Les volontaires cubains dans la défense de la République espagnole
289 pages
Français

Les volontaires cubains dans la défense de la République espagnole , livre ebook

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289 pages
Français

Description

La Guerre civile espagnole a été l'occasion d'une solidarité internationale sans précédent dans la lutte contre le fascisme. Cuba a été le pays qui, eu égard à son nombre d'habitants, a fourni le plus de combattants pour la défense de la République espagnole. Pourtant la proximité de la guerre d'indépendance de Cuba - contre l'Espagne - et ses séquelles ne laissaient pas entrevoir une aussi forte participation. Comment expliquer pareil revirement ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2008
Nombre de lectures 80
EAN13 9782296195196
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les volontaires cubains
dans la défense de la République espagnole
1936 - 1959@ L'Harmattan, 2008
5-7, rue de l'Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharrnattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan 1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-05364-9
EAN : 9782296053649Denise Urcelay-Maragnès
Les volontaires cubains
dans la défense de la République espagnole
1936 -1959
La légende rouge
L'HarmattanRecherches Amériques latines
Collection dirigée par Denis Rolland
et Joëlle Chassin
La collection Recherches Amériques latines publie des travaux de
recherche de toutes disciplines scientifiques sur cet espace qui s'étend
du Mexique et des Caraïbes à l'Argentine et au Chili.
Dernières parutions
Bruce JNO-BAPTISTE, La dynamique identitaire de la
Dominique: quelles stratégies pour un petit État caribéen
anglophone, 2008.
Laurent FONTAINE, Paroles d'échange et règles sociales chez
les Indiens yucuna d'Amazonie colombienne, 2008.
Rodrigo CONTRERAS OSORIO (coord.), La Gauche au
pouvoir en Amérique latine, 2007.
José PINEDA QUEVEDO, Espace et archéologie au Pérou.
Lecture spatiale des sociétés préhispaniques, 2007.
Porfirio MAMANI-MACEDO, La société péruvienne du XX
siècle dans I 'œuvre de Julio Ramon Ribeyro, 2007.
J. GONZALES ENRIQUEZ, Les Yaqui. Mexique septentrional.
Un manuel d'ethnographie appliquée, 2007
Rodrigo CONTRERAS OSORIO, Une révolution capitaliste et
néoconservatrice dans le Chili de Pinochet, 2007.
Renée Clémentine LUCIEN, Résistance et cubanité. Trois
écrivains nés avec la révolution cubaine: Eliseo ALBERTO,
Léonardo PADURA et Zoé VALDES, 2006.
Alexis SALUDJIAN, Pour une autre intégration
sudaméricaine. Critiques du Mercosur néo-libéral, 2006.
Philippe FRIOLET, La poétique de Juan GELMAN Une
écriture à trois visages, 2006.
André HERAcLIO DO RÊGO, Littérature et pouvoir. L'image
du coronel et de la famille dans la littérature brésilienne, 2006.
Marguerite BEY et Danièle DEHOUVE (sous la dir.), La
transition démocratique au Mexique. Regards croisés, 2006.
Marie-Carmen MACIAS, Le commerce au Mexique à l 'heure
de la libéralisation économique, 2006.Prologue
« Ni el libro europeo, ni el libro yanqui daban la clave dei
enigma hispanoamericano. »
José Marti
On venait de m'offrir un recueil de témoignages et de
biographies succinctes de combattants cubains, intitulé Cuba y la
defensa de la Republica espanola (1936-1939)1. Une liste de
pas moins de 732 brigadistes clôturait l'ouvrage. J'avais en
quelque sorte « découvert» la forte participation, dans la
Guerre civile espagnole, de plusieurs centaines de volontaires
d'un peuple caraïbéen, notre grand voisin cubain. La solidarité
combattante de plusieurs centaines de Cubains faisait problème
au regard du long passé colonial de la Grande île et des dures
guerres d'indépendance (1868-1878, 1895-1898) contre la
puissance colonisatrice espagnole. On sait qu'à la paix, et à compter
de 1902, les Cubains se détournèrent de l'ancien maître déchu;
certains, comme l'anthropologue Fernando Ortiz, regardèrent
vers le Nord, après une critique sévère de l'Espagne décadente
et impérialiste. Curieusement, les Espagnols ne quittèrent pas
Cuba; de nouveaux flux de population espagnole, importants et
continus, se déversèrent dans l'île, ravivant les conflits entre les
travailleurs des deux nations en même temps que les liens
intercommunautaires jusque dans les années 30. Partant, qu'est-ce
qui avait changé à I'heure de la décision de défendre la
Répu1. Ram6n Nicolau Gonzâlez, Cuba y la defensa de la Republica espanola
(1936-1939), Ed. Politica, La Habana, 1981.
