Expérience et professionnalisation des infirmiers en psychiatrie
211 pages
Français

Expérience et professionnalisation des infirmiers en psychiatrie , livre ebook

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Description

À quoi et comment faut-il former les infirmiers en psychiatrie ? En France, près d'un siècle de débats et de tergiversations a abouti, en 1992, à la suppression du diplôme leur étant spécifique et au démantèlement de la formation. Nombre d'observateurs et acteurs du champ ont signalé par la suite une lacune dans la préparation de ces infirmiers à exercer spécifiquement en psychiatrie, la formation initiale accordant aujourd'hui une place marginale à ce domaine. Dans ce contexte, des initiatives en matière de professionnalisation de ces infirmiers ont émergé depuis plusieurs années. Elles traduisent alors des logiques d'orientation et d'évolution susceptibles de caractériser cette spécificité professionnelle dans les années à venir.

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Informations

Publié par
Date de parution 09 avril 2020
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140146688
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Julien de Miribel
EXPÉRIENCE ET PROFESSIONNALISATION DES INFIRMIERS EN PSYCHIATRIE
Ingénier ie s et fo r m atio ns
Des ficelles au métier
Préface de Christophe Niewiadomski Postface de Thierry Piot
Expérience et professionnalisation des infirmiers en psychiatrie
Collection « Ingénieries et Formations » Collection dirigée par Jean-Noël Demol et Catherine Guillaumin « Ce que tu verras d’abord n’existe plus, ce que tu verras ensuite n’existe pas encore. » Ainsi s’exprimait Léonard de Vinci, il y a 500 ans. Pour lui, l’inventioétait la vertu cardinale de l’ingénieur : «deux sentiments s’éveillèrent soudain en moi : la crainte et le désir. La crainte de la caverne sombre et menaçante, le désir de voir si elle recèle quelque merveille »(Codex Arundel f.155r°). Ainsi se donnait-il la folle ambition de comprendre du vivant, d’apprendre du vivant et de s’en inspirer afin de résoudre des problèmes concrets, en exerçant son ingéniosité. L’exploration de la conjonction entre Ingénieries et formations est opérée par des professionnels, des enseignants ou formateurs, des chercheurs universitaires. Les auteurs de cette collection inventent leurs propositions dans l’ère dunouvel espritscientifique(1905) et de l’épistémologie bachelardienne (1938). En privilégiant un travail de recherche qualitative, ces productions s’inscrivent dans cettethéorie de l’enquête que décrivait Dewey en 1938. La collection ouvre de nouvelles pistes d’analyse et d’interprétation dont le point de départ est toujours un doute authentique selon les mots de C. S. Peirce, une interrogation sincère sur les situations professionnelles et l’exercice du métier. Déjà parus Emmanuel RUSCH, Samuel RENIER, Fabienne KWOCZ et Catherine GUILLAUMIN (dir.),Coopérer et (se) professionnaliser, 2020.
Thierry ARDOUIN, Sophie BRIQUET-DUHAZE, Emmanuel ANOOT, Le champs de la formation et de la professionnalisation des adultes. Attentes sociales, pratiques, lexique et postures identitaires, 2017.
Jean-Noël DEMOL et Catherine GUILLAUMIN (dir.),Vivre et penser l’alternance. Se professionnaliser en santé, 2017.
Béatrice VERQUIN SAVARIEAU et Marielle BOISSART (dir.),Le portfolio entre ingénierie et reliance sociale, 2016. Marek LAWINSKI, Collaborer et se professionnaliser dans un contexte managérial, 2016. Philippe SUNÉ,Tuteurs professionnels et formateurs, Travail en clair-obscur en soins infirmiers, 2016.
Julien de Miribel Expérience et professionnalisation des infirmiers en psychiatrie
Des ficelles au métier
Préface de Christophe Niewiadomski
Postface de Thierry Piot
© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-20027-9 EAN : 9782343200279
Sommaire
Préface Christophe Niewiadomski ................................................................................9 Introduction...................................................................................................13PREMIÈRE PARTIE:DÉLIMITATION DUN CHAMP DÉTUDESChapitre premier.De quoi « professionnalisation » est-il le nom ? ...... 21Chapitre 2.Contours et spécificités d’un champ de pratiques professionnelles............................................................................................... 29 DEUXIÈME PARTIE:SPÉCIFICITÉ ET PROFESSIONNALISATIONDES INFIRMIERS EN PSYCHIATRIEChapitre 3........................ 59Infirmiers en psychiatrie : quelle spécificité ? Chapitre 4.La formation : creuset des mouvements de (dé)professionnalisation ................................................................................. 71 Chapitre 5.Le tutorat comme voie de reprofessionnalisation................ 87 TROISIÈME PARTIE:EXPÉRIENCE ET CONSTRUCTION DU RAPPORT AU MÉTIERChapitre 6.L’expérience : une approche fonctionnelle des voies d’apprentissage .............................................................................................. 111 Chapitre 7.Une exploration constructive du rapport au métier ? ....... 129 Chapitre 8.L’expérience de la violence au prisme des relations entre travail et formation ....................................................................................... 151 Conclusion et perspectives....................................................57..1................
