Pour une poétique de la mémoire
156 pages
Français

Pour une poétique de la mémoire , livre ebook

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Français

Description

Par un travail d'interprétation des traces matérielles et immatérielles, mais aussi à travers le prisme de l'imaginaire, certains artistes tentent de construire leurs travaux depuis les blancs et lacunes de la mémoire. Pour la photographie, cette recréation serait-elle une voie d'accès à de nouvelles significations ? Les images rêvent-elles et comment les faire rêver ? Après cette première étape d'interprétation, s'accomplit un travail de montage. Il s'agit alors d'un assemblage qui permet d'établir des correspondances inédites et d'offrir des récits singuliers face à l'histoire. Cet ouvrage propose une réflexion sur la poétique de la mémoire dans certaines pratiques artistiques contemporaines.

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Date de parution 05 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782140134388
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Eidos
Alejandro Erbetta
Pour une poétique de la mémoire
Photographie, littérature&arts
Préface de Christine Delory-Momberger
Photographie
Série Collection
Pour une poétique de la mémoire Photographie, littérature & arts
ème Ce livre est le 140 livre de la
dirigée par François Soulages & Michel Costantini Comité scientifique international de lecture Argentine(Silvia Solas, Univ. de La Plata),Brésil(Biagio D’Angelo, Univ. de Brasilia),Chili(Rodrigo Zuniga, Univ. du Chile, Santiago),Corée du Sud(Hyeonsuk Kim, Chung-ang University, Séoul),Espagne(Pedro San Ginés, Univ. Granada),France(François Soulages, Univ. Paris 8),Grèce(Panayotis Papadimitropoulos, Univ. d’Ioanina),Japon(Kenji Kitamaya, Univ. Seijo, Tokyo),Hongrie(Anikó Ádam, Univ. Pázmány Péter, Egyetem),Luxembourg(Paul di Felice, Univ. de Luxembourg),Malte(Thierry Tremblay, Univ. de La Valette) Série LITTÉRATURE 46 Michel Costantini (dir.),Sémiotique des frontières, art & littérature 70 Aniko Adam,Du vague des frontières. Espaces, littératures & langues 76 François Soulages (dir.),Malraux, le passeur de frontières93 François Soulages (dir.),Le flou & la littérature96 Richard Spiteri,Benjamin Péret. Travail en chantier 109 Edmond Nogacki,Plasticité de la poésie de René Char 117 Vincent Metzger,Henri Michaux. Fiction & diction 119 Biagio D’Angelo,Espace. Topographies imaginaires.Écrits parisiens 2017-8,1120 B D’Angelo & F Soulages (codir.),Temps. Photographie & littérature.Écrits parisiens 2017-8, 2121 Biagio D’Angelo,Espace-Temps. Proust & les créations contemporaines.Écrits parisiens 2017-8, 3 142 François Soulages, Anikó Ádám & Anikó Radvánszky (dir.),Lire & vivre. Études sur l’expérience de la lecture Série PHILOSOPHIE 11 Michel Gironde (dir.),Les mémoires de la violence 12 Michel Gironde (dir.),Méditerranée & exil. Aujourd’hui49 Dominique Chateau,Théorie de la fiction. Mondes possibles et logique narrative60 François Soulages & Aniko Adam (dir.),Les frontières des rêves 62 Michel Godefroy,Chirurgie esthétique & frontières de l’identité 63 Thierry Tremblay,Frontières du sujet. Une esthétique du déclin 64 Stéphane Kalla Karim,Les frontières du corps & de l'espace. Newton 66 Vladimir Mitz,La transgression des frontières du corps. La chirurgie esthétique 67 Bernard Salignon,Frontières du réel où l’espace espace 68 Dominique Chateau,L’art du fragment. Frontières apparentes & frontières souterraines69 Pierre Kœst,Aux frontières de l’Humain. Essai sur le transhumanisme 71 Gabriel Baudrand,Mathématiques & frontières 73 Philippe Boisnard,Frontières du visage (analogique-numérique) 74 Aniko Adam, Aniko Radvanszky & François Soulages (dir.),L'homme qui rêve 77 Alain Milon & Shu-Ling Tsai,Figures de l’homme. Au croisement des différences 81 François Soulages (dir.),Les frontières des langues 101 François Soulages (dir.),La crise du visage 129 Leon Fahri Neto,Masse & multitude. A partir de Freud, Canetti & Spinoza 131 I-ning Yang,Blanchot-Lao Tseu : l’acte de nomination 132 François Soulages & Leon Fahri Neto (codir.),Masse & sujets. Philosophie & art 137 Gabriel Baudrand,Des discours contemporains à la lumière de LacanLes autres titres de la CollectionEidossont donnés à la fin de ce livre
