La preuve par Zeus
252 pages
Français

La preuve par Zeus , livre ebook

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252 pages
Français

Description

Depuis des millénaires l'homme est à la recherche de ses origines. Hésiode montre que l'ordre doit remplacer le chaos et sa Théogonie est une première analyse d'un changement nécessaire. Zeus fait la guerre contre les manifestations du Chaos afin d'imposer sa propre conception de l'ordre ce qui revient à opposer l'Intelligence et la Ruse à la Matière...

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Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 16
EAN13 9782336344690
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Chaos aIn d’imposer sa propre conception de l’ordre ce qui
Gilbert Andrieu
La preuve par zeus LOrdre contre le Chaos
LA PREUVE PAR ZEUS
L’ORDRE CONTRE LE CHAOS
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03224-5 EAN : 9782343032245
Gilbert ANDRIEU
LA PREUVE PAR ZEUS
L’ORDRE CONTRE LE CHAOS
L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR
Aux éditions ACTIO
L’homme et la force, 1988. e L’éducation physique au XX siècle, 1990. Enjeux et débats en E.P, 1992. À propos des finalités de l’éducation physique et sportive, 1994. e La gymnastique au XIX siècle, 1997. Du sport aristocratique au sport démocratique, 2002.
Aux PRESSES UNIVERSITAIRES DE BORDEAUX
Force et beauté. Histoire de l’esthétique en éducation physique ème ème aux 19 et 20 siècles, 1992
Aux éditions L’HARMATTAN
Les Jeux Olympiques un mythe moderne, 2004 Sport et spiritualité, 2009 Sport et conquête de soi, 2009 L’enseignement caché de la mythologie, 2012 Au-delà des mots, 2012 Les demi-dieux, 2013 Au-delà de la pensée, 2013 Œdipe sans complexe, 2013 Le choix d’Ulysse : mortel ou immortel ?2013
AVANT-PROPOS
 Lorsque nous pénétrons dans le monde particulier des mythes, nous avons l’impression de découvrir une histoire qui dépasse l’entendement. Peut-on parler d’histoire en la comparant à celle que nous concevons aujourd’hui ? Les mots peuvent nous tromper ou nous égarer, mais il suffit d’avancer dans les récits d’un autre temps, ceux d’Homère ou d’Hésiode par exemple, pour nous apercevoir que nous ne sommes pas en présence du même objet, ou d’un objet qui lui ressemble. L’histoire qui nous est contée dans les mythes n’est inscrite ni dans la courte durée ni dans la longue durée : elle est atemporelle. En fait, elle est parallèle à l’histoire que nous construisons à partir d’une chronologie.  Les récits mythiques nous parlent d’un autre temps ou d’un moment particulier qui se situerait avant le temps que nous croyons connaître et analyser à l’aide de notre raison. Le temps de Gaia et d’Ouranos, celui de Zeus, de Poséidon et d’Hadès, celui d’Apollon, d’Athéna ou d’Héphaïstos, le temps d’Achille, d’Ulysse ou d’Œdipe, celui d’Héraclès ou de Dionysos, ne semblent pas être les mêmes que le nôtre ou, tout simplement, ils ne sont pas vécus de la même façon. La plus grande différence tient essentiellement à notre perception du temps devenu de plus en plus linéaire et sur lequel nous plaçons les deux jalons qui nous préoccupent le plus : la naissance et la mort. Les jalons qui se situent avant la castration d’Ouranos semblent différents, incomparables au point que l’on éprouve le besoin de parler d’un ensemble situé véritablement hors du temps et pour lequel les mots nous manquent pour décrire exactement ce qui se passe au sein de cette matière plongée dans l’obscurité totale.  Pourquoi l’inconnu est-il devenu le Chaos dans la bouche d’Hésiode ? Question délicate, mais qui génère une première réflexion : les dieux et les hommes vont naître du
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Chaos et vont devoir s’organiser pour survivre, car la vie va dépendre du temps. On oppose ordinairement les hommes et les dieux en considérant que les uns sont mortels, les autres immortels, mais le fait est qu’ils sont tous dépendants de la mort et que les dieux ne diffèrent des hommes que parce qu’ils ne la subissent pas ou beaucoup moins vite et semblent baigner dans une sorte d’éternité. Je crois qu’il faudrait distinguer les dieux d’avant la castration, ceux qui existent tout en restant non manifestés ou mis en lumière, une lumière qui n’efface la Nuit que de façon cyclique puisque le Soleil meurt et renaît constamment chaque jour.  