Les facteurs de la valeur motrice

Bernard Andrieu

Description

La thèse de Jean Le Boulch (1960) est un texte de référence pour les Staps, les psychomotriciens et les thérapeutes du corps. Motricité, action, perception, mais aussi psychologie, éducation physique et corps sont des apports essentiels pour les communautés de l'enseignement, de l'éducation et e la recherche.

Sujets

• Santé
• Sport
• Médecine

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 26 février 2020
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782336894508
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Mouvement des savoirs
Collection dirigée par Bernard Andrieu
L’enjeu de la collection est de décrire la mobilité des Savoirs entre des sciences exactes et des sciences humaines. Cette sorte de mobilogie épistémologique privilégie plus particulièrement les déplacements de disciplines originelles vers de nouvelles disciplines. L’effet de ce déplacement produit de nouvelles synthèses. Au déplacement des savoirs correspond une nouvelle description.
Mais le thème de cette révolution épistémologique présente aussi l’avantage de décrire à la fois la continuité et la discontinuité des savoirs : un modèle scientifique n’est ni fixé à l’intérieur de la science qui l’a constitué, ni définitivement fixé dans l’histoire des modèles, ni sans modifications par rapport aux effets des modèles par rapport aux autres disciplines (comme la réception critique, ou encore la concurrence des modèles). La révolution épistémologique a instauré une dynamique des savoirs.
La collection accueille des travaux d’histoire des idées et des sciences présentant les modes de communication et de constitution des savoirs innovants.

Déjà parus

François Potdevin, L’intervention dans les pratiques physiques, sportives et artistiques, Responsabilités et stratégies des acteurs , 2019.
Gérard FATH, Le « sujet » en désarroi dans les pratiques à haut gradient relationnel , 2019.
Bernard ANDRIEU et Simon RAMBAUD (dir.), L’architecture des Staps. Quatre-vingt-dix ans rue Lacretelle , 2018.
Laurence JEAN, Mon chat chez Lacan , 2018.
Bernard ANDRIEU, Philippe POMAR, Florent DESTRUHAUT et Emmanuelle VIGARIOS, Visages hybrides. Vers une anthropologie de la prothèse, 2018.
Odile GIRARDIN-GANTIER, D’autres limites à la prison, Comment l’Art-thérapie peut aider à supporter le monde carcéral , 2018.
Éric DUGAS (dir.), Les violences scolaires d’aujourd’hui en question. Regards croisés et altérités , 2018.
Titre
Jean Le Boulch




Les facteurs
de la valeur motrice


Interprétation physiologique




Thèse fondatrice (1960) éditée sous la direction de Bernard Andrieu
Copyright






© L’Harmattan, 2020
5-7 , rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

EAN Epub : 978-2-336-89450-8
Chapitre 1 Le Boulch : pionnier du mouvement corporel
Constance VAZZOLER

Dans le cadre du Master 2 Sciences du Sport SP2S de madame Constance Vazzoler sur Jean Le Boulch, il a été décidé d’informatiser sa thèse, Les facteurs de la valeur motrice - Analyse expérimentale de certains de ces facteurs , soutenue publiquement le 8 février 1960. À cette occasion, il a semblé pertinent de réaliser un mémoire de fin d’études sur cet auteur et d’effectuer une analyse critique de sa thèse en re-contextualisant sa production et les apports qu’elle a pu avoir sur le développement de la valeur motrice de l’action.
Grâce au travail de thèse en cours sur Le Boulch, dirigée par Tony Froissart et Pierre-Alban Lebecq, de Blaise Desplechin-Lejeune qui contextualise ici très bien les enjeux, avec l’entretien réalisé par Bernard Andrieu et Contance Vazzoler, avec Pierre Parlebas qui l’a connu et précise ses différences épistémologiques, nous publions en fin du livre l’exemplaire conservé dans le fond ancien de la Bibliothèque de Staps de l’Université Paris-Descartes dirigée par Élisabeth Canto. Enfin, nos collègues brésiliens Petrucia Da Nóbrega et Christyan Giulliano de Lara Souza Silvaprécisent combien et comment l’œuvre de Le Boulch aura développé et ouvert la voie à bien des travaux.
Force est de constater qu’aujourd’hui les étudiants de Staps connaissent très peu, voire pas du tout, les travaux de Jean Le Boulch qui ont pourtant une place importante dans le domaine des STAPS. L’ouvrage est réalisé en partenariat avec le Brésil où ses travaux sont très reconnus. Tout comme en Italie, à Florence, où il a laissé des traces de sa venue. En effet, il a créé avec l’aide Guido Pesci une école qui porte son nom en Italie afin de former des psychomotriciens. De même, au Pérou, un institut a été rebaptisé Colegio Jean Le Boulch en hommage à ce dernier. Ainsi, nous pouvons mettre en évidence l’importance et l’impact qu’il a eu et qu’il a encore aujourd’hui dans le domaine des STAPS, mais aussi de la psychomotricité, et même de la rééducation.
I. Le contexte historique
Jean Le Boulch, de son nom complet Jean Joseph Le Boulch, naît à Lambézellec, dans le Finistère, le 28 janvier 1924. Il est le fils unique de Pierre Le Boulch travaillant comme employé à la Banque de France et d’une mère femme au foyer.
Il passe toute sa scolarité à Brest. En 1940, il réussit le concours d’entrée de l’École normale de Quimper. Cependant, il va devoir rejoindre l’École normale de Saint-Brieuc quelques mois après à cause de la guerre.
En 1945, il est diplômé et réussit dans le même temps le concours d’entrée de l’École normale supérieure d’éducation physique et sportive (ENSEPS) de Paris. En 1947, il obtient son diplôme et décroche un poste d’enseignant au CREPS de Dinard où il demeurera jusqu’en 1969.
En 1947, il épouse Marcelle Hélard à Saint-Brieuc. Naissent deux enfants : Jean-Jacques en 1948 (il meurt au Laos en 1975) et Patricia en 1955.
En 1950, il suit des cours à la Faculté des sciences de l’Université de Rennes. Puis en 1951, il entre à l’École de médecine. Il y donne parallèlement des cours aux enseignants, aide à la préparation au concours et accompagne également les enfants en difficulté scolaire et les personnes en situation de handicap.
Parallèlement, il suit des cours de physique, biologie, chimie lui délivrant le Certificat d’études supérieures dans ces matières en 1954. En 1956, il obtient le Certificat d’études supérieures en psychophysiologie. Enfin, en 1957, il reçoit un Certificat d’études supérieures en psychologie générale et un autre en psychologie génétique.
Il obtient son diplôme de médecine après avoir soutenu publiquement sa thèse, Les facteurs de la valeur motrice - Analyse expérimentale de certains de ces facteurs , le 8 février 1960. S’en dégagent deux aspects : la vélocité et la force. Pour lui, les épreuves athlétiques ne sont pas suffisantes pour évaluer les capacités motrices, mais surtout les facteurs physiologiques et les facteurs psychiques ne peuvent être analysés de façon dissociée. Y. Travaillot remarque qu’il analyse les composantes perceptivo-motrices de la performance tout en mettant l’accent sur le développement de la valeur motrice de l’individu, qu’il considère comme le but sur lequel l’éducation physique doit se centrer 1 .

Jean Le Boulch cherche à dépasser ce qu’il appelle :

« l’obstacle hygiénique » [puisque pour lui] l’aspect hygiénique du mouvement n’est pas l’essentiel de l’éducation physique, nous manquons à notre tâche si nous formons des débiles moteurs resplendissant de santé et notre discipline se réduirait à peu de choses pour l’enfant et l’adolescent normal s’il ne fallait que le maintenir en bonne santé 2 .

Afin de défendre sa conception, il écrit un article dans la Revue EPS n° 57 de novembre 1961 3 , expliquant que le rôle de l’éducation physique est de :

faire du corps un fidèle instrument d’adaptation au milieu biologique et social par le développement de ses qualités biologiques, motrices et psychomotrices permettant d’atteindre la maîtrise corporelle, élément de la « maîtrise du comportement » condition de la liberté . Ainsi, le but principal de cette discipline est le développement de la maîtrise corporelle et de l’intelligence motrice 4 .

La même année, il crée, avec le docteur Roger Haure, Les cahiers scientifiques d’Éducation Physique , revue qui se poursuivra jusqu’en 1971.

Ainsi, une véritable rupture se précise puisque l’éducation physique doit rejeter la conception dualiste où le corps et l’esprit sont deux entités distinctes, pour se diriger vers une conception moniste où ils ne font qu’un et œuvrent de façon simultanée. Il faut donc prendre l’individu dans sa globalité et le mettre en relation avec le monde qui l’entoure : le corps est conscientisé. Une vision moniste qu’on retrouve dans l’ouvrage de Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception 5 .
En 1965, il se spécialise en rééducation fonctionnelle à l’hôpital de Rennes, dans un service avec un médecin-chef de renommée internationale. La finesse et la pertinence de son travail l’amè