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Description
Sujets
Informations
Publié par | L'Harmattan |
Date de parution | 01 octobre 2010 |
Nombre de lectures | 182 |
EAN13 | 9782296707245 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Les devoirs du mari
Education et philosophie
Collection dirigée par Bernard Jolibert et Jean Lombard
Education et philosophie accueille les études et les textes philosophiques qui traitent des problèmes généraux de la formation des hommes et qui visent à élucider les conditions et les démarches de l’action éducative.
Déjà parus
Jean LOMBARD Aristote, politique et éducation , 1994.
PLUTARQUE Traité d’éducation , et trad. de Danièle Houpert, 1995.
W. JAMES Conférences sur l’éducation , trad. de Bernard Jolibert, 1996.
L.-R. de LA CHALOTAIS Essai d’éducation nationale ou plan d’études pour la jeunesse , présentation de Bernard Jolibert, 1996.
Jean LOMBARD Bergson, création et éducation, 1997.
Bernard JOLIBERT L’éducation d’une émotion, 1997.
ROLLIN Discours préliminaire du Traité des études , 1998.
Claude FLEURY Traité du choix et de la méthode des études , 1998.
Jean LOMBARD (études réunies et présentées par) Philosophie de l’éducation, questions d’aujourd’hui : l’Ecole et la cité, 1999.
Bruno BARTHELMÉ Une philosophie de l’éducation pour l’école d’aujourd’hui, 1999.
Gérard GUILLOT Quelles valeurs pour l’école du XXIème siècle ? , 2000.
Jean LOMBARD (études présentées par), L’Ecole et les savoirs , 2001.
Bernard VANDEWALLE Kant, éducation et critique , 2001.
Yves LORVELLEC Alain, philosophe de l’instruction publique, 2001.
Yves LORVELLEC, Culture et Education , 2002.
Jean LOMBARD (études présentées par) L’école et l’autorité, 2003.
Jean LOMBARD Hannah Arendt, éducation et modernité , 2003.
Bernard JOLIBERT Auguste Comte, l’éducation positive , 2004.
Jean LOMBARD L’école et les sciences , 2005.
Sylvain MARÉCHAL Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes, texte présenté par Bernard Jolibert, 2007.
Jean LOMBARD (études présentées par) L’école et la philosophie, 2007.
Bernard JOLIBERT Montaigne, l’éducation humaniste, 2009.
Jean Louis VIVÈS, L’éducation de la femme chrétienne , 2010.
Jean-Louis V IVÈS
Les devoirs du mari
Traduction de
Pierre de Changy
Adaptation, introduction et notes
de Bernard Jolibert
Postface
d’Amélie Adde
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12844-6
EAN : 9782296128446
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Introduction
De l’instruction des femmes à l’éducation des maris
JEAN-LOUIS VIVÈS (Joan Lluis Vives en valencien, Ioannes Lodovicus Vives en latin) naquit à Valence (Espagne) en 1492 ou 1493. Juif converti au catholicisme, ami d’Erasme, de Guillaume Budé, de Thomas More, il fut à la fois théologien, philosophe et pédagogue {1} . S’il quitta très tôt l’Espagne, c’est sans doute autant par crainte de menaces de l’Inquisition que par souci d’étudier dans une université réputée. On le trouve à la Sorbonne, mais il est vite déçu par le faible niveau des études, de sorte qu’en 1512 il rejoint Bruges et s’y établit. Il revient plusieurs fois vers Paris. En 1523, suite à des conflits théologiques avec les Jacobins de Louvain, on le retrouve à Oxford où il enseigne avec succès les Humanités et le Droit. L’amitié du cardinal Wolsey et l’admiration insistante du roi Henri VIII l’ont poussé à rejoindre l’Angleterre. Sa charge est précise : « Il doit être le semeur et le planteur de la langue latine ; il prendra le titre de Lecteur ou Maître en Humanités. C’est lui qui est chargé d’ôter de notre jardin les racines et les broussailles de la barbarie et de faire en sorte que cette langue donne des germes et des pousses vigoureuses […]. Il commencera vers huit heures du matin les leçons publiques dans la grand’salle du Corpus Christi Collège ; elles auront une durée d’une heure ou un peu plus, et seront données tous les jours ouvrables et même les jours de fête non chômés de l’année. » {2} Il commente alors les