La médecine verticale
109 pages
Français

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La médecine verticale , livre ebook

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Description

La médecine verticale, c'est la médecine rapide, expéditive, ne s'intéressant qu'au symptôme, le médecin ne prenant pas le temps de s'asseoir pour expliquer et réconforter. Voici un plaidoyer pour une médecine plus humaine qui ne se laisse pas dévorer par la technique et renoue avec sa vocation première : soigner et alléger la souffrance. Réflexion d'un médecin octogénaire qui, hospitalisé pour la première fois, découvre l'hôpital public de l'intérieur. Avec humour et émotion, il dresse un tableau mitigé de l'institution.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 219
EAN13 9782296935396
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0474€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA MÉDECINE VERTICALE
Plaidoyer pour un humanisme médical
Du même auteur


Un psychiatre vous parle, Beauchem, 1954.
L’Homme et son milieu , Cercle du livre de France, 1958,
La Santé mentale , Que sais-je ?, PUF 1962.
Le Mariage réussi, Editions du Jour, 1967.
Dictionnaire des parents, Editions du jour, 1963.
L’Enjeu, mémoires politiques, Stanké, 1977.
La Mémoire vagabonde, mémoires, Stanké, 1995.
L’Amour en panne , roman, Editions du Choucas, 1998.
Meurtre au Yucatan , roman, Publibook, 2001.
Rêve minéral, Publibook, 2002.
PSY, nouvelles, Stanké, 2002.
Un regard calme sur les choses, Stanké, 2003.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12341-0
EAN : 9782296123410

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
François Cloutier


LA MÉDECINE VERTICALE
Plaidoyer pour un humanisme médical


Préface de Francis Weill
Pratique et Ethique médicales
Collection dirigée par Richard Moreau et Roger Teyssou


La collection Les Acteurs de la Science , prévue pour recevoir des études sur l’épopée scientifique moderne, se dédouble pour accueillir des ouvrages consacrés spécifiquement aux questions fondamentales que la santé pose actuellement. Cette nouvelle série cherche à faire le point objectivement et en dehors des modes sur des connaissances, des hypothèses et des enjeux souvent essentiels pour la vie de l’homme. Elle reprend certains titres publiés auparavant dans Acteurs de la science.

Déjà parus

Gilbert et Anne-Christine PIERRE, Parole d’une autiste muette, Enigme et évidence, 2010.
Gérard MEGRET, Êtes-vous un bon malade ?, 2010.
Bernard JOUANJEAN, Physiologie du risque face à l’Histoire, 2009.
Eric SOLYOM, Les cahiers d’un chirurgien. Témoin de la faillite du système de santé, 2009.
Lionel CHARBIT, L’information médicale. Informer le patient et le grand public : de l’obligation légale à la pratique , 2009.
Docteur Jean CHABRIER, Seules les femmes savent marcher avec des talons aiguilles. Souvenirs d’un gynécologue accoucheur, 2008.
Philippe RAULT-DOUMAX, L’assurance-maladie au risque de la mondialisation, 2008.
Philippe PIRNAY, L’aléa thérapeutique en chirurgie , 2008.
Angélique SENTILHES-MONKAM, L’hospitalisation à domicile, une autre manière de soigner, 2007.
Vincent DELAHAYE et Lucie GUYOT-DELAHAYE, Le désir médical , 2007.
Georges DUBOUCHER, Adieu ma belle Médecine. Logique d’une métamorphose , 2007.
Aziz Charles MESBAH, Mémoires d’un pédiatre , 2007.
« Les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent »


