De la prostitution dans la ville d Alger depuis la conquête
122 pages
Français

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De la prostitution dans la ville d'Alger depuis la conquête , livre ebook

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Description

On ne peut plus actuellement se poser cette question : La prostitution est-elle utile ? L’expérience de plusieurs siècles, les travaux sérieux des plus grands administrateurs de tous pays, qui n’ont pu détruire cette plaie de notre organisation sociale, y répondent suffisamment. Tous ont reconnu que c’était une nécessité malheureuse à laquelle il fallait se soumettre. Fodéré, médecin aussi célèbre que profond moraliste, est obligé de terminer son article sur la matière par les conclusions suivantes : « 1° La prostitution est un acte qui amène la dégradation des forces physiques et morales des personnes qui s’y livrent ; » 2° Elle est attentatoire aux bonnes mœurs, à la population, à la santé publique par la propagation qu’elle favorise des maladies honteuses, des maladies de la peau, et, dans certains cas, de plusieurs autres maladies contagieuses, ce qui devrait attirer sur elle toute la sévérité des lois et la faire proscrire comme ennemie du corps social ; » 3° Mais que, d’autre part, dans les villes où il y a garnison et beaucoup de célibataires par état ou par nécessité, elle devient une sorte de mal nécessaire qu’on est obligé de tolérer pour en éviter un plus grand encore ; mais qu’il est indispensable de la soumettre à des dispositions constantes de garantie envers le public, sous le rapport de la santé et du bon ordre, afin qu’elle soit le moins nuisible possible.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346030736
Langue Français

