De la vérité comme liberté ou la faculté philosophique de juger

Garbis Kortian

Description

En découvrant que la pensée trouve sa source dans l'usage du langage, la philosophie comprenait que son propre discours ne pouvait plus s'exclure des jugements de vérité. Bien plus, en exerçant ce jugement, elle devait reconnaître qu'il ne reposait que sur lui-même. Telle semblait être la seule vérité partagée par la philosophie analytique et l'herméneutique. Mais en quoi la faculté philosophique de juger différait-elle de l'idéalisme ? Cet ouvrage prolonge le débat critique qu'Heidegger et Gadamer ont entamé avec la modernité. Il ne se contente pas de restaurer l'usage de cette faculté de juger mais dégage l'enjeu actuel de leur pensée contre la sophistique des usages pragmatiques du langage. Il met en valeur, après Benjamin et Musil, la dynamique de liberté de la créativité artistique et de la faculté philosophique de juger.

Sujets

• Philosophie
• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 24 août 2020
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782140156250
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

f
DE LA VÉRITÉ COMME LIBERTÉ
Garbis Kortian
OU LA FACULTÉ PHILOSOPHIQUE DE JUGER
Freud et le travail du négatif Le vingtième siècle semble avoir mis fn à l’errance de la philosophie.
En découvrant que la pensée trouve sa source dans l’usage du langage,
la philosophie découvrait que son usage de la faculté de juger était déjà
balisé par la logique des énoncés et la performativité de la parole. Son
propre discours ne pouvait donc plus s’exclure des jugements de vérité
DE LA VÉRITÉ COMME LIBERTÉ portés sur la réalité dans la mesure où ils étaient pensés et exigeaient
qu’ils appliquent à eux-mêmes le jugement par lequel ils pensaient leur
pensée. Bien plus. En exerçant ce jugement, elle devait reconnaître que OU LA FACULTÉ
le jugement de vérité animant la parole, ne reposait que sur lui-même et
ne faisait qu’utiliser cette faculté philosophique de juger pour faire toute PHILOSOPHIQUE DE JUGER
expérience. Telle semblait être la seule vérité partagée par la philosophie
analytique et l’herméneutique.
Mais si tel était le cas, en quoi la faculté philosophique de juger ancrée
dans le langage différait-elle de celle que l’idéalisme avait érigée en faculté
ultime de la pensée ?
L’ouvrage de Garbis Kortian répond à cette question et prolonge le
débat critique qu’Heidegger et Gadamer ont entamé avec la modernité.
Il ne se contente pas de restaurer l’usage de cette faculté philosophique
de juger dans ses droits en examinant, sans aucune concession le déf
qu’ont relevé Kant, Fichte, Schelling et Hegel. Il dégage aussi l’enjeu
actuel de leur pensée face à tous ceux qui ont réduit la philosophie à la
sophistique des usages pragmatiques du langage. Il met en valeur, dans
le sillage de W. Benjamin et de R. Musil, la dynamique de liberté de la
faculté de juger présente dans la créativité artistique aussi bien que dans la
faculté philosophique de juger.
Une pensée solide et désormais classique.
Garbis Kortian, (1938-2009), professeur de philosophie à l’Université de
Montréal (1968-94) et à l’Université de Vienne (1994-2009), a écrit Métacritique,
Minuit, 1979. Par un dialogue incessant avec C. Taylor, H. G. Gadamer, R. Rorty,
M. Benedikt, J. Habermas, A. Monteore, K. O. Apel, P. Aubenque et R. Wiehl,
il a préparé pendant 17 ans, avec V. Descombes et J. Poulain, le réseau de la
discussion philosophique internationale déployée ensuite autour de J. Derrida,
J.F. Lyotard et J. Poulain au Collège International de Philosophie à partir de
1985, à Paris.
LA PHILOSOPHIE EN C O M M U N Préface de Jacques Poulain
Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain et Patrice Vermeren
En couverture : Arto Tchakmaktchian, L’homme qui marche, 2009.
ISBN : 978-2-343-20396-6
25 €
DE LA VÉRITÉ COMME LIBERTÉ
Garbis Kortian
OU LA FACULTÉ PHILOSOPHIQUE DE JUGER































© L’Harmattan, 2020

5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-20396-6
EAN : 9782343203966





DE LA VÉRITÉ COMME LIBERTÉ
OU LA FACULTÉ PHILOSOPHIQUE
DE JUGER



















LA PHILOSOPHIE EN COMMUN
Collection dirigée par S Douailler, J. Poulain et P. Vermeren
Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée,
l'exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un
individualisme forcené, renforcé par le culte de l'écriture. Les querelles
engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisément
supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le
langage. S'invalidait et tombait du même coup en désuétude cet
étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique
du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées
également à l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se
voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture
qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la
falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des
sciences humaines et l'explosion technologique ont fait apparaître de
leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la
philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité
jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le
débat critique se reconnaissait être une forme de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les
philosophes à la pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des
institutions comme l'École de Korcula (Yougoslavie), le Collège
international de Philosophie (Paris) ou l'Institut de Philosophie
(Madrid). L'objectif de cette collection est de rendre accessibles les
fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d'affronter
et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons
tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du
jugement. Garbis Kortian
De la vérité comme liberté
ou la faculté philosophique
de juger
Préface de Jacques PoulainCet ouvrage a été publié avec le concours du
Laboratoire d’études et de recherches
sur les logiques contemporaines de la philosophie
de l’Université de Paris 8 Vincennes à Saint-Denis.
Qu’il en soit ici remercié.




Préface
Garbis Kortian ou l’expérience philosophique
par Jacques Poulain

« Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée
dans le langage. S'invalidait et tombait du même coup en
désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de
tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait
royalement ses propres résultats. Condamnées également à
l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se
voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et
de culture qui les enserraient encore. La crise des
fondements scientifiques, la falsification des divers
régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines
et l'explosion technologique ont fait apparaître de leur côté
leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la
philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la
vérité jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de
justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être
une forme de vie ».
Ces lignes introduisaient en 1991 la collection « La
philosophie en commun » dans l’espace de la philosophie
francophone. Elles situent d’emblée la critique
philosophique comme la forme de vie qui conditionne
toutes les autres. Car avant d’être l’affaire de
professionnels, le débat critique que chacun poursuit avec
lui-même et avec autrui conditionne la construction de son
monde tout autant que celle d’un monde commun. Il donne
en effet sa loi à la psyché, à cette vie mentale que Platon
définissait comme dialogue de l’âme avec elle-même tout
comme il guide le développement de la vie sociale et
politique. Cette collection héritait alors des innombrables
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discussions internationales menées depuis 1985 entre les
protagonistes des diverses traditions philosophiques au
sein de cette institution improbable qui s’appelle « le
Collège international de philosophie ». Elle héritait surtout
de ce que la philosophie avait enfin réussi à se prouver à
elle-même et aux autres sciences dites « humaines »
qu’elle était effectivement au cœur de la vie humaine : elle
avait découvert en ce siècle que chacun, qu’il le sache ou
non, qu’il le veuille ou non, fait de l’usage de son
jugement de vérité et de son épreuve, sa condition de vie.
Elle s