Anthropologie Beti et sens chrétien de l homme
371 pages
Français

Anthropologie Beti et sens chrétien de l'homme , livre ebook

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371 pages
Français

Description

Convertir un peuple à l'Evangile revient à réveiller en lui ce qui s'identifie à l'Evangile parmi les valeurs de sa culture. Un peuple ne s'accorde jamais avec un message absolument étranger à sa culture. Cette étude décrit la rencontre difficile d'une culture donnée avec la doctrine de la foi chrétienne.


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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 336
EAN13 9782296241343
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AVANT-PROPOS

« Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au
nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder ce que je
vous ai prescrit. Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des
temps» (Mt.28, 19-20).
Annoncer la Bonne Nouvelle desalutàtouteslesnationsde laterre,
telle estla principale mission de l'Eglise. Mission enthousiasmante certes,
maiscombien délicate dans son exécution effective. La question capitale qui
se pose à l'Eglise représentéesur leterrain par lesmissionnairesestdesavoir
commentfaut-il annoncer l'Evangile duChrist?
La bonne réponse pour cette question neva pas toutà faitdansla ligne
desdirectivesbousculantesque SaintPaul donne à Timothée: «Proclame la
Parole, insiste àtempsetà contre-temps, reprends, menace ... » (2Tm 4,2).
Mais si on agit sansdiscernement,sansintelligence, le Livre desProverbes
vase faire entendre: «Là oùmanque lesavoir, lezèle n'estpasbon» (Prov.
19,2).
Dansla grande question de la rencontre d'un peuple avec l'Evangile, le
missionnaire doitéviter d'utiliser les techniquesetlesartificesinventéspar
leshommes, car ilsdonnentl'illusion de portersatisfaction à la « pédagogie
religieuse» dont seserventlesinstitutionspeurassurantesdénomméesàtort
« écolesde la foi ». Il n'ya pasde professeursde la foi. Celle-ci, en effet, est
essentiellement un don de Dieu.
Lesrésultatsd'une doctrine artificielle ne résistentpasau temps. Les
combinaisonslimitéesdesdiscoursdeshommesn'éclairentpaslesenjeux
d'éternité engagéspar la rencontre d'un peuple avec l'Evangile. Pour
annoncer la Parole de Dieu, le missionnaire doitdonc procéder comme Dieu
lui-même. Lorsque Dieu voudraitparler auxhommes, Il nous touche par là
oùnous sommesle plus sensiblesauxréalités vitales: Ils'adresse à notre
cœur,source de la compréhension (Eph 1, 18) pour nousrendre attentifsàsa
Parole (Act. 16, 14). Ilsaisitnotre cœur considéré comme centre dynamique
de notre être etfoyer detouslesmystèresde notre amour où s'opère notre
véritable conversion (Joël2, 12;IR 8, 48).
Ilya danschaque peuple des valeurs vitalesauxquellesilse montre
particulièrement sensible. L'ensemble detoutesces valeursprend le nom de
culture. C'estdansla conjugaison de ces valeursques'inscritle processusde
lavie humaine. La culture représente donc lavoie obligée pour atteindreun
peuple en matière d'évangélisation. En effet,un peuple ne comprend rien que
la langue deses sensibilités suscitéesparsa culture. Mais- il fautle dire

clairement8chaque peuple, même païen est, àtravers sa culture propre,
capable d'entrer en dialogue avec le divin etde levivre. C'estlà le « mystère
duChrist» que Dieua révélé auxApôtres: « Lespaïens sontadmisaumême
héritage, membresdumême corps, en Jésus-Christ, par le moyen de
l'Evangile» (Eph.3,6).
Dansle présentouvrage, « Anthropologie béti et senschrétien de
l'homme », l'auteurtraite d'une manière lumineusetoutescesquestions
relativesà la rencontre de la culture béti avec l'Evangile. Jean-Marc ELA,
théologien et sociologue camerounaisréputé, apprécie hautementletravail
duPère Alexandre NANA. Il écrit: « L'œuvre est un regard lucide portésur
lesdéfisetlesenjeuxde la rencontre duChristianisme avec le peuple béti.
C'est untravailtrès sérieux. Cettethèse est un bel exemple de méthode
d'inculturation. Danscesens, elle aune portée qui déborde le continent
africain et seséglises. »
Il est vraiment souhaitable quetoutchrétien appelé à proclamer
l'Evangile duChristentre en possession de ce livre etlui réserveune lecture
attentive.

