Marcher et renaître
532 pages
Français

Marcher et renaître , livre ebook

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532 pages
Français

Description

Marcher, mais pour quelle nécessité, sinon de trouver une solution au « souci de soi », ou comment être vivant en ses chairs ? L'homme n'est-il pas d'abord un mort ? Et pour disparaître avec le sourire il lui faudrait conquérir son être-pas : un sujet à créer entre zoologie et politique. C'est ce que peut gagner un pérégrinant au long cours à travers plaines/forêts, villages/fleuves et montagnes ; il y abandonne ses illusions moïques pour joindre la terre qu'il imprime de son pas en reconnaissance de Nature, là où gît le Vivant. Il devient humble ; il prend respect aussi bien de l'arbre que de l'insecte. Marcher est devenir vivant. S'autoconquérir d'un corps alter. Marcher est se sauver.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 juin 2019
Nombre de lectures 4
EAN13 9782140125089
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MARCHER... sur des milliers de kilomètres, mais pour quelle nécessité/quel mystère,
avec le sourire il lui faudrait conquérir son être-pas : un sujet à créer entre zoologie et politique. C’est ce que peut gagner un pérégrinant au long cours à travers plaines/ forêts, villages/euves et montagnes ; il y abandonne ses illusions moïques pour joindre la terre qu’il imprime de son pas en reconnaissance de Nature, là où gît le Vivant. Il devient humble ; il prend respect aussi bien de l’arbre que de l’insecte, car il
MARCHER EST DEVENIR VIVANT ! S’autoconquérir d’un corps ; il sut de l’écouter, d’en comprendre la parole : comment il parle/comment il pense ? Il dit tout le corps marchant en solitude, jusqu’à l’incroyable ! Exemple, MR, une femme :  » Il sut de lui prêter attention, de voir le dehors en contrepoint. Tout y est déjà écrit, reste à le lire. — «Cette terre qui naissai, c’éait moi. Une égalité parFaite.» Le marcheur assiste à l’eFondrement de son individualité logocentriste, «introduisant l’autre dans le je», qu’il accepte ou refuse ! GL : « besoin d’aide, on demande. Tout est cadeau ! a permet d’entrer en la joie. MARCHER EST SE SAUVER ! Jetant à la poubelle ses vieilles peaux : propriété/ pouvoir/violence, an de joindre le Vivant écologue. Un vertige pour la raison, soit de faire je, lequel n’est pas moi ! Distancié à jamais de son verbe. Et pour la logique ? la limite d’une incompréhension, le marcheur y aFrontant une kinesthésie pour qu’il puisse faire forme psychophysique : une forme parmi d’autres formes au sein du Vivant. Je est le secret de la marche, d’en réussir entre réel (fundãměn (rěpræsenãněus) l’équation non métaphysique mais matérielle d’être une corporéité
N’OUBLIE JAMAIS, MARCHER EST DEVENIR VIVANT.
ISBN : 978-2-343-16913-2 39 €
André Dréan
Marcher et renaître
Expériences de marcheurs, sur des milliers de kilomètres, en référence de leur corps confronté au Vivant
marcher et … renaître
COUVERTURE. — Cliché : André DRÉAN. — Graphiste : Thibaut REDVAL.
© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique ‒ 75005 Paris
www.editions-harmattan.fr
ISBN : 978-2-343-16913-2 EAN : 9782343169132
André Dréan
marcher et … renaître
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Étude philosophique et scientifique de marche au long cours, sur plusieurs milliers de km à partir d’expériences de terrain
à mon fils bien-aimé, Jérôme-Marek, en mémoire de nos marches en la montagne des Alpes – France / Suisse et Italie – dont je garde un merveilleux souvenir.
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« La connaissance suppose non seulement une séparation certaine et une certaine séparation avec le monde extérieur, mais elle suppose aussi une séparation avec soi-même. » Edgar MORIN
AVANT-PROPOS. — « On n’arrête pas un homme qui marche. » Charles Péguy — « Lève-toi, marche, et va à ta rencontre. » Anonyme
I – MARCHER. … voici un geste des plus simples, des plus anodins. On marche sans trop y réfléchir ; c’est presque un automatisme. Il suffit de mettre un pied devant l’autre et … le corps suit, avance de lui-même. Marcher serait-il donc un acte naturel ? Pas exactement ; je puis décider de rester sur place, de prendre ma voiture plutôt que d’aller à pied. Marcher oblige à une décision mentale en ce e début XXI siècle, soit à un engagement psychophysique du corps. Depuis tous temps, l’homme est un animal qui marche et ... qui court. Marcher représente pour l’espèce humaine une activité des plus conséquentes ; elle est la seule à posséder un« déplacement monopodal alterné dans le plan vertical, réalisé uniquement par 1 l’intermédiaire des mouvements des membres inférieurs ».L’homme, depuis son adaptation à la station droite (homo Erectus),n’a cessé d’apprendre à marcher ; ça a été et c’est toujours la condition de sa survie. La marche ? un« formidable 2 rouage, bien qu’opérant dans notre subconscient … »
e <AU TOUT DÉBUT DUXXSIÈCLE,nos ancêtres parcouraient encore, chaque jour en moyenne, une vingtaine de kilomètres pour vaquer à leurs occupations familiales et professionnelles. Aujourd’ hui, seulement 10 % de la population exerce un métier manuel ; au lieu de marcher, on prend sa voiture/un transport en commun. Les sociétés modernes, vieillissantes, se voient menacées par l’inac-tivité physique, à laquelle viennent se greffer les maladies dites« de civilisation »: diabète, obésité, insomnies, troubles cardio-vasculaires, psychasthénie, hyperten-sion, … Il y a déjà sur la planète Terre plus d’obèses –1,5 milliard– que de pauvres ! De plus —ou en contrepartie —,une formidable pression psychique s’est exer-cée sur les individus, aussi bien dans le monde du travail que familial, obligeant à se conformer à un modèle sociétal sans cesse en mouvement, celui de la techno-science où le savoir est multiplié par quatre chaque année. On comptait en Europe, e début XXI siècle, déjà 140 millions de malades mentaux ! Les sociétés modernes appauvrissent le mouvement naturel des corps, générant un fossé, sinon une faille ! entre le biologique et le technique. Marcher/Courir se révèlent donc une obliga-tion psychophysique de survie si l’on ne veut pas sombrer en la dépression, le stress, la maladie ; de n’être plus qu’un esclave dutechnès. En France, il y a beaucoup de gens qui marchent ou qui randonnent, environ 20 millions ; n’est-ce pas la preuve, au vu d’un tel chiffre, que les corps pour se sau-ver ont à recourir à une activité organo-physiologique que ne leur apporte plus
1 —Le Pied du marcheur. De la randonnée à la marche athlétique : risques, pathologies, préven- tion, prise en charge, cf.p. 11, s. la dir. de C. Hérisson, P. Aboukrat, J. Rodineau, éd. Sauramps médical 2008, 192 p. 2 –Idem, cf.p. 9
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la vie en société ? On marche ou on court, si l’on veut … cela réclame un enga-gement de soi, et la conscience qu’une telle activité est nécessaire à un équilibre 1 de santé personnel, aussi bien physique que psychique.
