La leçon de philosophie de Socrate à Epictète
167 pages
Français

La leçon de philosophie de Socrate à Epictète , livre ebook

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167 pages
Français

Description

Les Entretiens d'Epictète, notes de cours rédigées par un disciple, éclairent la problématique de la leçon et sa place dans la réflexion pédagogique antique et moderne. La leçon de philosophie a eu dès l'origine la particularité d'être à la fois une leçon comme une autre et une leçon qui ne ressemble à aucune autre. Les Entretiens montrent une évolution majeure de la leçon en tant qu'espace du discours à l'heure du stoïcisme héroïque : ils portent à des sommets les schémas hérités du socratisme fait pour interpeller et y ajoutent une fonction de subversion venue du cynisme. Epictète fait ainsi de la leçon philosophique un modèle.

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Publié par
Date de parution 01 décembre 2017
Nombre de lectures 28
EAN13 9782140053580
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

ÉDUCATION &
PHILOSOPHIE
Jeàn Lombard
La leçon de philosophie de Socrate à Épictète LectuRe DesEntretiens
La leçon de philosophie de Socrate àÉpictète
Éducation et philosophie
 Collection dirigée par Bernard Jolibert et Jean Lombard
Éducation et philosophie,créée en 1994,accueille des études et des textes philosophiques qui traitent des problèmes généraux de la formation des hommes et qui visent à élucider les conditions et lesdémarches de l’action éducative.
 Derniers ouvrages parus
Bernard JOLIBERT,Morale et philosophie, 2017. Bernard JOLIBERT,L’unité politique et la diversité. Autour du «vivre ensemble », 2016. Josiane GUITARD-MOREL,La relation éducative au siècle des Lu-mières,2015. Julie DUMONTEIL,Nietzsche et l’éducation,2015.Jean LOMBARD,La démarche et le territoire de la philosophie.Six par-cours exotériques, 2014. Bernard JOLIBERT,De l’usage des mots en- isme en philosophie,2014. Michel SOËTARD,Méthode et philosophie, la descendance éducative de l’Emile,2012. Jean-Louis VIVÈS,Les devoirs du mari, 2011. Jean-Louis VIVÈS,L’éducation de la femme chrétienne, 2010. Bernard JOLIBERT,Questions d’éducation. Finalités politiques des insti-tutions éducatives, 2009. Bernard JOLIBERT,Montaigne, l’éducation humaniste,2009.  Anne-Marie DROUIN-HANS,Relativisme et éducation, 2008.  Bernard VANDEWALLE,Kierkegaard, éducation et subjectivité, 2008. Sylvain MARÉCHAL,Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes,2007. Jean-Yves FRÉTIGNE,Les conceptions éducatives de Giovanni Gentile. Entre élitisme et fascisme, 2007. Jean LOMBARD (études présentées par),L’école et la philosophie,2007. Jean LOMBARD (études présentées par),L’école et les sciences, 2005. Bernard JOLIBERT,Auguste Comte, l’éducation positive, 2004. Jean LOMBARD,Hannah Arendt, éducation et modernité, 2003. Jean LOMBARD (études présentées par),L’école et l’autorité,2003. Yves LORVELLEC,Culture et éducation, 2002. Yves LORVELLEC,Alain,philosophe de l’instruction publique, 2002. Bernard VANDEWALLE,Kant, éducation et critique, 2001. Jean LOMBARD (études présentées par),savoirsL’Ecole et les , 2001.
Jean LOMBARD
LA LEÇON DE PHILOSOPHIE DESOCRATEÀÉPICTÈTE Lecture desEntretiens
