Philosophie seconde de Kierkegaard
310 pages
Français

Philosophie seconde de Kierkegaard , livre ebook

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310 pages
Français

Description

Prendre la répétition pour la clé herméneutique de lecture des textes de Kierkegaard permet de resituer son oeuvre dans un contexte contemporain marqué par le dépassement de la métaphysique et la réflexion sur le langage. La lecture existentialiste de Kierkegaard est-elle la seule possible ? Une lecture de Kierkegaard qui le rapprocherait des positions post-métaphysiques ne serait-elle pas convenable ? Kierkegaard suggère lui-même cette direction lorsqu'il recentre sa pensée sur la catégorie de répétition.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 4
EAN13 9782296512443
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La philosophie seconde de Kierkegaard
La Philosophie en commun Collection dirigée par Stéphane Douailler, Jacques Poulain, Patrice Vermeren Nourrie trop exclusivement par la vie solitaire de la pensée, l'exercice de la réflexion a souvent voué les philosophes à un individualisme for-cené, renforcé par le culte de l'écriture. Les querelles engendrées par l'adulation de l'originalité y ont trop aisément supplanté tout débat politique théorique.  Notre siècle a découvert l'enracinement de la pensée dans le langage. S'invalidait et tombait du même coup en désuétude cet étrange usage du jugement où le désir de tout soumettre à la critique du vrai y soustrayait royalement ses propres résultats. Condamnées également à l'éclatement, les diverses traditions philosophiques se voyaient contraintes de franchir les frontières de langue et de culture qui les enserraient encore. La crise des fondements scientifiques, la falsification des divers régimes poli-tiques, la neutralisation des sciences humaines et l'explosion techno-logique ont fait apparaître de leur côté leurs faillites, induisant à reporter leurs espoirs sur la philosophie, autorisant à attendre du partage critique de la vérité jusqu'à la satisfaction des exigences sociales de justice et de liberté. Le débat critique se reconnaissait être une forme de vie.  Ce bouleversement en profondeur de la culture a ramené les philo-sophes à la pratique orale de l'argumentation, faisant surgir des institu-tions comme l'École de Korcula (Yougoslavie), le Collège de Philoso-phie (Paris) ou l'Institut de Philosophie (Madrid). L'objectif de cette collection est de rendre accessibles les fruits de ce partage en commun du jugement de vérité. Il est d'affronter et de surmonter ce qui, dans la crise de civilisation que nous vivons tous, dérive de la dénégation et du refoulement de ce partage du jugement. Dernières parutions Lucie REY,Les enjeux de l’histoire de la philosophie en France au XXe siècle. Pierre Leroux contre Victor Cousin, 2012. Flora BASTIANI,La conversion éthique. Introduction à la philoso-phie d’Emmanuel Levinas, 2012. Maria KAKOGIANNI,De la victimisation, 2012.Marisa Alejandra MUNOZ,Macedonio Fernández, philosophe. Le sujet, l’expérience et l’amour, 2012.Jacques POULAIN et Irma ANGUE MEDOUX (sous la dir. de) Richard Rorty ou l’Esprit du temps, 2012.
Laura Llevadot
La philosophie seconde de Kierkegaard
Écriture et répétition Traduit de l’espagnol par Stéphanie Apollo
Cette œuvre est réalisée avec le concours du ministère espagnol des Sciences et de l’Innovation (MICINN), projet de recherche FFI2009-08557/FISO.© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00362-7 EAN : 9782336003627
REMERCIEMENTS
Ce livre n’aurait pas été possible sans la contribution de ceux qui eurent l’amabilité d’en lire et d’en réviser les premières versions, spécialement Begonya Sáez (Université autonome de Barcelone); Jon Stewart (Søren Kierkegaard Foskningceteret. Université de Copenhague) et mon compagnon Víctor Ramírez. De même, je dois remercier les institutions qui m’attribuèrent une bourse d’études et qui m’accueillirent au cours de cette investigation, notamment la Faculté de Philosophie de l’université de Barcelone, mais aussi leSøren Kierkegaard Foskningceteret(Université de Copenhague); laHoward V. and Edna H. Hong Kierkegaard Library(St. Olaf College, Minessota); et leDépartement de Philosophie del’université Paris-8j’ai pu où rencontrer des professeurs et des collègues qui m’exhortèrent intellectuellement autant que personnellement et que je remercie sincèrement: Cynthia Lund, Gordon D. Marino, Niels Jørgen Cappelørn, Darío González, Joakim Garff, Ettore Rocca, Patrice Vermeren, Stéphane Douaillé. J’aimerais particulièrement adresser mes remerciements aux professeurs de l’université de Barcelone, Manuel Cruz, directeur de la Cathedra de Philosophie Contemporaineet du groupe d’investigation au sein duquel ce travail s’est développé, Carmen Revilla et Santiago López Petit. Finalement, je tiens à remercier tout particulièrement Jordi Riba, sans lequel ce travail n’aurait pas vu le jour, et Stéphanie Apollo pour son patient travail de traduction et de révision du texte français.