6

INTRODUCTION

L’unanimité est faite sur la conviction selon laquelle l’inculturation du
message évangélique est la seule voie à suivre pour l’évangélisation
profonde d’un peuple.
L’étude que nous entreprenons voudrait répondre à l’importante
question de savoir en quoi consiste, concrètement, l’inculturation du
message chrétien ? En d’autres termes, quels sont les éléments culturels qui
entrent en jeu dans la rencontre entre la foi et la culture ?
Les pages qui suivent se proposent de répondre à cette question avec le
souci d’aller au fond du problème sans toutefois négliger les détails.
La conversion du peuple beti est confrontée à une difficulté singulière
caractérisée par une double figure du même peuple. D’une part, un visage
exaltantqu’on pourraitappeler «Christianisme officiel», c’est-à-dire le
Christianismevude l’extérieula conr :version massive et trèsrapide des
Beti, mondialementconnue comme cas unique aumonde, dansl’histoire de
la mission évangélique. D’autre part,une autre figure, cachée celle-là, qu’on
pourraitnommer «Christianisme officieux». Celui-ci apparaîtdansla
pratique duChristianisme importé :la foi chrétienne etlescroyances
traditionnelles s’y trouventmêlées. Syncrétisme ouinfidélité auxexigences
de la foi ? Ni l’un, ni l’autre. Ils’agit simplementde la résistance normale
d’unevieille culture àson contactavecune nouvelle perception des valeurs
humaines. La difficulté estclassique. Elle estpropre àtouteffortde
conversionvéritable. La présente étudeva consister à examiner ce problème
à fond, afin d’en proposerunestratégiesereine de la mission oùfoi
chrétienne etcroyances traditionnelles se rencontrent,sanspréjugé
défavorable pour la religion beti, maisdansla lumière libérante de la Parole
de Dieu. Voilà pourquoi la démarche de notre étude estconçue de manière à
établirun dialogue entre la culture beti etla foi chrétienne, detellesorte
qu’ilsoitpossible de dégager lesconvergencesetlesdivergences
recherchéesà dessein comme lieux stratégiquesoùdoit sesituer l’action
pastorale. L’itinéraire àsuivre comprendtroisparties:
1. Anthropologie Beti,
2. Vision chrétienne dumonde etde l’homme,
3. Lesdéfisde la mission chezlesBeti.

Le plan du travail ainsi conçu permet de toucher toutes les questions de
fond relatives à l’inculturation du message chrétien. L’étude engagée
voudrait réunir toutes les chances d’être une modeste contribution à l’effort
de recherche entreprise par l’Eglise, pour une nouvelle évangélisation
attentive à la culture africaine.

8

PROBLÉMATIQUE

L’échec constaté dans l’évangélisation du peuple beti pose d’une
manière décisive le problème de l’apostolat missionnaire.Un peuple
naturellement religieux, quisemble doté detouslespréalablesfavorablesà
l’acquisition de la foi chrétienne, maisqui, en dépitdeson étonnante
conversion massive extérieure,sembletoutà faità l’aise dansla pratique de
la foi chrétienne mêlée à descroyancespaïennes traditionnelles, cela oblige
à réfléchirsérieusementd’une part,sur le rapportentre desreligions
africainesetle christianisme, etd’autre part,sur la question desavoir quel
procédé entreprendre pour évangéliser convenablement un peuple etle
prédisposer àune conversionvéritable.
Avantd’aborder cette question, il estimportantdesignaler d’abordce
qu’il ne faut pas faire. Il fautéviter detomber dansl’erreur « classique » de
la mission qui consiste à imposer àun peupleun christianismevécuailleurs,
aulieude lui annoncer l’Evangile duChrist. Jésuset sa Parole ne
s’identifientpasàune forme particulière historique de christianisme.
« Jésus, ditAlbertNolan, ne peutêtre complètementidentifié à ce grand
phénomène religieuxdumonde occidental qu’a été le christianisme. Il est
bien plusque le fondateur de l'une desgrandesreligionsdumonde.
Ilsetientdevantle christianismetel le juge detoutce qui a été faiten
son nom. Le christianisme ne peuten revendiquer la possession exclusive.
1
Jésusappartientà l’humanité entière. »

Le christianisme entenducomme culture en effetestla résultante de
l’interprétation de la Parole de Dieuparune culture, la culture occidentale.
« Le g

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