Manières de penser les crises

Laure Manicom

Description

Le point de départ de cet ouvrage est l'hypothèse d'un courant majoritaire, quasi hégémonique, instruisant les manières de penser les crises du monde. Il s'agit donc premièrement d'enquêter sur ce mode d'analyse dominant, d'en tracer la généalogie, d'en révéler le modèle initial présidant à sa diffusion, à sa généralisation présumée dans les pratiques et les discours. Deuxièmement, d'en discuter l'adéquation en ce qui concerne les crises du monde social, ce qui revient à interroger les ressorts des discours spécialisés dans leur analyse : sciences sociales et journalisme. Si le critère de scientificité et de validité que représente l'adéquation à la nature de l'objet étudié n'est pas satisfait, interrogeons-nous sur ce qui fonde leur validité : effets et impacts sociopolitiques des analyses dominantes des crises du monde.

Sujets

• Institut d'Études Politiques de Paris
• Science politique
• Sociologie
• Philosophie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 31 janvier 2020
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782140141935
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

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Laure Manicom ns contemporaines Q MANIÈRES DE PENSER LES CRISES

Questions contemporaines

Manières de penser les crises

Questions contemporaines Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud, Bruno Péquignot et Xavier Richet Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective. Dernières parutions Raoul NKUITCHOU NKOUATCHET,Ordonnances Macron, De quoi la refonte de l’expertise CHSCT est-elle le signe ?, 2019. Isabelle PAPIEAU,Des EHPAD aux « papy-boomers », 2019. Arno MÜNSTER,Osons l’utopie pour construire un monde meilleur, Esquisse d’une autobiographie politique, 2019. Sagar SECK,Machiavel et la communication politique, 2019. Jacques ARON,L’an passé à Jérusalem. Le destin d’Israël en diaspora, 2019. Manuel DIATKINE,Pierre-André Taguieff, lántiracisme en débat,2019. Roland HUREAUX,Les Gilets jaunes ont raison, … et bien plus qu’ils croient, 2019. Robert BIBEAU, Khider MESLOUB,Autopsie du mouvement des Gilets jaunes, 2019. Dominique THIERRY,La solidarité intergénérationnelle sur le terrain, 2019. Daniel GLAUSER,Questionnement critique des visions dépassées du monde actuel, 2019. Franck ZOLLEC,La part de chacun dans le monde de demain, Devenons grains de sable,2019. Stéphane TESSIER,L’interculturalité dans le quotidien professionnel,2019. Laureline FONTAINE,Lire les constitutions, 2019.

Laure Manicom Manières de penser les crises

DU MÊME AUTEUR L’Inconduite arraisonnée. Enfermement, généalogie, événement, Presses universitaires de Bordeaux, 396 p., 2008. © L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’École-Polytechnique ‒ 75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-17981-0 EAN : 9782343179810

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Pour Ariane et Asia mes merveilles

INTRODUCTION

Le présent travail est né du constat que les discours décrivant les crises du monde ne sont pas spécifiques aux deux types de crises existants (crise naturelle, crise histo rique), étant entendu que ces derniers ne sont pas l’un l’autre nécessairement exclusifs dans les faits. Si toute crise historique ne se trouve pas corrélée à une crise natu relle, toute crise naturelle a pour corrélat une crise historique impliquant d’un côté ses victimes, de l’autre les instances gouvernementales ou non gouvernementales spécialisées dans leur secours (existence de l’individu et de son cercle intime, franges de la population touchées, traduction de l’événement dans la sphère politique à l’échelle nationale, internationale). Crise naturelle et crise historique ne ressortissent pas non plus explicitement à une problématisation particulière de la « crise », mais correspondent plutôt principalement à deux « styles », deux genres de discours ordonnés par le clivage dont on peut discuter la pertinence entre discours journalistique et discours scientifique. Ce dernier ayant pour modèle de référence la crise hippocratique, plus généralement la crise naturelle couvre indifféremment la totalité du champ scientifique au sujet des crises : sciences biologiques, naturelles, sciences physiques et de la terre, sciences hu maines et sociales, sciences du développement et de l’humanitaire. C’est pourquoi, dans le contexte actuel, le champ rhétorique tend à concentrer les divergences rela

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tives au traitement des crises aux dépens des divergences qui sont inhérentes à des modes d’analyse distincts. Au sujet des crises du monde, différents « styles » scienti fiques propres aux sciences concernées, différents clivages opératoires d’un point de vue rhétorique et mis au service d’une politique réactionnaire mais discutables dans les faits (genre journalistique et genre scientifique renvoyant en particulier au clivage discours de la vulgarisa tion/discours de l’expertise, et généralement au clivage, postulat des chercheurs, sciences sociales/journalisme) se multiplient sans conteste, mais les termes de ces dichoto mies renvoient rarement à des systèmes de référence distincts, et semblent paradoxalement émaner en majorité d’une même source. Je prends pour point de départ l’hypothèse d’un courant majoritaire, quasi hégémonique, instruisant les manières de penser les crises du monde. Il s’agit donc premièrement d’enquêter sur ce mode d’analyse dominant, d’en tracer la généalogie, d’en révéler le modèle initial présidant à sa diffusion, à sa généralisation présumée dans les pratiques et dans les discours. Deuxièmement, d’en discuter l’adéquation en ce qui concerne les crises du monde so cial ; ce qui revient à interroger les ressorts des discours spécialisés dans leur analyse : sciences sociales et journa lisme. Si le critère de scientificité et de validité que représente l’adéquation à la nature de l’objet étudié n’est pas satisfait, interrogeonsnous sur ce qui fonde leur vali dité : effets et impacts sociopolitiques des analyses dominantes des crises du monde. C’est une des questions principales orientant la démarche ; ce qui m’amène à préciser la position de la présente tentative par rapport à l’ensemble exorbitant des productions existantes au sujet des crises. Bien entendu, il ne s’agit pas de les fondre tout uniment de manière univoque sans autre forme de procès dans un creuset identique, visàvis duquel la présente pro duction serait en position inédite et singulièrement valide ;

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