La Minorité allemande de Haute-Silésie
282 pages
Français

La Minorité allemande de Haute-Silésie , livre ebook

-

282 pages
Français

Description


Lire la collection : Allemagne d'hier et d'aujourd'hui

Zone de tensions territoriales et humaines, la Haute-Silésie a été de 1919 à 1939 - au gré des relations mouvementées entre Berlin et Varsovie - le lieu de violents et douloureux conflits entre la minorité allemande et les autorités polonaises. Cette étude nous fait revivre les préoccupations de ces allemands qui se retrouvèrent subitement coupés du Reich, la totale incapacité de la Société Des Nations à apporter une solution satisfaisante qui ne pouvait que dégénérer et enfin le terrible engrenage auquel allait aboutir la venue d'Hitler au pouvoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2003
Nombre de lectures 200
EAN13 9782296311374
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Christian GREILING
LA MINORITÉ ALLEMANDE DE
HAUTE-SILÉSIE 1919-1939
Préface de Bernard MICHEL
L'Harmattan L'Harmattan Hongrie L'Harmattan Italia
5-7, rue de l'École-Polytechnique Hargita u. 3 Via Bava, 37
75005 Paris 1026 Budapest 10214 Torino
FRANCE HONGRIE ITALIE@L'Hannattan,2003
ISBN: 2-7475-3796-XA ceux que j'aimePréface
Dans l'Europe d'après le communisme, des relations
nouvelles s'établissent. Elles ne se nouent pas seulement entre les
Etats, mais aussi, de plus en plus souvent, directement entre les
régions. Dans la nouvelle carte de l'Europe le centralisme des
Etats, avec la domination exclusive des capitales, laisse place à une
vision décentralisée qui redoIl1J.e valeur à des ensembles régionaux,
héritiers d'une longue histoire. Ce qu'on appelait en Europe
Centrale le Landespa tri0tismus, le patriotisme régional, reprend
une nouvelle vigueur.
Le nom de la Silésie, Sl~k (prononcer SchIonsk), a une
très grande force émotionnelle car il évoque une identité vécue,
une solidarité sociale qui unit une communauté fière de ses racines.
Chaque région de la Pologne a son propre destin, riche de
toutes les épreuves historiques qu'elle a traversées. La Silésie
participe à la fois du monde slave et du monde gennanique, avec
un double 'peuplement. On y parle le polonais, mais aussi un
dialecte original que l'on appelle le Slonzaque. Elle a les caractères
des régions frontalières, lieux de rencontre et parfois
d'affrontement.
A partir du XIyème siècle, le duché de Silésie a suivi le sort
favorable du Royaume de Bohême, un des Etats les plus avancés
d'Europe Centrale. Avec lui, il est entré en 1526 dans l'Empire des
Habsbourg et en a fait partie jusqu'à la conquête du roi Frédéric II
en 1742. La Silésie est alors devenue tenitoire prussien à
l'exception de la Silésie dite autrichienne (Sleszko) autour
d'Opav~ qui est restée dans les frontières historiques du Royaume
de Bohême. De son passé autrichien, elle a gardé l'architecture
ancîenne de ses villes, notamment dans la capitale de Basse-Silésie, Wroclaw (Vratislav en tchèque, Breslau en allemand).
Surtout, elle a été un îlot catholique dans une Prusse protestante.
~meAu siècle, l'industrialisation a bouleversé
l'économie et les statuts sociaux. La Silésie a eu une agriculture
intensive sur les grands domaines de la noblesse où les Polonais
fonnaient la main-d'œuvre des ouvriers agricoles. Elle est devenue
une grande région minière, surtout en Haute-Silésie, autour de
Katowice: mines de charbon, de plomb et de zinc, métallurgie
lourde et industrie chimique. La croissance des villes a accéléré la
gennanisation d'une partie de la population slave. Une sociabilité
propre aux régions minières a marqué la société ouvrière, comme
dans la Ruhr ou le Nord de la France.
Le nationalisme polonais était à l'œuvre depuis le XI~me
siècle, mais dans un environnement difficile. L'administration
locale, la police étaient entièrement entre les mains des Allemands.
Les mines appartenaient à des patrons allemands, souvent des
nobles, qui exerçaient un strict contrôle sur la population ouvrière.
Il manquait les classes moyennes et l'intelligentsia qui, dans les
autres régions polonaises, jouaient un rôle décisif dans le
mouvement national. D'où le retard pris par la Silésie.
Entre l'Autriche, la Prusse puis l'Allemagne, elle n'avait
jamais fait partie de la Pologne historique. Elle ne rejoignit le
nouvel Etat polonais qu'en 1921, après plusieurs années de lutte et
les trois Insurrections silésiennes, menées par les ouvriers autour
de leur leader, Korfanty. Les Traités de paix avaient prévu un