Du même auteur chez le même éditeur Aristote. Politique et éducation, 1992. Bergson. Création et éducation, 1997. Platon et la médecine. Le corps affaibli et l’âme attristée, 1999.L’école et la cité,1999.L’école et les savoirs,2001. Peinture et société dans les Pays-Bas du XVIIe siècle. Essai sur le discours de l’histoire de l’art, 2001.L’école et l’autorité,2003.Hannah Arendt. Éducation et modernité,2003. Aristote et la médecine. Le fait et la cause,2004. L’école et les sciences,2005. L’épidémie moderne et la culture du malheur. Petit traité du chikungunya, 2006.Philosophie de l’hôpital*,2007. L’école et la philosophie,2007.Philosophie de l’épidémie. Le temps de l’émergence*,2007.Éthique médicale et philosophie. L’apport de l’Antiquité,2009. La démarche et le territoire de la philosophie. Six parcours exotériques, 2014. La pratique, le discours et la règle. Hippocrate et l’institution de la médecine, 2015. Philosophie du vieillir. Existence et temporalité dans la pensée antique, 2017.Du même auteur chez d’autres éditeursIsocrate. Rhétorique et éducation, Klincksieck, 1990.Philosophie et soin*,éditions Seli Arslan, 2009.Philosophie pour les professionnels de la santé*,éditionsSeli Arslan, 2010. Philosophie de l’altérité*,éditions Seli Arslan, 2012.*en collaboration avec Bernard Vandewalle© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13671-4 EAN : 9782343136714
I L’espace du discours
et l’invention de la leçon ne problématique complexe de l’oralité, de la textualité et Umême d’une certaine façon hanté la philosophie antique. plus généralement de latransmissibilité a parcouru et a La lettre-préface qu’Arrien, leur rédacteur, a placée en tête des Entretienstexte grec du stoïcisme romain tardif, en d’Épictète, porte encore nettement la marque, malgré la prudence de son énoncé : j’ai voulu, dit-il en substance, conserver pour un usage futur et exclusivement personnel la trace de ce qu’Épictète a dit à ses élèves, en respectant si possible les mots qu’il a employés. D’emblée, il s’agit donc de confier à l’écriture la fonction de conservation d’une spontanéité et d’un franc-parler (parrêsia) qui sont liés à l’oralité des propos et cela sans aucunement vi-ser, ajoute Arrien, d’éventuels lecteurs : à l’en croire, c’est par le plus grand des hasards que cet écrit a finalement été connu du 1 public, car lui-même ne l’a jamaispublié.  L’essai de transcription d’une conversation vivante (et qui tire largement sa valeur de cette vie même) est encore ressenti, au Ier siècle après J.-C., comme un exercice à haut risque. Épic-tète a échangé librement chaque jour avec ses auditeurs et c’est sur le moment, pourrait-on dire, qu’il a, par cet échange, « exci-té » ou « entraîné » leur esprit. Mais si l’effet qu’il a produit et
1 E., Préface, 1-4. Nous avons consulté les éditions desEntretiensJoseph de Soulhié, C.U.F., Les BellesLettres, Paris, 1948 (notamment pour le texte grec), de Robert Muller chez Vrin, Paris, 2015, et d’Emile Bréhier dansLes Stoïciens, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1962.
8La leçon de philosophie de Socrate à Épictèteles résultats qu’il a obtenus sont caractéristiques du « discours des philosophes », il est douteux que leur transcription puisse les garder dans leur authenticité ou en permettre réellement la répétition : si, comme on peut le craindre, le lecteur desEntre-tiens,conservéspour une méditation ultérieure,n’éprouve pas ce que l’auditeur avait éprouvé en présence du maître, ce sera sans doute un peu la faute d’Arrien, qui d’ailleurs bat sa coulpe par avance, mais ce sera surtout en raison de l’impossibilité, pour tout écrit, de quelque genre qu’il soit, de reconstituer - au sens plein du terme de constituer de nouveau - une authentique 1 démarche philosophique .  Arrien, homme d’État-philosophe comme son époque en a connu beaucoup, disciple enthousiaste et zélé d’Épictète - et qui 2 se voyait bien en nouveau Xénophon - s’inscrit tout naturelle-ment dans la perspective exposée à différentes reprises par Pla-ton, du rapport privilégié de la philosophie avec l’oralité. Du reste, les textes antiques étaient tous, à des degrés divers, desti-nés à être dits ou lus en public : c’est le cas desDialogues de Platon, des plus austères traités aristotéliciens et même, comme 3 l’avancent plusieurs spécialistes, des textes présocratiques . La question de la part qu’il faut faire à ce qui a été rédigé par Ar-rien et à ce qui a été simplement retranscrit par lui à partir des paroles effectivement prononcées par Épictète rejoint donc en réalité celle, beaucoup plus vaste, que pose la littérature philo-sophique de l’Antiquité considérée dans son ensemble, toujours intermédiaire entre prises de notes plus ou moins réécrites (hy-pomnéma) et compositions entièrement élaborées (syngramma).
