurgés ou dans un récit de la révolte. La force de cette dénomination renvoie sans doute à la guerre fran-co-anglaise qui concernera directement Bourbon, en particulier avec la prise de possession de l’île, au nom du Roi d’Angleterre en juillet 1810 mais également aux guerres sur le sol natal des esclaves africains et malgaches. «Révolution des esclaves» est l’autre appellation significative utilisée par une des propriétaires les plus concernés en no-vembre 1811. Elle renvoie à l’idée de renversement d’un sys-tème, à une inversion des statuts qui permettraient aux Noirs d’être les maîtres. Ce terme fait référence probablement à la Révolution Française et à son impact chez les planteurs de Bourbon. D’autres termes apparaissent, comme «tapage», utilisé par les autorités dans un premier temps, puis «insurrection» qu’utiliseront plusieurs propriétaires. La dénomination de «révolte» par des maîtres, puis par un auteur en 1863, est la seule à perdurer jusqu’à aujourd’hui. A l’occasion du bicentenaire de cette révolte, des ouvrages ont présenté des approches particulières de ces évènements, en pri-vilégiant peu ou prou la fiction, le roman ou la création artis-tique. Notre travail se situe uniquement dans une approche his-torique grâce à la poursuite des recherches aussi bien à La Réu-2 nion qu’aux Archives Coloniales de Londres . 3 La publication par S. Fuma de son roman «La révolte des oreilles coupées» se distingue par la découverte et la publica-tion du délibéré prononçant les condamnations, document qui a permis d’identifier de nombreux acteurs de la révolte, leurs rôles précis et ainsi d’infirmer des assertions communément admises auparavant sur le comportement de certains esclaves. Notre ambition est de compléter l’approche de cet historien en apportant de nouvelles informations, des éclaircissements mais
2  Les Archives Départementales de La Réunion seront signalées dans les sources par le sigle ADR et les Archives Nationales de Londres par celui de NA. 3 Fuma, Sudel.La révolte des oreilles coupées, 2011. 8
également des analyses en partie différentes et en resituant ce mouvement dans une globalité de la situation sur l’île. Préciser les conditions, l’origine, l’organisation, le déroulement mais également les conséquences de cette révolution d’esclaves, nous a paru indispensable. L’objet de ce livre est dès lors de remettre à jour ces aspects oubliés ou minorés de l’histoire réunionnaise. Mis à part le délibéré du Tribunal Spécial condamnant un cer-tain nombre d’esclaves et en renvoyant de nombreux sur les propriétés, peu de sources directes rendent compte de cet évè-nement. On doit citer la Gazette de Bourbon dont certains nu-méros de novembre et décembre 1811 donnent une relation particulière de cette révolte. Les interrogatoires subis par les accusés sont une source pri-mordiale de notre travail. Leur analyse précise et rigoureuse permet de mieux comprendre les insurgés, le déroulement exact de la révolte, les enjeux sous-jacents ainsi que certains aspects de la vie quotidienne des esclaves. Malgré le cadre et la teneur de ces interrogatoires, ils sont plus crédibles, pour certaines données, que les diverses relations postérieures aux évènements. A chaque réponse apportée dans une langue qui apparaît être le créole, quelle que soit la graphie utilisée, car la structure linguistique est évidente, ce sont effec-tivement des paroles d’esclaves révoltés qui sont mises en avant. Les recensements annuels faits par les propriétaires sont une autre source indispensable pour comprendre et situer cette ré-volte. En nous informant sur le nom, l’âge, l’ethnie et l’activité des esclaves, ils permettent de corriger les erreurs présentes dans le délibéré et surtout les allégations souvent erronées dans différents récits. Des mentions sur l’état de marronnage, les naissances et les décès sont également fournies, en particulier pour l’année 1812, la situation des esclaves révoltés. Le détail des terrains possédés, des cultures et des produits de récoltes permet une appréhension plus fine de la situation de l’île et de son économie. Enfin la localisation des habitations et des emplacements « au quartier », même si elle est souvent assez imprécise, entre des
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