Le désordre colonial
214 pages
Français

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Le désordre colonial , livre ebook

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Description

Contrairement à ce que l'historiographie dominante nous a habitués à lire, la colonisation ne fut pas l'édification d'un ordre nouveau, promesse pour les Algériens de bienfaits, de progrès et de civilisation. Entreprise de « remplacement d'une "espèce" d'hommes par une autre "espèce" d'hommes » elle a pris pour cible toutes les formes de résistance matérielles, humaines, culturelles, religieuses qui pouvaient entraver sa marche. Se limitant à la période 1830-1900, l'ouvrage insiste sur l'ampleur des désastres auxquels ont abouti 70 années de guerre, de dépossessions et de fiscalité prédatrice.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mai 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336842097
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture

4e de couverture
Histoire et Perspectives méditerranéennes
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud

Dans le cadre de cette collection, créée en 1985, les Éditions L’Harmattan se proposent de publier un ensemble de travaux concernant le monde méditerranéen des origines à nos jours.

Déjà parus
Houria ALAMI MCHICHI, Un autre regard sur les migrations, Expériences du Maroc , 2018.
Antoinette CHAUVENET avec Faïza CHERFI et Marie-Claire MICHAUD, La promotion des droits humains en Algérie , 2017.
Catherine GUILLAUMOND, Cuisine et diététique dans l’occident arabe médiéval. D’après un traité anonyme du XIII e siècle, Étude et traduction française, 2017.
Driss ABBASSI, La Tunisie depuis l’indépendance, Politique, histoire, identité, 2017.
Işil ZEYNEP TURKAN-IPEK, Chroniqueurs politiques en Turquie (1980-2014), 2016.
Imane BENNANI, L’habitat menaçant ruine au Maroc, Les procédures administratives à l’épreuve des effondrements, 2016.
Mokhtar KHELADI, L’Algérie pays immergeant , 2016.
Abdellah BOUNFOUR Malaise dans la transmission, La crise de l’autorité familiale, scolaire et politique au Maghreb, 2016.
Riza SAYGILI, Un siècle de démocratisation innachevée, Partis et courants politiques en Turquie (1908-2008) , 2016.
Karim BEN YEDDER, Le fondouk al-ghalla de Tunis, Marché central (1891-1956) , 2016.
Association Déméter-Coré (coord.), Travail et maternité dans l’aire méditerranéenne , 2016.
Zakaria FATIH, Le Maghreb à la croisée des chemins : l’enjeu de la tradition et le défi de la modernité, 2016.
Hassan BANHAKEIA, Histoire de la pensée nord-africaine, 2016.
Saïd CHIBANE, L’Algérie entre totalitarisme & populisme, La fausse ouverture ou l’heure des illusions/désillusions, tome 2, 2016.
Titre
Hosni KITOUNI





LE DESORDRE COLONIAL

L’Algérie à l’épreuve de la colonisation
de peuplement



Préface de William Gallois
Copyright

© L’Harmattan, 2018
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-84209-7
Dédicace

À Abdelmalek et Djouhra, racine et floraison
À Nadia voix clairière, halte et chemin
Préface
Par William Gallois 1

