La réalité de la fiction
262 pages
Français

La réalité de la fiction , livre ebook

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Description

À l'heure des fake news et de la « post vérité », une interrogation s'impose : comment distinguer réalité et fiction ? S'il importe d'éviter les confusions et la désinformation, il apparaît que ces deux mots ne sont pas systématiquement antinomiques et que des relations se nouent entre ces concepts, dans la narration, le discours et le récit. Dans quelle mesure les récits peuvent-ils être assimilés à des fictions ? Quelles sont les fonctions de ces récits, parfois instrumentalisés ? La fiction peut d'ailleurs être partie prenante de l'activité scientifique en aidant le chercheur à illustrer, voire à structurer et à finaliser, ses travaux.

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Informations

Publié par
Date de parution 25 juillet 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140127557
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La réalité de la fiction  , , OU DES RELATIONS ENTRE FICTION NARRATION DISCOURS ET RÉCIT
Sous la direction de Benoît Petitprêtre, Sonny Perseil et Yvon Pesqueux
PERSPECTIVES
ORGANISATIONNELLES
La réalité de la fiction
ou des relations entre fiction, narration, discours et récit
Perspectives organisationnelles Collection dirigée par Yvon Pesqueux et Gilles Teneau
C’est depuis l’apparition de la grande organisation comme phénomène social suffisamment important que se pose la question de la construction d’un champ de savoir qui lui soit spécifique, celui des sciences des organisations, la grande entreprise en étant la manifestation concrète majeure. C’est l’action organisée dans cet endroit spécifique qui constitue le matériau empirique et conceptuel et l’enjeu de la création de savoir, ceci venant justifier l’existence de la collection "Perspectives organisationnelles".
L’organisation est à la fois organisée et organisante c’est-à-dire qu’elle cherche à maintenir la socialisation qui lui est inhérente ce qui lui permet en même temps de se maintenir ; elle cherche à relier les agents organisationnels et à se relier, c’est-à-dire à relier les agents organisationnels avec les autres ; elle cherche à produire des biens et des liens ce qui lui vaut d’assurer sa pérennité. L’organisation matérialise l’existence d’un "équilibre" entre des logiques structurelles et celles des agents qui les animent. L’organisation est donc une construction sociale contingente qui prend en compte des objectifs, des conditions d’environnement et la mentalité des agents qui s’y trouvent.
Dernières parutions
Jean BIWOLÉ-FOUDA, Geneviève CAUSSE, et Alexis NGANTCHOU, Théories Des Organisations Africaines, 2018. Gilles TENEAU,La résilience des organisations, Les fondamentaux,2017. Sous la direction deSonny PERSEIL, Yvon PESQUEUX, Yéda Christophe BANAON, Khaoula BEN MANSOUR,Un nouveau regard sur la triche et le mensonge,2017. Société de Philosophie des Sciences de Gestion (SPSG),Le management entre civlisation et barbarie, 2017. Fernando CUEVAS,De la haine à l’amour, Les relations humaines dans la vie privée et professionnelles, 2017. Sous la direction deSophie AGULHON, Franck GUARNIERI, SonnyPERSEIL&Yvon PESQUEUX,La confiance en questions,2016. Sous la direction d’Olivier CRETTE et Anne MARCHAIS-ROUBELAT,Analyse critique de l’expertise et des normes : théorie et pratique, 2015. Sous la direction de Walter AMEDZRO ST-HILAIRE,Perspective stratégique et gestion opérationnelle de l’économie bancaire, 2015
Sous la direction de Benoît Petitprêtre, Sonny Perseil et Yvon Pesqueux
La réalité de la fiction
ou des relations entre fiction, narration, discours et récit
Actes du colloque organisé au Conservatoire national des arts et métiers, le 17 mai 2018
Ouvrage publié avec le soutien du Laboratoire interdisciplinaire de recherche en sciences de l’action (LIRSA)
Maquette, corrections :Confidens
Illustration couverture : Émilie P.
© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique75005 Paris
www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18158-5 EAN : 9782343181585
SOMMAIRE
INTRODUCTION:POURQUOI LA REALITE DE LA FICTION? Benoît Petitprêtre et Sonny Perseil
CHAPITRE1 :LES CONTOURS DE LA FICTION
Comptabilité et réalité de la fiction, fiction et réalité de la comptabilité Sébastien Rocher
Rôle social, entre posture et imposture Jawad Mejjad
La fiction sur le Brésil, le discours sur la France. La représentation du Brésil dans les récits feuilletonesques français de la fin du XIXe siècle (1874-1899). Tanize Costa Monnerat
La conception du temps non naturel et la narratologie moderne dans le cinéma d’Ingmar Bergman Leila Montazeri
À qui appartiennent les héros ? La co-création des fans dans les séries télévisées Monika Siejka
Fake News, la French Touch François Garçon
CHAPITRE2 :UTILISER LA FICTION
Le jeu de l’enfant comme réalité alternative Hubert Camus
