La Guyane sous Vichy
196 pages
Français

La Guyane sous Vichy , livre ebook

-

196 pages
Français

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Publié par
Date de parution 01 janvier 1985
Nombre de lectures 120
EAN13 9782296172050
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cet ouvrage a pu être édité grâce au concours du Conseil
régional et du Conseil général de la Guyane.
@ Editions CARIBEENNES, 1988.
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction
réservés pour tous pays.
ISBN: 2-87679-032-71l!~ ,tee.....
LA
GUYANE
SOUS
VICRY
Préface de Gaston Monnerville
~ 5, rue Lallierditipns
75009 ParisL'aribeennesA ma mère Léa ChapelinHOMMAGE ET RECONNAISSANCE A
Algenibe CEBRET
Antoine RADJOU
René SORPS
qui, à cette époque, ont pensé, avant tout
à la GUYANEPREFACE
1,
Réflexions par Gaston Monnerville
Il faut savoir gré à Rodolphe Alexandre d'avoir écrit ce livre, «La
Guyane sous Vichy».
Sept années d'études, de recherches minutieuses ont nourri la pensée de
l'auteur, et permis l'éclosion d'un ouvrage dont les qualités premières
sont l'objectivité et l'honnêteté intellectuelle.
Pourtant la passion et le jugement hâtif - réactions fréquentes en ce
domaine - auraient pu faire dévier le jugement d'un historien qui a vécu,
sinon les événements eux-mêmes, du moins leurs répercussions locales;
et qui, en tout cas, en a recueilli, dès son jeune âge, les résonnances et
les échos amers.
Le mérite de Rodolphe Alexandre est d'avoir su les analyser, non comme
un historiographe indifférent, mais, je le redis, comme un historien de
qualité.
Lucidité, observation impartiale, volonté visible d'écarter tout jugement
partisan, souci évident de justice.
Ce qui frappe dans ce rapport des jours douloureux qu'a vécus notre
Guyane, c'est le sentiment commun de ses habitants, exilés de la
Métropole par la volonté aveugle du gouvernement de Vichy, de ne pas accepter
la défaite, de rechercher tout moyen pour contribuer à la résurrection de
la France vaincue, de lutter pour la résurgence d'une patrie qu'ils
estimaient la leur, et dont ils savaient qu'avec elle, si par le plus grand des
malheurs elle disparaissait, disparaîtrait la liberté. Leur patriotisme, formé
au cours de trois siècles et plus d'histoire commune, se confondait, et au
plus haut degré, avec la conception humaniste que symbolise la démocratie
républicaine. Même volonté de lutter pour son maintien et pour sa
sauvegarde, que celle qui animait les patriotes et les résistants de la Métropole.
françaIse.
Les générations nouvelles de la Guyane trouveront là une page
particulièrement édifiante de l'histoire de leur pays, l'une des raisons déterminantes
d'adhésion de l'ancienne France Equinoxiale à l'idéal humain que continue
à symboliser notre République. Et, je l'espère, des raisons de nourrir leur
. Gaston Monnerville :
1) Engagé volontaire à quarante-deux ans dans une unité combattante (marine de guerre).
En opération du 4 janvier 1940 au 17 juillet 1940, comme lieutenant de vaisseau à bord du
cuirassé Provence (qui prit part notamment au combat de Mers-El-Kébir, 3 juillet 1940).
2) Résistance civile, dans le mouvement «Combat D 1940-octobre 1942.
3) Rejoint les agents milltaires de la Haute-Auvergne sous le pseudonyme de «commandant
Saint-Just D, d'octobre 1942 à fin octobre 1944, date de sa démobilisation.
Décorations: Médaille de la Résistance avec rosette; Croix du Combattant Volontaire;
Croix de Guerre 1939-1945; Officier de la Légion d'honneur. Nombreuses décorations
étrangères.
9esprit de solidarité avec cette nation exceptionnelle qui, j'ose le dire, a
« déclaré» les droits de l'homme.
Cette solidarité agissante, nos aînés en ont témoigné avec ferveur, avec
éclat, dans toutes les circonstances où la France fit appel à eux. Les
sacrifices volontaires consentis par les Guyanais lors de la Première Guerre
mondiale sont connus, et des rues de Cayenne portent les noms glorieux
de l'adjudant Pindard, du lieutenant Brasse, du lieutenant Goinet. Chose
peu connue; après l'éprouvante guerre de 1914-1919, la Guyane française
