La Monadologie
83 pages
Français

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Description

Leibniz, tout jeune encore, apprit la philosophie d’Aristote et des scolastiques ; et ce système lui sembla contenir la véritable explication des choses. Bien que déjà familier avec Platon et « d’autres anciens », c’est pour l’Ecole qu’il se prononça.Un peu plus tard, il « tomba sur les modernes » et se mit à les étudier avec la même curiosité, poussé déjà par le désir « de déterrer et de réunir la vérité ensevelie et dispersée dans les opinions des différentes sectes des philosophes ».Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346031924
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Gottfried Wilhelm Leibniz
La Monadologie
PHILOSOPHIE DE LEIBNIZ
I. — IDÉE MAITRESSE
Leibniz 1 , tout jeune encore, apprit la philosophie d’Aristote et des scolastiques 2  ; et ce système lui sembla contenir la véritable explication des choses. Bien que déjà familier avec Platon et « d’autres anciens », c’est pour l’Ecole qu’il se prononça.
Un peu plus tard, il « tomba sur les modernes » et se mit à les étudier avec la même curiosité, poussé déjà par le désir « de déterrer et de réunir la vérité ensevelie et dispersée dans les opinions des différentes sectes des philosophes 3  ». Il lut Keppler, Galilée, Cardan, Campanella, Bacon, Descartes 4 Et ses convictions philosophiques ne tardèrent pas à se modifier, sous l’influence de ces penseurs d’allure nouvelle. « Je me souviens, dit-il, que je me promenai seul dans un bocage auprès de Leipsic, à l’âge de quinze ans, pour délibérer si je garderais les Formes substantielles. Enfin, le Mécanisme prévalut et me porta à m’appliquer aux mathématiques 5 . »
« Mais, continue Leibniz, quand je cherchai les dernières raisons du Mécanisme et des lois mêmes du mouvement, je fus tout surpris de voir qu’il était impossible de les trouver dans les mathématiques et qu’il fallait retourner à la métaphysique. C’est ce qui me ramena aux entéléchies, et du matériel au formel et me fit enfin comprendre, après plusieurs corrections et avancements de mes notions, que les Monades, ou les substances simples, sont les seules véritables substances et que les choses matérielles ne sont que des phénomènes, mais bien fondés et bien liés 6 . »
Leibniz fut donc scolastique d’abord, puis cartésien, avant d’être lui-même. C’est comme par un chemin en zigzag qu’il parvint à la découverte de son idée maîtresse. De plus, cette idée fut, pour lui, le résultat d’une incubation qui dura près de vingt ans, et dont il est possible de suivre les phases principales.
En 1670, il réédite, sur l’invitation de Boinebourg 7 , l’Antibarbare de Nizolius. Et, dans sa préface à cet ouvrage, il prend la défense de l’Ecole. Sa pensée est déjà « qu’il y a de l’or dans ces scories 8  ». Il proteste contre la mode, alors régnante, d’englober Aristote et tous les philosophes du moyen âge dans la même réprobation. Il reproche même à l’auteur d’avoir confondu, avec des scolastiques de second ordre, un esprit tel que saint Thomas d’Aquin 9 . En 1671, il compose sa Théorie du mouvement concret et sa Théorie du mouvement abstrait et prélude, par ces études scientifiques, à sa conception dynamique du monde. Vers la même époque, le baron de Boinebourg l’engage à s’occuper du dogme de la transsubstantiation, avec lequel la théorie cartésienne de la matière semblait incompatible ; et, pendant l’automne de 1671, il écrit à Arnaud une lettre qui va droit au fond du sujet. Il y fait voir que le multiple doit de toute rigueur se réduire à l’un, et que, par conséquent, l’étendue suppose quelque autre chose, un principe plus profond, qui est simple et sans lequel il n’y a plus de substance 10 . Enfin, vers 1685, il arrive à se satisfaire 11 . A partir de ce moment, il est en pleine possession de sa pensée personnelle et ne fait, dans la suite, qu’en développer les riches et multiples aspects. Il y varie à l’indéfini et ses considérations et sa langue. Mais, sous cette diversité d’apparence, on observe toujours la même unité organique : c’est partout la philosophie de la Monade.
Leibniz suit, dans l’exposition de sa doctrine, une sorte de route ascensionnelle, où l’on va de la matière à la substance, de la substance à l’âme et de l’âme à Dieu. En outre, il a tout un ensemble de vues morales qui sont comme l’épanouissement de sa métaphysique et qui constituent une théorie du bien.
Ce sont ses diverses étapes que l’on va essayer de parcourir à nouveau, et dans le même ordre.
II. — LA SUBSTANCE
A ) NATURE DE LA SUBSTANCE. — On peut dire en un sens « que tout se fait mécaniquement dans la nature corporelle » ; mais il n’en demeure pas moins vrai « que les principes mêmes de la mécanique, c’est-à-dire les premières loix du mouvement, ont une origine plus sublime que celle que les pures mathématiques peuvent fournir 12  ». L’essence de la matière demande quelque chose de plus que « la philosophie corpusculaire 13  ».
L’expérience nous apprend que les corps sont divisibles. Et, par conséquent, il faut qu’antérieurement à toute division ils aient déjà des parties actuelles ; car la division ne crée pas, elle ne fait que compter. Les corps sont donc des composés. Or tout composé se ramène à des éléments ultimes, lesquels ne se divisent plus. Supposé, en effet, que l’on y puisse pousser le partage à l’indéfini ; on n’aurait toujours que des sommes, et jamais des unités : ce qui est contradictoire 14 . De plus, ces éléments ultimes ne peuvent être étendus, comme l’ont imaginé les atomistes ; car, si petites que l’on fasse les portions de l’étendue, elles gardent toujours leur nature ; elles demeurent divisibles : c’est encore une pure multitude. Et la raison déjà fournie conserve toute sa force.
Ainsi le mécanisme, quelque forme qu’il revête, n’est que « l’antichambre de la vérité 15  ». La conception de Descartes et celle d’Epicure laissent l’une et l’autre l’esprit en suspens. Une détermination donnée de l’étendue n’est pas plus une substance « qu’un tas de pierres », « l’eau d’un étang avec les poissons y compris 16  », « ou bien un troupeau de moutons, quand même ces moutons seraient tellement liés qu’ils ne pussent marcher que d’un pas égal et que l’un ne pût être touché sans que tous les autres criassent ». Il y a autant de différence entre une substance et un morceau de marbre « qu’il y en a entre un homme et une communauté, comme peuple, armée, société ou collège, qui sont des êtres moraux, où il y a quelque chose d’imaginaire et de dépendant de la fiction de notre esprit 17  ». Et l’on peut raisonner de même au sujet des atomes purement matériels 18 . En les introduisant à la place du continu, l’on ne change rien qu’aux yeux de l’imagination. Au fond, c’est métaphysiquement que les corps s’expliquent 19  ; car « la seule matière ne suffit pas pour former une substance ». Il y faut « un être accompli, indivisible » : substantialité signifie simplicité 20 .
 
