À ceux qui vous regardent

Mathilde Caillet-Balestrat

Description

Refuser la dénomination de spectacle comporte un risque : celui d'un repli sur soi de l'artiste et d'un effacement progressif de la place de spectateur.
Peut-être alors faut-il tenter de s'éloigner des querelles conceptuelles qui gravitent autour du vaste champ qu'est la danse dite « contemporaine » ? Elles la paralysent parfois, et nous empêchent de la penser, positivement. Un livre comme un retour à l'essentiel.

Sujets

• Philosophie
• Beaux arts
• Danse

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 31 octobre 2019
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140134050
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Mathilde Caillet-Balestrat

PHILOSOPHIES ARTISTES

À ceux qui vous regardent Essai sur le spectacle de danse contemporaine

À ceux qui vous regardent

Collection « Philosophies-artistes » Dirigée par B. Cany, L. Guimaraens et P. Tancelin Premier trait caractéristique : La philosophie-artiste est une philosophie académique aussi bien quenon académique. Elle ré- ouvre la porte de la philosophie à ceux qui ne sont pas des philosophes professionnels : les professeurs d’université et de lycée. Elle renoue avec l’idée que philosopher est commun à tous et, donc, avec des pratiques hétérodoxes, universitairement parlant. D’oùle pluriel, car il y a autant de philosophies-artistes qu’ils philosophes-artistes. Deuxième trait : La philosophie-artiste assume qu’il n’y a pas de philosophie sans philosophe, de pensée sans penseur. Elle assume donc la dimensionbiographique de la pensée et revendique que l’éthiqueest ce qui articule, la philosophie à la vie et à l’art. Troisième trait : La philosophie-artiste souscrit à l’idée qu’il n’y a pas de philosophie sans philosophie dulangage, qu’elle soit explicite ou implicite. La réflexion sur la place du langage dans la pensée y sera donc centrale. Son affirmation liminaire pose que les déploiements « poétiques », ou expérimentaux, offrent de nouveaux modes à la pensée philosophique. Quatrième trait : Cette collection, construite ensynergie avec les travaux de la revue du Département de philosophie de Paris 8 et les recherches développés dans le séminaire de Doctorat sur les esthétiques et l’anthropologie transculturelles, est donc ouverte aux philosophes étrangers, tels ceux venus de la Pop philosophie brésilienne… Adossée à l’université, où se forment et travaillent aujourd’hui la plupart des philosophes, cette collection a pour singularité de s’ouvrir àtoutes les formesde la pensée philosophique, elle peut emprunter les formes académiques, mais aussi, chaque fois que nécessaire, les chemins de l’essai ou du poème, du journal ou de la correspondance… Déjà parus : Geneviève C LANCY ,De l’esthétique de la violence. Laura M OSCARELLI ,La parole de Protagoras. Fragments et témoignages (Editions bilingue). Stavroula B ELLOS ,Deleuze et son temps. Jean-Pierre B IGEAULT ,Ce qui apparaît. Malgorzata G RYGIELEWICZ ,Le jardin grec. Rencontre philosophique.

Mathilde Caillet-Balestrat À ceux qui vous regardent Essai sur le spectacle de danse contemporaine

© L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-18689-4 EAN : 9782343186894

Nombreux sont les auteurs, chercheurs et philosophes cités dans ce texte. Leur nom et le titre de l’ouvrage de référence sont mentionnés à l’intérieur du texte dès lors qu’en sont extraites une ou plusieurs citations qui se suivent d’assez près, ainsi que dans la bibliographie.

La réflexion qui va suivre est née d’une certaine lassitude.

Et d’un désœuvrement face à la quantité. Nombreux sont les « spectacles de danse » pendant lesquels un ennui profond s’est emparé de moi. Très souvent je suis restée jusqu’à la fin, et je suis sortie perplexe, déroutée, parfois même blasée et désabusée. Mais nombreux sont ceux aussi dont je suis sortie plus vivante, apaisée ou au contraire révoltée, bouleversée, ou simplement heureuse. Parmi eux, des spectacles que certains qualifient de chefs-d’œuvre, dont la création commence pourtant à dater, et d’autres dont on n’entendra jamais parler. Moins nombreuses sont mes expériences de la scène en tant que danseuse. Elles existent cependant, et m’ont souvent procuré une joie intense. Et plus que cela. Quelle est cette force qui nous traverse parfois, que l’on soit acteur ou spectateur ? Comment parler à la fois du vide et de son contraire, de cette puissance du corps en mouvement ? Tout simplement, pourquoi est-ce que je continue, malgré les échecs et les déceptions, à aller au spectacle ? Autour de ce vaste champ qu’est la « scène contemporaine » gravitent un certain nombre de concepts et dénominations toutes plus floues les unes que les autres. Alors que l’on s’entête à ne surtout pas parler de spectacle de danse, on préfère parler de spectacle hybride, d’œuvre d’art plus ou moins chorégraphique, mais aussi et surtout de performance… Refuser la dénomination de spectacle comporte un risque : celui d’un repli sur soi de l’artiste et d’un effacement progressif de la place du spectateur. S’il n’y a plus de spectacle, alors la présence de spectateur n’est peut-être plus si indispensable.

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