Marmontel 1723-1799
275 pages
Français

Marmontel 1723-1799 , livre ebook

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275 pages
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Description

Dramaturge (« le seul avenir du théâtre »), journaliste (le Mercure), grammairien, conteur et philosophe, Marmontel, émule de Voltaire son ami, fut un apôtre de la tolérance et de la liberté. Son Bélissaire provoqua un scandale. La Sorbonne indignée que l'on pût croire à l'inutilité des bûchers condamna un ouvrage qui fut par ailleurs encensé par toute l'Europe éclairée. Ce sont ses Contes moraux qui lui valurent sa plus grande renommée. Adulé à l'égal de Voltaire, sa Neuvaine de Cythère, le plus joli poème érotique du siècle, ne put être édité de son vivant : la censure veillait.

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782140054082
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Guy ChaussinandNogaret
Marmontel (17231799) Le philosophe qui chantait Cythère
BIOGRAPHIES e SérieXVIIIsiècle
Biographies e SérieXVIIIsiècle
Dernières parutions
Pousse (Michel),Le Marquis de Bussy, L’Inde offerte à la France,2017. Mainardi (Angelo),Casanova, le dernier mystère, 2016.
MARMONTEL(1723-1799)
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Parishttp://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-13597-7 EAN : 9782343135977
Guy Chaussinand-Nogaret Marmontel (1723-1799) Le philosophe qui chantait Cythère
Du même auteur e Les Financiers de Languedoc au XVIII siècle, Seupen, 1970. e Gens de finance auXVIII siècle,; Complexe,Bordas, 1972 1993. Une Histoire des élites, Mouton, 1975. e La Noblesse auXVIII siècle,Hachette, 1976 ; Complexe, 2000. La Vie quotidienne des Français sous Louis XV, Hachette, 1979. Les Masses de granit(avec L. Bergeron), EHESS, 1979. Mirabeau,Seuil, 1982 ; Points, 1984. Madame Roland, une femme en révolution, Seuil, 1985. Mirabeau entre le roi et la Révolution, Hachette, 1990. 1789, la Bastille est prise, Complexe, 1988. 1789, Hervas, 1988. La Vie quotidienne des femmes du roi, Hachette, 1990. e e Histoire des élites en France duau XX siècle :XVI siècle l’honneur, le mérite, l’argent (en collab. avec Jean-Marie Constant, Catherine Durandin, Arlette Jouanna), Tallandier, 1991 ; Hachette Pluriel, 1994. Le Château de Versailles, Complexe, 1993. Le Citoyen des Lumières, Complexe, 1994. Voltaire et le siècle des Lumières, Complexe, 1994. Choiseul, Perrin, 1998. Le Cardinal Dubois, Perrin, 2000. Louis XVI : le règne interrompu, Tallandier, 2002. Le Cardinal de Fleury, Payot, 2002. Les Grands Discours parlementaires de la Révolution, Armand Colin, 2005. Casanova, Fayard, 2006. D’Alembert, Fayard, 2007. Les Lumières au péril du bûcher, Fayard, 2009. Comment peut-on être un intellectuel au siècle des Lumières, Versailles éditeur, 2011.
A la mémoire de mon père
Introduction Dès le premier jour de la réunion des Etats généraux la liberté, que toute la France réclamait, et que les décisions du roi semblaient promettre, fut compromise par la marche incertaine du gouvernement. Le 7 mai 1789 le Conseil du roi rendit un arrêt malheureux : il supprimait la publication du Journal des Etats généraux, la feuille que Mirabeau avait lancée dans le public pour rendre compte des délibérations de l’Assemblée. Le 8, l’assemblée des électeurs de Paris, en retard sur la province, prit à l’unanimité un arrêté dénonçant l’arrêt du Conseil du 7 parce que attentatoire à la liberté publique et contraire au résultat du Conseil du 27 décembre 1788 qui réservait la question de la liberté de la presse aux Etats généraux. Toutefois un homme, seul, s’était levé et avait osé s’élever contre cette décision, perdant ainsi toute chance 1 d’être élu député . Il ne s’agissait pas d’un quidam dont la témérité aurait prêté à sourire, mais d’un homme de lettres de grande réputation, secrétaire perpétuel de l’Académie française, célèbre dans toute l’Europe, Jean-François Marmontel. Cet écrivain, une des stars littéraires de son siècle, au mérite incontestable bien qu’on pût lui dénier un génie exemplaire, était bien le dernier de qui on aurait attendu qu’il s’opposât à la proclamation de la liberté de la presse. Il avait en effet essuyé les foudres de la censure, avait défendu la tolérance civile et avait connu comme journaliste les contraintes imposées par l’autorité. Son attitude équivoque ne manque pourtant pas de logique et s’inscrit dans une rhétorique de fidélité. Persuadé qu’il ne fallait rien brusquer et que l’évolution soutenue au cours du siècle trouverait sa conclusion naturellement sans que l’on dût forcer la volonté du roi, Marmontel était fidèle à ses convictions en se prononçant
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contre une décision qui, à ses yeux, devançait avec brutalité ce qui devait être laissé à l’action du temps. N’avait-il pas écrit dès 1759, parlant de la difficile diffusion des idées nouvelles, « cette lumière générale ne se répandra que par une progression lente, et l’on verra éclore bien des chimères avant que d’arriver à quelque 2 vérité utile Autre piste, qui mériterait peut-être un peu plus d’attention : les libertins, Marmontel le fut avec une relative constance, porteraient-ils dans leurs gènes le virus de la contre-révolution ? La question doit être posée. Sade, ou le marquis d’Antonelle, libertins agressifs, Mirabeau, libertin par nécessité plus que par conviction, se laissèrent séduire par la révolution. De là à établir un lien entre libertinage et révolution, il n’y a qu’un pas. Mais Marmontel, comme de nombreux autres contre-révolutionnaires, avait versé au libertinage un tribut significatif. Casanova lui-même, théoricien et praticien de la licence, passa dès 1789 à la résistance conservatrice et appréhenda la révolution comme une monstruosité après s’être fait l’apôtre de la liberté. La trajectoire de Marmontel, parallèle, s’explique en partie par les mêmes raisons. La perte de ses privilèges et la nostalgie d’un temps où il avait joui pleinement de la douceur de vivre (temps magique pour les heureux élus de ce monde) ne sont pas étrangères à la crispation qui le saisit avant même que se dessinât un risque de subversion. Mais on ne peut réduire à ces préoccupations égoïstes les raisons de son opposition précoce et déterminée, non plus qu’à la fidélité au monarque et à ses bienfaits. Elle ressortit aussi à une philosophie de l’histoire qui érige le conservatisme en canon d’une religion dans laquelle tout accident est le fruit de la malignité des hommes parce que seul le passage naturel du temps justifie l’évolution et que toute accélération artificielle débouche sur le chaos. Libertin
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