La liberté, la pensée et la mort chez Platon et Montaigne
250 pages
Français

La liberté, la pensée et la mort chez Platon et Montaigne , livre ebook

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250 pages
Français

Description

Il y a chez Platon et Montaigne une réflexion sur la vie et la mort qui présente une similitude : chez aucun d'eux, la vie n'est le bien le plus précieux que l'homme puisse connaître, car le seul bien réel est la liberté de penser le vrai. Dans cet ouvrage est mis au jour le fait que, pour un idéaliste et pour un fataliste, la mort délivre du faux avec, pour conséquence, qu'elle en devient désirable.

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Informations

Publié par
Date de parution 27 décembre 2018
Nombre de lectures 8
EAN13 9782140108969
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Bertrand DEJARDIN
LA LIBERTÉ, LA PENSÉE ET LA MORT CHEZ PLATON ET MONTAIGNE
OUVERTURE PHILOSOPHIQUE Bibliothèque
La liberté, la pensée et la mort chez Platon et Montaigne
Ouverture philosophique Collection dirigée par Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Enrique DUSSEL,Vingt thèses de politique,2018. Fabrice MOUSSIESSI,Essai d’épistémologie comparative chez Imré Lakatos. Pour une nouvelle interprétation de la rationalité scientifique,2018. Alberto DA SILVA, Florence DRAVET, Gabriela DE FREITAS, Gustavo DE CASTRO (dir.),L’imaginaire de la catastrophe dans la communication et les arts, 2018. Dominique PAUL,Entre chair et lumière. De la possibilité d’une distance critique par l’objet-image, 2018. Charles MAURICE,La Société émancipatrice, 2018. Élie VOLF et Michel HENRY,Rationalité en philosophie des sciences, 2018. Sylvie LOPEZ-JACOB et Éric DELASSUS (dir.),Ce que peut un corps,2018. Hichem GHORBEL,Le monde chez Diderot, Connaissance, interprétation et signification, 2018. Pascal GAUDET,Kant, Une sagesse pour notre temps, 2018. Auguste NSONSISSA,Refaire le(s) monde(s) ?, 2018. Gisèle GRAMMARE,Arts et artistes à vol d’oiseaux, Carnets, 2018. Ivan NEYKOV,Être et Bien, Le Bien en tant que le sens de l’Être, 2018.
BertrandDEJARDINLa liberté, la pensée et la mort chez Platon et Montaigne
Du même auteur chez L’Harmattan L’immanence ou le sublime, Observations sur les réactions de Kant face à Spinoza dans la Critique de la faculté de juger, 2001. Pouvoir et impuissance, Philosophie et politique chez Spinoza, 2003. Terreur et corruption, Essai sur l’incivilité chez Machiavel, 2004. L’art et le sentiment, Éthique et esthétique chez Kant, 2008. L’art et la raison, Éthique et esthétique chez Hegel, 2008. L’art et la vie, Éthique et esthétique chez Nietzsche, 2008. L’art et l’illusion, Éthique et esthétique chez Freud, 2009. Éthique et esthétique chez Spinoza, Liberté philosophique et servitude culturelle, 2012 Nietzsche ou la « sagesse sauvage », 2016.© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-16063-4 EAN : 9782343160634
« Penser jusqu'au bout le suprême but mortel de l'humanité – un jour ou l'autre le devoir se concentrera la-dessus. Ne pas vivre pour vivre. »
NIETZSCHE,Fragments posthumes, Automne 1880, 6 [281], p. 523.
Avertissement
Les philosophes sont souvent à la recherche d’une vérité absolue ou d’une réalité immuable à partir desquelles l’univers et le destin humain deviendraient intelligibles ou supportables ; ils nous parlent donc de l’Être, du vrai en soi, du devenir, de la volonté de puissance, de la substance ou tout simplement de Dieu. Or, s’il existe un fait brut qui se produit sans exception et dont personne ne peut nier la réalité, c’est bien la mort. Toutefois, la mort est la seule idée qui ne se substitue à aucune autre, qui n’est comparable ou analogue à aucun autre concept, et qui reste, comme événement, impensable, comme l’avait fait savoir Épicure dans un texte dont on ne peut faire l’économie :
Ainsi le plus terrifiant des maux, la mort, n'est rien par rapport à nous, puisque, quand nous sommes, la mort n'est pas là, et, quand la mort est là, nous ne sommes plus. Elle n'est donc en rapport ni avec les vivants ni avec les morts, puisque, pour les uns, elle n'est pas, et 1 que les autres ne sont plus .
Pour Épicure, la mort n’est pas le plus terrifiant des maux, car il ne nous est pas donné de la penser telle qu’elle est pour cette raison que nous ne pouvons la connaître de notre vivant. Il n’y a donc pas lieu de la craindre, et il
