Mémoire sur Helvétius
88 pages
Français

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Mémoire sur Helvétius , livre ebook

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Description

Si l’on suppose quelque unité dans cette suite de mémoires, consacrés à l’histoire de la philosophie au XVIIIe siècle, on ne s’étonnera sans doute pas qu’après avoir successivement parlé de Delamettrie, de d’Holbach et de Diderot, je m’occupe aussi d’Helvétius, et que je lui donne sa place dans une école dont il est avec eux un des principaux représentants. On s’y attendra même d’autant mieux que son livre, plus fait pour le commun des lecteurs, pour les esprits faciles et légers, pour les jeunes gens et les femmes, en un mot pour le monde, a été, s’il n’est resté, un ouvrage plus recherché, plus goûté de ceux auxquels il était particulièrement adressé.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346064427
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.
Philibert Damiron
Mémoire sur Helvétius
BIOGRAPHIE
Si l’on suppose quelque unité dans cette suite de mémoires , consacrés à l’histoire de la philosophie au XVIII e siècle, on ne s’étonnera sans doute pas qu’après avoir successivement parlé de Delamettrie, de d’Holbach et de Diderot, je m’occupe aussi d’Helvétius, et que je lui donne sa place dans une école dont il est avec eux un des principaux représentants. On s’y attendra même d’autant mieux que son livre, plus fait pour le commun des lecteurs, pour les esprits faciles et légers, pour les jeunes gens et les femmes, en un mot pour le monde, a été, s’il n’est resté, un ouvrage plus recherché, plus goûté de ceux auxquels il était particulièrement adressé.
Homme du monde en effet avant tout, à demi financier, à demi grand seigneur, amateur en philosophie plutôt que philosophe, ambitieux de tous les succès, y compris les moins sérieux, ce n’est pas pour les penseurs éminents de son temps, et avec leur adhésion, qu’Helvétius a écrit ; ce n’est pas par exemple pour Voltaire, Frédéric, Rousseau, Buffon et Turgot, qui tous s’expriment à cet égard en termes plus ou moins sévères ; ce n’est pas même pour Diderot, qui ne lui est pas au fond plus doux ; c’est pour un autre ordre d’intelligences, c’est pour toute cette société frivole, insouciante, enivrée de plaisirs, crédule à qui la flatte et lui dit son secret, sans trop l’en faire rougir, et même en y applaudissant. Là est son crédit, qui à ce titre assurément n’est pas des mieux fondés, mais qui n’en demande pas moins à être pris en une certaine considération.
Helvétius a sans doute assez peu des grandes parties de l’écrivain. Auteur d’un livre, de deux livres, si l’on veut, mais l’un contient déjà l’autre, qui prétendent à la philosophie, il y a chez lui plus de rhétorique que de logique, plus de peintures, et qui ne sont pas toutes de choix, loin de là, que de raisons et de démonstrations, plus d’anecdotes sans valeur que de faits certains et probants, plus de paradoxes et de lieux communs que de vues neuves et originales : ce qui a pu faire dire à un de ses critiques, dont il serait difficile de désapprouver le jugement, qu’il n’a qu’une métaphysique superficielle, une morale d’opéra et une érudition de petit-maître 1 .
Ce n’est donc pas un homme d’une grande famille en philosophie. Il n’est pas de celle de Descartes, cela va sans dire ; il n’est pas même bien de celle de Locke, quoiqu’il en développe, ou plutôt quoiqu’il en pousse à l’excès certains points de doctrine ; mais il n’a surtout pas de ce dernier maître l’esprit général, la méthode, la modeste et ferme sagesse. On a voulu en faire un descendant de Montaigne. C’est là une complaisance et une illusion de l’amitié ! Assurément chez lui aussi la philosophie est plus de fuite que de suite, elle est plus du moraliste et de l’homme du monde que du métaphysicien et du logicien ; mais elle n’y est pas avec cette naïveté piquante et vive, avec cette fleur d’imagination, ce ton naturel et simple, cette riche nature et cette culture originale, si on me permet de le dire, qui caractérisent l’auteur des Essais, et le rendent inimitable. Helvétius n’est rien de tel. S’il tient au fond de quelqu’un, c’est, qu’on me passe l’expression, de ce personnage un peu commun qu’on a nommé tout le monde, et qui, quoi qu’on en ait dit, n’a pas plus d’esprit que Voltaire, ou tout autre nom du même ordre, car il ne s’élève pas au génie. Ce personnage, Helvétius en est volontiers le disciple ; il l’écoute, il le répète, il ne le dépasse guère, et ne mêle jamais aux pensées qu’il en reçoit ce quelque chose de supérieur et de neuf que les hommes éminents ne manquent pas d’y ajouter : il n’en est guère qu’un écho, et un écho qui déclame.
