L objet ancien
134 pages
Français

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L'objet ancien , livre ebook

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Description

Qu'est-ce qu'un objet ancien de nos jours ? À partir de quelle période peut-on considérer un objet comme objet ancien ? C'est un objet toujours vivant mais qui demande une autre définition que celle d'outil ou d'objet décoratif. L'objet ancien porte l'empreinte de la vie d'un autre temps. Les traces visibles et invisibles sur l'objet ancien témoignent de la présence immortelle de la vie et caractérisent l'objet. Comment reconnaître cette vie et définir l'essence de cet objet qui porte la trace du temps et de la main de l'homme ? Ces questions invitent à rechercher les objets anciens apparus dans les oeuvres d'artistes contemporains en redéfinissant leur forme et leur essence au-delà de leur matérialité. Ainsi compris, l'objet ancien définit une notion de l'art contemporain et n'est plus un simple matériau de l'art.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 avril 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782336897660
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection

Collection « Ouverture philosophique »

Série « Arts vivants »
(co-dirigée par Jean-Marc Lachaud, Professeur à l’Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne, et par Martine Maleval, Maître de Conférences à l’Université de Lorraine)

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.
La série « Arts vivants » questionne les enjeux esthétiques et politiques qu’exposent les scènes artistiques.
Dernières publications
Jessica X. DABOIN, La teneur de vérité de l’œuvre d’art autonome dans l’esthétique d’Adorno , 2019.
Ramzi TURKI, Le Net art et l’esthétique du partage, Les murs ont aussi des yeux qui nous regardent, 2019.
Claude COURTECUISSE et Éric VANDECASTEELE (dir.), Art Design, d’un territoire l’autre , 2019.
Davide MESSINA, Pasolini et son chant du signe. Écriture, cinéma, musique , 2018.
Martine BALDACCHINO-GAUTHEY, Vers l’abstraction de l’image cinématographique , 2018.
Xavier LAMBERT (dir), Poïèse/autopoïèse : art et systèmes, 2017.
Mboumba MOULAMBOU, Wilhelm von Humboldt, cet illustre inconnu, 2017.
Nikos FOUFAS, L’aliénation dans la Phénoménologie de l’esprit , 2017.
Georges GAVRILOFF, L’origine du rire , discours comique et imaginaire, 2017.
Saad CHAKALI, Jean-Luc Godard dans la relève des archives du mal , 2017.
Martine MALEVAL, Jean-Marc LACHAUD, Rue des arts. Productions artistiques et espace urbain , 2015.
Manuel NORVAT, Le chant du divers, Introduction à la philopoétique d’Édouard Glissant (2015)
David BRUNEL La photographie vue de dos. Une aventure spéculaire (2015)
Martine MALEVAL Sur la piste des cirques actuels (2014)
Cécile BOËX Cinéma et politique en Syrie 1970-2010 (2014)
Marc JIMENEZ (Dir) L’Art entre fiction et réalité (2014)
Cyril IASCI Le corps qui reste. Travestir, danser, résister ! (2014)
Titre

Ju-Young KIM




L’OBJET ANCIEN

Art et temps contemporain



Préface de Michel SICARD
Copyright
















© L’Harmattan, 2020
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-89766-0
Remerciements

