Étude sur la théodicée de Leibniz
108 pages
Français

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Étude sur la théodicée de Leibniz , livre ebook

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Description

Leibniz est une de ces âmes d’élite qui sont naturellement religieuses et pour qui les choses divines ont un vif et tout puissant attrait. De bonne heure il avait plaidé la cause des grandes vérités de la religion naturelle et s’était appliqué à défendre les dogmes du christianisme avec les armes de la raison. On peut dire que la pensée qui inspira la Théodicée fut comme l’inspiration de sa vie tout entière. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir sa correspondance.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 3
EAN13 9782346033195
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
François Bonifas
Étude sur la théodicée de Leibniz
A LA MÉMOIRE DE MA MÈRE
 
 
A M. GUIZOT
De l’Académie française
 
 
 
HOMMAGE DE RECONNAISSANCE ET DE RESPECTUEUSE AFFECTION
 
 
 
F. BONIFAS.
INTRODUCTION

*
* *
Leibniz est le plus vaste génie qui ait étonné le monde depuis Aristole. Il a parcouru toutes les sphères des connaissances humaines et a laissé partout des traces profondes et ineffaçables. A ce titre, il appartient à l’humanité tout entière ; mais il appartient aussi à la France par la langue qu’il a parlée de préférence à toute autre, comme par le caractère de sor esprit et l’école philosophique à laquelle il se rattache, si l’on peut dire que Leibniz soit d’une école.
Il a porté dans tous les domaines cet esprit universel et généralisateur, singulièrement ouvert à toutes les idées et merveilleusement propre à les rendre fécondes et populaires, qui fait l’originalité du génie français plutôt que du génie germanique. Jurisprudence, histoire, mathématiques, sciences naturelles, philologie et politique, métaphysique et théologie, il a tout embrassé, et grâce à l’admirable souplesse de son esprit, il a excellé partout.
L’éclectisme est le trait essentiel de son caractère comme de son génie. Ennemi de tous les extrêmes et de tous les excès, il n’épouse aucune secte, mais il les domine toutes pour les juger. — En politique, il veut la fusion de tous les partis et l’équilibre de tous les pouvoirs ; il défend également les droits de l’empereur et ceux des princes ; il exhorte tous les peuples de l’Europe à s’unir pour former une sorte de confédération chrétienne et travailler en commun au triomphe de la civilisation et au maintien de la paix. — En religion, il aspire à une Eglise universelle où viennent se rencontrer toutes les Eglises particulières, et il travaille avec ardeur à la réunion des luthériens et des réformés comme à celle des catholiques et des protestants. — En histoire, il met en lumière cette belle loi du développement et du progrès déjà signalée par saint Augustin, par Bacon et par Pascal ; il la retrouve dans la production des idées comme dans l’enchaînement des faits, et par là il inaugure deux sciences nouvelles : l’histoire de la philosophie et la philosophie de l’histoire. — En philosophie, il cherche un système qui réconcilie toutes les écoles, résume toutes les vérités éparses dans les doctrines antérieures, découvre des vérités nouvelles, et devienne ainsi la philosophie universelle et impérissable : perennis quœdam philosophia.
Enfin, pour faciliter ces conquêtes pacifiques de la civilisation et de la science, pour rendre plus actif et plus rapide ce mutuel échange de pensées, de progrès et de découvertes, pour réaliser cette harmonieuse unité qui est le but vers lequel marche le genre humain, Leibniz rêve une langue universelle, conçue sur le modèle du langage algébrique et destinée à faire tomber toutes les barrières qui séparent encore les peuples.
Ainsi, par le caractère de son esprit et de son œuvre, Leibniz est un homme de notre temps et un Français, et il appartenait à notre siècle comme à la France de s’éprendre d’admiration pour son génie et de ressusciter sa gloire quelque temps oubliée.
