Mihailovic
282 pages
Français

Mihailovic , livre ebook

-

282 pages
Français

Description

Dragoljub - dit Draza - Mihailovic et l'organisation qu'il fonde en mai 1941 reçoivent d'abord le soutien de la communauté internationale pour sa résistance active à la domination hitlérienne. On sait que c'est le mouvement communiste et Tito qui prennent les rênes du pouvoir en Yougoslavie au sortir de la guerre. Que se passe-t-il entre temps ? Révolution ou restauration, autant de dilemmes pour ce colonel francophile.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2009
Nombre de lectures 328
EAN13 9782296219489
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À ma mère, mes frères,
toujours avec moi.

À ma grand-tante Miona.

À la mémoire de mon cher père
et de mes grands-parents,
Momir, Ljubica, Maurice et Odette.

REMERCIEMENTS

Il m’est très agréable d’exprimer toute ma reconnaissance à
celles et ceux qui ont suivi, encouragé etpromucetravail :
Madame Durandin Catherine, Monsieur LoryBernard, Monsieur
PrstojeviuAlexandre, professeurs à l’INALCO, pour leur
confiance etleur sollicitude constante.
Mercitrès sincèrementégalementà Mesdames Andrejeviu
Marija, RadojeviuMira, Monsieur DimiuLjubodrag à Belgrade,
Mesdames Bernard etŽujoviuà Paris, à Jean-Claude etHervé qui
m’ontreluavec rigueur etbienveillance, Dominik etsa mère qui
ontpermis mes séjours en Ile de France.
R. V.

NOTE

L’orthographe duserbo-croate étantstrictementphonétique, il
suffit, pourune prononciation correcte, de retenir ces quelques
correspondances :

u,w
š
ž
h

=tch
=ch
=j(« je »)
=kh

c
e
j
s

=
=
=
=

ts
é
y(«yourte »)
ss

PRÉFACE

Les guerres de l’éclatementde la fédérationyougoslave nous ont
laissé dansune sorte de stupeur d’incompréhension, dontnous ne
sommes pas encorevraimentremis à ce jour. Cette
incompréhension s’estdéclinée sur plusieurs registres, parmi
lesquels ontrouve fréquemmentl’idée que ces conflits
inextricables ne faisaientque réactualiser des conflits plus anciens
mal résolus. On a parlé de haines ataviques, ce qui dispensaitde
touteffortde compréhension. Le passé des peuplesyougo-slaves
esteffectivementcomplexe etnourri devieilles conflictualités.
Mais celles-ci ne remontentpas à la nuitdestemps etl’enquête
historique peuten retracer le cheminementsanstrop de difficultés.
La Deuxième Guerre mondiale en Yougoslavie est une des
matrices dans lesquelles on peutcerner bon nombre d’enjeuxqui
réapparaîtront un demi-siècle plustard. Aussi, l’étude de cette
période, loin d’êtreun exercice d’érudition réservé àune caste de
chercheurs, peutfournirun éclairage sur des sujetstoutà fait
contemporains. Le conflitmondial fut un grand brassageviolent
que l’on peutlire sur plusieurs plans différents. C’est une histoire
d’agression etd’occupation, de collaboration etde résistance ; c’est
aussiune occasion de régler devieuxlitiges nationauxousociaux;
c’estla possibilité pour des groupes marginauxde réaliser des
objectifs jusque là fortchimériques ; mais c’estaussiune case dans
un échiquier mondial oùs’affrontentdes puissances dépassant
largementle cadreyougoslave.
L’étude que propose Roland Vasic n’entend pas éclairer
l’ensemble de cette problématique, maisun de ses aspects
importants concernantessentiellementlevoletserbe de l’histoire.
Si le nom de Tito évoque encore quelque chose aupublic
francophone, celui de son rival malheureuxMihailoviuestde nos

11

jours assezlargementignoré. Les mieuxinformés se souviennent
que le général De Gaulle atoujours refusé de rencontrer Tito, par
fidélité envers celui qu’il considéraitcomme l’allié des mauvais
jours.

