Sophie Calle
72 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Sophie Calle , livre ebook

-

72 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

À notre époque, nous sommes aux extrêmes : soit surexposés, soit isolés du regard. Entre le regard sur autrui et le regard d'autrui, comment pouvons-nous définir et accepter le regard sans nous détruire ? À quel point est-il fidèle et comment révèle-t-il la réalité, l'existence de ce qui est regardé ? Comment le regard sur autrui peut-il jouer sur et avec l'existence de l'être humain, et de l'oeuvre ? Face à cette question, Sophie Calle présente sans cesse autrui dans des créations plutôt autobiographiques. Elle pose des questions existentielles pour établir un rapport à l'autre, un rapport au regard. Avec ses oeuvres, le problème du regard sur autrui ou d'autrui passe du déséquilibre à l'imaginaire.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 septembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782336880471
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection
Ce livre est le 141 ème livre de la

dirigée par François Soulages & Michel Costantini
Comité scientifique international de lecture
Argentine (Silvia Solas, Univ. de La Plata), Brésil (Biagio D’Angelo, Univ. de Brasilia), Chili
(Rodrigo Zuniga, Un v. du Chile, Santiago), Corée du Sud (Hyeonsuk Kim, Chung-ang University,
Séoul), Espagne (Pedro San Ginés, Univ. Granada),
France (François Soulages, Univ. Paris 8), Grèce (Panayotis Papadimitropoulos, Univ. d’Ioanina),
Japon (Kenji Kitamaya, Univ. Seijo, Tokyo), Hongrie (Anikó Ádam, Univ. Pázmány Péter, Egyetem), Malte (Thierry Tremblay, Univ. de La Valette)
Série ARTISTE
17 Manuela de Barros, Duchamp & Malevitch. Art & Théories du langage
44 Bertrand Naivin, Roy Lichtenstein, De la tête moderne au profil Facebook
50 Marc Giloux, Anon. Le sujet improbable, notations, etc.
52 Alain Snyers, Le récit d’une œuvre 1975-2015
104 Raphaël Yung Mariano, Scènes de la vie familiale. Ingmar Bergman
106 François Py (dir.), De l’art cinétique à l’art numérique. Fran k Popper
118 François Soulages & Sophie Armache Jamoussi, Masques & identités. Bernard Kœst
128 François Soulages (dir.), Temps & photographie. A partir de Bernard Kœst
141 Hwamin Shin, Sophie Calle. Regard sur autrui : du déséquilibre à l’imaginaire
Série ART
3 François Soulages (dir.), La ville & les arts
13 Eric Bonnet (dir.), Le Voyage créateur
31 Julien Verhaeghe, Art & flux. Une esthétique du contemporain
37 Gezim Qendro, Le surréalisme socialiste. L’autopsie de l’utopie
38 Nathalie Reymond À propos de quelques peintures et d’une sculpture
39 Guy Lecerf, Le coloris comme expérience poétique
41 Pascal Bonafoux , Autoportrait. Or tout paraît
42 Kenji Kitayama, L’art, excès & frontières
43 Françoise Py (dir.), Du maniérisme à l’art post-moderne
48 Marc Veyrat, La Société i Matériel. De l’information comme matériau artistique, 1
51 Patrick Nardin, Effacer, Défaire, Dérégler… entre peinture, vid o, cinéma
55 Françoise Py (dir.), Métamorphoses allemandes & avant-gardes au XX e siècle
58 F. Soulages & A. Erbetta (dir.), Frontières & migrations. Allers-retours géoartistiques & géopolitiques
65 Marc Veyrat, Never Mind, De l’information comme matériau artistique, 2
72 Sandrine Le Corre, Frontières & arts. De l’opacité à la fraternité
75 François Soulages & Alejandro Erbetta (dir.), Frontières & mémoires, arts & archives
78 C. Bodet, A. Chareyre-Méjan & L. Iacovo (dir.), Dimension poétique
80 A. M. Mora Luna & P. Ordóñez Eslava (dir.), Les arts en [temps de] crise
87 Angèle Ferrere, Du chantier dans l’art contemporain
90 A. M. Mora Luna, P. Ordóñez Eslava & F. Soulages (codir.), Arts & Frontières, Espagne & France
91 J.-F. Desserre, L’image peinte. Enjeux & perspectives de la peinture figurative des années 1990 à no s jours
94 Qing Chen, Mise en scène d’un corps performatif. Entre identité & altérité
102 Eric Bonnet & Qing Chen (codir.), JE est un autre. Art contemporain en Chine & en France
103 François Soulages & Alejandro Erbetta (codir.), Art & reconstruction
Les autres titres de la Collection Eidos sont donnés à la fin de ce livre
Titre