Et cependant il a son art d’intéresser, de captiver, ou plutôt de capter les âmes ; il n’est pas précisément éloquent, on ne peut guère l’être avec la cause qu’il défend ; mais il est insinuant, caressant et pressant ; il ne manque pas d’habileté pour se faire une clientèle qui ne se compose, il est vrai, ni des esprits les plus fermes ni des cœurs les plus purs. Il a du séducteur, un peu grossier en ses moyens, mais non sans une certaine facilité de se concilier sinon des admirateurs, du moins des sectateurs. Il a eu sa vogue en son temps, et serait-ce bien téméraire que de dire qu’il ne l’a pas tout à fait perdue dans le nôtre ?
Sous ce rapport, il n’est peut-être pas sans utilité d’en faire, même après bien d’autres, une étude particulière, en ayant soin surtout de profiter avec choix de ce qu’il y a de meilleur dans les différents travaux dont il a été le sujet.
Avec un homme tel qu’Helvétius, il ne saurait être sans intérêt de le connaître dans sa vie avant de le suivre dans ses ouvrages ; c’est le moyen de lui rendre meilleure et plus complète justice ; c’est aussi jusqu’à un certain point celui de le mieux comprendre. Il se rencontrera d’ailleurs dans sa biographie plus d’un trait bon à recueillir pour l’histoire littéraire du XVIII e siècle.
Helvétius était fils et petit-fils de médecin, et sa famille, originaire du Palatinat, puis réfugiée en Hollande, s’était enfin établie en France. Son père était médecin de la cour ; il avait dû cette faveur à la résolution avec laquelle, appelé en consultation pendant une maladie du jeune roi Louis XV, il avait soutenu et fait prévaloir son avis, comptant sur un succès, qui en effet ne lui manqua pas. Il était fort bienveillant, fort charitable, et aussi empressé dans ses soins auprès des pauvres, qu’il aimait, qu’auprès de l’illustre société qui le recherchait. La mère d’Helvétius, de son côté, était pleine de douceur et de bonté, et s’associait de cœur à tous les sentiments de son mari. De tels parents la bienfaisance devait couler comme de source dans l’âme de leur enfant : aussi ne faillit-il pas à cette origine.
Il naquit à Paris, en 1715, au vrai commencement du XVIII e siècle, car les années précédentes appartiennent encore au XVII e , qui n’expire réellement qu’avec le grand roi dont il a reçu le nom. Helvétius date de la Régence ; je n’en fais pas la remarque, afin de tirer de ce fait aucune conséquence trop précise ; mais il est du moins à observer que c’est l’esprit nouveau qui désormais va régner à peu près sans partage, et surtout gouverner toutes les intelligences qui, comme celle d’Helvétius, ne sont que trop disposées à le suivre.
L’enfance de notre auteur n’eut rien de bien particulier. Élevé d’abord avec toutes sortes de soins auprès de ses parents, il paraît y avoir été assez mal préparé à cette autre discipline, un peu plus virile, un peu autrement paternelle, qui tient déjà de la vie publique, et qui est la loi du collège. Aussi, quand des mains de son père et de sa mère, quand de celles du bon M. Lambert, son précepteur, il passa dans celles des régents, et qu’à la place de l’autorité toute d’amour et d’affectueuse sollicitude des uns il eut à suivre la direction nécessairement moins douce, moins indulgente et moins attentive des autres, il en souffrit, et même assez longtemps languit dans une sorte d’apathie physique et morale à la fois. Cependant il eut son jour aussi où il se réveilla. Il le dut au P. Porée, professeur consommé, qui, bienveillant et habile, sut par ses encouragements, ses éloges, ses adoucissements bien

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