Alejandro Erbetta Pour une poétique de la mémoire Photographie, littérature & arts Préface de Christine Delory-Momberger
Du même auteur Photographie et reconstruction d’histoires (individuelles et familiales), Alejandro Erbetta, Paris, L’Harmattan, collectionEidos, 2019.Fotografia, escritura e imaginario. Sous la direction d’Alejandro Erbetta et François Soulages. Buenos Aires, Éd. Arte x Arte, Argentine, 2019.Arte y reconstruccion, Sous la direction d’Alejandro Erbetta et François Soulages. Buenos Aires, Éditions Arte x Arte, Argentine, 2018. Art & reconstruction, sous la direction d’Alejandro Erbetta et François Soulages, Paris, L’Harmattan, collectionEidos, 2017.La fotograficidad, Sous la direction d’Alejandro Erbetta. Buenos Aires, Éditions Arte x Arte, Argentine, 2017. La photographicité. Sur l’esthétique de la photographie de François Soulages, sous la direction d’Alejandro Erbetta. Paris, L’Harmattan, coll. Intersémiotique des arts, 2016. Frontières & mémoires, Arts & archives, sous la direction d’Alejandro Erbetta et François Soulages, Paris, L’Harmattan, coll.Eidos, 2015.Aux frontières de l’oubli. Journal de recherche 2015, Alejandro Erbetta. Paris, L’Harmattan, collection RETINA.CRÉATION, 2015.Fronteras, memorias, artes y archivos, Sous la direction d’Alejandro Erbetta et François Soulages. Buenos Aires, Éditions Arte x Arte, Argentine, 2015.La experiencia fotografica en dialogo con las experiencias del mundo, Sous la direction d’Alejandro Erbetta, François Soulages. Buenos Aires, Éditions de l’Université de Palermo, 2015. Frontières & mémoires. Journal de recherche 2014, Alejandro Erbetta. Paris, L’Harmattan, collection RETINA.CRÉATION, 2014.Frontières et Migrations. Aller-retours (géo)artistiques, sous la direction d’Alejandro Erbetta et François Soulages, Paris, L’Harmattan, collectionEidos, 2014. © L’Harmattan, 2019 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-18876-8 EAN : 9782343188768
Préface L’enquête comme modalité artistique de recherche du passéComment appréhender une mémoire qui échappe à toute prise, comment retrouver les chemins d’un passé confondu dans l’espace et le temps, comment le reconstruire, comment trouver des filiations, des racines, une histoire que l’on ferait sienne et comment se reconstruire soi-même avec elle ? Comment retrouver la trace et comprendre comment une enfance a pu être heureuse alors que l’on découvre qu’elle s’est déroulée près des murs de la Maison Seré, un centre de détention à Buenos Aires au temps de la dictature argentine ? Alejandro Erbetta est photographe et c’est avec ce medium qu’il se met en quête de vies qui ont précédé la sienne et de lieux où ont habité des ancêtres partis un jour d’une Italie qui ne les retenait plus. Il cherche son histoire, il interroge l’enfant qu’il a été, à travers l’Histoire qui l’a traversé. Il s’attache également à des vies rencontrées au fil du hasard comme celles d’une personne et de sa famille ayant vécu en France durant la Grande Guerre. Un voisin lui a donné un carton rempli des plaques stéréoscopiques de verre qui ont figé ces vies et Alejandro Erbetta se lie au destin de cette famille, leur donne une nouvelle vie en les ramenant à leur lieu d’origine et en les 1 exposant en France . Vies déplacées, vies d’exilés, vies tremblées.
