Ce que dit la Bible sur la consolation

Régine Maire

Description

La consolation, celle que nous portons à l’autre et celle que nous attendons de Dieu.

Que dit la Bible sur la consolation, celle que nous portons à l’autre et celle que nous attendons de Dieu ? Dieu est le Dieu de toute consolation : « Béni soit le Dieu de toute consolation ; il nous console dans toutes nos détresses, pour nous rendre capables de consoler tous ceux qui sont en détresse » (2 Co 1,3-4). Selon Régine Maire, la consolation est avant tout un don de Dieu qui relève et donne la force d’agir. Elle en a fait elle-même l’expérience dans des moments de grandes épreuves. Enracinée dans l’Écriture et à l’école d’Ignace de Loyola, l’auteur nous invite à être attentifs aux mouvements de consolation et de désolation qui nous traversent et qui sont au cœur du discernement spirituel.

Grâce à cet ouvrage empli de spiritualité, apprenez à être attentifs aux mouvements de consolation et de désolation qui nous traversent et qui sont au cœur du discernement spirituel !

EXTRAIT

Aventure de la liberté à la suite d’un Dieu qui s’est révélé comme celui qui précède son peuple, l’accompagne, trace son chemin. Dialogue entre le TU de l’homme et le JE de Dieu, telle est la réalité profonde de l’existence d’Israël. Dans cette tension où va se forger la structure de pensée du peuple élu : entre un passé de bienfaits (le don de Dieu) – Quand tu criais sous l’oppression je t’ai délivré (Ps 81,8) – et un avenir de possible (la promesse ) – Car éternel est son amour (Ps 136) – s’inscrit l’aujourd’hui, le maintenant, temps d’obéissance, de trahison, de reprise, d’échec, de pardon qui fait dire au psalmiste : Oui, je sais que l’amour de Dieu est éternel et universel, mais pour moi – pourquoi l’abandon ? aujourd’hui pourquoi la souffrance ?

A PROPOS DE L'AUTEUR

Régine Maire, laïque mariée, bibliste, est engagée au service du diocèse de Lyon. Psychologue et accompagnatrice de retraites spirituelles, elle est membre de la famille ignacienne.

Informations

• Publié par: Nouvelle Cité
• Date de parution: 13 juin 2018
• Nombre de lectures: 2
• EAN13: 9782853139472
• Langue: Français

Extrait

OUVERTURE
Dans mon dictionnaire amoureux de la Bible plusieurs termes nourrissent ma connaissance de Dieu et ma pri re. Parmi eux la CONSOLATION occupe une place privil gi e. Car Dieu dans sa bont s est r v l moi avec ce visage. De fait un moment difficile de ma vie o j aurais pu tomber dans la d tresse profonde, j ai t comme port e par une force inou e et par un amour de la vie qui m a donn courage et confiance. J ai t " consol e .
Pendant mes tudes de th ologie je me suis passionn e pour la parole des proph tes et leur place dans l histoire du peuple h breu. En particulier (gr ce au p re Paul Beauchamp) j ai approfondi la dynamique de l Alliance et le texte du proph te Isa e dans sa deuxi me partie que l on appelle commun ment le " livre de la consolation .
L intelligence de ce don de Dieu s est enrichie par ma pratique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola car la consolation prend l une r sonance particuli re dont nous parlerons plus loin.
Nous avons tous besoin d tre consol s : du chagrin de la s paration, de l absence, de l chec, de la souffrance, de la mort et nous sommes tous capables d tre consolateurs, d prouver de la compassion pour celui qui souffre, de poser les actes ou dire les paroles qui apaisent. Nous savons aussi que la pr sence, le temps, les objets, la beaut dans la nature ou l art peuvent consoler et cela est pr cieux mais ne comble jamais notre solitude " enchagrin e . Aussi parlerai-je de la consolation non comme cette attitude un peu sentimentale o la douceur de la parole et/ou du geste vient apporter un r confort celui qui est dans la peine ou le deuil - mais comme ce don de Dieu qui rel ve et donne la force d agir.
(2 Corinthiens 1) 3 B ni soit Dieu, le P re de notre Seigneur J sus Christ, le P re des mis ricordes et le Dieu de toute consolation ; 4 il nous console dans toutes nos d tresses, pour nous rendre capables de consoler tous ceux qui sont en d tresse, par la consolation que nous-m mes recevons de Dieu. 5 De m me, en effet, que les souffrances du Christ abondent pour nous, de m me, par le Christ, abonde aussi notre consolation.
Alors la consolation, un attribut du divin ? Je pense la pi ce Bont divine ! ( 1 ) qui met en sc ne un rabbin, un imam, un moine bouddhiste et un pr tre. Il se trouve qu la demande d une association, j ai organis sur ce th me une table ronde interreligieuse. Et de fait le bouddhisme trouve la consolation en suivant la voie de la " justesse : justesse de pens e, de parole, d action, de d tachement, de compassion : la vie bouddhiste est elle-m me " consolation et selon Bouddha " le bonheur - et donc la consolation - sont trouver en nous-m mes par l tude et l exp rience et par la pratique de la m ditation . Le musulman invoque " Allah le cl ment et mis ricordieux dans une attitude de confiance et la consolation se r f re ce verset : " croyants ! Implorez le secours du ciel par la pri re et la patience. Dieu est avec les patients (sourate 2, verset 148). Car l islam dit : vous n aurez pas vous consoler de la vie, en revanche vous aurez vous consoler de la perte de l au-del si vous n y acc dez pas (Malek Chebel) ( 2 ) .
Et la Bible, que dit-elle aux juifs et aux chr tiens sur la consolation, celle que nous portons l autre, celle que nous attendons de Dieu ?