=MARCHER/ RANDONNER/ COURIR. Mais il y a marcher et il y a randonner ; une distinction s’impose entre ce qu’est marcher et ce qu’est randonner : de l’ancien français « encontrer »,trouver sur son chemin,lequel a signifié à l’origine dans un contexte guerrier «affronter en com-bat ».On parle de« faire une rando »avec des copains, un ami ; un tel terme ren-voie à deux expressions de l’ancien français : « de randon »,violence, jet impé-tueux et violent,et « à randon »,à toute vitesse, avec force.Issus tous deux de 2 l’ancien verbe français randir :« courir, galoper ». Randonner est donc un acte physique plutôt intensif. Une dépense de soi dont on a programmé la durée, la difficulté, l’itinéraire, la pente, etc. On est là pour suer, plutôt pour se faire mal —« se dépenser »comme on dit ! On randonne pour accomplir un exploit, s’affranchir d’un dépassement de ses possibilités physiques ; bénéfique certes, car libérant un trop-plein organique susceptible de nuire à un équi-libre psycho-corporel. C’est ce qu’on appelle en société moderne :« décompresser ». Le randonneur se lâche ; il se donne à fond en un excès organique et somatique ; il engage un combat qu’il veut bienheureux contre soi, contre son propre corps, souvent juste le temps d’un week-end ! Ou au mieux sur quelques jours. Bien sûr, c’est un combat que le randonneur peut gagner ou perdre. Tout excès a un coût dont on peut tirer un bénéfice ou une perte. Étrangement, le verbe a été e repris comme terme de chasse (XIX s.) ; on randonne un lièvre, au sens de « tourner, battre et entourer »le terrain où l’animal a été débusqué. Randonner serait donc aussi sauver sa peau ; l’exercice psycho-physique defaire une rando, de même que pour la marche, se révélant thérapeutique, entraînant une réduction du risque global de mortalité d’environ 30 %. Bon à prendre, n’est-ce pas ?
<ENTRE CELUI QUI MARCHEet celui qui randonne, il y a une grande diffé-rence : les objectifs ne sont pas identiques. Dans les deux cas, le corps certes est engagé mais selon des modalités opposées. Marcher, contrairement à ce qu’on affir-me, n’est pas un loisir/un divertissement ; c’est une obligation vivante, un acte 1 spirituelpour se retrouver soi avec soi. Non tantune philosophieun, plutôt besoin corporel de ressourcement, conséquence de la sédentarisation accentuée des populations dans les pays riches, et aussi des appauvrissements culturels des sociétés humaines, auxquels s’ajoute la sécularisation des religions monothéistes. Rousseau marchait, il ne courait pas ! S’il n’avait pas marché, il n’aurait pas réussi à penser :« Je ne puis méditer qu’en marchant : sitôt que je m’arrête, je ne pense plus, et ma tête ne va qu’avec mes pieds (cf. Confessions).Nietzsche marchait,
1 — Deux études de physiologie de 2015 ont démontré, d’une part, que la densité osseuse des chas-seurs-cueilleurs il y a 7 000 ans était de 20 % supérieure à celle d’agriculteurs de la même région il y a 700 ans ; d’autre part, que la densité osseuse d’homo sapienscomparée à celle d’hominidés plus anciens bénéficie d’un squelette moins robuste.« Les deux études concluent que la fragilité osseuse observée aujourd’hui chez l’homme pourrait être due à la sédentarité et plaident pour un renforcement de l’activité physique avant 30 ans pour prévenir les effets de l’ostéoporose. » Cf. le Monde,24 déc. 2014. 2 — Toutes les références linguisitiques au long de l’ouvrage sont référentielles auLe Robert. Dictionnaire historique de la langue française,s. la dir. d’Alain Rey, 2 vol. 3 —Marcher, une philosophie,de Frédéric Gros, Carnets Nord 2009, 302 p. Un excellent ouvrage dont je recommande la lecture, bien sûr d’un point de vue philosophique, alors que nous penserons ici la marche d’un point de vue corporel, c’est-à-dire psycho-physique. Sans nous priver ici ou là si nécessaire de références philosophiques.