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À propos de Collection XIX
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Édouard-Adolphe Duchesne
De la prostitution dans la ville d'Alger depuis la conquête
AVANT-PROPOS
Chargé d’une mission scientifique dans la province d’Alger pendant l’été de 1851, j’ai voulu consacrer quelques moments de liberté à l’étude d’une des questions d’hygiène publique de la ville d’Alger. Je n’avais que l’embarras du choix ; car, malgré les améliorations introduites successivement par les divers gouverneurs dans cette nouvelle ville française, il n’est pas besoin d’y séjourner longtemps pour voir combien il reste à faire sous le rapport de la salubrité.
J’ai choisi un sujet presque médical et qui intéresse vivement la santé publique ; c’est l’histoire De la prostitution dans la ville d’Alger depuis la conquête.
Entraîné par l’exemple de Parent-Duchatelet, qui a rendu un si grand service en s’occupant pour la ville de Paris, de cette immense question, et encouragé par quelques-uns de mes confrères d’Alger, je n’ai pas cru devoir reculer devant cette pénible tâche. Je m’empresse de remercier MM. Descous, adjoint au maire ; Lainé, chef de bureau à la mairie ; Mouzeler, économe du dispensaire ; Ekelt, médecin du dispensaire ; Berbrugger, bibliothécaire de la ville d’Alger, membre de la Commission scientifique de l’Algérie ; Vaillant, inspecteur du service de santé de l’Algérie en 1850 et 1851, qui ont mis tant de bonne volonté à me communiquer les documents administratifs et à me fournir tous les renseignements dont j’avais besoin.
Ceux que je donnerai ont été pris sur les registres de la municipalité d’Alger, sur les feuilles du dispensaire, qui ont toutes été mises à ma disposition, en même temps que l’on m’ouvrait les portes de cet établissement et que l’on répondait verbalement à toutes mes questions sur le service qui y est établi. Malheureusement, lors de l’occupation, les fonctionnaires indigènes abandonnèrent leur service en emportant ou en faisant disparaître presque tous les registres et les documents les plus précieux. « Jamais, dit le capitaine Pellissier 1 , une occupation ne s’est faite avec autant de désordre administratif que celle d’Alger, même dans les temps les plus barbares. »
Ce sont les débris de matériaux anciens ajoutés aux nouveaux, péniblement amassés, quelques rares indications trouvées dans les ouvrages sur l’Algérie, et les renseignements pris sur les lieux mêmes, qui m’ont servi pour faire ce travail, dont je crois la publication de quelque utilité. S’il peut contribuer à l’amélioration de cette branche de l’hygiène publique, j’aurai atteint mon but.
1 Annales algériennes ; 1836, t. I, p. 79.
NÉCESSITÉ DE LA PROSTITUTION
On ne peut plus actuellement se poser cette question : La prostitution est-elle utile ? L’expérience de plusieurs siècles, les travaux sérieux des plus grands administrateurs de tous pays, qui n’ont pu détruire cette plaie de notre organisation sociale, y répondent suffisamment. Tous ont reconnu que c’était une nécessité malheureuse à laquelle il fallait se soumettre.
Fodéré, médecin aussi célèbre que profond moraliste 1 , est obligé de terminer son article sur la matière par les conclusions suivantes :
« 1° La prostitution est un acte qui amène la dégradation des forces physiques et morales des personnes qui s’y livrent ;
 » 2° Elle est attentatoire aux bonnes mœurs, à la population, à la santé publique par la propagation qu’elle favorise des maladies honteuses, des maladies de la peau, et, dans certains cas, de plusieurs autres maladies contagieuses, ce qui devrait attirer sur elle toute la sévérité des lois et la faire proscrire comme ennemie du corps social ;
 » 3° Mais que, d’autre part, dans les villes où il y a garnison et beaucoup de célibataires par état ou par nécessité, elle devient une sorte de mal nécessaire qu’on est obligé de tolérer pour en éviter un plus grand encore ; mais qu’il est indispensable de la soumettre à des dispositions constantes de garantie envers le public, sous le rapport de la santé et du bon ordre, afin qu’elle soit le moins nuisible possible. »
Cette nécessité de la prostitution une fois admise, on voit que ce sujet est capable d’offrir un grand intérêt au médecin observateur, sous le rapport de la morale, de la législation, de l’hygiène publique et de la population.
1 Dictionnaire des Sciences médicales, t. XLV, p. 480.
ORIGINE DE LA PROSTITUTION. — PROSTITUTION BIBLIQUE
Croissez et multipliez 1 , furent les premières paroles adressées par le Créateur aux deux premiers êtres qu’il venait de former à son image. Il s’agissait alors d’obtenir une postérité qui assurât l’empire de l’homme ; plus tard, et dans l’espérance d’une progéniture vainement attendue de sa digne compagne, le vertueux Abraham 2 dut la quitter pour la jeune Agar, sa servante ; c’était pour la même cause que les deux filles de Loth enivraient leur père qui allait commettre un double inceste avec elles.
Jacob 3 épouse successivement, et à huit jours d’intervalle, ses deux cousines germaines, Lia et Rachel, et les deux sœurs lui livrent tour à tour leurs plus jeunes servantes pour en obtenir une nombreuse postérité. Nous nous bornerons à ces citations que nous pourrions multiplier.
1 Genèse, ch. I, verset 28,
2 Id. ch. XVI.
3 Id. ch. XXIX.
PROSTITUTION HOSPITALIÈRE
Chez les peuples sauvages, on pratiquait l’hospitalité, et on regardait comme un bienfait des dieux la présence d’un hôte. De là, l’empressement et les soins dont il était l’objet. Un mari cédait volontiers son lit et sa femme à l’hôte que les dieux lui envoyaient, et la femme, docile à un usage qui flattait sa curiosité capricieuse, se prêtait de bonne grâce à l’acte le plus délicat de l’hospitalité. Il est vrai qu’elle y était entraînée par l’espoir d’un présent que l’étranger lui offrait souvent le lendemain en prenant congé d’elle ; et puis, ce voyageur ne pouvait-il pas être un dieu voyageant sous la figure humaine ?
On dit qu’en Abyssinie cet usage existe encore. Dans l’Amérique du Nord, les filles des tribus de Peau Rouge font fête aux trapeurs qui arrivent avec des pacotilles de colliers et de verroteries.
PROSTITUTION SACRÉE
La prostitution sacrée fut la suite de cette première prostitution, et des prêtres s’attribuèrent des sacrifices que de jeunes filles nubiles croyaient offrir à la Divinité ; de là, ces idoles monstrueuses auxquelles se prostituaient les vierges de l’Inde.
Si l’on en croit Hérodote, toutes les dames de la ville immense de Babylone venaient religieusement se prostituer, une fois dans leur vie, dans le temple de Vénus, à un étranger qui prenait possession de celle qui lui convenait en invoquant la déesse Mylitta, qui n’était autre que Vénus Uranie.
Plus tard, les Phéniciens sacrifiaient à la déesse Astarté, qui avait les deux sexes dans ses statues pour représenter à la fois Vénus et Adonis. Elle avait dans l’île de Chypre vingt temples renommés ; les deux principaux étaient ceux de Paphos et d’Amathonte, où la prostitution sacrée s’exerçait sur une plus grande échelle que partout ailleurs.
Si l’on voulait interroger les mystères des fêtes de Cérès, de Bacchus, de Vénus et de Priape, on verrait la prostitution érigée en culte et prenant alors une extension remarquable.
Cette prostitution sacrée est encore en usage chez beaucoup de peuples indiens dont la civilisation est peu avancée, et nous lisions récemment, dans une Statistique de Mahé, un article sur les mœurs des Malabars, où l’on dit : « Leurs mœurs sont loin d’être pures, les plaisirs sensuels les accompagnent partout où ils vont. Ils ont de la musique et des danses qui sont très-lascives, surtout la nuit quand ils ont une fête dans leurs pagodes, où l’on trouve des endroits destinés aux plaisirs secrets ; on voit sur les chars de leurs dieux, ainsi que sur les murs de leurs temples, des tableaux qui représentent des sc

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