( 1 ) Fr d ric Lenoir et Louis-Michel Colla, Bont divine ! (th tre), Albin Michel, 2009.
( 2 ) Cit dans Jacques Attali, La Consolation, Na ve - France Culture, 2012, p. 95.
- 1 - VAINES CONSOLATIONS HUMAINES
Trouve-t-on souvent dans les r cits bibliques le mot de consolation ?
Dans ces r cits, comme dans chacune de nos vies, les preuves sont nombreuses et dans ces moments nous prouvons le besoin de consolation. Le terme de consolation va jaillir, que ce soit au plan du malheur individuel ou des maux collectifs, consolation que je vais attendre du fr re ou de Dieu, consolation humaine ou divine. Remarquons qu en h breu le mot " consolation s appuie sur la racine NHM qui voque le souffle, un soupir de soulagement l inverse du g missement, verbe que la TOB (Traduction cum nique de la Bible) traduit par " r conforter, restaurer .
Oui, cette dimension du r confort que nous nous devons les uns aux autres est pr sente dans les crits bibliques : d s la Gen se ne voyons-nous pas le p re de No choisir le pr nom de son fils : Il lui donna le nom de No (Noah), en disant : " Celui-ci nous consolera de nos fatigues et du travail p nible de nos mains, provenant de cette terre que l ternel a maudite (Gn 5,29).
No veut donc dire consolation, quel beau pr nom ! L poque de No tait donc une poque prouv e ?
En effet, au temps biblique de No la m chancet dominait le monde. Voici ce que nous dit le texte de la Gen se : Le S EIGNEUR vit que la m chancet de l homme se multipliait sur la terre : longueur de journ e son c ur n tait port qu concevoir le mal et le S EIGNEUR se repentit d avoir fait l homme sur la terre (6,5). R flexion terrible qui nous laisse un peu sans voix ! Dieu pr t d truire sa cr ation. Mais, continue l auteur sacr , No trouva gr ce aupr s du S EIGNEUR . En effet No , homme juste, suivait les voies de Dieu et c est avec lui que Dieu a tabli son Alliance. Ainsi se justifie le nom de No , le consolateur : travers lui le Seigneur sauve son peuple.
Notre exp rience, c est que l amour console, que parler quelqu un qui peut entendre console, que la pr sence console si elle est compassion. Nous retrouvons cela au cours du r cit biblique : ainsi Isaac, le fils d Abraham et Sarah, le fils de la promesse, est consol de la mort de sa m re par l amour de Rebecca : Isaac conduisit Rebecca dans la tente de Sara, sa m re ; il prit Rebecca, qui devint sa femme, et il l aima. Ainsi fut consol Isaac, apr s avoir perdu sa m re (Gn 24,67).
Ou Ruth consol e par la rencontre de Booz.
Oui, Ruth, l trang re, l exil e, la veuve sans aucune protection ni ressources !
Ce petit livre biblique de Ruth est un bijou : il nous raconte l itin raire d une femme d munie de tout mais qui va transformer sa vie en faisant un choix qui a toutes les apparences du malheur en allant vivre en Isra l, elle l trang re, veuve sans ressources. La rencontre avec Booz la rel vera et sa fid lit Dieu portera son fruit. Et elle dit : " Oh ! que je trouve gr ce tes yeux, mon seigneur ! Car tu m as consol e et tu as parl au c ur de ta servante. Et pourtant je ne suis pas, moi, comme l une de tes servantes (Rt 2,13).
