Peuples en marronnage
118 pages
Français

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Peuples en marronnage , livre ebook

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Description

Depuis 1760, les peuples afro-américains forgent leurs propres participations à l'édification laborieuse d'États-nations tels que le Suriname, ou de territoires comme la Guyane. À notre tour de savoir transmettre et retenir de ce que nous sommes à l'heure actuelle : den lowesama pikin, les enfants de peuples en marronnage, pour construire un monde à notre image, à connaître et à préserver encore de tout asservissement, présent ou à venir. Une analyse pertinente pour des milliers de Marrons d'aujourd'hui dont les trois quarts n'ont pas encore trente ans.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 février 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336892832
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre


Collectif Mama Bobi et Joël Roy









P EUPLES EN MARRONNAGE


Le Suriname : contraintes économiques et démocratie 1760-1990
Copyright


Ouvrages de Joël Roy publiés chez l’Harmattan :
Romans
Variations sur un thème détestable , roman, 2011
Petit-Noyau dans le courant du fleuve , roman, 2013
Le lion réincarné , roman, 2014
L’or des criques, Monsieur Wagner , roman, 2015
Essais
Un témoin en Guyane , essai, 2012
Devoir marronner aujourd’hui dans l’espace des Guyanes , essai, 2017
Albums de jeunesse bilingues
Joël Roy et Mama Bobi
Pikin Siri a wowoyo , Petit-Noyau au Marché, 2015
Pikin Siri nanga den meti , Petit-Noyau et les animaux, 2015
Pikin Siri feni wan brada , Petit-Noyau attend un petit frère, 2016
Apprendre une langue
Joël Roy et Mama Bobi
Parlons mawinatongo, le taki-taki revisité , collection « Parlons », 2015








© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-89283-2
Introduction
Dès sa création, Mama Bobi (le sein maternel) s’est attachée à suivre d’un bord à l’autre du Maroni ce qui, de l’Histoire immédiate, allait nourrir une analyse contemporaine des phénomènes psycho-sociaux en Marronnage dont nous sommes les principaux héritiers et acteurs. Depuis 1760, les Peuples Afro-américains forgent leurs propres participations à l’édification laborieuse d’États-nations tel que le Suriname ou de territoires comme la Guyane, encore en chemin dans ce sens.
Il s’agit d’une marronnabilité historique inachevée qui, comme le relatent les épisodes mêlés de ce livre, se découvre en politique, en économie, en lutte des classes et bouleversements divers que des documents, archives officielles ou privées illustrent de faits et de commentaires que le collectif a patiemment collectés, triés, traduits et ici annotés en une trame. Une analyse pertinente pour les quelques milliers de Marrons d’aujourd’hui dont les trois-quarts n’ont pas encore trente ans. Ce livre leur est bien évidement destiné ainsi qu’à leurs enfants.
Voici ce qu’il convient de savoir de ce que nous sommes à l’heure actuelle : den lowesama pikin, les enfants de peuples en marronnage en construction d’un monde à notre image, à connaitre et à préserver encore de tout asservissement présent et à venir. Ceci afin, à notre tour, de transmettre et de retenir. Eside, tide ben de tamara . Hier, aujourd’hui était demain.
Antoine Lamoraille