plébiscite, sous contrôle international, en Haute-Silésie. Il eut lieu
le 20 mars 1921, sous la pression des autorités allemandes et avec
la participation irrégulière d'électeurs allemands venus d'autres
régions. II donna la majorité aux Allemands mais, sous la pression
de la France, la Société Des Nations décida le partage du territoire.
Une partie de la Haute-Silésie, avec Katowice, fut rattachée à la
Pologne en octobre 1921.
La population silésienne, population de l'entre-deux, a eu
~meune place inconfortable dans les grandes crises du siècle,
notamment lors de la Seconde Guerre Mondiale où elle fut une
nouvelle fois annexée au Reich. Après 1945, le tracé de la ligne
Oder-Neisse a fait entrer la totalité de la Silésie dans l'Etat
polonais. Avec l'expulsion des Allemands, ce fut une nouvelle
rupture. Dans beaucoup de familles allemandes, souvent des Slaves
10gennanisés, il Y avait des grand-mères polonaises. Et dans les
familles polonaises, il y avait aussi des grand-mères allemandes.
Monsieur Greiling a consacré son mémoire de maîtrise à
l'étude de l' entre-deux-guerres. La Silésie faisait alors son entrée
dans la Pologne; elle voulait être polonaise sans perdre son
identité propre. Elle refusait d'être administrée uniquement depuis
Varsovie et voulait des institutions politiques et économiques au
niveau local. L'intérêt de ce travail est de montrer ce double
aspect, à partir d'une documentation française mais aussi
polonaise. Après ce très bon mémoire, M. Greiling continue ses
recherches dans le cadre d'un DEA. Il poursuit son travail dans les
archives polonaises avec pour objectif de définir, avec encore plus
de précision, la singularité de l'identité silésienne.
Bernard Michel, Professeur à l'Université Paris I
Panthéon-Sorbonne
IlAvaut-propos
Lorsque, à YaIta, la délégation soviétique a affinné que la
Pologne avait des droits jusqu'à la ligne Oder-Neisse, le Président
Roosevelt aurait répondu que, dans ce cas, la Grande-Bretagne en
avait aussi sur les Etats-Unisl. Pour anecdotique qu'elle soit, cette
réponse met en lumière la difficulté à défmir la nationalité d'un
tetritoire, surtout quand il se trouve au calTefour d'un ou plusieurs
Etats et qu'il leur a successivement appartenu.
Sans entrer dans les détails de son histoire, il faut préciser
que le Duché de Silésie ad' abord été sous domination de la
monarchie polonaise des Piast, avant de se retrouver partie
intégrante du Royaume de Bohême, puis du Saint Empire Romain
Gennanique à partir de 1335, sous l'obédience duquel il reste
jusqu'à la Première Guerre Mondiale. La frontière entre la Silésie
et la Pologne était réputée pour être l'une des plus stables
d'Europe2. Du point de vue territorial, la Haute-Silésie semble
donc historiquement allemande. Mais qu'en est-il de sa
population? Selon Marc Korowicz, ancien directeur de l'Office
polonais des minorités, la Inajorité de sa population était
polonaise3. Il reprend les chiffres du dernier recensement allemand
d'avant la Première Guerre Mondiale, effectué en 1910, et qui
comptabilise 1 121 000 Polonais et 638 000 Allemands4. Sur les 21
districts de Haute-Silésie, 13 étaient majoritairement polonais.
Globalement, on trouvait les Allemands dans les villes et les
Polonais dans les campagnes. En annexe 1 nous donnons le
tableau détaillé de ce recensement, district par district. Korowicz
1
Thomas Urban: Niemcy w Polsce: historia mniejszosci w XX wieku, Katowice,
1994, p. 30-31.
2
Ibidem, p. 30.
3 Marc Korowicz: Une expérience de droit international: la protection des
minorités en Haute-Silésie, Paris, 1946.
4 Ibidem, pp. 45..46. Sa source est le Gemeindelexikon (Regierungsbeznirk
Oppeln, Heft 6, Ber~ 1912).ajoute même que ces résultats sont critiquables en raison des
pressions exercées sur les Polonais lors des sondages et en veut
pour preuve des travaux effectués par un certain nombre de savants
allemands avant 19145.
La Première Guerre Mondiale bouleverse totalement
l'ordre européen avec la chute des empires allemand,
austrohongrois, russe et ottoman, et la renaissance ou la création d'Etats
dits "nationaux" en Europe Centrale et Orientale. A l'intérieur de
leurs frontières se retrouve un certain nombre de minorités
nationales, auparavant mêlées dans les grands empires. La
reconstitution de l'Etat polonais se fit notamment aux dépends de
l'Allemagne qui perdait ainsi des dizaines de milliers de kilomètres
calTés de ses ancie

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents