La mémoire de l esclavage
139 pages
Français

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La mémoire de l'esclavage , livre ebook

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Description

Le traumatisme culturel de l'esclavage comme structurant, voire comme fondateur d'identités individuelles ou collective a récemment fait l'objet d'un intérêt croissant. L'ouvrage interroge la façon dont les descendants de populations asservies reconstruisent l'histoire de leurs ancêtres ; il évalue les effets culturels, politiques et symboliques que produisent les phénomènes de commémoration, de muséification et de patrimonialisation de la mémoire de l'esclavage ainsi que les contraintes que suppose l'insertion de cette histoire dans l'espace public.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 juillet 2018
Nombre de lectures 5
EAN13 9782336846835
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Chemins de la Mémoire
Fondée par Alain Forest, cette collection est consacrée à la publication de travaux de recherche, essentiellement universitaires, dans le domaine de l’histoire en général.
Relancée en 2011, elle se décline désormais par séries (chronologiques, thématiques en fonction d’approches disciplinaires spécifiques). Depuis 2013, cette collection centrée sur l’espace européen s’ouvre à d’autres aires géographiques.
Derniers titres parus
Louis (Abel A.), Le livre et ses lecteurs en Martinique de la fin du Directoire à la Monarchie de Juillet (1799-1848). Essai d’histoire sociale et matérielle , 2018.
Lagardère (Vincent), Commerce fluvial et batellerie sur l’Adour du XVII e au XVIII e siècle.
Les ports de Dax, Saubusse, Port-de-Lanne, La Marquèze , 2018.
Louis (Abel A.), Le monde du négoce à Saint-Pierre sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), Essai d’histoire sociale et matérielle, 2017.
Feinermann (Emmanuel), La tradition juive et sa survivance à l’épreuve de la shoah, Tome 1 et 2, 2017.
Louis (Abel A.), Les bourgeoisies en Martinique (1802-1852). Une approche comparative, 2017.
Massé (Paul), Le monde au siècle de Louis XIV. Faits historiques et politiques, société, économie, sciences, littérature, arts, religions, 2017.
Vignal Souleyreau (Marie-Catherine), « La raison de guerre », Correspondance du cardinal de Richelieu, Année 1635, 2016.
Galand (Benjamin ), Le sport dans les régimes totalitaires européens au XX e siècle. L’exemple du III e Reich, 2016.
Marin (Jean-Pierre), François-Octave Le Cannellier, Amiral Normand (1855 – 1933), Livre premier et deuxième, 2016.
Papadatos (Nikos), Les communistes grecs et l’Union soviétique. Histoire de la scission du Parti communiste de Grèce (1949-1968), 2016.
Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.
La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Titre
Sous la direction de
Lawrence AJE et Nicolas GACHON







La mémoire de l’esclavage
Traces mémorielles de l’esclavage et des traites dans l’espace atlantique
Copyright








© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-84683-5
Introduction
Lawrence Aje, Nicolas Gachon Université Paul Valéry, Montpellier 3
Le traumatisme culturel de l’esclavage comme structurant, voire comme fondateur d’identités individuelles ou collectives a fait l’objet d’un intérêt croissant ces deux dernières décennies. Ainsi, dans Cultural Trauma : Slavery and the Formation of African American Identity (2001) 1 , Ron Eyerman explore combien la formation d’une identité africaine-américaine se trouve associée à l’expérience historique de l’esclavage. Au-delà de son impact direct sur celles et ceux qui ont subi l’esclavage, Eyerman considère qu’en tant que processus culturel, le traumatisme est « transmis par l’intermédiaire de diverses formes de représentation et associé à la formation d’une identité et à la construction d’une mémoire collectives 2 ». Cette analyse fait écho à la notion de postmémoire ( postmemory ) développée par Marianne Hirsh dès les années 1990 à propos de la mémoire de l’holocauste. La postmémoire « décrit la relation que la ’génération d’après’ entretient avec le trauma culturel, collectif et personnel vécu par ceux qui l’ont précédée, il concerne ainsi des expériences dont cette génération d’après ne se ’souvient’ que par le biais d’histoires, d’images et de comportements parmi lesquels elle a grandi. Mais ces expériences lui ont été transmises de façon si profonde et affective qu’elles semblent constituer sa propre mémoire 3 ». Et d’ajouter que ce phénomène d’appropriation par les descendants n’est donc plus le fait de souvenirs mais « de projections, de créations et d’investissements imaginatifs 4 ». C’est précisément le passage du souvenir à la mémoire de l’esclavage, de l’événement remémoré à la construction collective, qui fait l’objet d’une analyse approfondie par Christine Chivallon dans son ouvrage majeur de 2012, portant sur le contexte caribéen, L’esclavage, du souvenir à la mémoire. Contribution à une anthropologie de la Caraïbe 5 . La notion d’une mémoire en mouvement a été au cœur de travaux théoriques récents. Citons par exemple ceux de Michael Rothberg 6 (2009) pour qui la mémoire se construit sur la base de focalisations multidirectionnelles et de synergies entre des événements apparemment déconnectés dans le temps et dans l’espace ( multidirectional memory ), ou de Max Silverman 7 (2013) qui conçoit la mémoire sous la forme d’un palimpseste, fruit de la « condensation » de traces spatio-temporelles différentes et parfois disparates ( palimpsestic memory ).
Le présent ouvrage enrichit la littérature existante en ce qu’il interroge plus particulièrement la façon dont les descendants de populations asservies reconstruisent l’histoire de leurs ancêtres dès lors que l’esclavage pratiqué dans le cadre de la traite transatlantique figure parmi les paramètres des processus mémoriels. Il examine les fondements, les mécanismes et l’étendue de ces processus, explore une réalité de l’esclavage adossée à la mémoire humaine, à la (re) construction de mémoires individuelles, collectives ou familiales transmises de génération en génération. Les différentes contributions analysent la façon dont les acteurs sociaux du présent, par un processus de collectivisation de mémoires et d’histoires personnelles ou familiales, contribuent non seulement à générer et à consolider des identités de groupes mais également à favoriser « l’émergence de la mémoire de l’esclavage dans l’espace public 8 », parfois en développant une « conscience identitaire militante de ’descendant d’esclave’ 9 ». Les chapitres successifs évaluent les effets de redistribution culturelle, politique et symbolique que produisent les phénomènes de commémoration, de muséification et de patrimonialisation de la mémoire de l’esclavage. Ce faisant, ils analysent les contraintes que suppose l’insertion de cette histoire sensible ( difficult history ) dans l’espace public et montrent à quel point la demande sociale, notamment dans le cadre de revendications de devoirs de mémoire, peut influencer la production de la connaissance historique et donner lieu à des conflits de mémoires. Le prisme est celui d’une réflexion sur les multiples modalités de mise(s) en récit(s) personnelle(s) ou publique(s) de la mémoire de l’esclavage et de la traite atlantique. A la suite d’Ira Berlin, il s’agit de mesurer si l’histoire et la mémoire interrogent la question de l’esclavage dans des « langues différentes 10 », selon les « grammaires mémorielles » décrites par Michel Johann 11 .
Les textes ici rassemblés ont fait l’objet d’une communication lors du colloque « Traces et mémoires de l’esclavage dans l’espace atlantique » qui s’est tenu à l’Université Paul Valéry, Montpellier 3 les 1/2 décembre 2016 12 . Cette sélection réunit des intervenants issus de différents champs disciplinaires (ethnologues, anthropologues, historiens et civilisationnistes) pour interroger la fonction mémorielle sous l’angle des représentations.
Christine Chivallon (CNRS, UMR « Passages ») s’intéresse en ouverture à la limite entre l’humain et le non-humain en contexte esclavagiste, limite dont l’essentialité sous-tend tout à la fois la douloureuse multiplication et démultiplication des processus mémoriels liés à l’esclavage et le travail mémoriel qui conduit à panser et à repenser les plaies du trauma.
La réflexion se concentre ensuite sur les enjeux politiques de la mémoire de la traite et de l’esclavage. Elle porte notamment sur l’importance historique et stratégique des lieux de mémoire de l’esclavage et de la traite, leur charge à la fois symbolique et émotionnelle, de même que la fonction mémorielle qu’ils servent. A partir de la découverte de ruin

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