Concepts de l amour
243 pages
Français

Concepts de l'amour , livre ebook

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Description

L'amour naît ordinairement de l'accueil et de la reconnaissance chaleureuse d'une inaliénable altérité. Cet accueil singulier permet de fonder une ouverture fructueuse sur le monde pour le connaître ou bien pour en aimer les plus mystérieux lointains. Sachant que les multiples expériences de l'amour ne peuvent pas être rapportées à un seul concept, elles ont été problématisées, hors de toute finalité éclectique ou théologique, d'une manière perspectiviste et naturaliste, en fonction de trois points de vue. Le premier, empirique, interprète les diverses épreuves de l'amour. À l'opposé, le deuxième point de vue considère l'amour créatif des êtres humains soit dans leurs rêves du grand amour, soit dans leurs douces relations accueillantes, partagées ou sublimées. Le troisième point de vue, rationaliste, cherche comment l'amour peut et doit être vertueux.

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Date de parution 24 juillet 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140154782
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Claude Stéphane Perrin
CONCEPTS DE L’AMOUR
OUVERTURE PHILOSOPHIQUE DÉBATS
Concepts de l’amour
&ROOHFWLRQ © 2XYHUWXUH SKLORVRSKLTXH ª 6pULH © 'pEDWV ª dirigée par Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot 8QH FROOHFWLRQ G¶RXYUDJHV TXL VH SURSRVH G¶DFFXHLOOLU GHV WUDYDX[ RULJLQDX[ VDQV H[FOXVLYH G¶pFROHV RX GH WKpPDWLTXHV ,O V¶DJLW GH IDYRULVHU OD FRQIURQWDWLRQ GH UHFKHUFKHV HW GHV UpIOH[LRQV TX¶HOOHV VRLHQW OH IDLW GH SKLORVRSKHV © SURIHVVLRQQHOV ª RX QRQ 2Q Q¶\ FRQIRQGUD GRQF SDV OD SKLORVRSKLH DYHF XQH GLVFLSOLQH DFDGpPLTXH  HOOH HVW UpSXWpH rWUH OH IDLW GH WRXV FHX[ TX¶KDELWH OD SDVVLRQ GH SHQVHU TX¶LOV VRLHQW SURIHVVHXUV GH SKLORVRSKLH VSpFLDOLVWHV GHV VFLHQFHV KXPDLQHV VRFLDOHV RX QDWXUHOOHV RX« SROLVVHXUV GH YHUUHV GH OXQHWWHV DVWURQRPLTXHV /D VpULH © 'pEDWV ª UpXQLW GHV RXYUDJHV GRQW OH TXHVWLRQQH PHQW HW OHV WKpPDWLTXHV SDUWLFLSHQW GHV GLVFXVVLRQV DFWXHOOHV DX VXMHW GH SUREOqPHV pWKLTXHV SROLWLTXHV RX pSLVWpPRORJLTXHV 'pMj SDUXV *pUDUG<YHV /(&/(5&Histoire philosophique et politique du sacré. La violence et le sacré des autres  -RVp &2+(1$.1,1(Des altérations réciproques de la conscience et de la réalité.Renaissance de la métaphysique  9LQFHQW 'DY\ .$&28Paul Ricoeur, Pour une poétique d’éthique politique en Afrique, 6DPXHO 02173/$,6,5La croyance et ses horizons normatifs  -HDQ0DUF 5289,Ê5(Au-devant de soi. Esquisses vers une philosophie de l’anticipation  +HQUL '( 0219$//,(5 1LFRODV 52866($8La phénoménologie des professeurs. L’avenir d’une illusion scolastique  %pDWULFH &$1(/'(3,75(Homme/animal, Destins liés  %HQRvW %2+<%81(/Symptômes contemporains du capitalisme spectaculaire  *pUDUG *28(6%(7Violences des Dieux 
Claude Stéphane Perrin Concepts de l’amour
Du même auteur ARTICLES - Sur le cinéma :»,Antonioni, Vigo, Bergman « Kurosawa, Études cinématographiques, Minard, 1964-66. - Sur la littérature : « Racine, Kafka, Baudelaire, Beaumarchais, Mishima, Borges, Giraudoux », Ellipses, 1983-1989 ; « Michaux »,Perpétuelles, n° 2, 1985. - Sur la philosophie :« Nietzsche »,PerpétuellesLe, n°4 et 5, 1986 ; « langage », Ellipses, 1986 ; « Le droit », Ellipses, 1988 ; « Le pouvoir », Ellipses, 1994.OUVRAGES Carl Th. Dreyer, Seghers, 1969. Penser l’art de Léon Zack, L’Âge d’homme, 1984. Le Neutre et la pensée, L’Harmattan, 2009. L'Art et le neutre, Eris-Perrin, 2010. Philosophie et non-violence, Eris-Perrin, 2012. Les Démons de la pensée, Eris-Perrin, 2013. L'Esprit de simplicité, Eris-Perrin, 2013. Nietzsche et l'amour, Eris-Perrin, 2014.Pour un cinéma d'auteur, Eris-Perrin, 2015.La Métaphysique naturaliste de Paul Klee, Eris-Perrin, 2015. Philosophie et mysticisme - La rose de Silesius, Eris-Perrin, 2015. Au delà des images, Eris-Perrin, 2016. Fifi le philosophe, Eris-Perrin, 2016. Le Gouffre, l'abîme et l'infini, Eris-Perrin, 2017. Cézanne - Le désir de vérité, L’Harmattan, 2018. Esthétique du gracieux, Eris-Perrin, 2019. © L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-20804-6 EAN : 9782343208046
A. Prologue
- L'amour : de l'obscur vers la lumière
