La mémoire et l'oubli

Emmanuel Filhol

Description

Les témoignages actuels et passés font émerger à la conscience collective un drame occulté : l'internement des familles "nomades" dans des camps sur tout le territoire français pendant la Deuxième Guerre mondiale. En effet, les Tsiganes de nationalité française ou étrangère, titulaires du carnet anthropométrique, ont été assignés à résidence dès le début de la Guerre, puis internés sur ordre allemand, quelques mois après la défaite, dans des camps administrés par le régime de Vichy. Les victimes, contrairement à ce que l'on pense habituellement ont cherché à se faire entendre mais elles n'y sont pas parvenues.

Sujets

• Histoire
• Civilisation
• Ethnologie
• Anthropologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 avril 2004
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782296355736
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 38 Mo

Extrait

Collection Interface

La mémoire et l’oubli : l’internement des Tsiganes en France, 1940-1946

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Emmanuel Filhol

La mémoire et l’oubli : l’internement des Tsiganes en France, 1940-1946

Centre de recherches tsiganes L’Harmattan

Emmanuel Filhol, maître de conférences en sciences de la communication, enseigne à l’Institut Universitaire de Technologie (Bordeaux 1). Auteur d’ouvrages parus aux éditions PEMF et d’articles publiés dans diverses revues de sciences humaines(Revue de l’Histoire des Religions, l’Evolution Psychiatrique, Cahiers de l’Institut Linguistique de Louvain, Kentron, Evphrosyne, Neophilologus, Réseaux, Alliage, Cahiers de Civilisation Médiévale, Travaux de Linguistique, Hommes & Migrations, Entrevues, Le Langage et L’Homme, Rua, Cahiers art et science, Etudes tsiganes, Revue d’histoire de la Shoah, Cahiers d’histoire), il est membre du LaboratoireEpistémé(EA 2971) de l’université Bordeaux 1. Ses recherches à caractère transdisciplinaire portent sur les problèmes d’interculturalité, notamment l’histoire des représentations du monde tsigane en France. Il participe aux travaux du Centre de recherches tsiganes de l’université Paris-V- René Descartes.

Sandra Jayat, Souviens-toi, 1992. Huile sur toile 81 x 65 cm. Exposée au Musée d Sacré de Venise.

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Remerciements

Je remercie toutes les personnes, Tsiganes et Gadjé (non-Tsiganes), qui m’ont manifesté leur confiance en acceptant de s’entretenir avec moi. A celles et ceux dont les paroles, les textes ou les images témoignent ici contre l’oubli des souffrances vécues par la communauté tsigane dans les camps d’internement en France, de 1940 à 1946, je dédie ce livre.

Préface

er Depuis le 1 octobre 1419, date à laquelle les premiers Tsiganes campèrent près des remparts de Sisteron, cette ville de Provence chantée par les poètes, six siècles se sont écoulés. Sensibles à la beauté de la nature et à la clémence du climat de nombreuses régions, les Tsiganes ont choisi de nomadiser en France, et sont entrés dans l’univers familier des Français. Comme tous les citoyens, ils sont soumis aux obligations fiscales et militaires. Mais les Tsiganes ont réussi le tour de force de traverser le monde civilisé en continuant de respecter dans leur façon d’être les règles d’existence de leurs ancêtres nomades d’Asie, et de satisfaire leur besoin vital d’identité au rythme de la nature. Dès 1933 et ensuite au cours de la Deuxième Guerre mondiale, plus de 400 000 Tsiganes d’Europe ont été pendus, gazés et fusillés dans les camps nazis et parmi eux des Français. Cette étude d’Emmanuel Filhol montre bien les pires exactions perpétrées contre les Tsiganes français. Elle met en lumière les crimes commis sous l’autorité de fait dite “Gouvernement de l’Etat français” qui ont constitué une aide réelle aux nazis occupant la France, participant ainsi indirectement au génocide organisé en Allemagne contre les Tsiganes. Par ailleurs, il me semble bon de rappeler, ainsi qu’en témoigne notre littérature, que trop longtemps les Tsiganes ont été considérés comme étant simplement les inspirateurs d’autres artistes séduits par leur esprit de liberté, mais qu’ils ont été et sont des créateurs dans de nombreux domaines. Ils ont enrichi les arts de la musique, de la danse, du spectacle et de la peinture et amélioré certains artisanats. Ils ont appris à s’accrocher à leurs racines pour ne pas perdre l’espoir et cela leur a permis de survivre à travers la nuit des temps.

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Permettez-moi de citer cette phrase de Federico Mayor, ancien directeur général de l’Unesco :

“Loin d’être une séquelle d’on ne sait trop quel Moyen Âge, les Tsiganes e pourraient bien être, à l’aube du XXI siècle, l’un des modèles de l’Homo novus”.

Sandra Jayat Chevalier de la Légion d’Honneur Membre du comité national pour la défense de la mémoire des persécutions racistes

L’artiste tsigane Sandra Jayat, née le 13 mai 1939 à Moulins (Allier), est à la fois peintre, écrivain, poète. Le premier recueil de poèmes édité en 1961 qui la fait connaître paraît sous le titreHerbes manouches. Elle publie par la suite, entre autres,Lunes nomades, Je ne suis pas née pour suivre, Le Roseau d’argent. Parmi ses romans, mentionnonsLa longue route d’une ZingarinaetEl Romanès. Sa peinture, où se mêlent intensément le rêve et le réel, a fait l’objet de nombreuses expositions dans le monde. Des prix ont été décernés à Sandra Jayat pour l’importance de son œuvre littéraire et picturale (Palette d’or : “Peintre de l’année” – Rome ; Prix International de peinture Toulouse-Lautrec – Paris ; Grand Prix du Livre – Stockholm ; Grand Prix de la littérature enfantine – Paris).

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J’ai une grande tendresse pour les Tsiganes, grands oubliés de l’histoire, qui ont énormément souffert du nazisme, et qui souffrent aujourd’hui encore, partout dans le monde, de ne pas pouvoir suivre leur mode de vie. … Je n’aime pas les barrières qu’on dresse entre les gens, ni les chemins qu’on trace de force, ni les 1 murs derrière lesquels on se retranche … Yehudi Menuhin Qui sait si la mémoire ne consiste pas 2 à regarder les choses jusqu’au bout . Yûko Tsushima

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