Mes remerciements s’adressent à Michel Sicard, mon directeur de recherche et Nicole Gendry, ma professeure de français
Préface Éloge de l’objet ancien dans les arts et la littérature
Les objets et leur séduction
Les objets nous interrogent et nous regardent plus sûrement que nous ne regardons le monde. Ils sont notre miroir grossissant derrière lequel nous nous cachons souvent, pour masquer nos envies, nos passions. Et aussi notre historicité, dont nous ne savons pas grand-chose, tant il est vrai qu’on ne peut dans notre vécu remonter le temps qu’à quelques générations. L’inertie des objets leur donne des caractéristiques fondamentales, analogues à ce que serait une écriture. De là le côté exemplaire des objets, fermés sur eux comme des astres, tels que les a photographiés Wols par exemple : une ampoule, une lampe avec son abat-jour, un réveil… Baudrillard, dit même des objets qu’ils sont photogéniques : « Les objets, comme les primitifs, ont une longueur photogénique d’avance sur nous : ils sont délivrés d’emblée de la psychologie et de l’introspection. Ils gardent donc toute leur séduction face à l’objectif 1 . »
C’est que l’objet lui-même cristallise ce qui se refuse à la conceptualité et à la pensée de soi. Cet aspect vécu du monde, les processus divers de fabrication des choses, cette poiêsis par quoi nous nous maintenons dans le monde par le produire dans un matériau différent qui échappe à notre constitution, ne vient à nous que parce que ces éléments innommables s’y mirent de tous côté. En ce sens l’objet est notre Autre, notre alter-ego , nous suivons notre propre trace à sa vue, et cet inhumain nous cerne mieux que l’humain que nous sommes. Nous sommes les servants ou les officiants d’un rituel étrange où c’est l’objet qui nous domine, et nous lance, depuis quelquefois longtemps, comme un rayon des origines, sa lumière.
Les objets ne sont pas uniques. Ils prolifèrent aujourd’hui dans un monde insensé. Impossible de faire un musée global des objets, tellement ils sont nombreux et appartiennent à d’innombrables catégories de l’activité humaine ! L’industrialisation a engendré non seulement une production sérielle – qu’avait bien vu Duchamp, avec ses « ready-made » –, mais une course effrénée à l’invention d’objets, et donc un réel problème d’existence, de survivance et de déclin, dans une surabondance de déchets. De sorte que l’objet ancien, rare, décalé, rescapé des catastrophes, parfois unique, finement artisané, apparaît comme une relique flamboyante d’un monde à jamais révolu, qui nous éclaire d’un amour éternel.
Cet objet peut être emblématique du travail de civilisation : la chaise, la lampe, la coupe, la tasse… Les objets de cuisine font aussi un ensemble référencé autour d’une façon de vivre. L’objet touche alors à une archéologie de nos cultures, de nos types d’habitat et de vie. Par les objets nous touchons aux fondements ou aux fondamentaux de notre existence. Entre l’objet et nous se tresse un rapport affectif et filial. Ils sont là avant nous, nous entourent et peuvent durer plus que nous. Ce rapport quasi familial ne porte pas de chronologie stricte, mais il reste ancré dans un passé lointain sur lequel il forge son mythe. Ce caractère ancien est une noblesse qui engage sa lignée. On peut voir ainsi les bougeoirs, les verres et les tasses, dans des styles qui suivent les moyens et l’air du temps.
Classes d’objets
Les catégories d’objets sont nombreuses, pas vraiment étudiées par nos sciences humaines. Quant aux sciences dures, Heidegger nous avait déjà alerté sur leur vision contraignante, loin du réel, par exemple à propos de la cruche : « En l’espèce, dans l’obligation de laisser de côté la cruche pleine de vin et de mettre à la place une cavité où s’épanche un liquide. La science annule cette chose qu’est la cruche, pour autant qu’elle n’admet pas les choses comme le réel qui est déterminant 2 . » Il remarque aussi l’immense vulnérabilité des objets, notamment traités par la science : « Contraignant dans son domaine, qui est celui des objets, le savoir et la science a déjà détruit les choses, longtemps avant l’explosion de la bombe atomique 3 . » Dans l’investissement actuel de la fabrication d’objet, le design, les traitements de formes à l’ordinateur ont affaibli encore davantage la choséité de la chose, lui donnant des contours nets et parfaits, si bien que l’objet lui-même s’efface devant son épure mathématique, son concept. Surtout on manque sa fonction de rassemblement de l’homme avec les éléments naturels de l’univers : la cruche interroge le versement, et donc le lien de l’eau du ciel, ou du vin de la terre, avec nous-mêmes.
Même pour un grand spécialiste nourri de sémiologie comme Jean Baudrillard, le champ d’objets est restreint : structures de rangement, design, robots et gadget, publicité… À chaque époque les matériaux et les usages définissent des champs très vastes, plus tard prétextes à collections : autour du corps (bijoux, toilette, masques), de l’éducation (hochets, poupées, instruments d’écriture), l’ameublement, la guerre, les instruments en tout genre (de mesure, de soin, de musique, de plaisir, de torture). Ils s’étoilent de leurs sens multiples, de leur pauvreté ou leur richesse. Les objets transpirent nos fonctions et nos préoccupations à un moment donné dans l’histoire. Certains sont transculturels. Quelquefois, ils disent notre être-

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