1 E, préface, 5-8. On notera en 8 une opposition nette entre deux hypothèses, l’une, convenue, de l’insuffisance personnelle d’Arrien, et l’autre, conforme à la tradition classique, de la faiblesse statutaire de l’écrit : la première est évo-quée comme contingente (tuchon) et l’autre comme nécessaire (anagkè). 2  Sur Arrien, voir les indications données dans I. et P. Hadot,Apprendre à philosopher dans l’Antiquité. L’enseignement du « Manuel d’Epictète » et son commentaire néoplatonicien,Générale Française, Paris, 2004, pp. Librairie 13-21. 3 Sur l’analyse du linguiste Antoine Meillet, cf. Pierre Hadot,La philosophie comme manière de vivre,Albin Michel, Paris, 2001, pp. 93-94.
L’espace du discours et l’invention de la leçon 9En réalité, cette problématique en cache une autre, dans la me-sure où le règne de l’oralité lui-même a sa source dans le lien étroit et constant entre la philosophie et son enseignement, ce-lui-ci prenant appui sur l’échange verbal et plus précisément sur le système question-réponse.  Ce modèle prévaudra jusqu’à la fin de l’Antiquité et même, au-delà, jusqu’à l’époque de la scolastique. D’une certaine fa-çon, alors que dans l’Antiquité la philosophie se pratique plus qu’elle ne le fera jamais dans desécoles, le maître n’est pas celui qui écrit mais celui qui donne desleçons- même si le mot n’existe pas encore comme tel, le lexique ayant pris, comme souvent, du retard sur l’invention. Tout au plus les textes écrits auront-ils une place nouvelle quand s’installera, plus tard, la pratique de l’explication de textes, qui concernera les écrits de Platon, d’Aristote, des épicuriens, des stoïciens : il fallait pour cela qu’il y eût d’abord des textes et qu’une tradition les rendant en quelque sorteclassiquesse constituât.  Lire et commenter les textes est une activité qui fera partie intégrante du programme quotidien de l’école d’Épictète, juste avant le moment où ont lieu lesEntretiensproprement dits,qui sont un libre prolongement de la lecture. Le livre I mentionne la préoccupation que l’on doit opposer courageusement à l’envie matinale dedormir encore un peu: il faut,dès l’aube,dit Épic-tète comme en confidence, « se remettre en mémoire les textes 1 qu’il faudra commenter » un peu plus tard, car en aucun cas un 2 tel commentaire ne peut être confié à l’improvisation . 1 E, I, 10, 8. 22 Au 1er siècle après J.-C., l’explication des textes fondateurs est à l’honneur. Chez Epictète, elle occupe le premier temps de la séance, l’entretienconsti-tuant la seconde, à partir des questions soulevées par les textes, ou à poser aux textes, ou liées à l’actualité. Chrysippe, Platon, Diogène, Epicure, Antipater, Xénophon sont le plus souvent cités, avec la poésie homérique et les drama-turges. Les détails de la première partie consacrée à la lecture ne nous sont pas connus. À noter que le chapitre XLIX duManuelen mentionne l’utilité : pour suivre la nature, il faut la comprendre et donc « suivre celui qui l’explique », comme Chrysippe puis, si on ne comprend pas les écrits de Chrysippe, suivre celui qui à son tour les explique. Même point de vue dans lesEntretiens, I, 17.
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