a tenu à adopter une ville métropolitaine: Bazeille dont le nom figure
parmi les épisodes héroïques de cette terrible épopée; ville située dans
la Meurthe-et-Moselle et où a vu le jour Albert Lebrun, plus tard ministre
des Colonies, puis Président de la République française.
Après la Deuxième Guerre mondiale de 1939-1945, renouvelant son geste
d'attachement solidaire, la Guyane a adopté l'une des agglomérations du
Nord de la France les plus éprouvées, Loon-Plage. En ma qualité de
député de la Guyane, leur «marraine », j'ai eu la fierté d'être invité par
les autorités officielles - civiles, militaires et religieuses - et toute la
population assemblée, dont la plus grande partie vivait encore dans des
anciens bunkers allemands, à célébrer solennellement avec elles, la victoire
des Alliés, en une cérémonie qui fut empreinte de la plus vive émotion.
***
Qu'il me soit permis d'ajouter une observation - et non pas une
critique -, à celles qui précèdent: un complément pourrait être écrit sur
ce même sujet. Ce serait l'étude et l'histoire des Guyanais vivant en
Métropole, durant la Deuxième Guerre mondiale je dis bien, complément.
Cette étude montrerait, en effet, la similitude de réaction, de décision et
d'action de ceux-ci avec celles de leurs compatriotes demeurés en Guyane.
Un livre entier, qui leur serait consacré, montrerait qu'ils ont spontanément
et, sans contrainte de quiconque, réagi douloureusement et avec un sens
aigu du sacrifice aux conséquences de la défaite; qu'ils ont réagi
vigoureusement contre les humiliations, les traitements discriminatoires, les
sévices qui leur ont été infligés. Tant par la puissance occupante que par
les tenants du gouvernement de Vichy. Ils ont pensé, comme moi-même, au
lucide jugement de Lamennais: «Quand une corde et un fouet suffisent
pour maintenir l'homme sous le joug, c'est que, déjà, il n'est plus un
homme »; - mais Lamennais ajoute aussitôt: «Quand ce qui fait
vraiment l'homme n'est pas mort en lui, il peut toujours faire acte d'homme.»
Conforme à ce jugement, fut la réaction de nos compatriotes vivant en
Métropole. Nous fîmes acte d'homme.
L'armistice de 1940 n'a été à nos yeux qu'une étape, crucifiante certes,
mais réparable. Il fallait se ressaisir, lutter, toute volonté tendue, pour
remonter la pente, conjurer le malheur des temps, s'engager tout entier
dans la lutte clandestine mais nécessaire; - passe étroite et périlleuse
certes -, convaincus qu'au bout était le renouveau.
Chacun sait qu'engagé volontaire dès le début de la guerre, je ne revins
en Métropole qu'après l'armistice, continuant la lutte dans la résistance
française, dans le mouvement «Combat », puis dans les maquis militaires
de Haute-Auvergne, jusqu'à ma démobilisation, en octobre 1944.
Pendant ces cinq années, ma femme et moi eûmes de très fréquents
contacts avec nos compatriotes guyanais, antillais et africains. J'ai eu
l'occasion d'écrire sur ce fait dans mon ouvrage Témoignage 1.
L'attitude des Guyanais, des exilés de Métropole, c'est-à-dire dans leur
propre patrie par l'intransigeance partisane et aberrante du gouvernement
de Vichy, ainsi que j'ai eu souvent l'occasion de le rappeler, fut de dignité
d'opposition à la «collaboration », de fidélité absolue à la France. '
Il faut savoir que dès l'armistice signé, l'occupant ayant coupé en deux
le territoire français, défense fut faite «aux coloniaux» de franchir la
1. «Témoignage de la France Equinoxiale au Palais de Luxembourg ». Plon. Ed., 1975.
10ligne de démarcation partant des Pyrénées jusqu'à l'est de la France. Ce
qui avait pour conséquence d'empêcher un grand nombre d'hommes et de
familles de « couleur », même encore sous l'uniforme français, mais
démobilisés, de rentrer dans leur foyer. Tout accès dans les trains partant vers
cette zone nord était interdit aux « Juifs, aux Arabes, aux gens de
couleur ». Il était précisé sur les affiches, apposées dans toutes les gares:
« les Noirs, les Martiniquais, les Indochinois, et, en règle générale, tous

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