Plusieurs fois il nous est dit de David qu il porta la consolation : par exemple Hanun, fils de Nachasch, le roi d Amon qui venait de mourir : il lui fit porter ses consolations par l entre mise de ses serviteurs (2 S 10,2), ou la femme d Uri qui devint sa femme et dont il eut un fils qui mourut sept jours : David consola Bath-Sch ba, sa femme, et il alla aupr s d elle et coucha avec elle. Elle enfanta un fils qu il appela Salomon, et qui fut aim de l ternel (2 S 12,24).
Lui-m me prouva la consolation qui apaise le d sir de vengeance apr s que son fils Absalom eut fait assassiner son fr re Amnon : Le roi David cessa de poursuivre Absalon, car il tait consol de la mort d Amnon (2 S 13,39).
Mais le r cit biblique nous met aussi en garde contre le d sir d tre consolateur, d sir qui cache un mouvement go ste que celui qui est dans le chagrin per oit et refuse. Ainsi Jacob apr s la perte de son fils Joseph : Tous ses fils et toutes ses filles vinrent pour le consoler ; mais il ne voulut recevoir aucune consolation. Il disait : " C est en pleurant que je descendrai vers mon fils au s jour des morts ! Et il pleurait son fils (Gn 37,35).
Certaines consolations sont-elles inutiles ?
Oui, certaines consolations sont tout fait inutiles. D s le commencement l homme a prouv sa fragilit , sans doute aussi des d sillusions et de grands chagrins, des pertes irr parables, des deuils, faisant surgir tant de pourquoi et de demandes de consolation. Aussi la Bible va-t-elle nous mettre en garde contre les vaines consolations.
C est, par exemple, dans le livre de Job que nous allons trouver la vanit de celui qui pr tend vouloir consoler son fr re. Rappelons le contexte : Job, serviteur de Dieu, reconnu int gre et droit par Dieu lui-m me, va tre accus par Satan de ne vivre comme un juste que par int r t. Dieu autorise Satan mettre Job l preuve. En quelque sorte Dieu parie sur lui et fait confiance. Il a raison puisque les premiers malheurs n ont pas branl la foi de Job. C est alors dans sa sant que Satan va prouver Job. Mais cette preuve lourde n entame pas la confiance de Job, il demeure fid le son Dieu.
Surviennent alors trois amis de Job : Eliphaz de Th man, Bildad de Schuach et Tsophar de Naama apprirent tous les malheurs qui lui taient arriv s. Ils se concert rent et partirent de chez eux pour aller le plaindre et le consoler (Jb 2,11). Vont alors s entrecroiser les discours des amis et les po mes de Job qui ne fl chira pas devant les accusations des " avocats de Dieu . Au d but ils gardent le silence : devant tant de souffrance ils se taisent (c est souvent la seule consolation possible) car ils ne veulent pas en " rajouter m me s ils soup onnent l int grit de Job. Puis ils parlent et accusent clairement Job d avoir commis les pires m faits pour m riter un tel ch timent. Pourtant Job ne se sent pas coupable et ne trouve aucune consolation aupr s de ses amis, pire ils le d solent : J en ai entendu beaucoup sur ce ton, en fait de consolateurs, vous tes tous d solants (16,2) et plus loin : Pourquoi donc vous perdre en consolations ? De vos r ponses il ne reste que fausset (21,34). Les amis renoncent parler et laissent la place au jeune Elihou qui va haranguer Job avec de nouveaux arguments : Dieu prouve les justes pour viter qu ils ne s enorgueillissent. Mais c est en coutant le discours du Seigneur mettant Job au d f