INTRODUCTION
LA PHILOSOPHIE SECONDE
Kierkegaard parle souvent de la répétition dans des contextes différents. Il le fait tantôt en dédiant un roman peu orthodoxe pour présenter le concept au travers des vicissitudes de personnages poético-réels – comme c’est le cas deLa Répétition(1843) – tantôt, il annote de brèves et obscures théori-sations concernant ce que l’on doit et ne doit pas entendre par 1 répétition . Parfois, la réflexion autour de la répétition occupe une large note en pied de page qui compile tout ce qui a été dit à son sujet dans des œuvres antérieures – comme cela arrive dansLe concept de l’angoisse(CA 119-121 /SKS, 325-327) – ou encore elle apparaît parfois comme motif de méditation dans 2 une recension littéraire . Mais dans aucun de ces textes, il n’y a d’exposition théorique suffisamment claire comme pour obtenir la définition d’un concept que Kierkegaard a décidé de montrer d’une façon voilée. La raison de cette occultation volontaire réside dans le lieu stratégique qu’occupe le concept de répétition au sein du projet philosophique de Kierkegaard. Il est bien connu que l’apport de Kierkegaard à la pensée moderne et contemporaine est dû à sa tentative de mener la réflexion au-delà du domaine de l’être, au-delà de la métaphysique, au-delà de son caractère trop générique et abstrait qui ne peut rendre compte du devenir, de l’existence,
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et du singulier. C’est ce projet, qui valut à Kierkegaard le nom de « père de l’existentialisme », qui le fit connaître. Mais le fait que la littérature secondaire ait porté son attention pendant tant d’années sur la question de l’existence ou du singulier semble nous avoir éloignés d’une compréhension significative et féconde de la catégorie de répétition. Que la répétition ait été 3 considérée comme une catégorie déconcertante , ou qu’elle ait 4 été confinée dans le domaine religieux , ne mériterait pas d’être reconsidéré si ce n’est parce que le fait de travailler ce concept décisif permet de réinterpréter le projet philosophique de Kierkegaard en son ensemble. Il ne s’agit donc pas seulement d’analyser un des domaines du corpus kierkegaardien délaissé jusqu’à présent par l’intérêt académique. Prendre la répétition pour la clé herméneutique de lecture des textes de Kierkegaard permet au contraire de resituer son œuvre dans un contexte contemporain marqué par le dépassement de la métaphysique et 5 la réflexion sur le langage . On pourrait dire que l’interprétation existentialiste de Kierkegaard « échoue » [strander], comme il le dit lui-même, juste là où la question de la répétition et de son rapport avec la crise de la métaphysique entre en scène. Kierkegaard réclamait déjà la nécessité de dépasser la métaphysique avant Heidegger bien que dans une direction similaire. C’est pourquoi, dansLe concept de l’angoisse,pseudonyme Haufniensis signale la nécessité de le penser une « Philosophie seconde » susceptible de s’opposer à la « Philosophie première », à la métaphysique telle qu’elle fut nommée pour la première fois par Aristote. Pour comprendre l’envergure de cette exigence, il est nécessaire de porter notre attention sur la catégorie de répétition plutôt que sur la question de l’existence. L’auteur pseudonyme du Concept de l’angoissedéfinit cette philosophie seconde en ces termes : « on pourrait (…) désigner parsecunda philosophiaseconde], celle [philosophie [philosophie] dont l’essence est la transcendance et la répétition [Gjentagelsen(CA, 123/SKS, 329). La philosophie seconde ne] » se définit pas d’abord comme une philosophie de l’existence, mais comme une philosophie de la répétition. Il faut se demander pourquoi Kierkegaard insiste sur la centralité de ce
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