En quoi consistent au juste ces principes indivisibles ? quelle est la nature intime de ces « points métaphysiques », qui constituent les éléments des choses et qui seuls méritent le nom de substance ? Sont-ils inertes, comme l’a cru Descartes ? En aucune manière ; et c’est là que se trouve la seconde erreur du mécanisme géométrique.
Lorsqu’un corps en repos est rencontré par un autre corps en mouvement, il se meut à son tour. Il faut donc qu’il ait été actionné de quelque manière ; et, par conséquent, il faut aussi qu’il ait agi lui-même ; car « tout ce qui pâtit doit agir réciproquement 21  ». Ainsi chaque mouvement, si léger qu’il soit, accuse la présence d’une source d’énergie et dans le moteur et dans le mobile qu’il suppose ; et ce même principe d’activité se manifeste également dans la manière dont les corps se choquent les uns les autres. « Nous remarquons dans la matière une qualité que quelques-uns ont appelée l’inertie naturelle, par laquelle le corps résiste en quelque façon au mouvement ; en sorte qu’il faut employer quelque force pour l’y mettre (faisant même abstraction de la pesanteur) et qu’un grand corps est plus difficilement ébranlé qu’un petit. » Soit, par exemple, la figure :

où l’on suppose que le corps A en mouvement re

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