Le monde à l'envers

Patrick Traube

Description

Aujourd'hui, les sciences de la matière portent un nouveau regard sur le monde et l'univers. La réalité que donne à voir et à penser la physique des particules s'avère radicalement différente de celle à laquelle nous avait habitués la science classique, celle que nous avons apprise sur les bancs de l'école. Cette mutation scientifique nous incite aussi à changer notre regard sur notre monde intérieur et notre intersubjectivité. Des abstractions de la physique au vécu quotidien, se profilent alors d'étranges accolades.

Sujets

• Psychiatrie
• Psychanalyse
• Psychologie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 05 février 2020
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782336893112
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Sciences et Société fondée par Alain Fuchs et Dominique Desjeux et dirigée par Bruno Péquignot
Dernières parutions
Nicolas TANTI-HARDOUIN, La reproduction sociale de la santé. Inégalités de santé : responsabilité individuelle ou destinée sociale ?, 2019.
Jean-Luc MATHIEU, Prévention : quels enjeux de Santé publique ! Analyse de politiques publiques , 2018.
Jacques JAFFELIN, Théorie de l’information générale ou la « quatrième vexation » , 2018.
Claudine PÉREZ-DIAZ, Sciences et action publique : un mariage fécond. L’exemple de l’alcool au volant , 2017.
Philippe SALIGNAC, Les espaces du travail, Prévention et santé au travail, 2017.
Gérard ALLAN, Points de vue thermodynamiques sur notre quotidien, Société et thermodynamique , 2016.
Xavier MOREAU, Vieillissement et vulnérabilité, Comment rendre moins difficile le retour de la vulnérabilité , 2016.
Jacques JAFFELIN, Où va la civilisation ? Ethique pour un monde humain réconcilié avec ce dont il est issu , 2015.
Anne CHATEAU et Odile PIQUEREZ, Le syndrome d’Angelman. Parcours de vie des adultes , 2015.
Anne CHATEAU, Le syndrome d’Angelman. Regard sur une maladie neurogénétique rare , 2013.
Laurence BRIOIS VILMONT, L’imagerie médicale. La fabrique d’un nouveau malade imaginaire , 2013.
Olivier NKULU KABAMBA, L’assistance médicalisée pour mourir. Les soignants face à l’humanisation de la mort , 2013.
Jean-Pierre BENEZECH, Une éthique pour le malade. Pour dépasser les concepts d’autonomie et de vulnérabilité , 2013.
Suzy COLLIN-ZAHN et Christiane VILAIN, Quelle est notre place dans l’univers ? Dialogues sur la cosmologie moderne , 2012.
Blanchard MAKANGA, Nature, technosciences et rationalité. Le triptyque du bon sens , 2012.
Béatrice GRANDORDY, Charles Darwin et « l’évolution » dans les arts plastiques de 1859-1914, 2012.
Titre


