Lascaux
192 pages
Français

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Lascaux , livre ebook

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Description

La grotte de Lascaux est un jalon fondamental dans l'histoire de l'art, les découvertes plus récentes n'affectent en rien ce jugement. Marc Bruet questionne depuis longtemps l'iconographie de la célèbre grotte, convaincu d'en faire émerger des fragments de sens. Il étudie ici particulièrement la scène du puits avec une méthode innovante pour en découvrir les ressorts les plus intimes. Voici une contribution originale sur l'art des cavernes.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2012
Nombre de lectures 68
EAN13 9782296483262
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LASCAUX
La scène du puits
En couverture : Grotte de Lascaux, dessins sur calque. ©RMN



© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.f

ISBN : 978-2-296-55973-8
EAN : 9782296559738
Marc BRUET
LASCAUX
La scène du puits


L’Harmattan
AVANT-PROPOS
La recherche de sens dans l’art pariétal paléolithique occidental peut au mieux passer pour une gageure. Pour de nombreux observateurs, c’est une utopie.
Les manifestations artistiques du Paléolithique supérieur qui se sont déroulées entre -35 000 et -10 000 ans, et qui se sont exercées de manière privilégiée dans les cavernes de France et d’Espagne, ne contiennent apparemment pas de lien intelligible entre les figures qui leur donnent corps. C’est un art animalier voué aux grands herbivores qui semblent évoluer sur les parois dans un cadre imaginaire dépourvu de paysage, de ligne de sol et de végétation. Il comporte de surcroît un registre abstrait, celui des signes. Ils pourraient être impliqués dans une syntaxe mais on n’en perçoit pas le sens et le fonctionnement. Ils varient d’une grotte à l’autre, en quantité comme dans la forme, même si certains souterrains peuvent les partager à l’identique. Ils étaient autrefois qualifiés par les préhistoriens de « signes d’obscure signification » ce qui en dit long sur la difficulté à leur assigner du sens. Leur déchiffrement paraît bien hors de portée.
Ainsi, succinctement présenté, le corpus de l’art du dernier âge glaciaire a cependant laissé le champ libre aux interprétations les plus diverses : l’art pour l’art, la magie de la chasse, le totémisme, le chamanisme ou encore le structuralisme d’André Leroi-Gourhan pour les plus classiques.
Depuis plus d’un siècle, ces pistes qui jalonnent la recherche des significations en Préhistoire ne sont généralement plus citées que pour mémoire encore que certaines d’entre elles puissent revenir au goût du jour à la faveur d’une publication.
Sous l’impulsion de Jean Clottes, préhistorien français de renom et de David Lewis-Williams, Directeur de recherches sur l’art rupestre à Johannesburg, la thèse chamanique a connu un regain d’intérêt en 1996. Nul n’ignore parmi ceux des lecteurs que la Préhistoire intéresse, l’âpre polémique que suscitât l’ouvrage, Les Chamanes de la Préhistoire . Elle mit véritablement aux prises, par publications interposées, les spécialistes de la question.
Pour l’amateur averti de Préhistoire que nous sommes devenu, après tant d’années de lectures, d’excursions dans les grottes ornées et de réflexions sur le sujet, sans vouloir juger sur le fond, cet exemple est surtout révélateur de la désaffection d’une partie de la communauté des chercheurs pour les théories explicatives globales de l’art pariétal.
« L’interprétation c’est difficile » confiait André Leroi-Gourhan à Claude-Henri Rocquet, au cours d’entretiens qui donnèrent lieu à la publication en 1982 de l’ouvrage Les Racines du monde . Le célèbre préhistorien par rigueur scientifique avait lui-même énoncé depuis fort longtemps les carences de son explication de la religion des cavernes. Il considérait, dans le même esprit, qu’il était impossible de formuler des propositions sur le sens de l’art pariétal sans que celles-ci ne soient pénétrées de jugements de valeur issus de la pensée contemporaine.
Il faut l’avouer, l’opinion n’est pas dénuée de fondement. Nous sommes devenus définitivement étrangers à la mentalité de l’homme de l’âge de pierre et si le comparatisme ethnographique peut aider à apporter quelques lueurs sur le comportement des tribus de la dernière glaciation, l’outil est à manier avec précaution.