Avertissement au lecteur: les fonds d'archives, la presse, les témoignages
écrits et les sources orales sont portés dans les notes de bas de page. Tous les
mots soulignés dans une citation l'ont été par leur auteur. Sauf indication
contraire, les traductions de l'espagnol au français sont de moi, D.V-M.
5blique espagnole? Comment fut dépassée la discorde entre les
deux communautés?
L'engagement ne pouvait donc s'appréhender par la seule
conviction de la justesse de la lutte contre le fascisme. D'autres
raisons résidaient dans les sentiments à l'égard de l'Espagne et
des Espagnols. Leur bouleversement lors du pronunciamiento
du 18 juillet 1936 exigeait un retour sur leurs manifestations
tout au long de la République de Cuba. Cependant, le
changement des représentations de l'Espagne et des Espagnols suffit-il
à expliquer le départ pour de centaines de Cubains?
Les «liens de sang », qui furent aux yeux de nombre
d'hispanistes, d'historiens et même de témoins de la guerre,
l'une des raisons de l'engagement cubain, avaient-ils joué dans
le soutien à la République?
Comment expliquer que les Cubains avaient constitué un
1
fort « contingent» de volontaires en 1936 ? Pourquoi ces
hommes avaient-ils pris le bateau pour, ironie de l'histoire, défendre
l'Espagne? Etait-ce par antifascisme et internationalisme
comme semblait l'admettre la majorité des témoins à l'instar
des autres volontaires internationaux ou y avait-il une
spécificité cubaine? Les autres Antillais des anciennes colonies
espagnoles avaient-ils défendu la République espagnole aussi
massivement?
D'autres textes abordaient la question, mais il ressortait
qu'une étude restait à faire pour comprendre la singularité de
l'engagement cubain.
Plusieurs voyages à Cuba s'imposèrent afin de rencontrer
des acteurs de la guerre et collecter des sources et des
témoignages écrits et oraux. Il s'agissait ensuite de diriger mes
investigations vers l'Espagne2. Je devais également me tourner
1. Le terme « contingent)} ne désigne nullement un groupe détaché de l'armée
nationale cubaine. Il ne s'agit que de la dénomination de l'ensemble des
volontaires cubains localisés.
2. Cette orientation fut encouragée par Pierre Broué. Lettre de novembre
1998 : « [...] le cas des volontaires cubains est à part. Je crois que très
nombreux ont été ceux qui ont été versés directement dans l'armée républicaine.
En ce cas les papiers se trouvent dans les archives classiques, Ministère de la
Guerre, Archives de la Guerre civile à Salamanca [...] ».
6vers les Etats-Unis d'où étaient partis de nombreux Cubains
incorporés dans le bataillon nord-américain Abraham Lincoln.
Cependant, Victor Berch, vétéran de la guerre d'Espagne,
responsable de la bibliothèque de la Brandéis University
conservant les documents concernant ce bataillon, me signifia que les
informations, très réduites sur les volontaires cubains,
apparaissent dans une de ses publications, African Americans in the
Spanish Civil War1.
Afin de suivre le chemin des combattants, la prospection
s'imposa dans les archives de la Préfecture de police de Paris,
les archives départementales des ports de l'Atlantique et des
départements français ayant accueilli les camps de
concentration pour Espagnols et Internationaux, les archives
diplomatiques de Paris, celles de la SDN et de la Croix-Rouge
Internationale siégeant à Genève.
Les premiers dépouillements de documents -liste
d'hospitalisés et de soldats des unités internationales et espagnoles2,
dépêches de surveillance des frontières, correspondance des
familles, témoignages - apportaient de nombreuses données
propres à établir une sociologie des combattants de même
qu'une nouvelle liste de ces hommes complétant celle qui a été
constituée par l'Institut d'Histoire de La Havane.
Il me restait à retracer le long périple de ces hommes, de leur
pays au front, puis du front aux camps jusqu'au retour à Cuba.
Une manière en quelque sorte d'approcher ce que Manuel
Tunon de Lara appela « el palpito de los combatientes »3.
1. Victor Berch, African Americans in the Spanish Civil War: « This Ain 't
Ethiopia, But It'll Do », Editor Danny Duncan Collum, New York, 1992.
Lettre du 17-11-1998 : « Outside of a few books, there is little archival
material in our collection on the Cubans and only very little on those Cubans who
were living in the United States at the time. That little bit can be found in the
book' A

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