Controverses sur la philosophie africaine
218 pages
Français

Controverses sur la philosophie africaine , livre ebook

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218 pages
Français

Description

Cet ouvrage est un ensemble de textes qui portent sur la problématique de l'existence de la philosophie africaine depuis les années 1970. L'un des arguments essentiels dans le refus de considérer les pensées africaines précoloniales comme philosophie trouve son émergence dans l'espace circonscrit par la distinction entre philosophie "classique" et philosophie dite populaire. Si l'émergence d'un tel débat est contemporaine de la lutte politique pour une indépendance véritable du continent africain, l'enjeu reste éminemment politique.

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Informations

Publié par
Date de parution 28 août 2018
Nombre de lectures 27
EAN13 9782140098246
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

combat pour l’indépendance, la liberté, l’affirmation de la personnalité et de
Etudes africaines
Série Philosophie
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Controverses sur la philosophie africaine
Controverses sur la philosophie africaine
Collection « Études africaines » dirigée par Denis Pryen et son équipe
Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc.
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NIAMKEY-KOFFIControverses sur la philosophie africaine
© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-15168-7 EAN : 9782343151687
PRÉFACE On n’a que peu de reconnaissance pour un maître, quand on reste toujours élève. Nietzsche.Ainsi parlait Zarathoustra. Livre I. « De la vertu qui prodigue ». 3. Trad. Henri Albert Source : http://www.ebooksgratuits.com Grâce au Professeur Niamkey Koffi, les étudiants de ma génération eurent accès au débat sur l’existence de la philosophie africaine. Lui-même en était partie prenante. Il nous fit découvrir et connaître les philosophes africains protagonistes de la controverse. En effet, les insoutenables paradoxes du programme universitaire de philosophie durant mes années d’étudiant, dans les années 80, furent comblés par les nombreuses conférences qu’il prononçait sur le campus. Ce paradoxe tenait à l’enseignement d’une philosophie peu articulée sur notre vécu. Cette philosophie scolaire interrogeait peu ce qui constituait l’être au monde des jeunes Africains. Heureusement, de jeunes assistants africains avaient trouvé des moyens alternatifs pour aiguiser la curiosité des étudiants et contourner ces silences académiques. Les conférences, les colloques, mais surtout les revues rattachées aux institutions d’enseignement étaient les lieux d’expression d’une autre philosophie. C’est ainsi que M. Niamkey Koffi nous fera découvrir la pensée de M. Towa, P. Hountondji, A. Kagame, Eboussi Boulaga. Elungu P. E. A, E. Njoh-Mouelle, Cheikh Anta Diop, K. Nkrumah, l’africaniste D. Zahan, etc. Il le fit en articulant ses propres réflexions sur le philosophe Althusser, qu’il nous incitait à lire. L’idée principale reprise par Niamkey Koffi est que, pour Althusser, la théorie et la pratique philosophiques sont, non seulement, un secteur de la lutte des classes, mais surtout, le reflet
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de la lutte des classes. Ainsi réinvestie en soi, cette idée althussérienne conduit Niamkey Koffi à penser que l’on ne peut rejeter les philosophies anciennes en les réduisant à n’être que des visions du monde. Ce réductionnisme épistémique est, selon lui, la consécration de la domination qu’exerce la philosophie officielle sur les philosophies qualifiées de ‘’vision du monde’’ ou de philosophie subalterne. Cette dernière dénomination est le jugement de la philosophie élitiste sur les productions intellectuelles des masses en état de subordination. La philosophie académique scolaire et universitaire ainsi présentée apparaît sous cet angle idéaliste en ce qu´elle fait abstraction des conditions sociohistoriques de l´apparition des philosophies pour élire la philosophie académique qu´elle pose comme un archétype. Qu´une philosophie puisse apparaître hors de l´espace clos de l´enseignement universitaire et académique de la philosophie, cela lui est proprement insupportable. Ces pensées vilipendant la philosophie populaire provoquent l’ire de Niamkey Koffi qui invite à décoloniser notre regard. Il trouve dans ce procédé de disqualification le même mécanisme de taxinomie que la colonisation avait utilisé pour déprécier langues, cultures, religions et philosophies autochtones en les nommant de manières méprisantes patois, folklores, superstitions et vision-du-monde. Ce mépris consistant à nommer l’autre d’un terme péjoratif, convertit en différence hiérarchique, c’est-à-dire en inégalité, des différences de faits. En plus d’être du côté d’une forme de philosophie idéaliste, la philosophie académique serait avec les dominateurs contre les opprimés. Cette posture empêcherait les partisans de la thèse orthodoxe de comprendre que ce qu’ils appellent philosophie collective des Bantu, par exemple, est, en fait, la philosophie dominante de la société bantu ; elle n’est qu’un succédané de la philosophie dominante démultipliée et acceptée de manière non critique. La philosophie collective est en réalité la philosophie du pouvoir dominant ou la philosophie d’un groupe qui, parce que contrôleur et détenteur des appareils idéologiques, diffuse ses idées dominatrices et somnifères en vue d’organiser la subordination des masses. Pour Niamkey Koffi, si cette philosophie collective n’est pas critiquée, c’est moins par manque d’esprit critique des usagers que par l’acceptation du consensus dominant. Autrement dit, elle est
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une sédimentation philosophique ou la matérialisation d’une philosophie ayant conquis le consensus social grâce à l’efficacité des superstructures et des appareils idéologiques du groupe au pouvoir. Après avoir compris que la force seule ne peut suffire à l’exercice du pouvoir politique et économique, elle se ménage le consensus des couches subalternes proches ou alliées, en conquérant l’hégémonie sapientiale. La tâche de la direction intellectuelle et morale du bloc historique incombe aux intellectuels organiques que, dans la société traditionnelle, un penseur comme Kagamé appelle « les grands initiateurs ». Ensuite, s’appuyant sur la déconstruction althussérienne de la notion de sujet, Niamkey Koffi s’attaque à ce qu’il qualifie d’illusion de la philosophie intuitive qu’il croit reconnaître chez Towa. Que prend-il chez Althusser ? Il reprend la notion de sujet en tant que représentation idéologique des agents réels, des individus humains. Le cogito isolé et la subjectivité transcendantale sont dépouillés de leur autonomie, ramenés à des idéalités logiques. En somme, la philosophie académique scolaire vit dans l’illusion d’une pensée liée à un ‘’Moi’’ qu’elle pose abstraitement comme un sujet de la pensée. Dans cette illusion, la pensée apparaît comme une activité personnelle d’une conscience irréductible au monde et qui se détache de la doxa, de la pensée non-philosophique et des objets auxquels elle aura conféré tous les attributs négatifs. La notion de sujet est un mythe produit par la philosophie spéculative pour s’approprier des pensées collectives. Non seulement on n’est pas seul au monde, mais on ne pense jamais seul. On vient dans un monde habité par des pensées ; et on pense dans un monde pensant lui-même héritier de pensées antérieures. L’individualité naît de l’exploitation et de l’appropriation d’un savoir produit par la totalité. Le ‘’moi’’, dit Professeur Niamkey Koffi, est en définitive un alibi des ‘’cogito’’ perdus dans la mesure où il est l’appropriation privée d’un savoir collectivement produit. Le débat sur l’existence de la philosophie africaine, débat ayant nourri mes années d’étudiant, trouve dans les textes ici rassemblés une seconde jeunesse inaugurale. Cette seconde jeunesse fait commencer l’histoire de la philosophie africaine contemporaine. La philosophie africaine contemporaine contient ce débat comme
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