En définitive, après plus d’un siècle de recherches sur les significations, on en est à ce point où l’art du Paléolithique supérieur ne dégage de lui-même aucun sens directement accessible et la tentation est forte d’aller puiser à des sources d’inspiration plus « exotiques ».
Il serait d’un intérêt relatif d’exposer au lecteur les raisons qui ont éveillé notre curiosité pour les énigmes que pose l’art préhistorique. Il y a certainement le goût de la recherche que notre ancienne profession a pu exacerber, mais peut-être encore davantage la lecture de la littérature d’auteurs qui n’ont pas toujours été des spécialistes de la discipline mais dont les textes nous sont apparus souvent pertinents et la plupart du temps, à de rares exceptions, fort bien documentés.
Nous avons estimé le moment venu de mettre au clair quelques-unes des idées que nous inspire l’art des chasseurs de rennes et d’en retranscrire les points essentiels dans la rédaction d’un livre.
Le champ de l’étude est modeste. Il n’était pas dans nos compétences, ni dans les moyens dont nous disposions, d’aborder la signification de l’art pariétal dans son ensemble. A notre avis, cette voie est d’ailleurs à repenser si l’on espère parvenir un jour à un véritable début de compréhension.
Nos investigations se limitent à la Scène du Puits de Lascaux et par extension à quelques autres réalisations de la grotte.
Le Puits contient certainement l’œuvre la plus célèbre de l’art des cavernes. Elle est exceptionnelle par son caractère narratif. On ne connaît qu’un seul exemple du même type parmi les centaines de sites répertoriés. Il se trouve dans la grotte de Villars en Dordogne où une silhouette humaine fait face à un bison. A Lascaux, l’œuvre est encore remarquable par les thèmes qui sont mis en jeu : l’homme, l’oiseau, le rhinocéros. Ce sont des représentations uniques dans le sanctuaire qui en comporte des centaines d’autres, chevaux, aurochs, bisons, bouquetins… Enfin son emplacement dans le souterrain n’est pas moins surprenant. Il est situé au fond d’une faille qui imposait au visiteur paléolithique une descente dans le vide d’une hauteur de plus de cinq mètres.
La composition, centrée sur l’affrontement de l’homme avec le bison, a appelé les commentaires les plus nombreux et suscité les explications les plus diverses. On peut dire néanmoins, 70 ans après sa découverte, que l’œuvre conserve son mystère.
Il ressort de la consultation de ces hypothèses dont nous n’avons peutêtre pas fait entièrement le tour, que la mort, qui semble être le thème émergeant de l’ensemble peint du Puits, a naturellement constitué l’ossature centrale de la plupart des explications qui en ont été avancées.
Le bison qui perd ses entrailles paraît bien mortellement blessé par la lance qui le traverse de part en part. L’homme, qui lui fait face et qui tombe à la renverse, ajoute encore à l’impression dramatique qui se dégage de l’œuvre.
A l’opposé de cette perception, la silhouette rigide de l’homme ne présente aucune blessure apparente. De plus, son sexe est en érection. Ces données du dessin s’accordent mal avec l’idée d’agonie ou de mort de la créature. C’est aussi l’opinion d’un certain nombre de commentateurs
D’emblée l’ambiguïté s’installe et il devient difficile sur cette base de soutenir un raisonnement logique. Il est prioritaire de tenter d’apporter des réponses à ces apparentes contradictions qui minent dès le départ tout essai d’analyse. On peut émettre un jugement de valeur à leur propos. Elles font l’effet de chausse-trappes destinées à désorienter l’observateur non initié et à le conduire vers des impasses.
Il faut se résoudre à considérer que la mort ne constitue pas le thème central de la Scène. C’est certainement bousculer bien des idées solidement ancrées mais il se vérifie qu’aucune d’entre elles ne permet d’aboutir à des traductions satisfaisantes.
Nous avons pu mesurer l’intérêt de cette hypothèse. Elle ouvre sur des pistes de recherche inédites. Des arguments suffisamment probants existent pour soutenir que l’homme-oiseau n’est figuré ni mort, ni agonisant mais bien vivant et indemne de traumatismes consécutifs à une percussion par son vis-à-vis.
La référence à une créature vivante modifie considérablement l’appro

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