Le mouvementde résistance mené par Dragoljub (Draža)
Mihailoviuestgénéralementdésigné sous le nom demouvement
tchetnik. A cetermeun peu vague (qui peutsetraduire par
maquisard oufranc-titeur) on préfère actuellementcelui de
mouvement de Ravna Gora, ce qui estplus précis, car dans la
nébuleusetchetnik ilyeutde nombreuxchefs locauxqui ne
prêtaientqu’une allégeance lointaine à Mihailoviu. Ceterme a
aussi l’avantage de marquer d’embléeune des caractéristiques
majeures dumouvement: il étaitserbe, etqui plus estserbe de
Šumadija. C’estl’occasion de rappeler que, comme la plupartdes
peuples d’Europe orientale, les Serbes ont vécusous des régimes
différents qui ontmodelé des mentalités quivarientde région à
région. La Šumadija, région située ausud de Belgrade entre Drina
etMorava, s’enorgueillitd’avoir été le berceaudes deux
insurrections contre les Ottomans de 1804 et1815 etle Piémontde
l’émancipation nationale. Les Šumadiens ont un peu tendance à se
considérer comme les «vrais » Serbes età imposer leurs façons de
voir àtoute la nation…voire àtoute la Yougoslavie. On retrouve
cettetendance dans le mouvementde Ravna Gora etce fut
assurément une cause de son aveuglementetde son échec. (A
contrario, R. Vasic montre bien la place singulière dans le
mouvementde Stevan Moljeviu, Serbe de Bosnie.)
La présentation historique dumouvementde Ravna Gora a
longtemps été lourdementcaricaturale : soitpour le régime de Tito
un ramassis detraîtres collaborateurs, soitaucontraire pour
l’émigration en Occidentdes héros honteusement trahis. Depuis
unevingtaine d’annéesun discours de réhabilitation assez
tonitruants’estrépanduen Serbie. Ces célébrations relèventde la
propagande politique etla recherche historique a dumal à garder la
distance nécessairevis-à-vis de ces commémorations. Mais les
choses ontaussi évolué :on dispose de sources nouvelles et
abondantes et une génération de chercheurs plus distanciés par
rapportà leur objetd’étude a émergé.

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Sur la base de cette documentation plus riche etplus nuancée,
Roland Vasic s’efforce de reconstituer l’histoire dumouvementen
suivantdeuxfils conducteurs :Mihailoviului-même, le leader du
mouvement, etles idées politiques en cours en Serbie durantles
années 1930etla manière dontelles ontévolué durantla guerre.
Les protagonistes de la guerre onten effetété entraînés dans le
tourbillon d’évènements etdeviolences avectoutle bagage
d’idées, de déceptions etd’espoirs accumulé durantla décennie
précédente.
Traître ? Héros ? Ces qualificatifs n’ontpas lieud’être. Loin des
simplifications partisanes, penchons-nous sur le destin d’un
homme, avec ses qualités etses limites, confronté àune époque
profondément tragique.

Bernard Lory
Maître de conférences
InstitutNational des Langues etCivilisations Orientales

«Dès que l’homme s’élève un peu
au dessusde l’égoïsme national, il lui apparaît clairement
que la nation, par elle-même,ne représente pas ce qu’on
appelle en philosophie une « valeur ».Ce sontles idéaux
culturels auservice desquels elle s’estmise, qui peuvent,
1
seuls, lui en conférer.»
Slobodan Jovanoviu

INTRODUCTION

La période de la Seconde Guerre mondiale en Yougoslavie est un
moment tragique oùdifférentlogiqes «ues »sontà l’œuvre et
s’entremêlent: occupation etsoumission à des puissances
étrangères ;attentisme, adhésion aunouvel ordre, résistance ;
implosion d’unÉtatplurinational en cours de constitution ;
logiques révolutionnaire etcontre-révolutionnaire ;logique de
guerre civile dite aussi « fratricide ».
Cette complexité està la fois particulière etcaractéristique de la
situation qu’Hitler etses alliés, engagés à rul’ordre deiner «
Versailles »etla marche difficile d’un monde plurielvers son
organisation démocratique, imposentà l’Europe et une grande
partie dureste de la planète.

1
JovanoviuSlobodan,Jedan prilog za prounavanje srpskog nacionalnog
karaktera, in Izistorije i književnosti II (Oeuvres complètes,tome 12), p.
573.

15

Des mouvements de résistance à l’ordre hitlérien se constituent
danstous les pays occupés. Ilsvarientpar «l’ampleur, la
chronologie, la conjugaison différente des parties selon les régions
et le rythme duconflit; là domine la collecte de renseignements,
2
ici la guérilla.» Selon Henri Michel, «La Résistance, sauf
peutêtre en U.R.S.S., etce n’estpas certain, était une juxtaposition de
tendances, plus qu’une fusion ou une interpénétration de forces;
lorsqu’uneunion a été réalisée, ce fut toujours de façon
temporaire, dansun cadre local, etpour des évènements d’une
exceptionnelle gravité – attentatcontre Hitler, insurrection de
Varsovie, maquis duPiémont… »Si nulle partla Résistance n’a
gagné seule la guerre, en Yougoslavie, le mouvementcommuniste,
en mettantà profiteten combinantaumieuxles dynamiques
inhérentes auxlogiques évoquées plus haut, a fondétrès largement
sur elle la légitimité durégime qu’il a installé pour plusieurs
décennies.
Un autre mouvem

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