1  Alejandro Erbetta.Au fond d’un miroir sans voix. Journal de recherche 2015,Paris, L’Harmattan, Collection RETINA.CRÉATION, 2015.
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L’exil est un arrachement mais une promesse aussi et c’est souvent au prix de l’oubli que celle-ci tient son pari. Les générations qui suivent ceux qui ont quitté leur terre grandissent dans un monde qui leur semble être le leur jusqu’au moment où le manque, l’absence deviennent perceptibles et installent un sentiment d’intranquillité. Il faut alors partir à son tour et tenter de retrouver les traces effacées, refaire la route qui a mené de l’Italie à l’Argentine, reconstruire l’enfance, matrice de son devenir, s’allier à d’autres vies d’exilés, se 2 situer entre la « perte » et le « reste » .Alejandro Erbetta est photographe mais il est aussi chercheur et son projet artistique est tramé d’une réflexion sur la faisabilité de la reconstruction d’une histoire personnelle par le biais de l’art. Il prend appui sur l’œuvre de Patrick Modiano dont l’univers romanesque est une quête incessante de personnes,de lieux, d’ambiances disparus auxquels il fait prendre vie dans des récits qu’il imagine à partir d’éléments relevés au fil des enquêtes menées tout au long de ses romans : un nom, une adresse dans un annuaire téléphonique, un souvenir flou qui remonte, un document historique, etc. Autant d’indices qui permettent à Modiano de construire une histoire au sens un peu incertain et qui reste souvent une énigme. L’écrivain-narrateur apparaît souvent sous la figure d’un observateur, d’un détective qui tente de rassembler les faits ou de l’historiographe qui rend compte de sa recherche, et son écriture peut s’apparenter parfois au procès-verbal de policeou au rapport formel. Alejandro Erbetta est sur cette ligne de l’enquête, avec comme 3 références les travaux de Carlo Ginzburg , François Soulages et 4 Gaston Bachelard . Avec Carlo Ginzburg, il questionne le réel, le vécu, la transcription du passé. Il en cherche les sources et procède par strates successives rassemblant des photographies d’archives, des images actuelles qu’il a prises et des documents d’époque, des textes, des papiers d’état-civil, les faisant dialoguer dans des montages-constellations qui font l’objet de ses expositions. Alejandro Erbetta dit utiliser l’enquête comme modalité artistique. Les journaux qui accompagnent ses travaux photographiques rendent compte de ses cheminements dans la recherche d’un passé familial d’émigration ou,
2 François Soulages.Esthétique de la photographie.La perte et le reste,Paris, Nathan, 1998. 3 Carlo Ginzburg.Mythes emblèmes traces,Paris, Verdier, 2010. 4 Gaston Bachelard,La poética de la ensoñación, México, Fondo de cultura económica, 2011.