La fortune de Leibniz, en effet, comme celle de tous les grands noms, a été fort diverse. On a toujours admiré en lui le mathématicien et le savant, mais sa gloire de philosophe a été souvent méconnue. Après un premier éclat que jeta sa philosophie dans l’école de Wolff et de Lessing, ses écrits de métaphysique furent abandonnés en Allemagne et demeurèrent longtemps inconnus en France. Le nom de Leibniz ne rappelait plus qu’une immense fécondité et des hypothèses hasardeuses. Mais le jour de la justice s’est levé après les jours de l’oubli. Déjà, au commencement de ce siècle, Maine de Biran, et, sur ses pas, M. Cousin, avaient consacré à Leibniz leurs pages les plus éloquentes et les plus profondes. Mais c’est depuis quelques années qu’en Allemagne et en France, Leibniz est devenu l’objet d’une faveur toute particulière. Quelques érudits, grands amateurs d’autographes, ont curieusement interrogé les manuscrits conservés à Hanovre, visitant tous les tiroirs, fouillant dans tous les recueils et ne laissant rien échapper qui pût avoir quelque valeur ou quelque intérêt ; ils ont ainsi publié une quantité de fragments, de lettres et d’opuscules inédits de Leibniz qui ont jeté une nouvelle lumière sur les points demeurés obscurs de son système et révélé le développement progressif de sa pensée comme l’harmonieuse unité de son œuvre 1 . Les écrits sur la vie et la philosophie de Leibniz se sont aussi fort multipliés en ces derniers temps 2 , et la France, à cet égard, n’a pas voulu demeurer en arrière de l’Allemagne. Non-seulement c’est un Français, M. Foucher de Careil, qui a pris l’initiative de l’édition des œuvres complètes de Leibniz 3 , le plus beau monument que l’on puisse élever à sa gloire ; mais l’Académie des Sciences morales et politiques a mis au concours l’appréciation de la philosophie de Leibniz, et au lieu d’un mémoire, elle en a eu deux à couronner 4 .
Cette moisson si riche de documents et de travaux de toute sorte, qui rend en un sens notre tâche plus facile, la rend aussi plus difficile et plus délicate ; car on a voulu tout voir dans Leibniz, et il est parfois malaisé de ne pas s’égarer et se perdre au milieu des appréciations infiniment diverses dont sa philosophie a été l’objet. Il semble qu’à force de vouloir découvrir des Leibniz entièrement nouveaux, on ait perdu de vue le Leibniz véritable.
Aussi n’est-ce pas une œuvre d’érudition que nous prétendons entreprendre ici ; nous ne voulons pas non plus embrasser dans notre étude la philosophie tout entière de Leibniz. Nous étudierons seulement la Théodicée, nous attachant d’abord à la bien comprendre pour en discuter ensuite les résultats et nous demander enfin s’il n’est pas possible de trouver aux redoutables problèmes qu’elle pose des solutions plus satisfaisantes et à l’optimisme qu’elle prétend établir un plus solide fondement.
Mais la Théodicée est l’œuvre des dernières années de Leibniz ; elle est comme le couronnement du vaste et majestueux édifice lentement élevé par son génie ; c’est le terme où aboutissent l’histoire tout entière de son développement philosophique et le progrès harmonieux de sa pensée. Détacher la Théodicée de l’ensemble dont elle fait partie, l’envisager toute seule et sans tenir compte du système général qu’elle suppose et qu’elle confirme tour à tour, ce serait s’exposer à ne pas la comprendre et méconnaître le lien profond qui ramène à une grande et forte unité les diverses parties du leibnizianisme.
Leibniz, en effet, est l’un des esprits les plus systématiques qui furent jamais ; mais par un singulier contraste, si personne ne fut plus systématique dans ses pensées, personne ne le fut moins dans ses écrits. Amoureux de l’ordre et de l’unité, passionné pour la géométrie et les mathématiques, il aimait à remonter en toutes choses aux premiers principes, et cherchait à former de toutes les sciences un vaste et harmonieux ensemble et comme un organisme vivant. Et cependant, il n’a laissé aucun ouvrage de quelque étendue où son système se déploie dans la rigueur de ses principes et de ses

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