Pourquoi les dieux n'existent pas

Christian Martin

Description

Croire qu'un Esprit a créé la matière et fusionner ses rêves au réel sont nos deux premiers réflexes. Mais ce n'est pas une réflexion, c'est pourquoi ma pensée se complique lorsque j'affirme que les martiens sont verts, que les dieux existent ou que la licorne est une variété de cheval. Comment articuler exister matériellement et être, c'est-à-dire ne pseudo-exister qu'en pensée ? Que disent la logique et la linguistique de nos jeux de langage, et que dit la science de l'existence, de la matière et de l'esprit ? Par son langage, l'humain génère des fautes de logique qui lui permettent de substituer à l'existence des êtres métaphysiques rassurants, afin de maîtriser son milieu.

Sujets

• Philosophie

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 03 juin 2020
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782140150753
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Christian Martin

POURQUOI LES DIEUX N’EXISTENT PAS Essai sur l’être et l’existant

OUVERTURE PHILOSOPHIQUE DÉBATS

© L’Harmattan, 2020 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

www.editions-harmattan.fr

ISBN : 978-2-343-20423-9 EAN : 9782343204239

Pourquoi les dieux n’existent pas

Essai sur l’être et l’existant

Collection « Ouverture philosophique » Série « Débats » dirigée par Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. La série « Débats » réunit des ouvrages dont le questionne- ment et les thématiques participent des discussions actuelles au sujet de problèmes éthiques, politiques ou épistémologiques.

Déjà parus

Vincent Davy KACOU,Paul Ricoeur, Pour une poétique d’éthique politique en Afrique,2020. Samuel MONTPLAISIR,La croyance et ses horizons normatifs, 2020. Jean-Marc ROUVIÈRE,Au-devant de soi. Esquisses vers une philosophie de l’anticipation, 2019. Henri DE MONVALLIER, Nicolas ROUSSEAU,La phénoménologie des professeurs. L’avenir d’une illusion scolastique, 2020. Béatrice CANEL-DEPITRE,Homme/animal, Destins liés, 2019. Benoît BOHY-BUNEL,Symptômes contemporains du capitalisme spectaculaire, 2019. Gérard GOUESBET,Violences des Dieux, 2019.

Christian MARTIN

Pourquoi les dieux n’existent pas

Essai sur l’être et l’existant

Du même auteur

Signifiances de l’art. Définir l’artistique ? Québec, Montréal, Liber, 2011

L’amour de l’art ou l’évanescence du discours, Paris, L’Harmattan, « Ouverture philosophique », série « Esthétique », 2019

De l’amour imaginaire à la plénitude du manque, Paris, L’Harmattan, « Ouverture philosophique », série « Débats », 2019

À Jean-Marc Sauli, Pour sa précieuse amitié Et son indéfectible soutien.

Je remercie Brigitte Djébar, Serge Beaugrand, Dominique Defranchi et Sylvie Privé pour les discussions animées qui ont nourri ces réflexions. Un grand merci, également, à ma fille Idriss S. Tellier pour son aide en neuropsychologie et à Pierre Arthuis pour ses lumières en physique.

Introduction « Rien n’est plus libre que l’imagination humaine ; bien qu’elle ne puisse déborder le stock primitif des idées fournies par les sens externes et internes, elle a un pouvoir illimité de mêler, composer, séparer et diviser ces idées dans toutes les variétés de la fiction et de la vision. », D. Hume,Enquête sur l’entendement humain, p.110.

* Une confusion des termes La civilisation occidentale fait l’apologie de la logique, de la méthode et de la rationalité à la base de toutes nos avancées e scientifiques. Cette voie fut ouverte, au 17 siècle, par Descartes qui ambitionnait de réduire le confus des phénomènes à quelques idées claires. SaMéthodese résumer en quatre points : peut posséder l’évidence de principes clairs et distincts ; diviser pour analyser ; synthétiser en ordonnant du plus simple au plus 1 complexe ; faire des classements exhaustifs . Alliés aux trois concepts empiriques deposition,figure etmouvement qu’il jugeait innés, tous les phénomènes devaient pouvoir être expliqués par des raisons mathématiques. Cette méthode qui, surtout depuis deux siècles, a été exploitée avec succès par la technique et la science, a fait la preuve de son efficacité. Pourtant, cette attitude cartésienne qui a fondé les sciences n’a pas empêché Descartes d’avoir des croyances sans aucun fondement. Lorsqu’il affirme qu’il « est certain que moi, c’est-à- dire mon âme, par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement et véritablement distincte de mon corps, et qu’elle peutêtreou 2 exister sans lui », il montre non seulement, ainsi que l’écrit Gilson, que tout son système « est suspendu à l’idée d’un Dieu * La plupart des termes techniques sont définis dans leGlossaire.

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3 tout-puissant » mais surtout, et au-delà du simple dualisme 4 corps/esprit , qu’il confond les verbes « être » et « exister ». Dans notre langage courant, nous superposons le sens de ces deux verbes sans que leur confusion ne pose problème. Nous disons que la Terreexiste, que le Soleilestbrûlant et que jesuis dans cette maison quiestdeux kilomètres de cette ville qui à existedepuis plus de mille ans. Mais les choses se compliquent lorsque j’affirme que les martienssontverts, que le diableexiste, que Dieuestamour, que la licorneestune variété de cheval, et qu’ilexiste de multiples façons de concevoir l’univers. Cette manière de m’exprimer devient vite source de confusion. De nos jours, Gabriel entretient le même amalgame philosophique entre « être » et « exister » lorsqu’il écrit que « notre planète existe, mes rêves, l’évolution, les chasses d’eau dans les toilettes, la chute des cheveux, les espoirs, les particules 5 élémentaires et même les licornes sur la lune » ; bref, que « tout existe, excepté le monde ». À la question : pourquoi le monde - qui est l’une des représentations dont il dit que toutes existent - n’existerait pas, Gabriel répond que ce concept, parce qu’il englobe tous les autres « champs de sens », ne serait lui-même englobé par aucun champ sémantique. Or, ainsi que l’écrit Jacquard, ceci ne démontre logiquement qu’une chose : l’impossibilité métaphysique « de penser l’ensemble de tous les 6 ensembles » qui recouvre l’impossibilité, en physique, de penser « l’élément ultime permettant de reconstituer tous les objets ». Il me semble que ces vains jeux de mots ne sont que le résultat de l’utilisation des règles de la logique sans qu’ait été posée, au préalable, une différence fondamentale entre les verbes « être » et « exister ». Depuis la nuit des temps, magnifiant et extrapolant les effets de son propre esprit, l’humain a toujours eu tendance à imaginer un «GrandEsprit» créateur de la matière plutôt qu’une matière devenue créatrice de multiples formes d’esprit. Je ferai donc une incursion vers la physique et la cosmologie pour préciser les notions dematière, d’énergie, deforce, dechamp et d’onde. Continuant à interroger notre langage, je me pencherai, non seulement sur ce que nous entendons vraiment lorsque nous employons les termes dematière, departiculeou deréel, mais

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