Ce grand livre est la première étude solide de l’Algérie comme colonie de peuplement. D’une manière générale, elle représente une étape importante à la fois dans l’histoire de l’Algérie et dans les études coloniales. En tant que domaine, les settler colonial studies se sont concentrées sur le monde anglo-saxon (Australie, Nouvelle-Zélande, Amérique, Canada, Afrique du Sud) ; cependant, alors que le champ semblait mondialisé, il était en fait provincial. Avec l’arrivée du livre de Hosni Kitouni, nous pouvons donc dire maintenant que le domaine devient plus généralement un champ d’études comparatives, et bien qu’il se soit inspiré des travaux de Wolfe et Veracini, les nouvelles générations d’historiens apprendront beaucoup de ce travail érudit sur la naissance et le développement de la colonisation de peuplement en Algérie.
Comme partout à travers le livre, la puissance du travail de Hosni Kitouni réside dans sa brillante habileté à lier entre eux des mondes différents. Il est aussi bien à l’aise avec les travaux contemporains sur l’Empire britannique qu’avec les témoignages oraux des groupes indigènes algériens du XIX e siècle, comme il est sensible à la complexité et aux nuances dans les documents d’archives françaises, tout autant qu’aux débats historiographiques propres au XX e siècle.
Il y a une profonde tristesse qui parcourt le livre, elle émane des nouvelles formes de violence extrême et des souffrances que les envahisseurs français ont introduites en Algérie. En dépit de cela, ce n’est pas un travail guidé par le ressentiment, mais beaucoup plus basé sur les faits et les documents légués à la postérité. Si les histoires francophones de l’Algérie ont tendance à ignorer la violence et les souffrances des populations pour ne se concentrer que sur les qualités constructives et productives de l’Empire, Hosni Kitouni nous montre que de telles narrations sont très éloignées des sources réelles de l’histoire du XIX e siècle.
Les spécialistes ne manqueront pas d’être touchés et impressionnés par la variété des nouvelles sources que révèle Hosni Kitouni (comme sur les enfumades du Dahra, par exemple), et par son habileté à lier les détails et les moments d’histoire avec un plus ample récit de la violence structurelle et de la dépossession.
Les titres des chapitres se lisent tel un poème en prose sur l’Algérie du XIX e siècle :
Des fantaisies comme programme de gouvernement
Mettre un peuple à genoux
La domination par la faim et le chaos
La guerre comme fin d’un monde
Outre leur belle formulation, ces chapitres nous rappellent aussi que c’est le devoir des hommes de trouver les mots justes pour parler fidèlement du passé, se souvenir de ceux qui ont disparu, et savoir que l’Histoire fait œuvre de justice dans les cas où ce passé a été brouillé et faussé par l’intérêt et le pouvoir du moment 2 .
1 William Gallois est professeur agrégé d’histoire du Moyen-Orient et de la Méditerranée à l’Institut des études arabes et islamiques de l’université d’Exeter (Exeter, Angleterre). Il est l’auteur de monographies sur la médecine coloniale en Afrique du Nord, la violence en Algérie et le temps, la religion et l’histoire, ainsi que des articles dans des revues de premier plan telles que History and Teory, Rethinking History et French History.
2 La traduction de l’anglais est du Pr Hacène Saadi, Université Constantine.
INTRODUCTION
« Le véritable but de l’entreprise africaine, c’est de peupler le nord de l’Afrique, de le féconder par le travail européen, d’ouvrir à la nation française, aux autres peuples civilisés, surtout à ceux de langue romane, comme l’Italie et l’Espagne, un champ nouveau d’activité, et peut-être un moyen de régénération.
La France a donc pour mission de présider à la formation d’une nouvelle nation civilisée, chrétienne, en regard de ses rivages… Quant aux moyens qui doivent conduire à ce résultat, ils se résument en deux principaux : la guerre et la colonisation 3 ».

Voilà résumé le programme de colonisation de l’Algérie. Ses buts et ses moyens ont été largement exposés par les publicistes et le Gouvernement français en a donné une formulation pratique dès septembre 1830. Programme ensuite conduit comme l’« œuvre civilisatrice » de la France mobilisant une puissante coalition d’hommes politiques, de chefs militaires, de financiers, de spéculateurs et de colons qui sut l’imposer à l’opinion publique et aux Chambres. Quels que fussent les tergiversations et les atermoiements de l’histoire de la colonisation, jamais cette option stratégique ne fut remise en cause ni dans sa nécessité ni dans ses objectifs. Pour apprécier la portée d’un tel choix, il est nécessaire de rappeler brièvement ce que la colonisation de peuplement comme fait historique a exigé comme conditions de sa réalisation et quelles furent ses conséquences pour les peuples autochtones.
Qu’est-ce que la colonisation de peuplement ?
Même si on attribue historiquement aux Grecs les premières formes de colonie de peuplement, c’est au cours de l’invasion du Nouveau Monde que l’Europe accomplit la plus vaste conquête de territoires et les plus importants transferts de populations dont sont issues les colonies de peuplement modernes. Ce mouvement d’immigration massive pour occuper un territoire et y former une nouvelle société, reproduisant à l’identique la mère patrie définit en son essence même la colonisation de peuplement comme singularité irréductible aux autres modes de colonisation. L’exploitation des ressources et de la main-d’œuvre locale constituent des objectifs secondaires et non la cause première de ce déplacement. Si le territoire est habité, l’implantation des colons exige nécessairement l’élimination, le refoulement ou le cantonnement des populations autochtones du territoire revendiqué. En effet, comme le souligne Patrick Wolfe, chercheur en histoire à l’université La Trobe (Aus

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