Lettre à Monsieur J. M. M. contre la médecine curative de Le Roy
35 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lettre à Monsieur J. M. M. contre la médecine curative de Le Roy , livre ebook

-

35 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Montréjeau, 21 septembre 1825.MONSIEUR,J’AI reçu, il y a déjà quelques jours, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser, ainsi que l’ouvrage dont elle était accompagnée. D’après les circonstances qui avaient précédé cet envoi, j’ai dû sans doute le considérer comme une invitation de votre part, pour me forcer à remplir l’engagement que j’avais contracté envers vous, dans la chaleur d’une discussion médicale. Il m’aurait été bien agréable que vous eussiez voulu me dispenser d’un travail aussi fastidieux ; je vous avoue que j’ai une répugnance extrême à m’occuper d’un écrit de ce genre ; une anatomie des plus défectueuses, une physiologie des temps les plus barbares, une pathologie, une étiologie assorties à cet ensemble, n’ont guère de charmes pour quelqu’un qui connaît l’état actuel de la science.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782346131747
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Léonard Cazaugran
Lettre à Monsieur J. M. M. contre la médecine curative de Le Roy
LETTRE
A Monsieur I.M.M
Montréjeau, 21 septembre 1825.
 
MONSIEUR,
 
J’AI reçu, il y a déjà quelques jours, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser, ainsi que l’ouvrage dont elle était accompagnée. D’après les circonstances qui avaient précédé cet envoi, j’ai dû sans doute le considérer comme une invitation de votre part, pour me forcer à remplir l’engagement que j’avais contracté envers vous, dans la chaleur d’une discussion médicale. Il m’aurait été bien agréable que vous eussiez voulu me dispenser d’un travail aussi fastidieux ; je vous avoue que j’ai une répugnance extrême à m’occuper d’un écrit de ce genre ; une anatomie des plus défectueuses, une physiologie des temps les plus barbares, une pathologie, une étiologie assorties à cet ensemble, n’ont guère de charmes pour quelqu’un qui connaît l’état actuel de la science. N’est-il pas déplorable, en effet, qu’après les travaux immortels opérés de nos jours sur l’anatomie pathologique, la persévérance inouie qu’ont apportée des hommes célèbres à explorer dans les ouvertures cadavériques les lésions des différens appareils, des organes, des tissus divers ; après les comparaisons innombrables qu’ils ont faites de ces lésions, avec les symptômes qui avaient coïncidé sur le vivant, et qui, pour le dire en passant, ont jeté sur le diagnostic médical, une lumière si vive, qu’elle ne peut plus désormais être méconnue que par des médicastres ; n’est-il pas déplorable, dis-je, que nous soyons forcés à combattre, une théorie exhumée de la poussière des écoles, et dont le fouet satirique de Molière semblait avoir relégué le jargon ridicule, dans la bouche des Purgon et des Diafoirus ? Cependant, Monsieur, vous insistez ; vous venez réclamer l’exécution d’une promesse que vous voulez considérer comme un devoir. Hé bien ! puisqu’il en est ainsi, je vais m’exécuter franchement. Toutefois, j’ai l’honneur de vous prévenir qu’en parcourant les divers volumes que vous m’avez transmis, je me suis aperçu qu’ils sont presque entièrement couverts de notes marginales écrites de votre main. Or, je me suis engagé, comme vous le savez, à réfuter un seul écrivain ; vous ne trouverez donc pas mauvais que je laisse de côté tout ce qui vous appartient, pour m’attacher uniquement à votre auteur. Au reste, si je suis assez heureux pour me faire entendre de vous, peut-être trouverez-vous la réfutation indirecte de vos notes dans celle de l’ouvrage lui-même.
Un auteur qui prend la plume pour fronder des adversaires, et qui écrit sur un sujet d’une aussi haute importance que la médecine spéculative, ne saurait être assez avisé dans le cours de son livre, et sur-tout aux premières pages, pour ne point laisser échapper des erreurs. Toute l’attention de l’écrivain et de ceux qui le. lisent se porte ordinairement sur le préambule, parce que c’est là qu’on établit les principes ; c’est là aussi qu’on doit trouver de la méthode, du savoir et du jugement. Le livre de la Médecine curative pèche contre ces trois chefs principaux c’est un dédale ténébreux où le fil conducteur ne se montre jamais. En le lisant, on contracte l’obligation de suivre l’auteur à travers des sentiers tortueux, dont il ne prend pas seulement la peine de préparer les communications et les issues. On erre avec lui comme le pilote au milieu des mers, sans boussole et sans voiles. Encore s’il avait classé ses matériaux dans un ordre quelconque d’affinité, serait-il possible de le suivre ; mais on les voit épars çà et là, et souvent les plus disparates sont à côté les uns des autres : ce serait donc perdre un temps précieux, que d’exposer ici cet informe assemblage.