D’après de nombreux travaux traduits, annotés et commentés par le collectif depuis plus de trente ans, avec une mention spéciale pour les recherches de notre camarade et partenaire Ben Scholtens, décédé à l’âge de 39 ans. Il laisse une œuvre posthume en langue néerlandaise.
Textes relus et rédigés pour la présente édition par Joël Roy (2019).
Sommaire
1. Rappel du contexte : années 1760
1.1 Une situation confuse et tendue
1.2 Les traités de paix du XVIII e siècle et des Businenge non pacifiés
2. Nouveaux accords et Émancipation (abolition) 1795-1863
2.1 Changements d’administration
2.2 Renouvellement des accords de paix au début du XIX e siècle
2.3 Levée des restrictions de liberté de mouvement et Émancipation
3. Exploitation de ressources et transport de fret sous influence gouvernementale croissante, 1863-1945
3.1 Nouveaux changements d’administration
3.2 L’exploitation forestière
3.3 Le bois, territoires et taxes
3.4 Bagasi ten : le temps du transport de fret , bagasi ten
3.5 la « libéralisation » des rapports économiques, entre Businenge et colons et aussi entre businenge
3.6 Les Boni-Boni-Aluku : une affaire de frontière
3.7 Grève des transporteurs de fret en 1921
3.8 Granman convoqué, nouveaux accords
3.9 Politique d’assimilation
3.10 Tentatives d’intégration
3.11 Kielstra et la politique du coup de pied dans la fourmilière
3.12 la Seconde Guerre mondiale
3.13 Une assimilation gagnant-gagnant ?
4. Rupture définitive de l’isolement 1945-1992
4.1 Toujours des changements d’administration
4.2 les changements administratifs survenus après 1945
4.3 Les Businenge et la politique nationale
4.4 Indépendance et nouvelles institutions gouvernementales
4.5 Les Boni-Aluku, une affaire de frontière non réglée
4.6 La guerre civile, 1986-1992
5. Pour (ne pas) conclure
5.1 Un projet d’État : le développement de l’Intérieur
5.2 Un exemple : le projet de Brokopondo
6. Annexes
1. Rappel du contexte : années 1760, Suriname
1.1 Une situation confuse et tendue
En signant les accords de paix avec les Marrons Djuka et Saamaka, le gouvernement de la colonie de Suriname avait espéré s’être libéré de l’ennemi interne et avoir résolu le problème du marronnage. C’était un faux espoir. Le marronnage continuera jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1863. La zone de plantations ne connaîtra qu’une brève période de tranquillité relative après la signature de ces accords, mais sera secouée par les Aluku (ou Boni) jusque-là presque inconnus. La présence de groupes de Businenge pacifiés à l’intérieur du pays constituait un défi pour les esclaves et une menace pour l’autorité du gouvernement. Jusqu’à la signature des accords de paix, l’attention du pouvoir se concentra surtout sur les Saamaka et les Dyuka. Après les traités de paix, l’on se mit à faire une différence entre les Businenge pacifiés et non pacifiés.
Relativement isolé et pratiquement sans bruit un autre groupe de marrons s’était formé dans la partie nord-est de la colonie, connu sous le nom de « Marrons de Cottica ou de Cassipora ». Leur premier chef, Asikan Silvester, s’était échappé à l’occasion de l’attaque française menée par Cassard en 1712, qui eut comme effet, notamment, d’affaiblir la région de Joddensavana. Du reste, en dehors du fait que d’autres communautés d’esclaves en profitèrent pour marronner en même temps, peu de choses sont connues sur la période de formation de ce groupe.
Autour de 1765, les chefs Boni-Aluku (Asean de Marseille) et Boni succédèrent à Asikan-Silvester. Un autre groupe, plus petit, dit les « Marrons de Tesisi », formé dans les années 1750 et se trouvant entre la crique Tempatie et le Maroni, rejoignit vers 1770 le groupe d’Aluku et de Boni. Un troisième groupe, apparu vers la fin des années 1750 et conduit par Kormantin Kodyo, était en grande partie originaire des plantations juives sur le Suriname. Ce groupe se trouvait alors près de la crique Surnau et rejoignit les deux autres groupes en 1773, peu après la chute du légendaire Fort Buku des Marrons. Bien que d’autres petits groupes arrivent ou quittent régulièrement le groupe principal, ces trois groupes restèrent le noyau des Boni-Aluku.
Entre 1768 et 1777, les Boni-Aluku ont été en guerre permanente avec l’administration coloniale : ce fut la première « Guerre Boni ». Le gouvernement n’avait pas d’autre choix que de renforcer substantiellement son dispositif de défense. Plusieurs nouvelles unités militaires furent mises en place, dont en 1772 le très efficace « Corps libre de Nègres » (et non Corps de Nègres libres), les Redimusu. À l’est de la région agricole fut instaurée une zone tampon dite « le Cordon 1 », et en 1773 arrivèrent d’Europe les premières troupes de volontaires – plus de mille six cents hommes en total – sous la conduite du colonel suisse Fourgeoud, le même qui avait déjà servi les autorités de Berbice en écrasant le soulèvement d’esclaves qui eut lieu en 1763 dans cette région voisine. Le capitaine écossais John Gabriel Stedman faisait également partie de cette armée de mercenaires ; il écrira plus tard son livre devenu célèbre, qui raconte son séjour de plus de quatre ans au Suriname, intitulé : Narrative of a Five Years Expedition against the Revolted Negroes of Suriname, 1796 .
Malgré le surnombre conséquent des militaires, le petit groupe de Boni-Aluku, à peine deux à trois cents guerriers, réussit à se maintenir jusqu’en 1777. Les troupes régulières de Fourgeoud, trop lourdes et inadaptées à la situation au Suriname, réussirent à les chasser sur l’autr

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