Sous les ormes de Grabow

Emmanuelle Eve Cassan

Description

Une boîte, de vieux papiers, quelques photos : découverte d'un grand-père déporté en 1944 dont personne jamais ne parle, mais qui, surtout, s'est volatilisé en mai 1945, au bout de la Marche de la mort. L'espoir de le retrouver vivant déclenche trente-trois ans d'aventure sur les traces de Pierre.

Sujets

• Témoignage
• Récit
• Témoin
• Autobiographie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 24 juillet 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140127267
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 20 Mo

Extrait

Sous les ormes de Grabow

Rue des Écoles La collection « Rue des Écoles » est dédiée à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Elle accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques. Déjà parus

Beauverger (Hélène),Les Poules Imbéciles,roman, 2019. Bonnave-Marrat (Bernard),Un pied sur chaque rive, 2019. Mazziotta (Robert),Les mémoires réconciliées, récit, 2019. Duval (Christian),Le parc de Santeuil, roman, 2019. Lamy (Laurya),Clara et le président, roman, 2019. Moisan (Dominique),Moi, migrant, Récit de l’odyssée de Mitterand Mardoché Momo Donaya, 2019. Firth (Alan),La femme en vert, roman, 2019 Igot (Jean-Pierre),Paris-Moscou, roman, 2019.

Malka (Bruno),Voix off, roman, 2019.

Beauvais (Paul),La résidence, roman, 2019. Suveraie (Philippe),Eva vit et meurt d’amour,roman, 2019. Schmoll (Alain),La tentation de la vague, roman, 2019.  Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.editions-harmattan.fr

Emmanuelle Eve C ASSAN

Sous les ormes de Grabow

À la recherche de mon grand-père, déporté en 1944

© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18119-6 EAN : 9782343181196

À Pierre et Yvonne

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Lundi 9 octobre 2017

La nouvelle tombe par un bel après-midi d’automne.

Antoine et moi nous offrons une pause et partons déambuler à travers les rues et parcs de la commune. Notre itinéraire, calme, offre un contraste apaisant avec l’aéroport et le cœur de la belle et bouillonnante Bruxelles, tous deux très proches. La rumeur du « Ring 0 » – autoroute encerclant la capitale belge – se fait certes entendre mais elle est étouffée par les arbres et ne nous gêne pas. Nous marchons d’un bon pas, en bavardant. Mon téléphone vibre tout à coup et, soucieuse de ne jamais faire attendre mes clients, je le consulte immédiatement. C’est un message privé qui s’affiche, de Carmen Lange. Je fouille à peine quelques secondes dans ma mémoire et me souviens de lui avoir écrit le 5 septembre sur les conseils d’Astrid Ley, du Mémorial du camp de concentration de Sachsenhausen, situé près de Berlin. Une fois de plus, j’ai raconté ce que je sais du périple de mon grand-père entre mai 1944 et mai- juin 1945. Et une fois de plus, je me suis interrogée : est- ce enfin la bonne personne ? Suis-je proche du dénouement de ma quête ? Courte hésitation, main crispée sur le téléphone… Non, je coupe l’écran. Ce n’est pas le moment de lire ce courrier. Je replongerai dans le mystère tout à l’heure, à la maison. Après toutes ces années, quelques minutes de plus ne feront aucune différence. Cette quête m’a notamment appris la patience.

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Une nouvelle traduction ? me demande Antoine, brisant le silence. Non, c’est l’historienne du bois de Below. Peut-être a-t-elle retrouvé mon grand-père ? dis-je en plaisantant, un rien troublée. Eh bien, que dit-elle ? s’enquiert-il après une pause. Je lirai son e-mail à la maison.

Réponse sans appel, Antoine n’insiste pas : un respect que j’apprécie. Main dans la main, nous poursuivons notre promenade. En silence. Je suis ailleurs, à des kilomètres de cette petite commune brabançonne et des années de ce lundi d’octobre. Mon cœur s’accélère à mesure que nous avançons sur le chemin du retour et je ne peux m’empêcher de m’interroger : « énième déception ou profonde émotion ? ». La tentation est immense de m’arrêter pour lire sans plus attendre la réponse de Carmen, mais je n’y cède pas : mieux vaut être seule face à l’écran… et à moi-même.

Une fois à la maison, je m’installe, rallume mon ordinateur et ouvre la messagerie. Chacun de mes gestes semble lent et mesuré, lourd de conséquences. L’appartement est calme. Antoine est déjà concentré sur sa tâche et l’on n’entend que le bruit de ses doigts courant sur le clavier et le cliquetis de la souris. Une respiration profonde… je suis fin prête.

J’ouvre le message et entame la lecture. La cinquième phrase me coupe le souffle :

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