Le temps qui nous sert à construire toutes sortes de chronologies, ou de généalogies, qui nous autorise à concevoir une origine et une évolution, n’a pas toujours été rectiligne et irréversible. Peut-être même qu’il n’a pas toujours existé ou, du moins, que les hommes n’ont pas toujours pensé leur vie à partir de lui. La mythologie ne nous permet pas de percevoir les durées, mais elle nous permet d’imaginer comment les hommes, avant nous, pouvaient envisager un certain nombre de changements, le plus souvent subis.  Lorsque nous relisons laThéogonie d’Hésiode, nous voyons que le poète s’efforce de structurer la durée en posant des jalons et en les liant les uns aux autres par des semblants de généalogies qui peuvent nous surprendre, tant leur logique diffère de la nôtre. Ce que je retiendrai ici, plus particulièrement, c’est la coupure fondamentale qui sépare l’ère Gaia de l’ère Zeus, autrement dit la castration d’Ouranos par son plus jeune fils Cronos.
 Il semble bien qu’avant la castration le temps n’existait pas, qu’une sorte d’éternité régnait sur le monde. Qu’il soit un informe magma ou un immense tourbillon de matière, il n’était pas soumis au temps et ne connaissait aucune structure spatiale. Il n’était que matière et cependant était immatériel en ce sens qu’il n’était pas manifesté. Après la castration, le temps impose le changement aussi bien au niveau des hommes qu’au niveau des divinités, un changement marqué par la notion d’immortalité qui permet d’envisager au moins deux catégories d’individus ou deux conceptions de la vie : des êtres mortels et
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des êtres immortels. Avant la castration, il semblerait que la mort n’existait pas, du moins qu’elle n’était pas de même nature, qu’il n’était pas possible d’identifier quoi que ce soit ou qui que ce soit. À l’origine, tout est matière et il faut l’imagination d’un poète pour observer le comportement d’un certain nombre d’entités capable de cohabiter ou même de faire l’amour «de bonne entente» dans un monde plongé dans l’obscurité totale. Dans la Nuit qui caractérise le Chaos, Gaia s’est donné un partenaire mâle pour enfanter les dieux de première génération. Ouranos est donc son fils et son mari, les Titans et les Titanides seront leurs premiers enfants, mais, pour l’instant, seul l’œil du poète les voit et les reconnaît au point de pouvoir les nommer. Cette origine, qui semble nécessaire pour établir une sorte de construction du monde et pour imaginer comment il se serait organisé sous la tyrannie de Zeus est le fruit de l’imagination d’Hésiode. Mais Hésiode n’est pas une divinité, il est un homme qui cherche à se connaître, à comprendre la vie qu’il mène, les rapports qu’il doit établir avec la nature et avec ses semblables. Il ne peut imaginer les dieux qu’à partir de ce qu’il est, de ce qu’il voit, de ce qu’il pense, de ce qu’il subit et c’est bien dans un véritable contexte historique qu’il invente ce rapport entre les dieux et les hommes. En réalité, il ne fait que reformuler ce qui est déjà profondément enfoui dans le cerveau des hommes.  LaThéogonie d’Hésiode peut être considérée comme un effort d’organisation, un effort de présentation du monde, un monde qui serait étroitement dépendant des dieux. Mais, ce ne sont pas les dieux qui ont créé le monde, il existait avant qu’ils apparaissent. En lisant Hésiode, on peut penser que ce sont les dieux qui vont lui donner les règles indispensables pour que la vie, ou ses diverses manifestations puissent se développer avec une certaine harmonie. Il est possible de dire que ce sont les dieux qui structurent l’espace et font naître le temps, qu’ils font naître les hommes et les femmes, et qu’ils les guident tout au long de leur existence qui se termine par la mort ou l’acquisition de l’immortalité. Du moins, telle est l’image qu’il nous donne du monde qu’il connaît.