La pensée peut s'interroger soit à partir de ce qu'elle ignore (l'inconscient, l'imperceptible), soit à partir de ce qu'elle saisit avec la plus grande certitude (d'une manière pure, formelle), soit à partir d'une intention raisonnable de douter, soit encore en refusant de séparer le clair et l'obscur, notamment parce qu'il y a 1 du non-être dans l'Être, c'est-à-dire dans la Nature. C'est d'ailleurs à partir de ce rapport tendu entre l'obscur et le clair qu'une recherche devrait pouvoir s'instaurer paisiblement en abordant l'épreuve sans doute la plus mystérieuse qui soit, celle de l'amour. Cette recherche pourrait d'abord commencerau cœur d'une in-contrôlable et étonnante surprise devant l'extension de cette affection qui échappe aux premiers actes simples et positifs de la pensée, voire qui peut engendrer de naïves relations entre la force d'un commencement et la mystérieuse puissance affective qui la dépasse en l'englobant, tout en sachant que, dans certaines de ses manifestations, l'amour inspire, pour ceux qui sont concernés, la grâce presque miraculeuse d'une nouvelle naissance. Cependant, une possible atténuation de cette surprise est nécessaire si la pensée ne veut pas se laisser fasciner par la puissance toujours naissante (ou renaissante) qui exprime des sentiments bouleversants souvent merveilleux, notamment lorsqu'ils sont imprévisibles ou créatifs. Comment ? En réalité, pour commencer, les épreuves de l'amour ne sont pas vraiment pensables immédiatement parce qu'elles font d'abord prévaloir leurs premières et grandioses obscurités, comme dans les relations violentes et délirantes de l'amour-passion qui suppriment les différences en attisant le mystère insondable des affections sensibles, du reste surtout sensibles. En fait, la 1 Avec une majuscule le mot Nature désigne l'Être infini et en devenir qui crée éternellement de nouveaux mondes.
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première épreuve passionnelle de l'obscur est surtout passive. Elle se perd alors dans la sensation d'une fusion avec un abîme inéluctable, celui de l'épaisse et brute obscurité matérielle des 2 forces élémentaires de la nature dont les effets inconnus et hors d’accèsconduisent les êtres humains vers l'ignorance, vers la solitude ou vers la peur de l'inconnu. Tout commence ainsi à un niveau uniquement sensible par une épreuve métaphorique de l'obscur, par une image symbolique qui condense en elle profondeur, inquiétude et ignorance, même si cette image impliquera ensuite sa propre négation pour satisfaire des exigences vitales plus humaines, c'est-à-dire vraiment soucieuses de distinguer les nuances inhérentes à chaque sentiment. En effet, l'étrangeté et la confusion de la métaphore de l'obscur expriment, eu égard à l'amour, l'im-possibilité d'une relation qui serait sans souffrance, voire sans haine. Or, cette épreuve surtout sensible nous transporte vers le vide prévisible de la disparition de toutes les émotions et de tous 3 les affects. Néanmoins, au delà des tensions qui rapportent une première épreuve affective de l'obscur à un désir de lumière, peut aussi intervenir le projet de cohérence qui est présent dans toute pen-sée raisonnable non enfermée dans une universalité abstraite, comme dans celle, par exemple, de la Morale ou de la Loi. En réalité, ce projet devrait plutôt chercher à associer une lumineuse conscience de l'amour à ses obscures profondeurs singulières, avec un peu de sérénité, sans nier la valeur de chaque singularité en présence, et tout en allant des épreuves les plus obscures vers les plus claires. De l'obscur peut en effet surgir l'infime clarté d'un lien entre ceux qui s'aiment, c'est-à-dire les éclairs de conscience qui dominent la nuit de chacun, tout en rendant aimable cette dernière. L'obscurité matérielle est alors dépassée et enveloppée par deux consciences, par deux lumières intellectuelles qui
2 Le mot nature (sans majuscule) désigne un point de vue fini et incomplet à partir du monde terrestre sur la Nature infinie qui crée tous les mondes. 3 On peut distinguer à ce sujet les brèves émotions (joie, surprise, colère, peur, ou dégoût) des affects qui sont plus durables (comme la tristesse, l'anxiété, le souci et l'angoisse).
