Autour de l'esthétique expérimentale

Gérard Pelé

Description

Cet ouvrage rend compte de l'émergence d'une esthétique "expérimentale" à partir du XIXe siècle, présente ses précurseurs et ses suites, notamment sa critique dans la première moitié du XXe siècle, puis sa mise à l'écart par le postmodernisme et l'art relationnel, et enfin ses résurgences dans les arts numériques. Des fragments de textes connus ou plus confidentiels y sont commentés en suivant l'idée d'un morcellement qui laisserait toutefois subsister l'espoir d'un progrès des connaissances sur l'art : ce qui lui redonnerait une légitimité et fournirait des critères d'évaluation partageables, aspiration nourrie par le développement de l'intelligence artificielle au sein d'une industrialisation croissante des pratiques artistiques et culturelles.

Sujets

• Philosophie
• Arts
• Beaux-arts
• Esthétique
• Beaux arts
• The arts

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 02 juillet 2020
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782140153303
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Gérard Pelé

AUTOUR DE L’ESTHÉTIQUE EXPÉRIMENTALE

OUVERTURE PHILOSOPHIQUE Esthétique

Autour de l’esthétique expérimentale

Ouverture philosophique Collection dirigée par Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu ’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Nikos FOUFAS,De l’aliénation chez Rousseau. Genèse et dualité d’un concept, 2020. Yvon QUINIOU et Nikos FOUFAS,Le matérialisme en question. Dialogue critique, 2020. Issoufou Soulé MOUCHILI NJIMOM et Lucien Alain MANGA NOMO (dir.),La nature humaine. Des débats métaphysiques aux technosciences du vivant et des postulats de la modernité politique et étatique, 2020. Fatié OUATTARA,Éduquer, c’est humaniser. Dignité, intégrité, laïcité et violence, 2020. Xavier LAMBERT,Les enjeux cognitifs de l’artefact esthétique, Tome 2, 2019. Xavier LAMBERT,Émotion, cognition et création artistique, Tome 1, 2019. Jean-Yves MERCURY,Chemins avec et autour de Merleau- Ponty, 2019. Guylain BERNIER,Une autre rencontre avec le temps,2019. Isabelle HERBET,Effondrer la surface, La poussée des regards dans la peinture, 2019. François POCHON WESOLEK,La fonction de l’art selon Nietzsche et Freud, 2019. Dominique CHATEAU,Une esthétique japonaise, L’art et le goût en mode flottant, 2019.

Autour de l’esthétique expérimentale Gérard Pelé Éditions l’Harmattan

Du même auteur

Le festin de l’ange, Paris, Éditions L’Harmattan, 1999.

Art, informatique et mimétisme, Paris, Éditions L’Harmattan, 2002.

e Inesthétiques musicales au XX L’Harmattan, 2007.

siècle,

Paris, Éditions

Études sur la perception auditive, Éditions L’Harmattan, 2012.

Amouriner, Éditions Delatour, 2012.

© 2020, L'Harmattan 57, rue de l’ÉcolePolytechnique – 75005 Paris www.editionsharmattan.fr ISBN : 9782343200972 EAN : 9782343200972

À Bernard Teyssèdre, « mon » directeur de thèse qui m’a fait confiance et m’a ainsi permis d’équilibrer mon approche de l’art très influencée par les « sciences de l’art » avec une démarche moins strictement computationnelle, et qui affirmait par ailleurs, non sans quelque malice, que la philosophie n’était qu’un département de l’esthétique.

Présentation

Présentation

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« Trop nul ! C’est même pas beau ! Si t’es d’accord, on fait plus de pâtés. Ça va pas arrêter les vagues. » [...] Je l’embrasse, ma fille, qui ne m’a jamais paru plus belle.

Les barrages de sable Jean-Yves Jouannais

Ce recueil rassemble treize fragments de textes habituellement classés sous les rubriques « esthétique », « philosophie de l’art » ou « théories critiques de l’art » assortis d’autant de commentaires destinés, initialement, à former le corpus d’un cours en « théories des arts et esthétique » pour les étudiants des trois spécialités (cinéma, photographie, son) inscrits en troisième année de licence à l’ENS Louis-Lumière. Étant donné l’énorme quantité et variété de textes publiés dans ces domaines, toute sélection comporte inévitablement une grande part d’arbitraire, bien qu’elle puisse être guidée par plusieurs critères comme la période, la catégorie ou le genre d’art qui s’y trouvent analysés, la (ou les) discipline(s) formant le cadre conceptuel des ouvrages, leur inscription dans un cadre idéologique ou dans une école, et bien d’autres encore.

S’agissant d’étudiants d’une école de type « arts et métiers » se destinant majoritairement à exercer l’une des professions offertes par l’industrie audiovisuelle, au sens large de ce terme, leur première préoccupation est de trouver dans chaque enseignement ce qui peut être utile à l’exercice d’un métier qui relève des arts appliqués dans la mesure où il doit contribuer par les savoirs et savoir-faire qu’il met en œuvre à l’élaboration d’un « produit » qui doit impérativement s’inscrire dans un contexte culturel et économique permettant sa diffusion, donc répondant à des critères précis en termes d’efficacité. Le premier choix s’est alors porté sur des textes de la période au cours de laquelle a été développée l’idée d’une esthétique expérimentale, qu’elle soit fondée par l’observation scientifique (Chevreul, 1828, pour les

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arts visuels ; Helmholtz, 1877, pour les arts sonores) ou l’historiographie (Taine, 1865).

Ce moment particulier avait été préparé parL’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiersdont la publication s’était échelonnée entre 1751 et 1772, puis assortie de suppléments en 1 780. Les trente-cinq volumes de L’Encyclopédieont eu pour origine une commande faite à Diderot par un libraire d’une simple traduction du dictionnaire anglais de Chambers, intituléCyclopœdia. Ce modeste manuel lui donna l’idée d’un vaste ouvrage qui ferait l’inventaire de toutes les connaissances humaines, et D’Alembert s’associa à cette entreprise. Une fois l’œuvre accomplie, il devait presque nécessairement apparaître, par le jeu des recoupements permis par la manipulation des index, qu’un certain nombre de relations pouvaient être postulées entre les productions humaines et, par conséquent, que ces artefacts pouvaient eux-mêmes s’inscrire dans une classification et répondre à des « lois » constructives adéquates à leur représentation dans l’ordre du sensible aussi bien que dans celui de la cognition. Et si de telles lois pouvaient être établies par l’analyse des œuvres, elles pouvaient aussi bien servir à leur reproduction, et même à leur production. En définitive, elles pourraient devenir lelogosde la création.

Ce fut là, dès le début du dix-neuvième siècle, le projet d’une science de l’art qui ferait coïncider par un ensemble de raisons d’ordre quasi naturel les différentes causes de l’art, en même temps qu’elle permettrait de réconcilier les notions d’esthétique et de création. Le mot « esthétique » est dérivé du grecαίσθησιs (aisthesis)signifiant à la fois beauté et sensation, et définissant étymologiquement la science du sensible. Mais la pensée grecque ne réduisait pas la notion de beauté au sensible qui n’était, chez Platon par exemple, que l’une des étapes qui, dans le « chemin de l’amour » ( Eρως–Érôs)menait à la contemplation de la beauté absolue. Aristote en a donné le cadre conceptuel avec sa théorie des quatre causes : toute production est le résultat d’une cause efficiente (artisan, artiste, démiurge), d’une cause matérielle (réceptacle), d’une cause formelle (concept, idée), et d’une cause