Patrick T RAUBE






Le monde à l’envers
Un autre regard sur le monde et sur nous-mêmes
Copyright

























© L’H ARMATTAN , 2020 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 978-2-336-89311-2
Remerciements
Mes remerciements vont à Louis DARMS, Jean GOFFIN et Jacques VANAISE qui m’ont aidé à regarder le monde … à l’envers.
Exergue
« Le monde ne cesse de s’enrichir de nouvelles données À la fois techniques, socio-économiques et culturelles. Or, ces données induisent, dans notre conscience et par un phénomène de réciprocité ou de miroir, une nouvelle intelligence des choses…
La conjonction, aujourd’hui, possible, des théories relevant de la physique moderne et des conceptions déduites de la psychologie dynamique suggère une sorte d’identité ou de parallélisme entre l’univers physique et l’univers psychique. En effet, certains indices donnent à penser que les phénomènes psychiques sont en relation énergétique avec le fondement vibratoire de la matière. D’autant plus que l’énergie psychique, pour peu qu’on puisse la caractériser, est parmi les énergies vitales, celle qui s’apparente le plus à l’énergie quantique et ondulatoire. D’où la tentation de concevoir un univers psychique non totalement étranger à celui de la matière et, inversement, un monde matériel possédant une sorte de psyché latente. » (Jacques VANAISE)
A LLEGORIE : T RISTAN , Y SEULT ET LE PHILOSOPHE AUX LUNETTES CARREES
Quand Tristan était petit garçon, cent fois on lui dit :
« Plus tard, lorsque tu seras marié et que femme sera tienne… » ou encore : « Plus tard, lorsque tu seras grand et que tu auras des enfants… » Tristan conclut qu’il épouserait Yseult et lui ferait une progéniture nombreuse. On tint semblable langage à Yseult, qui conclut de semblable façon. Les enfants sentent avec acuité ce que les Grandes Personnes veulent dire. Très attentifs aux formes grammaticales ; ils comprennent vite la différence entre le conditionnel « si » et l’inconditionnel « lorsque », entre l’article indéfini « un » et le possessif « mon ». Ils aiment aussi faire joujou avec l’auxiliaire « avoir ».
Un soir d’été, Yseult surprit une conversation entre ses parents. Il était question de leurs voisins de palier. La mère disait en épluchant les patates : « Tu sais, nos voisins, Sandrine Hyon et Prince Sarment ? » – « Ben quoi ? » fit le père en tirant sur l’embout de sa pipe. – « On raconte qu’ils vont divorcer. (bref silence)… C’est triste l’échec d’un couple ! ». Philosophe, le père répliqua : « Bah ! Ils sont jeunes ; ils referont leur vie ».
La petite Yseult fut remplie d’admiration pour la logique des Grandes Personnes et s’initia ainsi aux vertus de l’algèbre. Dans un coin vierge de son cortex frontal (au nord-est de la scissure de Sylvius), elle inscrivit sa première équation :
1
Yseult fut rassurée en pensant qu’un lit défait le matin peut être refait le soir. Puisque VDF = VAR 2 , rien ne se perd. Ce soir-là, on donna « Éternel Retour » à la télé.
Tristan et Yseult grandissaient en grâce et en sagesse. Ils devinrent deux beaux adolescents aux boucles blondes. Derrière leurs lunettes à montures carrées, leurs yeux regardaient vivre les Grandes Personnes. Mais ils commençaient aussi à s’initier par eux-mêmes aux choses de la vie. Un jour qu’Yseult étudiait son cours de Physique (il y était question des trois états de la matière), elle surprit une conversation entre ses parents et sut qu’ils parlaient d’elle.
La mère disait : « Elle m’inquiète la petite ; elle s’intéresse beaucoup trop aux garçons et butine comme un papillon » – « C’est de son âge, fit le père, aussitôt qu’elle aimera vraiment, elle se fixera assurément ». Ainsi, pensa-t-elle, l’amour fixe. Sans doute est-il à la Relation ce que l’état solide est à la Matière. Elle inscrivit une nouvelle équation :
3
Comme son maître, le professeur Hosoffe, lui avait déjà expliqué la différence entre l’« essence » et l’« accident », elle sut que la stabilité était une propriété essentielle de la molécule d’amour mais que, soumise au contact pressant d’électrons séducteurs, celle-ci éclatait comme une grenade fumigène dans un ciel de manif.
Yseult et son maître Hosoffe devinrent amis. (Affublé du doux prénom de Philémon, il aimait qu’en hommage à ses exploits de la dernière guerre – celle de 68-68 – on l’appela « Phil »). C’était un garçon très sympathique, très savant. Et puis, lui aussi portait des lunettes carrées. Yseult le présenta à Tristan. À partir de ce jour, ils furent inséparables. Ils passaient des heures entières à deviser des événements du monde et du comportement des hommes.
Yseult aimait beaucoup Tristan. Mais un jour, très troublée, elle s’aperçut qu’elle aimait aussi Phil. Comme ils s’étaient jurés de tout se dire, elle s’en ouvrit à ses compagnons. Phil fit éclater un rire sonore : « peut-on aimer d’amour deux êtres à la fois ? Une telle prétention n’est que sottise. Ce que l’on donne à l’un, il faut bien le prendre à l’autre. » Phil expliqua alors ce qu’il nommait la Règle d’Or : les choses de la vie sont bâties sur la loi des contraires qui se repoussent comme blanc et noir, jour et nuit, vérité et erreur… Sur cette lancée, il initia ses deux compagnons aux arcanes de la Mécam (mécanique amoureuse). Il insista sur la nécessité de se bien inspecter soi-même avant de se coupler, de jauger avec objectivité les qualités de ses propres rouages et dispositifs de propulsion tant il est vrai qu’écrous et boulons doivent s’ajuster correctement si l’on veut que le couple baigne dans l’huile. Il les prévint aussi (pour leur éviter toute surprise désagréable) que les filetages tendent à s’user avec le temps mais qu’avec un peu de bonne volonté on finit toujours par s’en tirer. Il leur chuchota à l’oreille qu’en dernière extrémité, on pouvait rejouer le coup du Voyage à Venise et se jurer, les yeux da