Jules Romain, Knock ou le Triomphe de la médecine
Préface
La médecine verticale…, c’est celle qu’a dû affronter l’auteur, lui-même ancien professeur de psychiatrie, quand le destin a transformé le médecin qu’il est en hospitalisé. Cette médecine verticale, c’est celle de nombre de médecins hospitaliers qui restent (souvent anonymes et déterminés à le rester), debout à côté du lit : debout, l’entretien se réduit à quelques mots ; assis, pourrait s’instaurer un véritable colloque singulier, garant d’un échange en profondeur et d’une véritable relation soignant-soigné. Cette expérience hospitalière s’est prolongée pendant des semaines au cours desquelles le nouveau malade est devenu une sorte d’objet.
Cette mutation a été l’occasion pour lui d’une réflexion de fond sur tous les problèmes de la médecine actuelle, et d’abord sur ceux de la médecine hospitalière. A partir de cette expérience déstabilisante, renforcée sans doute par l’immensité de la structure hospitalière qui l’a pris en charge, l’auteur analyse avec sobriété et clairvoyance la profonde transformation imposée à l’exercice médical par la technicité : alors que la médecine clinique traditionnelle s’adressait au malade, à son corps, mais aussi à son vécu et à sa souffrance morale, la médecine actuelle transforme ceux des médecins qui n’y prennent pas garde en ingénieurs de la médecine ; ces ingénieurs sont les acteurs de prouesses médicales extraordinaires, mais beaucoup d’entre eux ne connaissent plus l’homme, seulement ses organes, que le raisonnement diagnostique et la thérapeutique abordent isolés.
1
Un sentiment d’étrangeté. C’est ce que je ressens. J’ai l’impression de faire partie du paysage. Subitement, je prends conscience de la situation. Je suis couché dans une ambulance qui roule à toute vitesse. Un homme vêtu de blanc se tient à mes côtés. Distraitement, il regarde par la fenêtre.
Après un arrêt en douceur, j’aperçois une grande bâtisse entourée d’un immense parking. Il y a des centaines et des centaines de voitures. Une usine ? Non, un hôpital. C’est là qu’on m’amène.
Les événements se précipitent. Quelqu’un m’installe sur une chaise roulante, une couverture sur les genoux. Puis, c’est la traversée d’un grand hall qui me fait penser à un hall de gare. Il y des gens partout. Les uns font la queue devant des guichets, les autres, assis ou debout, attendent ici et là.
Mon guide pousse le fauteuil dans un ascenseur bondé. Personne ne fait attention à moi. Personne ne parle. Apparemment, c’est ainsi que, de nos jours, on est accueilli à l’hôpital public à moins d’être comateux, ce qui donne droit à une arrivée plus discrète.
Huitième étage. Pour la première fois, mon accompagnateur parle :
Nous y sommes.

J’opine d’un signe de tête. Il reprend :
Je vous laisse ici et je préviens l’infirmière de service.
Je me retrouve dans un couloir qui mène aux chambres. J’y resterai plus d’une heure avant que l’on puisse s’occuper de moi. Je me sens mal mais que faire ? Je ne suis plus rien. J’ai changé de statut. Le médecin que j’étais est devenu un patient.
Patient ? L’appellation correspond à une réalité, plus exactement à l’attitude qu’il faut avoir lorsqu’on se retrouve à l’hôpital. En effet, le séjour n’est fait que d’attentes. On attend le médecin, on attend le traitement, on attend l’examen, on attend les soins, on attend le repas, on attend la sortie et, le cas échéant, on attend la mort.
Du temps de mes études, il y a plus d’une soixantaine d’années, on ne parlait pas de patients mais de malades. Il semblait logique de qualifier ainsi quelqu’un qui présentait une maladie. Est-ce une influence anglo-saxonne qui est à l’origine de ce changement de vocabulaire ?
Quoi qu’il en soit, le malade est devenu un patient. Celui-ci se transforme, depuis quelque temps, en client. Les fonctionnaires de la santé, réalistes par définition, précis par vocation, parlent d’usagers.
Cette évolution sémantique n’est pas innocente. Elle correspond à l’évolution de la société et au bouleversement des valeurs qui s’ensuit. On consomme de la médecine comme on consomme n’importe quel produit. L’hôpital est le symbole de cette tendance, comme le supermarché est celui du pouvoir d’achat.
Enfin, une infirmière vient à mon aide. Avec un joli sourire, elle me dit :
Je vais vous montrer votre chambre.

Ma réaction naturelle aurait été de m’exclamer "il est temps" ou quelque chose d’analogue, mais je me retiens. Je me dois d’assumer la place que la maladie m’assigne. C’est le début d’un apprentissage qui se poursuivra pendant quelques semaines.
Une aide-soignante me fait me déshabiller, procède à l’inventaire de mes vêtements, des quelques objets que j’ai apportés, de l’argent et des documents de mon portefeuille, en me conseillant de faire attention à mes affaires. Devant mon étonnement, elle m’assure qu’il y a beaucoup de vols. Il semble que l’hôpital, sans être devenu un coupe-gorge, n’est plus un refuge.
Ensuite, on me donne une espèce de jaquette ouverte dans le dos et on me met au lit. Désormais, je porte l’uniforme. L’Assistance publique s’occupe de moi. Je suis devenu un malade officiel, je ve

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