Hwamin SHIN




Sophie Calle

Regard sur autrui : du déséquilibre à l’imaginaire

Préface de François Soulages
Copyright



















© L’Harmattan, 2019
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN Epub : 9782336880471
Préface Un regard coréen
Agis de façon telle que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen.
Kant
Il faut nécessairement lire ce livre, car il a un triple intérêt : il nous instruit sur l’œuvre de Sophie Calle ; il nous fait réfléchir sur la problématique du regard sur autrui ; il nous offre un nouveau regard sur l’œuvre de cette artiste, un regard coréen.
Et cela est passionnant. Depuis Montesquieu et Les Lettres persanes , nous savons que parler d’un autre lieu permet de se représenter autrement un objet. Le regard coréen nous fait voir autrement Sophie Calle que l’on peut comparer, alors, à Jin Narae ou Jeong Yeondou. Le décentrement nous délivre de l’illusion narcissique, et en particulier de l’illusion occidentalo-centrée. Narcissisme dangereux, car il fait croire au sujet que son monde, c’est le monde ; or c’est Kant qui a raison : « Renoncer à l’autre, c’est renoncer au monde ». Autrui est infiniment plus enrichissant que moi.
Mais tout regard sur autrui est paradoxal : d’un côté il est une quête de l’altérité, de l’autre il est un emprisonnement d’autrui. Il faut du temps, de la maturité, de la sagesse pour comprendre que dans mon regard sur autrui, ce n’est pas moi qui dois être le maître ; autrui non plus ; mais je dois être au service d’autrui si je veux être enrichi. Autrui, en effet, peut m’apprendre la générosité ; certes quand il est dans la détresse, mais aussi, mais surtout quand il est dans la splendeur ; la générosité me permet donc de dépasser l’envie et la jalousie. Alors la phrase de Lacan « Il n’y a pas de rapport sexuel » est dépassée ; peut-être que le psychanalyste refoulait l’ agapé qu’aurait pu lui apprendre Marc-François, son frère bénédictin qui écrivait :
La présence dont je puis jouir, c’est aussi celle de la vérité que je cherche avec l’autre et qui est déjà présente dans notre dialogue, puisque c’est elle qui nous fait parler et écouter. 1
Le regard sur l’autre doit donc être non pas un gardien de prison, mais, osons le dire, un ange gardien. Nous passons alors du déséquilibre à l’imaginaire. En effet qu’est-ce qu’un déséquilibré, sinon celui qui veut s’imposer à autrui et au monde ? Quelle vanité, quelle illusion, quelle sottise ! Et ce déséquilibre extérieur est corrélat d’un déséquilibre intérieur. Or, avec cette articulation de la jouissance et du respect d’autrui, nous pouvons accéder à des imaginaires interenrichissants et donc à de l’interhumanité. Telle pourrait être une fonction de l’art ; et quand elle est, elle est belle et bonne – troisième et deuxième Critique de Kant. Outre que l’imaginaire est mouvement, changement et risque et non fixation narcissique conservatrice. Et l’inconscient advient et joue – « ça a été joué » ; non pas qu’il n’était pas là, mais parce qu’avec le narcissisme déséquilibrant l’inconscient était outil de répétition ; or « la répétition, c’est la mort » nous a appris Freud – et non l’inverse. C’est là où l’artiste peut sortir de lui-même et de son infantile triangle œdipien. Il n’est plus un héritier créatif et original, mais un travailleur créateur et originaire : dialectique du maître et de l’esclave ; Lacan suivait d’ailleurs, avant la Seconde Guerre mondiale – encore le monde ! –, le Séminaire de Kojève sur Hegel et c’est là où tout s’est joué ; une fois encore, « ça a été joué » !
Alors l’esthétique rejoint la morale ; et c’est bien.
François Soulages Professeur des universités, Université Paris 8 Président-fondateur de RETiiNA.International


1 Marc-François Lacan, « Une présence dont je puis jouir », in Lumière & Vie , n ° 198, pp. 63-80.
Introduction
Pour l’humain, le visible se compose du vu, qui, même menaçant, confirme son existence, et du non-vu, qui la défie. La soif d’avoir vu comporte une base profondément ontologique.
John Berger 1
Problème & enjeux universels
À chaque instant nous voyons quelque chose, à moins de fermer les yeux. Nous posons les yeux sur telle ou telle chose, volontairement ou involontairement. Alors, « Regarder, dit Jean-Luc Nancy, c’est garder deux fois 2 », ce qui signifie que regarder est une action plus volontaire et act

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents