Le Ménon
472 pages
Français

Le Ménon , livre ebook

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472 pages
Français

Description

Ce sixième volume des cours de François Fédier a pour particularité de rassembler quatre cours - de facture, de rythme et de tonalité assez différents - tous entièrement consacrés à l'étude minutieuse du même Dialogue de Platon : le Ménon. Ces leçons d'interprétation offrent la possibilité d'entrer pas à pas de plain-pied dans la pensée de Platon à partir de la question posée par Socrate de l'essence de l'excellence. Chaque cours prend la forme d'explications de texte suivies du Dialogue.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 3
EAN13 9782296454729
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE MÉNON
QUATRE COURS
CINQUANTE ET UNE EXPLICATIONS DE TEXTE
DU MÊME AUTEUR
AUX ÉDITIONSLETTRAGEDISTRIBUTION
L’art. Deux cours, une conférence une dissertation, 2000. La raison. La norme. Pour commencer à lire lePhèdre, 2001. Leibniz. Deux cours, 2002. La métaphysique / la finalité, 2003. Martin Heideger. Le temps. Le monde, 2005.
CHEZ DAUTRES ÉDITEURS
Interprétations, Paris, P.U.F, coll. Épiméthée, 1985. Heidegger : Anatomie d’un scandale, Paris, Robert Laffont, 1988. Regarder voir, Paris, Les Belles Lettres/Archimbaud, 1995. L’art en liberté, Paris, Pocket, 2006. Voix de l’ami, Ed. du Grand Est, 2007. Entendre Heidegger et autres exercices d’écoute, Paris, Le Grand Souffle, 2008. L’imaginaire (Cours), Ed. du Grand Est, 2009.
Traductions
Martin Heidegger,Questions II, Gallimard, 1968 (en collab.) Martin Heidegger,Approche de Hölderlin, Gallimard, 1973 (en collab.) Martin Heidegger,Acheminement vers la parole, Gallimard, 1976. Martin Heidegger,Questions IV, Gallimard, 1976 (en collab.) Martin Heidegger,Les Hymnes de Höderlin, Gallimard, 1988 (en collab.) Martin Heidegger,Écrits politiques, traduction, présentation et notes, Gallimard, 1995.
Beda Allemann,Hölderlin et Heidegger, P.U.F, 1987.
Friedrich Hölderlin,Remarques sur Œdipe / Remarques sur Antigone, traduction et notes, Préface de Jean Beaufret, Paris, 1965. Friedrich Hölderlin,Pain et vin, traduction et présentation, Paris, Michel Chandeigne, 1983. Friedrich Hölderlin,Le Rhin, traduction et présentation, Paris, Michel Chandeigne, 1987. Friedrich Hölderlin,Douze poèmes, traduction et présentation, Paris, La Différence, coll. Orphée, 1989.
François Fédier
LE MÉNON
QUATRE COURS
CINQUANTE ET UNE EXPLICATIONS DE TEXTE
Lettrage Distribution
Paris 2011
© SPM-Lettrage, 2011 ISBN : 9782915714043
Lettrage Distribution 34, rue Jacques-Louvel-Tessier 75010 Paris Téléphone : 01 44 52 54 80 Fax : 01 44 52 54 82 Lettrage@free.fr
Section Philosophie dirigée par Fabrice Midal et Hadrien France-Lanord
Avant-propos
Ce sixième volume des cours de François Fédier a pour particularité remar-quable de rassembler quatre cours – de facture, de rythme et de tonalité assez différents – tous entièrement consacrés à l’étude minutieuse et détaillée du même Dialogue de Platon : le Ménon. Chaque année, l’École Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud met au programme du concours d’entrée deux « textes » philosophiques, qui servi-ront de support aux épreuves orales d’admission. Or, au cours du magistère de F. Fédier dans la classe de Rhétorique supérieure du Lycée Pasteur de Neuilly sur Seine, leMénonfut inscrit au programme à quatre reprises (c’est d’ailleurs étrangement la seule œuvre philosophique qui fut ainsi mise plusieurs fois au programme en l’espace de vingt ans) : – en 1981-1982 (en même temps que lesMéditations Cartésiennesde Husserl) ; – en 1990-1991 (en même temps que l’Enquête sur l’entendement humain de Hume) ; – en 1997-1998 (en même temps que lesPassions de l’âmede Descartes) ; – et en 1998-1999, puisque depuis 1995 chaque œuvre, de manière alter-née, reste inscrite deux ans de suite au programme (en même temps que leDe Natura rerumde Lucrèce).
Au rebours de la plupart de ses collègues de Rhétorique supérieure qui pri-vilégiaient « logiquement » la préparation de l’écrit par rapport à celle de l’oral, F. Fédier accordait une attention toute particulière à l’étude de ces « textes d’oral », surtout, bien évidemment, lorsque le choix de l’E.N.S. était inspiré, chaque fois par exemple qu’était proposée une œuvre de Platon ou d’Aristote. Au Lycée Pasteur, les khâgneux optionnaires en philosophie n’étaient pas surchargés par le rythme des dissertations – c’est le moins qu’on puisse dire –, et les fameuses « colles » qui ponctuent en principe le travail de tous les étudiants en classe préparatoire étaient rarissimes. « Sur la pédagogie, Juan de Mairena disait dans ses moments de mauvaise humeur : “Il s’est trouvé un pédagogue, il se nommait Hérode”. » (Antonio Machado,Juan de Mairena, traduit de l’espagnol par Marguerite Léon, Paris, Gallimard, 1955, p. 185). Avant de savoir jongler, il importe en fait d’abord de savoir marcher, ou même simplement : apprendre à se tenir d’aplomb. Les deux seuls exercices scolaires auxquels tenait véritablement F. Fédier sontle protocole etl’explication de texte orale.
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Le protocole est Morceaux choisis :
LEMÉNON simplement le résumé rédigé du cours précédent.
« Le protocole doit pouvoir permettre à quelqu’un qui n’aurait pas assisté au cours précédent de comprendre tout ce qui a été dit. C’est pour vous l’occasion de vérifier ce qui a été compris. Il est temps d’apprendre à écrire. Il faut bannir de votre vocabulaire l’expression “on peut”, parce qu’“on peut” écrire n’importe quoi. Bannissez le conditionnel. Chaque fois que vous avez envie d’écrire “on pourrait dire” ou “on peut dire”, écrivez “ondoitdire”. Vous verrez alors si vous avez vraiment quelque chose àdire! Il faut prendre en charge ce qu’on écrit. Vous ne devez pas écrire dans la timidité. Il n’est pas possible d’écrire un texte dans l’attitude de “celui qui s’excuse de demander pardon”. Quand vous écrivez, devenez votre propre lecteur. Demandez-vous si ce que vous dites fait écran ou est révélateur. Les mots de liaison ne doivent pas être là pour faire plaisir au correcteur, mais pour indiquer le rapport entre deux phrases qui vont ensemble. » (13 oct. 1997)
« Remarque sur le protocole : La fin du protocole doit permettre de commencer le cours immédiatement. Il s’agit au fond de donner une formeaux choses. Il faut cesser d’être confortablement assis dans le rôle d’élève. Vous devez arriver à dire ce que vous pensez et à en prendre la responsabilité. Pour cela, il faut être de plus en plus attentif à ce que l’on dit. Pensez à ce que dit la locution “présence d’esprit”. (…) La présence d’esprit ne peut s’acquérir qu’enétant présent. »(23 nov. 1998)
« Dans le protocole, il faut arriver à être uniquement objectif. Au début, on ne doit s’autoriser aucune liberté. Et une fois qu’on l’a com-pris, il faut apprendre à être libre. » (26 nov. 1998)
« Remarque sur le protocole : Tout ce que nous avons dicté n’a au fond rien à voir avec le cours. Il y a vraiment un intérêt à faire le proto-cole detoutce qui a été dit. Le simple fait qu’untel soit là ou pas peut complètement changer le mouvement du cours. À mes yeux, il est essentiel par exemple de noter que le cours d’aujourd’hui n’a pas eu lieu dans la salle habituelle – cela met un cadre. “Quand allez-vous faire des cours de manière centrée ?”, m’a-t-on dit un jour. Eh bien, cela, je m’en fiche ! » (9 nov. 1998)
AVANT-PROPOS9 Si le protocole est donc bien l’exercice qui permet à tout élève d’apprendre à écrire, l’explication de texte orale de son côté est l’exercice qui permet d’ap-prendre à lire. Si cette explication a une forme canonique qu’il importe de bien respecter, elle n’est pas pour autant un exercice formel. Il faut donc bien com-prendre de quoi il s’agit :
« Comment faire concrètement une explication de texte ? Comment le faire correctement si l’on n’a pas d’avance une appréhension solide de ce qu’est en réalité un texte ? Énonçons pour commencer les diverses étapes de l’explication de texte : la situation, la lecture, l’idée générale du texte, l’articulation, l’explication de détail, la conclusion. On com-mence par situer le texte, parce qu’il ne peut pas être comme un aéro-lithe tombé du ciel. Situer le texte, c’est le mettre dans un site, lequel peut être très abstrait ou au contraire d’une suffisante précision pour laisser ainsi dire le texte se développer de lui-même. [Puis, sans dicter:] Le premier qui explique un texte est l’auteur lui-même. Il y a dans un texte la prétention de dire et du même coup d’être en rapport à une langue. Dans un texte, le fait de parler est au cœur de ce qui est dit. Un texte fait apparaître ce que c’est que dire. Un texte parle dans une langue. Parler véritablement implique l’attention à l’es-prit de la langue, c’est-à-dire à la pensée de la langue. Un texte doit vous interloquer, vous couper la parole pour laisser parler la vraie parole. La plupart du temps, nous parlons pour ne rien dire, un texte se place d’emblée en dehors de cette situation. Il faut laisser parler le texte, ce qui signifie aussi lui poser des questions. Le texte parle quand il est interrogé comme il faut. Cette situation est typiquement humaine : pour comprendre et savoir questionner, il faut déjà d’une certaine manière avoir compris. » « Après la situation, il faut lire le texte (si c’est possible). Le lire de la manière la plus intelligible possible, c’est-à-dire en anticipant par la lecture sur l’explication. Le troisième moment de l’explication, le plus risqué parce que c’est de lui que dépend tout le reste, consiste à énoncer ce qui forme l’unité génératrice du texte expliqué. (…) Aussitôt après l’idée générale, on donnel’articulation du texte(ce qui est le plus facile). (…) Une fois le plan terminé, on abordel’explication de détail… » (20 oct. 1997)
Nous voilà au cœur de la question : l’explicationde détailn’est évidemment pas l’explication des détails du texte – comme on parle de « détails sans impor-tance ». Il faut ici entendre le détail au sens mouvementé du terme, où il dit alors
10LEMÉNON dans notre langue quelque chose comme le partage. Dans le cadre de l’explica-tion de texte, il s’agit bien sûr d’exposer ou plutôt de déplier le texte dans toutes sesparticularitéset avec laminutieattentive qu’exige une lecture ligne à ligne et surtout mot à mot. Mais ce « détaillage » pédagogique, avec tout ce qu’il peut compter d’excessif, ne risque-t-il pas de faire perdre de vue l’unité essentielle du texte ? Dans ces explications de détail, ne risque-t-on pas tout bonnement de tourner le dos à la pensée de Platon (et d’oublier ainsi les célèbres théories dont leMénonpasse précisément pour être le berceau, la théorie de la réminiscence comme la théorie des Idées) ? À coller les yeux trop près du texte, ne risque-t-on pas purement et simplement de ne plus rien voir du tout ? C’est que nous n’entendons pas encore ledétailde manière suffisamment fine. Le détail parle évidemment à partir de lataille. Détailler, nous rappelle le Robert historique de la langue française, a en ancien français le sens d’« éche-veler », c’est-à-dire « séparer les mèches de cheveux comme en les taillant » – e et plus généralement, et jusqu’au 17 siècle, il a le sens de « mettre en pièces ». Cette dernière expression ne parle aujourd’hui que dans le registre de la bou-cherie et du commerce de détail ou bien dans celui de la guerre – et ne peut donc plus nous faire entendre quoi que ce soit. Malgré cela, dansl’explication de détailvibre encore toute la dimension é-mondante de la taille :
« Tailler v. tr. est issu (…) du bas latintaliaredont le sens premier a dû être “élaguer” (en arboriculture) et de là “couper” en général. (…) En français, le mot signifie d’abord “couper, trancher avec une lame”, sens sorti d’usage dans plusieurs de ses emplois anciens : “couper des mor-ceaux (par exemple de viande)”, “frapper avec le tranchant de l’épée”. Ce dernier emploi est cependant à l’origine de la locutiontailler en pièces (1559, au figuré, dans un contexte militaire). Les emplois spéciaux du verbe en art “sculpter”, en chirurgie (1562) sont également sortis d’usage. Tailler est resté courant avec l’idée de “travailler (une matière, un objet) au moyen d’un instrument pour lui donner une certaine forme en retran-chant ce qui est inutile” (1050), notion réalisée en confection pour “cou-per (un vêtement)”, d’oùtailleuret la locution figuréetailler des bavettes (1690), puis tailler une bavette (1842) “bavarder”. Cette acception s’est e aussi spécialisée en sculpture (fin 12 s.) et, renouant avec le sens étymo-logique, en arboriculture (1283). Par extension, cette idée a donné lieu au sens figuré de “prendre pour soi”, à la forme pronominalese tailler qqch. (1841), d’oùse tailler un franc succès. Certains sens anciens ont totale-ment disparu, ainsi le sens figuré d’“établir, fixer, instituer”… » (Robert historique de la langue française)
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