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dans un travail plus récent, de son questionnement par rapport à une enfance heureuse vécue sous la dictature. Avec François Soulages, Alejandro Erbetta travaille la photographicité définie comme une articulation entre « l’irréversible » et « l’inachevable », « l’irréversible » désignant le fait qu’une prise de vue fixe la personne, l’objet ou la situation photographiés à un certain moment selon un angle particulier, les scellant à jamais dans la matérialité d’un négatif, et « l’inachevable » renvoyant à toutes les interprétations possibles qui peuvent être réalisées lors du tirage. L’irréversible induit « la perte », l’acte photographique cadre et, par là, ne se saisit que d’une partie de l’ensemble. C’est la perte du « vif » des situations au profit d’un cadrage rendant compte d’une expression, d’une ambiance ou d’un moment de l’histoire mais c’est aussi la perte d’un temps passé qui a été photographié et qui ne reviendra plus. Cette apparition des personnes ou des objets représentés dans la matière du négatif rend plus cruelle et violente leur disparition de la vie. Ils prennent du coup une valeur qu’ils n’avaient pas « parce que ce temps, cet objet ou cet être sont à jamais perdus » et que cette perte « contamine notre perte », nous dit Soulages. « Le reste » est ce qu’on a pu faire de « l’irréversible » pendant les tirages qui sont d’autant d’interprétations. Les opérations successives dans le bain de sels argentiques ou le travail sur des logiciels numériques transcrivent un négatif ou un cliché devenu matrice d’expérimentations. Celui-ci s’ouvre à un infini des possibles qui s’annulent les uns les autres au profit d’un choix d’image. Tentative de deuil de « la perte », « le reste » garde la marque de cet aléatoire d’une sélection qui n’a pas caractère d’absolu. François Soulages dit que « la photographie est l’art d’accommoder les restes » et de cette « cuisine » Alejandro Erbetta est passé maître. Les images qui adviennent tout au long de sa quête pour tenter de reconstruire une histoire en appellent d’autres qui resteront à jamais absentes. Leur manque crée une faille que vise à combler un imaginaire, et toutes — images présentes, images absentes et images imaginées — donnent une forme qui tient lieu de l’histoire. Alejandro Erbetta situe sa démarche artistique « entre les faits, l’imagination, l’émotion », il l’inscrit dans l’espace du sensible et, suivant Gaston Bachelard dans sa « rêverie poétique », il voit « l’image poétique » qui se révèle à l’imagination du créateur comme une voie de connaissance. Source d’émerveillement pour la « conscience imaginante », elle éclaire l’esprit et le cœur en se détachant d’une
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objectivité qui serait un leurre pour rejoindre une subjectivité assumée. Sa démarche lui ouvre les portes d’un monde intérieur où une histoire re-créée à partir de la « perte et du reste » devient la sienne : il a maintenant, comme il le dit souvent, « un territoire imaginaire qui se déplace avec lui ». Et il nous indique en même temps comment construire sa propre mythologie entre vérité et fiction à travers une expérience existentielle de créationdans etparl’œuvre. ChristineDelory-Momberger
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Introduction Le présent ouvrage montre l’évolution d’un travail artistique et d’une recherche, qui se nourrissent réciproquement, dans un aller-retour et une dialectique qui permettent d’avancer dans ces deux domaines. La convocation de la pensée des théoriciens et des œuvres des artistes traitant les mêmes problématiques, donnera une épaisseur et une richesse à ces recherches. Mes séries photographiques personnelles récentes,Au fond d’un miroir sans voix(2014-2016),et Enfance et dictature(2012-2018), feront l’objet d’une analyse approfondie au cours de ce livre. Toutes, à leur manière, tentent de reconstruire, à partir de photographies, de textes et de documents, des histoires individuelles, familiales et/ou collectives. Les déplacements spatio-temporels ainsi qu’une recherche rétrospective, constituent les principales modalités de ces travaux. Dans cette démarche de création particulière, l’interprétation des faits postule la possibilité de l’enquête comme procédé artistique. Les travaux sont inventés à partir de ce qui a déjà été dit ou a existé. Ils sont une réappropriation du passé et postulent, à travers l’œuvre, une recréation. Dans mes recherches artistiques, je propose des ensembles d’images mêlant des univers esthétiques différents, à partir du réemploi d’images préexistantes et de photographies personnelles, associés dans une nouvelle unité. J’essaie donc de créer des espaces narratifs singuliers, en opérant un lieu de mixage de réalités diverses, entre images actuelles et images anciennes, entre création et appropriation. Mais quel est le lien entre mémoire et reconstruction, entre histoire individuelle et collective ? Comment les aborder artistiquement ?
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