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marchait, de longues promenades en Suisse et en Italie années 1880. Kant mar-chait, tous les après-midi il faisait sa promenade quotidienne (hygiénique,ce qu’il se plut à expliquer comme condition et de sa santé et longévité — 80 ans). 1 H-D. Thoreau, lui, est l’auteur deWalking,une apologie de la marche dans le cadre de la Nature. Rimbaud le poète, un marcheur ! aussi bien en Europe qu’en Abyssinie :« Sur les routes, par des nuits d’hiver, sans gîte sans habits, sans faim, 2 e une voix étreignait mon cœur gelé[…]. » Bien sûr ! nous étions là aux XVIII -e XX siècles. Marcher était dans l’air du temps ; c’était le mode de véhiculation le plus apte pour se déplacer d’un point à un autre. En l’affaire, on n’oubliera pas les aventuriers et scientifiques tels Jean Malaurie : « Si je me lève et je marche, c’est souvent pour m’éloigner d’une pensée afin de me permettre d’allonger la focale de mon regard et de voir sous quel angle l’idée neuve peut être approfondie. »Ou Théodore Monod le naturaliste, marcheur infatigable (Rouen 1902– Versailles 2000) :« Le bruit des pas sur le sable, quelle musique ! Et la marche, où le corps se dégage dans une rythmique de métronome. » Ou encore Horace Bénédict de Saussure, naturaliste-physicien suisse : marcheur de montagnes et alpiniste avant la lettre (ascension du mont Blanc en 1787)« En 1770, j’allai seul et à pied visiter les glacières de Chamouni peu fréquen-3 tées alors, et dont l’accès passait même pour difficile et dangereux. »Ces 4 hommes, et ces femmes ! — pensons par exemple à David-Néel —, marchent par obligation de faire science, mais ils y associent également l’Être, cette dimension qui excède l’homme de toute part.
e <XXISIÈCLE,QUELLES RÉFÉRENCES? Marcher a changé de nature ; on ne marche plus par obligation sociale et pro-fessionnelle, mais par une décision mentale qu’on appellera ici le« souci de soi ». Marcher répond donc à une tentative d’ordre corporel,in finede changement de corporéité. Par exemple, l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin marche ; chaque année, avec des amis, il parcourt un tronçon du Chemin de Compostelle par lavia Podiensis —du Puy-en-Velay à St-Jean-Pied-de-Port. C’est une balade, pas vraiment une marche ! même si celle-ci est douloureuse pour lui —et loin, très loin d’être ainsi qu’il se prénomme un« pèlerin ». Marcher, vraiment marcher parsouci de soi,… et re–naître, c’est aller au long cours sur 1500/2000 et plus de kilomètres. Pas un week-end ou quel- ques jours, non ! Un mois, deux mois et plus, à raison journalière de 25/30 km par tous les temps, et quel que soit le terrain. De plus, en portant son nécessaire de survie. Une marche de week-end ou lors de vacances pour se« dégourdir les jambes » seul ou en groupe, pourquoi pas ? Elle sera dite occasionnelle, pas inutile mais … plutôt une promenade qu’une marche obligée/impérative au corps, nécessaire à l’entendement d’un souci de soi-même. C’est à quoi sert une pérégrination au long cours, à découvrir de quels noms suis-je le sujet et aussi l’objet ? De quels actes suis-je le fait ? De quelles mémoires suis-je construit ? Marcher serait un « état où l’esprit, le corps et le monde se répondent, un peu comme trois person-
1 —Walking,« De la marche », paru en 1862 inThe Atlantic Monthly(revue). 2 —Une saison en enfer,d’Arthur Rimbaud, éd. originale Alliance typographique 1873, Bruxelles, s 54 p. Tirage 500 ex . 3 —Sur les traces des grands marcheurs de tous les temps,de Henri Viaux, préf. de J. Malaurie, Ouest-France éd. 2001, 142 p., ill. et cart. coul. 4 — Célèbre pour avoir été au Tibet à l’âge de 55 ans ! Mais déguisée en pauvre hère pour ne pas y être expulsée. C’est une orientaliste déjà connue et réputée ; elle a dû partir de Chengdu (en Chine, région du Sichuan) pour Lhassa au Tibet, puis traverser l’Himalãya pour entrer en Inde par le Sikkim. Elle mourut en 1969, à l’âge de 101 ans. Conclusion : la marche, ça conserve !
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