Les accidents professionnels

Isabelle Cavé

Description

Ce livre raconte comment ont été pensées la reconnaissance des risques professionnels par les employeurs et la prise en charge des ouvriers lorsqu'il y a eu accident. Quel est le contexte social de l'époque ? Qui sont ces legislateurs derrière ce projet de loi ? Et quelle a été la part d'engagement médical autour de la trame de projection de l'ouvrier qui va se jouer entre la victime, l'employeur, le juge et le médecin-expert nommé auprès des tribunaux ? Ce livre présente l'histoire inédite de la santé citoyenne sur fond de réflexion médicale au XIXe siècle, qui n'a jamais été écrite jusqi'à présent.

Sujets

• Médecine
• Santé
• Sciences humaines et sociales
• Sciences et techniques

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 06 juin 2019
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782336874128
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Médecine à travers les siècles
Médecine à travers les siècles
Collection dirigée par le Docteur Xavier Riaud
L’objectif de cette collection est de constituer « une histoire grand public » de la médecine ainsi que de ses acteurs plus ou moins connus, de l’Antiquité à nos jours.
Si elle se veut un hommage à ceux qui ont contribué au progrès de l’humanité, elle ne néglige pas pour autant les zones d’ombre ou les dérives de la science médicale.
C’est en ce sens que – conformément à ce que devrait être l’enseignement de l’histoire –, elle ambitionne une « vision globale » et non partielle ou partiale comme cela est trop souvent le cas.
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Titre

Isabelle CAVÉ







LES ACCIDENTS PROFESSIONNELS

Enjeux sociaux et médicaux de la loi du 10 avril 1898

Les préludes à la médecine du travail
Copyright

Du même auteur dans la même collection

Les médecins-législateurs et le mouvement hygiéniste sous la Troisième République (1870-1914) , 2015

État, santé publique et médecine à la fin du XIX e siècle français , 2016



















© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-87412-8
INTRODUCTION
La médecine du travail prend ses marques d’histoire bien avant notre ère industrielle occidentale. En 450 avant J.-C., Hippocrate, père de la médecine note, déjà, que la maladie de l’asthme était plus fréquente dans certaines professions que dans d’autres, en particulier, chez les tailleurs d’habits, les pêcheurs et les métallurgistes. Au XVI e siècle, Philippus Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim dit Paracelse (1493-1541), alchimiste, astrologue et médecin suisse est le premier auteur à avoir abordé la question des maladies professionnelles. Dans son ouvrage De la maladie des montagnes (des mines) et d’autres maladies semblables (Von der Bergsucht, 1533-1534), trad. in Œuvres médicales choisies , trad. B. Gorceix, PUF, 1968, p. 141-192, il décrit les risques professionnels liés à l’extraction des minerais et au travail des métaux sous l’angle de la prévention. Au XVII e siècle, Bernardino Ramazzino (1633-1714) professeur de médecine à Padoue, en Italie, s’intéresse aux accidents du travail et préconise bon nombre de mesures d’hygiène et de sécurité dans un traité des maladies des artisans : « De morbis artificum diatriba » (1713) qui, pendant deux siècles, servira de référence. L’ouvrage fut traduit en français, commenté et enrichi par le chimiste français et député à la Convention nationale Antoine-François Fourcroy (1755-1809) en 1777. Au XVIII e siècle, Percivall Pott (1713-1788), chirurgien britannique, identifie que la suie est la substance chimique responsable d’un cancer professionnel, celui du cancer du scrotum des petits ramoneurs de Londres, qui en contact permanent des conduits de cheminée étroits, enduits de résidus de combustion de houille grasse, accumulaient au niveau de la peau fine du pli des bourses des particules fines de suie. Les jeunes ramoneurs pouvaient commencer à travailler dès l’âge de 5 ans, le cancer se déclarait vers l’âge adulte de 30 ans 1 . Il faudra attendre 1840 la loi anglaise qui interdit le ramonage aux enfants de moins de dix ans, juste une année qui précède la première loi française sur la réglementation du travail industriel des enfants et des filles mineures en 1841. Quand fut instaurée cette législation sanitaire, les médecins anglais constatèrent toujours l’existence de la maladie qui se déclarait plus tardivement chez l’adulte vers la quarantaine d’âge 2 . Outre-Atlantique, Benjamin Franklin (1706-1790), fort connu pour avoir été l’un des pères fondateurs des États-Unis d’Amérique, est avant tout un physicien qui découvrit le premier, « le saturnisme », une maladie fort décriée par les hygiénistes pendant tout le XIX e siècle et reconnue première maladie du travail avec la loi relative au régime de réparation des maladies professionnelles promulguée bien plus tardivement au Journal officiel le 25 octobre 1919 (jurisprudence française) en étudiant la toxicité du plomb diagnostiquée chez les cristalliers et les céramistes. En France, Amédée Lefebvre, directeur de l’École de médecine navale de Rochefort aurait fait cette même découverte, quelques années plus tard, notant des cas de marins intoxiqués par la contamination de l’eau à bord des navires par les tuyaux en plomb 3 . Le XIX e siècle fondement caractéristique de nos sociétés occidentales en matière d’industrialisation et de modernisation va connaître bon nombre d’études scientifiques, médicales, économiques et sociales, tantôt commanditées par les académies nationales (en sciences, médecine, pharmacie, sciences morales et politiques…), parfois conduites de façon isolée par des scientifiques (philanthropes) qui vont toutes et tous contribuer à l’amplitude de la mouvance hygiéniste en Europe 4 et particulièrement en France avec le rayonnement des travaux de recherche en matière de microbiologie par Louis Pasteur 5 dont des retombées seront inattendues armant le pays d’une politique de santé et d’hygiène publiques dès 1870. Celle-ci dotée d’une très forte juridiction printanière sanitaire fera bénéficier aux salariés et à leurs familles, d’une part, d’une couverture d’hygiène et de sécurité professionnelle première en cas d’accident ou de maladie, et d’autre part, d’une protection nouvelle d’assurances sociales couvrant la maladie, la vieillesse, le chômage ou les accidents en milieu professionnel. C’est également toute une somme de progrès techniques remarquables et de percées scientifiques (surprenantes pour certaines d’entre elles) accumulés pendant tout le XIX e siècle, partis en lutte contre bon nombre de fléaux de santé publique et d’une volonté clairement affichée par la médecine et parfois par les dirigeants politiques, d’appréhender au mieux, les maladies et les malades ou de contrôler les populations sanitaires, puis les études scientifiques méconnues pendant longtemps des hygiénistes, véritables détectives privés des problématiques de salubrité publique se mettant au service gratuit de l’État ― éléments d’histoire auxquels il convient d’ajouter une médecine légiste pionnière ― de ce brillant XIX e siècle salvateur qui commence à consigner de façon systématique toutes ses observations à l’écrit (statistiques, nosologies des maladies, études de portée médico-sociales légales en criminologie étendant, ainsi, le