Individu et technologie
162 pages
Français

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Individu et technologie , livre ebook

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Description

Cet ouvrage est signé par deux auteurs: un philosophe et un scientifique. L'objet de leur recherche n'est autre que l'individu d'aujourd'hui. Celui-ci, placé dans un monde à haute densité technologique, peut et doit être pensé, tant sur le plan scientifique que philosophique. Prenant la parole à tour de rôle, ils abordent aux temps passé, présent et futur, la relation entre l'homme et l'artefact, en la situant dans la perspective de la réflexion actuelle sur l'écologie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2005
Nombre de lectures 244
EAN13 9782336269979
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Philosophie en commun
Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren

Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l’exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme forcené, renforcé par le culte de l’écriture. Les querelles engendrées par l’adulation de l’originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.
Notre siècle a découvert l’enracinement de la pensée dans le langage. S’invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l’éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes politiques, la neutralisation des sciences humaines et l’explosion technologique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu’à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.
Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philosophes à la pratique orale de l’argumentation, faisant surgir des institutions comme l’École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philosophie (Paris) ou l’Institut de Philosophie (Madrid). L’objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d’affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement.
Dernières parutions
Alejandro BILBAO, Les espaces de la causalité en psychanalyse , 2005.
François de BERNARD (sous la responsabilité de), Europe, diversité culturelle et mondialisations, 2005.
Eric PUISAIS, La naissance de l’hégélianisme français, 2005.
Giovanni Pietro BASILE, Transcendance et finitude. La synthèse transcendantale dans la Critique de la raison pure de Kant, 2005.
Individu et technologie

Stanislas Breton
Bernard Baudry
http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr
© L’Harmattan, 2005
9782747591669
EAN : 9782747591669
Sommaire
La Philosophie en commun Page de titre Page de Copyright Chapitre I - Perspectives Chapitre II - L’individu dans le monde d’aujourd’hui Chapitre III - Déterminisme et chaos Chapitre IV - La question du nombre Chapitre V - Les deux langages Chapitre VI - Hasard et origine Chapitre VII - Terre-patrie ?
Chapitre I
Perspectives
La lecture attentive de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans sa traduction française du moins, met en évidence que son texte recèle nombre d’expressions pour précisément désigner l’homme. On nomme ainsi tous les êtres puis chacun. Puis arrive le tout individu suivi de tous. On peut aussi citer le toute personne, fréquent, mais aussi le nul sans oublier le rare homme et femme. Arrêtons la lecture au tous et au quiconque, laissant là diverses variations de peu d’intérêt. A vrai dire, sans commettre d’acte sacrilège envers le vénérable texte, sans prétendre non plus en être un exégète même amateur, osons écrire que ces diverses expressions au contenu somme toute différent, se trouvent ainsi assimilées, enrôlées dans ce morceau de l’humanité moderne. On suppose que ces variations vont éviter une lassante répétition, favorisant ainsi la lecture, au moins dans sa langue d’origine.
De toutes ces expressions, presque synonymes, tentons au cours de notre propos de n’en retenir qu’une. Essayons de nous limiter au mot individu, étymologiquement simple et bien affirmé : ce qui ne se divise pas. Sans en être totalement certain, on reconnaîtra qu’il s’agit d’un individu humain, même si, stricto sensu, le ver de terre mérite aussi ce vocable.
Le mot individu accompagne bien notre propos en ce sens où il implique, d’emblée, dans une acception intuitive, diverses notions qui se retrouvent au cœur de notre discussion.
Tout d’abord, l’individu ne se divise pas. De fait, cette négation sous-entend que l’on peut imaginer, tenter peut-être, de le diviser. Un « triste individu », raccourci, comme le rapporte l’expression populaire, par la guillotine, reçoit-il encore ce qualificatif? La tête est tombée dans le panier, exhibée quelquefois. Le reste se voit renvoyé dans un ailleurs, corps sans vie (non sans soubresauts), soudainement devenu inutile. Cet individu-là est divisé ; il n’est plus : il est ôté.
Nous poserons une première question : comment la technique ou la technologie envahissent-elles l’individu au point d’en rendre floue, incertaine, son enveloppe ?
Le mot renvoie ensuite à une autre notion, qui vise à distinguer, dans une collection d’éléments, l’un d’entre eux. Il s’agit de celui qui, en quelque sorte, oppose sa singularité, son unicité à un grand tout qui le contient. L’individu développe une relation avec le reste du monde, que l’on va nommer ici société. Ce faisant, nous posons une caractéristique forte de l’individu sur des expressions empruntées à la topologie : il existe un intérieur qui est individu et un extérieur qui est société. Remarquons que la société, de son côté, possède des propriétés différentes de l’individu ; la première est de survivre, à leur échelle de temps, aux individus qui la peuplent. Nous confirmons bien la nette séparation entre les deux, car leur vie, et donc leur mort, semblent sans rapport. Pour reprendre l’exemple de notre condamné à mort, on va alors affirmer que la pression sociale rompt brutalement la relation en faisant passer à l’intérieur de l’individu un objet invasif, le couperet soigneusement aiguisé. La société exige de pénétrer l’intérieur de cet individu ; voici bien le principe des meilleurs supplices.
On perçoit que la notion de frontière, de limite entre l’intérieur et l’extérieur, joue un rôle fondamental. A cette frontière physique, l’individu va utiliser ses divers sens ; ils vont lui autoriser un supplément d’information pour pouvoir se former un jugement en suivant des critères d’expérience, de valeur morale. Ensuite, peut survenir une phase active, réponse de l’individu à l’environnement qu’il rencontre à ce moment.
Comme postulat, nous posons donc que cet individu sensé doit avoir une perception claire de ce qu’il est. C’est-à-dire que cette frontière, que nous discutons, existe, peut être décrite, rendant par là possible l’inventaire de ce qui se trouve à l’intérieur, sans ambiguïté. Il est aussi possible de connaître ce qui lui est extérieur, ce qui n’en fait pas partie.
Notre deuxième questionnement sera donc : comment la technique perturbe-t-elle la relation entre l’homme et la machine ?
L’individu est conjonction indissociable d’un inné et d’un acquis. Cet inné est, jusqu’à preuve du contraire pour les humains, le fruit d’une rencontre sexuée : deux autres individus produisent un nouvel individu, réponse en forme de projet à leur destin mortel. La rencontre pleine de hasard de deux gamètes donne naissance à un nouvel être, un autre. Par l’inné, ce nouvel être sera doté de propriétés diverses et multiples : la couleur des yeux, l’aptitude à comprendre les mathématiques, une dentition fragile. Ces diverses propriétés déterminent le caractère unique, donc exceptionnel, de l’individu.
De son côté, l’acquis témoigne du passé de l’individu, il raconte son passé. L’ensemble de son savoir participe bien sûr au premier chef dans l’élaboration progressive de cet acquis. Ce savoir peut, dans certains cas majoritairement, déterminer l’individu par confusion entre le savoir-faire et l’être ; on parlera alors du boulanger , du médecin. On désigne à la fois l’homme, la profession, la fonction, le lieu. Les rencontres, elles-mêmes souvent fruit du hasard, orientent sa vie également, quelquefois radicalement et définitivement.
Rendre compte de ces deux notions, l’inné et l’acquis, c’est dire leur caractère intimement mélangé, mêlé au s

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