1 ÉPICURE, « Lettre à Ménécée », 125, in M. CONCHE,Épicure, Lettres et maximes, p. 219, Villers-sur-Mer, Éditions du Mégare, 1977.
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La liberté, la pensée et la mort chez Platon et Montaigne
s’ensuit que, si le sage reste insensible face au pire des maux,afortiori, peut-il tenir en respect toutes les autres formes de crainte. Le philosophe peut donc jouir de la vie, au jour le jour, dans la plus totale sérénité.Un commentateur de Montaigne a justement observé que 1 l’argument d’Épicure est un sophisme . En effet, il repose sur une prémisse qui, à bien regarder, n’est pas certaine. Épicure semble oublier que ce n’est pas la mort qui est terrifiante, mais la vie, et que ce ne sont pas les dieux qui sont dangereux, mais les hommes ; il peut construire un raisonnement, certes rassurant et qui pourrait en dire long sur l’angoisse qui le ronge, mais qui, finalement, est aussi inconsistant que faux : comment sait-il que, une fois morts, nous ne sommes plus et nous ne pensons plus. Il s’agit d’une pétition de principe ou d’une croyance et de rien d’autre, car tant qu’un signe déterminant de l’au-delà ne vient pas nous confirmer que la vie continue ou non, nous ne savons pas ce qu’implique la mort. Or, de l’absence de signe, on ne peut rien conclure, car, ou bien il n’y a pas de signe parce qu'il n’y a rien, ou bien il n’y a pas de signe soit parce que l’au-delà est insignifiant, soit parce qu'il produit des signes que nous ne percevons pas.Ex nihilo, nihil: de rien, on ne peut rien déduire. Et quand bien même cesserions-nous, une fois morts, d’être et de penser, en quoi cette perspective d’inexistence totale rend-elle la mort moins terrifiante au motif qu’elle implique un anéantissement immédiat de notre esprit ? Certes, nous ne souffrirons pas d’être morts, puisque, dans cet état, nous ne percevrons et nous ne concevrons plus rien. Mais, avant la mort et jusqu’au dernier moment, nous sentons n’être que peu de chose, et c’est la mort elle-même qui nous force à envisager la contingence ou la dérision de notre propre existence. Épicure peut certes affirmer que, « quand la mort est là, nous ne sommes plus », mais, en fait, et contre lui, 1 H. FRIEDRICH,Montaigne,p. 289-290.
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Avertissement
quand nous sommes ici, elle est toujours-déjà là et parce qu'elle pourrait effectivement n’être qu’une néantisation totale et irréversible de toute vie, elle devient sinon terrifiante, du moins troublante, et cela à tout âge. Épicure a cru pouvoir vivre sans penser à la mort, et, pour ce faire, il lui a donné la forme qui lui convenait pour vivre en paix. Il a donc distingué et séparé la vie et la mort alors que, pour vivre en vérité, et, donc, peut-être pour bien vivre, il faut penser l’une et l’autre. Et c’est alors que le sophisme d’Épicure se renverse et retombe sur de bonnes prémisses : si la mort n’est pas terrifiante, ce n’est pas parce que, morts, nous ne pensons plus, mais parce que, en pensant à elle, nous voyons mieux ce qu’est la vie. La pensée de la mort nous délivre du faux et des craintes inutiles en nous permettant de discerner plus justement ce qui est dérisoire et ce qui ne l’est pas. En nous allégeant du fardeau des vanités, la pensée de la mort non seulement n’est pas terrifiante, mais elle pourrait être la condition d’une existence libre, en réalité.Certaines lectures de Platon, de Montaigne, de Spinoza et de Freud m’ont conduit à trouver chez chacun d’eux, malgré d’irréductibles différences, une méditation sur la mort plus réaliste que celle de notre bon vivant : la question que nos quatre auteurs oseront affronter n’est pas celle de savoir s’il existe une vie après la mort, mais s’il en existe une avant qui soit supportable quelle que soit la façon dont on pense la mort. Il est apparu également, chez nos quatre penseurs de référence, que non seulement la mort est pensable, sinon connaissable, mais que, loin d’être un mal terrifiant, elle se présente comme une délivrance, et parce qu'elle est une délivrance, la mort devient désirable. Toutefois, se diriger dans cette direction ne peut se faire qu’après certains avertissements qui fixent avec précision la ligne de cet ouvrage. Pour des esprits positifs, il faudrait rencontrer des revenants de l’au-delà pour qu’ils nous
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