Votre auteur entre en matière en nous parlant, de prime abord, du principe de l’animation, et du principe moteur de la vie ; comme si le premier ne renfermait point en soi la cause du second. Etrange abus de mots, qui manque rarement de produire la confusion et l’obcurité des idées ! Il faut arriver à la page 23, pour apprendre enfin que le sang est, selon lui, le principe moteur de la vie. Cela ne l’a pas empêché d’énoncer, dans l’intervalle, d’autres propositions, dont nous discuterons plus tard la validité. Me voilà donc contraint d’intervertir la marche de son ouvrage, et de commencer la discussion comme il eût dû lui-même entreprendre son travail.
« Le principe de l’animation est, sans contredit, un des plus impénétrables secrets du Créateur ; mais, dans son ineffable bonté, il a permis à l’homme de connaître le principe moteur de la vie. » Page 1.
Eh quel est donc, Monsieur, l’homme qui peut se flatter de connaître ce principe ? Les livres écrits avant l’époque actuelle sur cette matière, ne contiennent que des subtilités, des hypothèses plus ou moins ingénieuses. L’antiquité nous offre tout à la fois un agent concupiscible, irascible et rationnel. Plus tard nous trouvons l’intelligence de la nature, son autocratie ; nous voyons ensuite des atomes crochus, doués de haine ou d’amour : enfin, pour arriver à des temps plus modernes, Wanhelmont, Paracelse nous montrent tour à tour des archées, des acides, des creusets, en un mot les fourneaux de Vulcain. S thaï nous donne son principe rationnel présent partout, mais oubliant par l’effet de l’habitude l’impression qui résulte des actes de la vie organique. Willis admet les esprits vitaux, Barthés et Gorther le principe vital.
L’école fondée par Haller, illustrée par les Lacaze, les Bordeu, les Cabanis, les Bichat, les Gall, a renversé ces systèmes d’erreurs, pour y substituer une doctrine brillante de faits, et que j’ose appeler positive. C’est le burin de l’anatomie qui l’a installée dans le sanctuaire de la science, où elle doit reposer désormais comme ces éternelles vérités gravées sur les colonnes des temples de l’antique Grèce, et transmises jusqu’à nous par le vieillard de Cos. Cette école établit, que l’expansion générale des nerfs constitue la trame fondamentale de l’organisme animal ; que sans elle il n’existe point d’animalité, et que celle-ci se présente avec des caractères d’autant moins équivoques, que les nerfs sont plus nombreux et adaptés à des fonctions plus dissemblables. Alors, en effet, elle se rapproche du type de la perfection ; que si on la suppose, au contraire, bornée à la sensation générale, à peine l’animal est-il au-dessus de la plante : tel est le polype, telle est encore la classe des zoophytes dont il fait partie, comme les coraux, les madrépores. A les bien considérer, on dirait un sens isolé et vivant arraché à un être complexe, exerçant son action au contact, ou à de courtes distances, de même que l’affinité et la cohésion. Mais le poisson, le reptile, l’insecte, et les espèces qui, en remontant jusques aux mammifères, offrent d’une manière de plus en plus manifeste, des systèmes de nerfs, acquièrent un surcroît prodigieux de sentiment et de vie. Dans l’homme, si la sensibilité demeure presque muette pendant les premiers mois qui suivent la naissance, elle sort d’un long sommeil en continuant d’exister, et c’est à mesure que ses besoins augmentent, qu’on la voit se développer et parvenir à toute sa puissance. Alors, moins inhabile à discerner chaque objet et les convenances qui le font désirer ou repousser, elle prend un mode distinct qui doit la caractériser jusqu’à la fin de l’existence. Ainsi réduite d’abord à une sorte

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents