Bacchus de la civilisation pompéienne au monde médiéval
103 pages
Français

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Bacchus de la civilisation pompéienne au monde médiéval , livre ebook

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Description

Parmi les dieux du panthéon grec, Dionysos, Bacchus chez les romains offre un intérêt particulier. Isolé des autres Dieux, il incarne l'absolu du plaisir, de la cruauté et de la souffrance. Il est à l'origine d'un nouveau modèle religieux, social et politique où les femmes ont droit de cité. Proscrit par la religion dominante, c'est à travers les arts et les traditions populaires médiévales qu'il survécut. Ce dieu des ivresses spirituelles et corporelles incarne l'Homme dans son entier. Nous interrogeant sur le désir de tout être humain de se dépasser et de se métamorphoser en dieu, il nous aide à comprendre l'homme et le sacré.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 230
EAN13 9782296700734
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bacchus de la civilisation pompéienne
au monde médiéval
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http:// www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12039-6
EAN : 9782296120396

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Céline Moretti-Maqua


Bacchus de la civilisation
pompéienne au monde médiéval


L’Harmattan
INTRODUCTION
Parmi les dieux du panthéon grec, Dionysos, Bacchus chez les romains offre un intérêt particulier par les singularités et les contradictions qu’il présente. Né de la cuisse de Jupiter, il est en effet le seul dieu admis parmi les olympiens à avoir pour mère une mortelle, et à connaître plusieurs naissances et plusieurs morts.
Jupiter est l’amant de Sémélé. Fou amoureux d’elle, il lui promet d’exaucer tous ses vœux. Celle-ci poussée par la jalousie de Junon lui demande la permission de le contempler dans toute la lumière de sa divinité. Jupiter est alors contraint de se dévoiler. Sémélé, alors qu’elle porte son enfant ne peut en supporter la vue et périt foudroyée par les éclairs qui l’entourent. Jupiter extrait alors l’enfant qu’elle porte et coud dans sa cuisse celui qui naîtra plus tard sous le nom de Bacchus.
Dans un autre récit, sur l’ordre de Junon, les Titans s’emparèrent du fils nouveau-né de Jupiter, et le coupèrent en petits morceaux qu’ils firent bouillir dans un chaudron et le mangèrent. Secouru et reconstitué par sa grand-mère Rhéa qui avait ramassé son cœur, il revint à la vie. Confié par la suite à sa tante Ino et son mari, le roi Athamas, qui, frappés de folie par Junon tueront leurs propres enfants, il vit ensuite aux côtés des nymphes de Nysa et entame un long vagabondage. Difficilement accepté dans toutes les cités où il aborde, sa vie est fort mouvementée et ses errances multiples (Egypte, Syrie, Grèce et Inde), se déguisant sans cesse pour échapper à la haine tenace de Junon. Venant d’ailleurs il est considéré comme un dieu étranger. Sur son passage, il transmet aux hommes sa découverte, la vigne, et établit un culte nouveau, fait de transes et délires orgiaques, Les Bacchanales, où tout le peuple, mais surtout les femmes, sont saisies d’un délire mystique. Ses ennemis sont victimes de folie meurtrière ou de métamorphose en animaux. À son retour de Crète, il épouse Ariane abandonnée à Naxos par Thésée et obtient du Dieu des enfers la libération de sa mère qu’il emmène avec lui sur l’Olympe {1} .
Dionysos est donc un Dieu insaisissable qui se manifeste au cours de sa propre histoire et dans l’histoire de notre culture comme doux et violent, généreux et vindicatif, sociable et ombrageux. Sa naissance est merveilleuse (fils d’un Dieu et d’une mortelle) et il a ce privilège unique d’être deux fois né, il est « dityrambos », comme le désigne Euripide dans Les Bacchantes {2} , seul être au monde à être doublement enfanté par une mortelle et un Dieu, par une femme et par un être masculin. La contradiction est ce qui définit sa singularité : un et multiple, présent et absent. Avec lui, être et paraître, apparence et réalité se confondent ou s’inversent. Sa fonction, parce que le Dieu est double, est de révéler tout en interrogeant et de mettre en évidence les conflits ou les contradictions de l’être humain et de l’existence. Le Dieu, figure même de l’énigme, traverse ainsi les siècles et les cultures, seul ou accompagné de son cortège, se démultipliant dans ceux qui le suivent et le servent. Satyres, ménades et bacchantes participent à la nature du Dieu et sont montrés en train de vivre l’expérience suscitée par celui-ci. Ils sont l’incarnation de l’essence et des pouvoirs de Dionysos. Bien plus que le dieu du vin, c’est un dieu qui se démarque des autres dieux olympiens, un dieu civilisateur qui aura une influence considérable sur les arts et la religion. À lui seul, il fonde un véritable culte original, certains voient même en lui un dieu suprême.
UN CULTE PEU ORDINAIRE
Le Dieu dans la cité
Pompéi suit le modèle des pratiques religieuses romaines. Celles-ci ont été pendant mille ans un rituel aussi rigoureux que le droit romain et elles illustrent la confiance fondée sur le principe de la liberté du citoyen. Dans le système religieux des romains, seul le rituel, exécuté par des prêtres ou magistrats, est obligatoire. La religion s’illustre par l’absence de contrainte et de censure. Philosophie et systèmes métaphysiques font bon ménage avec la religion traditionnelle, mettant l’accent sur les rites eux-mêmes plutôt que sur la formulation exacte des croyances. À cette souplesse propre à chaque culte se joint la possibilité offerte aux autorités romaines d’élargir le panthéon par la naturalisation et l’intronisation de nouvelles divinités. Cette religion n’a pas à définir ou à réaliser le salut de l’homme mais celui de la res publica et du populus romanus en tant que communauté civique.
La religion romaine est en fait elle aussi déterminée par le modèle de la cité et connaît une relative tolérance. Dans le monde romain on pratique une religion parce que l’on appartient à une communauté donnée qui se doit d’honorer avant tout les Dieux tutélaires de Rome (Jupiter, Junon, Minerve) ainsi que les empereurs divinisés, mais qui demeure libre de composer son panthéon. Chaque famille honore donc ses propres divinités domestiques. La religion de la collectivité civique se célèbre sur les places, devant les temples, sous l’autorité et la conduite des magistrats et des prêtres publics. Tout acte cultuel est censé émaner de la collectivité et non des individus qui la composent. La religion garantit la liberté du citoyen par rapport aux êtres surnaturels. Les Dieux eux-mêmes se partagent les différents champs d’action et aucun d’entre eux n’est un maître absolu, pas même le Dieu souverain, Jupiter. En effet, dans l’esprit, la religion garantit la liberté du citoyen par rapport aux êtres surnaturels. Les Dieux existent. Ils sont supérieurs mais favorables aux humains et les relations avec eux sont nécessaires. Cependant personne n’est obligé d’y adhérer sinon par la célébration des rites. Tout acte public est un acte religieux et tout acte religieux est un acte public, exception faite du culte domestique. En l’absence d’une révélation divine contrôlée par une seule autorité religieuse, chaque communauté a sa propre religion, ses propres Dieux.
Les mythes grecs ou romains circulent en marge de la religion. Ils ne transmettent ni article de foi, ni révélations {3} . Le nombre limité de documents concernant les cultes privés ne nous permet pas d’établir une liste précise d’information si ce n’est que les seuls cultes apparaissant de manière flagrante sont ceux de Vénus et Bacchus/Dionysos.
Le culte Bacchique
Considéré comme le dieu du vin, à l’origine lié à la fertilité, Bacchus est adoré sous la forme d’un taureau ou d’un bouc. Il est issu de Liber, ancienne divinité rustique latine, symbole de libération, passage de l’enfance à l’âge adulte. C’est à la fête des liberalia que l’enfant prend la toge virile. L’assimilation de Liber à Bacchus et le développement en général du culte viendraient d’Italie du sud et de Sicile, c’est à dire de la grande Grèce. Son culte est avant tout le culte de la nature, de la fécondité et de la force vitale. Le culte de Dionysos/ Bacchus, ainsi que celui de Déméter sont introduits à Rome en 496 avant Jésus-Christ, suite à une famine et sur le conseil des sibylles. On leur consacre un temple sur l’Aventin. Le culte de Bacchus revêt un caractère nocturne et privé, souvent constitué d’hymnes, de prières, et d’invocations afin que le dieu vienne en personne. Ici la prière est un chant, un hymne collectif. Le rite fait appel aux masques, figurines, offrandes et sacrifices, et il est souvent accompagné de phénomènes de transe et d’exaltation des sens. Dieu du délire mystique, il engendre agitation et frénésie. Les Bacchantes, adoratrices du Dieu incarnent à merveille cet abandon : mouvements de tête, cri rituel, délire furieux. Ces femmes se couvrent de peaux de bouc ou d’autres animaux, se barbouillent le visage de sang ou de raisins écrasés, courent et dansent en poussant des cris après avoir bu du vin pour entrer en extase. Quand elles attrapent des animaux sauvages, elles les déchiquettent de leurs mains et les mangent crus. Ces manifestations ont pour objet de permettre aux fidèles de s’incorporer à la personne même du Dieu en mangeant son corps (la chair du sacrifice) et en buvant son sang (la coupe de vin).
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