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 Quelle fut la durée de cette vie avant que la mort n’existe ? Est-il important de le savoir ? Je ne crois pas ! Ce qui me paraît plus important c’est l’apparition de la mort comme échéance et celle d’individus pouvant vivre plus longtemps que d’autres. Les mythes nous parlent de l’homme, de son ressenti, de ses fantasmes, de son angoisse de mort. La présence des dieux à ses côtés ne signifie pas qu’il existe deux populations distinctes dans un même monde, deux populations qui se différencieraient par leur rapport à la mort, mais une prise de conscience des limites qui font de l’homme un être vulnérable. Les mythes pourraient bien être considérés comme un effort d’analyse et de compréhension de la mort qui plane sur les mortels depuis qu’ils évoluent à la lumière du Soleil.  Avant la castration, la mort n’avait pas d’importance puisque tout était plongé dans une sorte d’éternité. La vie appartenait à la matière, une matière capable de se dédoubler pour enfanter des êtres nouveaux, des êtres invisibles, puisque plongés dans une nuit permanente. Pour que la vie puisse se manifester en pleine lumière, il faut qu’apparaissent les hommes. À la différence des dieux, les mortels sont soumis à la mort, Thanatos, et la mort apparaît en même temps que la castration d’Ouranos. Il y a là comme une sorte de logique que nous négligeons peut-être trop. Les dieux peuvent procréer, mais restent immortels ou enfantent des demi-dieux. En quelque sorte, les hommes seraient-ils des dieux qui deviennent mortels, après la demande de la Terre qui arme son fils Cronos, 1 autrement dit le temps ? Tant que Gaia et Ouranos faisaient des enfants, la mort n’existait pas, mais la Nuit dominait, tout restait invisible ! Tout se passait dans un monde que l’esprit des hommes ne pouvait explorer puisqu’ils en étaient absents. Les premiers dieux n’étaient pas encore une manifestation de la matière et de la vie, puisqu’ils étaient immortels et surtout immatériels. À partir du moment où le Ciel ne peut plus faire d’enfants à la Terre, il faut qu’une autre logique de procréation
1 Il est possible de comprendre le mythe de la castration en disant que, pour devenir le Ciel, Ouranos ne devait pas avoir de sexe et ne devait pas se préoccuper d’engendrer des enfants. Ce faisant, le fait d’avoir des enfants peut alors devenir une préoccupation de mortel.
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entre en scène pour sortir du Chaos. Cette logique est celle que tout mortel peut observer et les dieux de seconde génération vont connaître cette nouvelle logique parce qu’ils sont soumis au changement qu’impose la castration. La nouvelle vision de la procréation aurait-elle imposé l’idée d’une castration !  Les nouveaux dieux pourront naître et mourir, mais à la différence des mortels, leur mort sera suffisamment éloignée dans le temps pour qu’ils soient qualifiés d’immortels. Il est vrai que leur mort dépend des fautes qu’ils peuvent commettre ou encore du bon vouloir de Zeus. Ils ne sont pas invulnérables et leur immortalité est liée au temps que Cronos a fait naître en coupant le sexe de son père. Chiron était immortel, mais il doit mourir pour respecter le sens que Zeus impose à la vie !
 La castration impose deux conceptions de l’homme dans le monde. La première, avant la castration, semble ne pas établir de distinction entre les hommes, les divinités et le milieu dans lequel ils se trouvent. Tout est dans tout et réciproquement. Ce qui se passe reste plongé dans la Nuit au point d’être invisible. Il est alors possible de dire qu’il n’existe pas d’hommes à cette époque reculée, mais pourquoi existerait-il des dieux ? Les divinités qui existent alors ne sont que des êtres fabuleux, souvent des monstres, des fruits de la matière qui, pour les mettre au monde, s’est dédoublée en se dotant d’un partenaire mâle. Il faut croire qu’Hésiode avait du mal à imaginer une procréation totalement indépendante d’une ou de deux entités sexuées. Il ne pouvait pas envisager, me semble-t-il, une procréation différente de la procréation ordinaire, autrement dit celle des hommes !  La seconde, après la castration, fait apparaître des espaces particuliers, un espace réservé aux dieux, un espace réservé aux hommes et un espace réservé aux morts.  En séparant Ouranos de Gaia, en émasculant son père, Cronos donne naissance au monde, tel qu’Hésiode peut l’observer. En réalité, si ce monde possède trois étages au moins, quatre en comptant le Tartare, c’est bien parce que le poète peut les distinguer plus ou moins clairement : le Ciel au-dessus de sa tête, avec le Soleil, la Lune et les étoiles, la Terre, sur laquelle il peut observer ses semblables au travail, les
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