classiques latins, Cicéron, Quintilien, Virgile, Ovide, Horace. Il arrive que le roi et la reine assistent à ses cours. C’est à cette occasion que le cardinal Wolsey donne à Vivès le surnom de « doctor mellifluus », celui dont la prose coule comme le miel. De 1523 à 1528, Vivès partage son temps entre Londres et Bruges. Marié en 1524, il devient le précepteur de Marie, la fille de Catherine d’Aragon et de Henri VIII d’Angleterre. Les leçons que Vivès va tirer de cette expérience anglaise vont nourrir les deux traités dans lesquels il aborde les questions de l’éducation et de l’instruction des femmes, mais aussi celles des hommes, à travers son étude de l’institution du mariage et du comportement des maris que cette institution implique. Commençons par revenir sur le premier traité suivant l’ordre chronologique : L’éducation de la femme chrétienne (1523) {3} . Sa réflexion inscrit la question de l’éducation des épouses et des maris dans le cadre plus global de la formation sociale et morale des hommes. Cette formation, qui s’annonce comme essentiellement humaniste {4} , commence bien avant que le mariage ne s’annonce. À dire vrai, elle débute dès l’enfance, lorsque le jeune garçon et la jeune fille commencent à se socialiser au sein de la famille. Le modèle des parents est ici d’une importance capitale car c’est d’abord sur l’exemple de ces derniers que les jeunes gens appuieront leur propre conduite.
L’éducation des femmes
JEAN-LOUIS VIVÈS ne se présente pas seulement comme un théoricien de l’éducation, un philosophe tentant d’analyser et de comprendre in abstracto les difficultés et les problèmes touchant l’instruction des êtres humains en général. C’est aussi un praticien qui a exercé un enseignement concret tant à l’université qu’avec des jeunes enfants. Il n’est pas seulement chargé d’instruire la petite Marie d’Angleterre, il est aussi lecteur et conseiller privé de Catherine d’Aragon, reine intelligente qui avait reçu une éducation poussée et une solide culture durant son enfance espagnole sous l’autorité de sa mère, la reine Isabelle. Pour la jeune Marie, dès 1523, il rédige un bref traité de pédagogie enfantine le De Ratione studii puerilis ad Catharinam reginam Angliae ( Pédagogie enfantine ), suivi du très moral opuscule intitulé Satellitium animi ( Le compagnon de l’âme ). Le De Ratione s’interroge sur les différentes parties de la grammaire, l’importance de la bonne prononciation, l’art de cultiver la mémoire, l’ordre d’apprentissage de la lecture et de l’écriture : lettres, syllabes, phrases, en alternant les exercices de lecture et d’écriture ; conjugaison et syntaxe ensuite seulement, le tout en passant progressivement de l’anglais au latin. Les références sont celles d’un humaniste des plus stricts : Platon, Cicéron, Sénèque, Plutarque, tempérées toutefois par de solides exemples chrétiens : saint Jérôme, saint Augustin. Afin d’atténuer les inconvénients d’une éducation isolée qui pourrait entraîner un repli solitaire, on adjoindra à la jeune princesse d’autres jeunes filles de diverses conditions. Cette compagnie permettra d’éviter aussi bien l’ennui de l’isolement que l’arrogance du pouvoir princier. Elle créera aussi une émulation utile dans les études.
Quelque temps plus tôt, juste avant son départ pour l’Angleterre, il avait dédié à Catherine d’Aragon son Institution de la femme chrétienne ( De Institutione foeminae christianae, 1523). Ce livre reprend, en trois parties principales (la jeune fille, l’épouse et mère, enfin la veuve, qui sont comme les trois grandes étapes de toute existence) nombre des conseils pratiques que Xénophon {5} donne à la femme grecque dans un tout autre contexte social et religieux. Beaucoup de ces conseils peuvent paraître étroitement moralisateurs aujourd’hui. On verra qu’ils sont en effet frileux en comparaison de ceux qu’il donnera dans Les devoirs du mari, traité publié pourtant quelques années seulement après celui sur l’instruction et l’éducation des femmes,