Le jeu de rôle grandeur nature : des fictions comme voie d’émancipation Rachel Hoekendijk
Max Havelaar : Du roman de la dénonciation à la fiction inavouée ? Benoît Petitprêtre et Maria-Cristiana Munthiu
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Transparence des finances locales par la comptabilité : réalité ou fiction ? Hamid Bachir Bendaoud Réalités et fictions des récits des demandeurs d’asile Sonny Perseil Transfigurer la réalité de la spécialité pharmaceutique... Rufin Faustin Nzalakanda CHAPITRE3 :L’APPORT DE LA FICTION A LA SCIENCEPour une approche incarnée des études féministes. Penser le corps des femmes, écrire leur expérience vécue Camille Froidevaux-Metterie La fiction comme stratégie d’écriture Eve Lamendour L’imaginaire marchand. Etude exploratoire des représentations du commerce dans le cinéma français, le thème des caissières, 1900-2018 Valérie Charrière-Grillon et Eve Lamendour L’Amérique fait son cinéma : Analyse de la geste kennedienne sur grand et petit écrans Simon Desplanque Comment raconter la digitalisation ? Deux récits dans le secteur de la distribution Bertrand Audrin La fiction en droit : une notion bien réelle Marielle Martin La scientificité des énoncés historiographiques : des évènements fictionnels et non fictifs Nathanaël Wadbled En guise de conclusion : récits et réalité L’importance de la tâche descriptive en sciences de gestion - de l’importance des récits Yvon Pesqueux
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Introduction : Pourquoi la réalité de la fiction ?
Benoît PetitprêtreetSonny Perseil, Cnam/Lirsa
Notre ouvrage collectif présente les actes de la journée d’études organisée au Cnam (Conservatoire national des arts et métiers) à Paris le 17 mai 2018. Ce colloque a réuni une trentaine de chercheurs de disciplines aussi diverses que les sciences de gestion, la sociologie, la philosophie, le droit, la science politique, l’histoire, les études cinématographiques et la littérature. Cette diversité se retrouve également dans les origines des intervenants, de sept nationalités différentes. Que tous les contributeurs voient dans cette introduction un remerciement pour leur participation à cette journée et à cette publication.
Le projet de réaliser cette journée de recherche autour de cette double thématique de la réalité et de la fiction prend sa source dans une succession de manifestations scientifiques au format similaire ces dernières années au Cnam. L’une de ces rencontres avait traité de la triche et du mensonge, cela nous a mis sur la piste de la fiction. La triche, et surtout le mensonge, faisant intervenir des constructions mentales, des récits, la voie s’est en effet ouverte pour aborder la fiction. Mais, avec Searle (1982), nous pensons que « la fiction est beaucoup plus sophistiquée que le mensonge » et qu’à ce titre elle est d’un grand intérêt.
Ainsi, dans l’appel à communications, nous évoquions des situations dans lesquelles se côtoient, voire se mélangent, fiction et réalité, à l’instar de ce que l’on nomme dorénavant la « post vérité », mot de l’année du dictionnaire britannique Oxford en 2016. Nous rappelions que ce phénomène n’est pas forcément nouveau et que l’histoire est pleine de ces moments où, comme dans l’affaire des templiers, la « fabrique » de fausses informations et les libertés prises avec les faits servent à diffuser des nouvelles afin de servir les intérêts et projets du pouvoir (Théry, 2011). Également, et dans un registre plus léger, nous soulignions qu’une poignée de fans du film de Sergio Leone,Le Bon La Brute et le Truand, avait décidé de faire revivre les décors du film à l’endroit où l’une des scènes cultes avait été tournée. Ces deux situations, très disparates et dissemblables, mettent en évidence le lien entre fiction et réalité et que cette
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LARÉALITÉ DE LA FICTION
dernière donne lieu à des représentations et des fictions, qui sont elles-mêmes utilisées à des fins fort différentes, asseoir un pouvoir ou bien divertir.
Nous avions envisagé alors dans l’appel que les contributeurs pourraient se saisir de cette relation entre fiction et réalité, en se focalisant sur des éléments de définition ou de périmètre, afin de relever ce qui va distinguer les fictions d’autres énoncés plus factuels, mais également quelles peuvent être les fonctions de ces récits ainsi mobilisés et enfin quel serait l’apport d’une telle utilisation pour la démarche scientifique.
Avant de présenter les textes des différents auteurs nous voudrions revenir sur certaines caractéristiques des travaux rassemblés ici. Qu’il s’agisse de la façon dont le terme fiction est utilisé ici ou bien de considérer des lieux particuliers de production de ces fictions, les textes en montrent des usages très variés qui offrent un potentiel de compréhension du monde. UNE PERSPECTIVE PLURIELLE DE LA FICTIOND’abord, l’utilisation du terme « fiction », très variable dans les domaines scientifiques, ne va pas sans poser de questions. Ainsi, le mot lui-même, évoque des formes d’expression qui peuvent relever d’une volonté artistique ou ludique. Mais fiction et littérature ne se recouvrent pas et la fiction déborde largement de la littérature, de même que cette dernière n’est pas uniquement fictionnelle. Aussi est-il intéressant de dépasser le « réductionnisme esthète » (Heinich, 2005) qui affecte les analyses menées autour de la fiction. D’un point de vue disciplinaire, la fiction fait par exemple référence à de nombreuses théories et débats dans le domaine littéraire, en philosophie, en anthropologie ou encore dans le domaine des sciences ou du droit (Caïra, 2011). Ainsi, il aurait sans doute fallu utiliser le terme de fiction au pluriel, afin de rendre compte des sens et usages multiples de ce vocable, que l’on parle par exemple d’illusions cognitives, de manipulations, d’entités hypothétiques, ou encore d’intrigues de suppositions (Schaeffer, 2005). Cette multitude de sens constitue la perspective adoptée ici, qu’il s’agisse de la bande dessinée, des séries télévisées ou du jeu de rôle évoqués dans cet ouvrage collectif. LES LIEUX DE PRODUCTION DES FICTIONS ET LE REEL
Cette pluralité des formes de fiction nous amène également à nous intéresser aux lieux de production, et en particulier aux organisations. Sans aller forcément jusqu’à considérer ces dernières comme des fictions – ce qu’affirment certains auteurs (Savage, Cornelissen et Franck 2018) - on peut constater qu’elles en produisent et qu’elles sont elles-mêmes traversées par de multiples fictions. Ces lieux nous mettent ainsi en prise directe avec le réel, et si « réalité et fiction se présentent comme des antonymes » (Flahaut, 2005), c’est surtout la réception qui décide de la dimension fictive du récit.
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INTRODUCTION
L’énoncé binaire « réalité de la fiction » vise à rendre possible le positionnement entre les deux et par ce moyen à franchir les limites disciplinaires et ouvrir des passages, des zones de circulation et de respiration entre ces mêmes disciplines. Avec Schaeffer (2011), nous croyons que « lorsque l’on s’interroge sur la fiction, toute approche mono disciplinaire rencontre très vite des questions pour lesquelles elle a besoin du concours d’autres champs de savoir ». POUR UNE VISION FONCTIONNELLE DE LA FICTIONDans le présent ouvrage, la fiction est essentiellement envisagée comme une relation : entre la fiction et ce qui l’entoure. Cela nous conduit à privilégier une vision davantage fonctionnelle que conceptuelle : nous ne cherchons pas ici à déterminer à tout prix ce que seraient les caractéristiques principales de la fiction. Une fois cela dit, il faut bien constater que vouloir parler de ce qui entoure la fiction, donc supposer un intérieur et un extérieur, semble également délicat, puisque le périmètre de ces fictions devient alors moins accessible. Ainsi sont évoquées les fictions « sérieuses », « inavouées » ou encore les « intrigues de suppositions » (Schaffer, 1999, 2005 ; Rancière, 2017), qui diffèrent des fictions esthétiques ou artistiques.
La plupart des contributions rassemblées ici se placent ainsi dans cette perspective, sans que soient bien évidemment exclues les fictions prises au sens strict de la création d’œuvres (romans, films, séries…). Elles s’attachent souvent à mettre en évidence, décrire ou analyser l’usage qui est fait de ces fictions, pour capter l’imaginaire et « explorer les possibles et donner à voir ce qui pourrait être autre que [ce que le réel] n’est. » (Revault d’Allones, 2018), cette capacité spéciale de la fiction.
Mais comme souvent ce qui n’est pas dit ou montré est aussi important, voire davantage, que ce qui l’est. Aussi, bien que le titre de cette journée fasse figurer à part égale fiction et réalité, nombre de communications s’articulent principalement autour du premier terme. Cette articulation s’appuie également sur les produits dérivés de la fiction ou des récits.
LA CIRCULATION DES RECITS AUX FRONTIERES DE LA FICTION ET DE LA REALITE
La première partie de l’ouvrage présente des contributions qui mettent en avant des formes variées de création (cinéma, bande dessinée, presse) qui éclairent l’articulation de ces fictions avec un univers extérieur. Ici se pose donc la question des frontières de la fiction (Lavocat, 2016) et des relations entre fiction et réel : entre la littérature et la presse, entre cinéma et réel, entre le créateur de fiction et son public, entre un monde professionnel et la fiction, entre l’individu et l’ensemble des rôles qu’il doit tenir. Cette première série de textes montre que la fiction déborde largement du cadre définitoire de la création littéraire ou artistique.
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