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Postface : Pour une formation des infirmiers en psychiatrie, humaniste, bienveillante et exigeante Thierry Piot.................................................................................................... 179 Annexe: Textes juridiques, instructions et circulaires de référence (par ordre chronologique).................................................................................... 185Références bibliographiques.................................................................. 189
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Préface
1 Christophe Niewiadomski
Préfacer le bel ouvrage de Julien de Miribel consacré à l’expérience et à la professionnalisation des infirmiers en psychiatrie est à la fois un plaisir et un honneur.
En effet, le travail présenté dans ce livre revêt à mes yeux une importance toute particulière. Outre les résonnances personnelles que ce sujet entretient avec ma propre expérience clinique, puisque j’ai moi-même longtemps travaillé dans le secteur de la psychothérapie institutionnelle dans une carrière professionnelle antérieure à celle d’enseignant chercheur, et au-delà de l’amitié portée à l’auteur, collègue dont j’ai suivi le remarquable parcours intellectuel et institutionnel à l’Université de Lille, le propos développé par Julien de Miribel dans cet ouvrage me semble de nature à permettre aux professionnels concernés de s’approprier des arguments essentiels face aux enjeux de normalisation contemporaine des pratiques de formation et de soins, et ce tout particulièrement dans le domaine de la psychiatrie.
Lucien Bonnafé, psychiatre désaliéniste à l’origine de la politique de secteur en psychiatrie, expliquait fort justement que l’on juge du degré de civilisation d’une société à la manière dont elle traite ses fous. Or, les dernières décennies ne sont guère encourageantes à ce propos. Si douze millions de personnes sont aujourd’hui touchées par des troubles psychiatriques en France, soit une fraction non négligeable de la population, les modalités d’accompagnement qui leur sont proposées, de l’avis de la plupart des professionnels et des associations d’usagers, posent de très nombreux problèmes dont les praticiens, mais aussi la presse grand public, se sont largement fait l’écho. Ainsi,Le Nouvel Observateur, le 24 janvier 2019, titrait : « Ce qui est en crise, c’est notre 2 hospitalité : la psychiatrie craque » . L’article fait état de trois grands problèmes auxquels se trouve aujourd’hui confrontée la psychiatrie contemporaine : l’impact dominant des neurosciences qui orienterait 1 Professeur des universités en Sciences de l’éducation et de la formation, CIREL (EA 4354), Université de Lille. 2 https://www.nouvelobs.com/sante/20190124.OBS10443/ce-qui-est-en-crise-c-est-notre-hospitalite-la-psychiatrie-craque.html
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l’activité des professionnels vers la description et la prise en charge de « troubles » plus que vers l’accompagnement de personnes, les dérives bureaucratiques, évaluatives et managériales sur fond de rationalisation économique, et enfin le développement préoccupant de la souffrance des soignants. Sur ce dernier point, l’article précise : « La contrariété chronique du psychiatre ou de l’aide-soignante provient, certes, de ce qu’on lui fait subir et de ce qu’on l’empêche de réaliser, mais aussi de ce qu’il finit par accepter de faire et qui vient heurter profondément ses 3 valeurs. » Ainsi, en psychiatrie, mais aussi plus largement dans l’ensemble des métiers de l’aide à autrui (Niewiadomski et Champy-Remoussenard, 2018), lorsque les idéaux personnels et collectifs des professionnels se trouvent mis à mal par la prégnance d’une idéologie gestionnaire où la logique de l’efficacité et du profit s’oppose au respect des personnes (Gaulejac, 2005), lorsque la norme managériale conduit à mettre de côté ses « états d’âme » au prétexte d’une optimisation des performances, alors les professionnels de santé se trouvent confrontés à des contradictions identitaires et idéelles pernicieuses et destructrices (Dujarier, 2006).
Ce constat d’une crise de la psychiatrie contemporaine croise par ailleurs le remarquable travail d’enquête réalisé par Patrick Coupechoux il y a quelques années (Coupechoux, 2014). L’auteur montrait en effet comment la société néolibérale et les facteurs économiques et politiques qui s’y trouvent associés induisent, sous prétexte de « rétablissement » et « d’insertion », une exclusion des malades qui ne peuvent justement pas s’inscrire dans le modèle attendu d’un individu autonome et productif. Nicolas Dissez, dans une perspective sécante, évoque pour sa part l’incidence des transformations sémantiques qui tendent à promouvoir le terme de santé mentale en lieu et place de celui de psychiatrie. Il précise à propos de la politique dite de santé mentale : « Elle est la modalité dont notre société non seulement traite la question de la folie, mais également vient proposer une norme, celle de l’usager, auquel chacun, y compris le fou, aurait à se conformer. Cette norme est un idéal de l’économie libérale puisque le terme d’usager n’est mis en avant que pour masquer celui de consommateur de soins. […] Il est inutile de vouloir réinsérer socialement le fou au moyen d’une telle politique qui promeut un bonheur pour tous dans la consommation, parce que la folie est étrangère à cette course à la consommation. Autrement dit, en récusant
3 Ibid.
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