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diminuent les épreuves de l'obscur en préférant ce qui unit à ce qui disperse ; chaque lumière permettant d'expliquer, c'est-à-dire de développer le clair à partir de l’obscur,clarum per obscurius... Puis, cette conscience d'un gouffre de l'obscur néanmoins ouvert sur la lumière, cette conscience partagée par deux êtres humains qui s'aiment, peut découvrir qu'elle ne saurait être réduite à l'obscure solitude de chacun, puisqu'elle inspire surtout d'interpréter les épreuves affectives au delà de leurs premiers surgissements symboliques et matériels, y compris lorsque, pour Bachelard,"l'amour n'est qu'un feu à 4 transmettre".Dès lors, la pensée de chacun, interprétée et vécue dans un amour partagé, pourra faire penser à une merveilleuse étincelle surgie de l'obscur, sachant que cette étincelle, qui est la même pour chacun, éclairera d'autres métaphores incandescentes, puis des concepts, même seulement probables, c'est-à-dire des formes anticipées (avant leur récognition) et partielles (avec leur trame propre) d'une pensée rationnelle et sensible capable de clarifier les sentiments, notamment lorsque ces derniers rassemblent, éloignent ou bien juxtaposent consciemment, certes sans les saisir complètement, des sensations, des émotions et des représentations intellectuelles qui s'ajustent plus ou moins bien entre elles puisqu'elles modifient constamment leurs relations. En tout cas, le sens du concept ici affirmé peut faire penser au sens donné par cette définition de Théodule Ribaud :"Un résultat de jugements, une condensation, un abréviatif. On peut 5 dire qu'il se compose de jugements affectifs."Dans ces conditions, chaque affection, chaque tension attractive, coordonnatrice, voire au pire, chaque transe fusionnelle, s'effectuera toujours à partir des premières sensa-tions obscures qui accompagneront la naissance innocente d'un acte d'amour avant de faire surgir, même tardivement, l'évidence joyeuse d'une plénitude affective qui inspirera ensuite des raisons d'aimer librement d'autres formes, ou bien de continuer à aimer seulement celles qui appartiennent aux déterminations de la nature. Dès lors, si une épreuve de l'indicible s'impose 4 Bachelard (Gaston),La Psychanalyse du feu,Gallimard, Idées, 1965, p.48. 5 Ribaud (Théodule),La Logique des sentiments, Alcan, 1920, p.31.
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d'abord, c'est très probablement parce que, en sa réalité sensible, la puissance de l'amour est considérable, trop considérable pour être pensée d'abord clairement, c'est-à-dire en deçà de toute considération. Cette puissance ne saurait en effet être comprise simplement en elle-même et par elle-même, sachant que le mystère de l'amour demeure toujours bien plus fort que tous les parce quepuisqu'il fait triompher, selon Vladimir Jankélévitch, "ce je-ne-sais-quoi si évasif et si controversable(qui)est la chose la plus importante du monde, et la seule qui vaille la 6 peine."Il est pourtant difficile d'en rester à ce constat qui conduit à penser que l'amour serait en quelque sortela survérité inconnaissable et indicible qui contiendrait toutes les vérités en impliquant un savoir nescient concernant cette survérité. En fait, l'amour serait plutôt, à nos yeux,la surréalitéémane de la qui puissance de la Nature et qui nous donne néanmoins à comprendre un peu quelques-uns de ses multiples effets, c'est-à-dire les différences qui s'instaurent objectivement, voire souvent très clairement, entre diverses sortes d'amour possibles : l'amour de la nature, de la vie, de l'autre, de la culture, de la science, du jeu, de la sagesse… σ'y aurait-il pas alors un point commun à tous ces sentiments, un point qui se situerait au cœurde toutje-ne-sais-quoi? Très probablement. Mais, avant de répondre plus précisément à cette question, ne faudrait-il pas d'abord penser l'amour en tenant compte, au sein de ses multiples variations, de la présence de la puissance créatrice positive et souveraine de la Nature qui en serait la cause, même si cette puissance est elle-même incompréhensible, toujours en devenir, voire aussi bien susceptible d'assembler ses effets que de les multiplier ? L'action de cette puissance rendrait possibles tous les sentiments, ainsi que tous les actes imprévisibles et bénéfiques où chaque être humain déploie son propre amour pourunautre (quel qu'en soit l'objet), et cette action donnerait aussi à penser que la Nature n'est pas vraiment étrangère aux actions humaines qui ne veulent pas rester figées par un primeje-ne-sais-quoi plutôt obscur à son sujet. 6  Jankélévitch (Vladimir),Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien, 2. La Méconnaissance, le Malentendu,Seuil, 1980, p.111.
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