Foi et modernité africaine

Claver Boundja

Description

Inculturer consiste à réinterpréter de façon créatrice le christianisme à partir des données de la Révélation et de ce qui se vit déjà dans les communautés chrétiennes, en vue de proposer des pratiques nouvelles conformément aux promesse du Règne de Dieu. Une nouvelle histoire du christianisme s'écrit dans le continent africain et dans les villes africaines, où s'emboîtent des éléments de la modernité occidentale avec ceux des cultures africaines. Il s'agit de suggérer les conditions d'éveil d'un lendemain plus éclairé.

Sujets

• Christianisme
• Philosophie et théologie
• Religión

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 septembre 2008
• Nombre de lectures: 59
• EAN13: 9782336255842
• Langue: Français

Extrait

Sommaire
Collection EGLISES D’AFRIQUE Page de titre Page de Copyright INTRODUCTION Première partie - FONDEMENTS SCRIPTURAIRES ET THEOLOGIQUES D’UNE ESCHATOLOGIE PROLEPTIQUE
1 - L’ENGAGEMENT DE DIEU DANS L’HISTOIRE 2 - LA STRUCTURE ANTICIPATIVE DU REGNE DE DIEU DANS LA VENUE DE JESUS DANS L’HISTOIRE
Deuxième partie - L’AVENEMENT DU REGNE DE DIEU DANS LA MODERNITE AFRICAINE
3 - DES FAITS DE MODERNITE 4 - LA THEOLOGIE AFRICAINE : DISCOURS AFFIRMATIFS ET NEGATION DU « DEJA » DU REGNE DE DIEU
Troisième partie - REINVESTIR L’ESCHATOLOGIE : LE « PAS ENCORE » ESCHATOLOGIQUE ET LES DEFIS DE LA LIBERATION EN AFRIQUE
5 - LES POSSIBILITES OBJECTIVES 6 - LES CONDITIONS SUBJECTIVES
CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE
Collection EGLISES D’AFRIQUE
Dirigée par François Manga-Akoa
Depuis plus de deux millénaires, le phénomène chrétien s’est inscrit profondément dans la réalité socio-culturelle, économique et politique de l’Occident, au point d’en être le fil d’Ariane pour qui veut comprendre réellement les fondements de la civilisation judéo-chrétienne. Grâce aux mouvements d’explorations scientifiques, suivis d’expansions coloniales et missionnaires, le christianisme, porté par plusieurs générations d’hommes et de femmes, s’est répandu, entre autres contrées et à différentes époques, en Afrique. D’où la naissance de plusieurs communautés ecclésiales qui ont beaucoup contribué, grâce à leurs œuvres socio-éducatives et hospitalières, à l’avènement de plusieurs cadres, hommes et femmes de valeur. Quel est aujourd’hui, dans les domaines économiques, politiques et culturels, le rôle de l’Église en Afrique ? Face aux défis de la mondialisation, en quoi les Églises d’Afrique participeraient-elles d’une dynamique qui leur serait propre ? Autant de questions et de problématiques que la collection « EGLISES D’AFRIQUE » entend étudier.
Dernières parutions
L. O. A. G. OGOUBY, Les religions dans l’espace public au Bénin. Vodoun, christianisme, islam , 2008.
Benoît AWAZI MBAMBI KUNGUA, Panorama des théologies négro-africaines anglophones , 2008.
Benoît AWAZI MBAMBI KUNGUA, Le Dieu crucifié en Afrique , 2008.
Emmanuel Vangu Vangu, Théologie africaine et calvaire des peuples , 2008.
Zachée BETCHE, Giuseppe Maggi. Regard sur l’œuvre humaniste et missionnaire d’un médecin de brousse , 2008. Jean-Bruno MUKANYA KANINDA-MUANA, Église catholique et pouvoir au Congo/Zaïre , 2008.
P. Théophile DIALLO, Témoignage d’un prêtre malien , 2008.
Foi et modernité africaine
L'anticipation du Règne de Dieu en Afrique

Claver Boundja
© L’Harmattan, 2008 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com [e-mail] [e-mail]
9782296062610
EAN : 9782296062610
INTRODUCTION
Le Synode spécial sur l’Afrique (1994) a recommandé l’inculturation comme voie privilégiée pour la théologie africaine. L’inculturation présuppose l’universalité du dessein salvifique de Dieu et la réalisation de ce salut universel par l’unicité de la médiation du Christ d’une part, et d’autre part, l’aptitude potentielle des hommes, vivant dans des contextes socio-culturels divers, d’accueillir et de transcrire ce salut dans leur histoire. Aujourd’hui, une nouvelle histoire du christianisme s’écrit dans le continent africain en général, et dans les villes africaines en particulier, à travers les communautés chrétiennes d’entraide. Les villes africaines se présentent comme des lieux d’émergence d’une modernité composite, basée sur le croisement des cultures, où s’emboîtent les éléments de la modernité occidentale et les éléments des cultures africaines. C’est dans ce contexte d’ interculturalité que le Chrétien africain tente de répondre à Dieu.
Ainsi, dans cette étude, en prenant en compte ce nouveau contexte des villes africaines et les exigences de la foi chrétienne, nous proposons l’herméneutique comme méthode de la théologie de l’inculturation en Afrique. Il s’agit d’une corrélation mutuelle entre l’interprétation de la tradition chrétienne et l’interprétation de l’histoire africaine contemporaine. Une telle réflexion doit s’entendre comme une articulation entre le présent de l’Africain, et l’avancée du Règne de Dieu.
Dans cette perspective, inculturer consiste à réinterpréter de façon créatrice le christianisme, à partir des donnés de la Révélation et de ce qui se vit déjà dans les communautés chrétiennes, en vue de proposer des pratiques nouvelles, conformément aux promesses du Règne de Dieu. Le travail du théologien, en effet, ne vient que le soir, lorsque la journée d’une communauté chrétienne s’est déroulée. Sa tâche est alors de faire advenir à la lumière tremblante des mots, une interprétation qui assume la tradition chrétienne et la pratique chrétienne actuelle, et tente de suggérer les conditions d’éveil d’un lendemain plus éclairé.
Cette étude se veut une tentative d’analyse théologique de la réalité africaine. Plus précisément, il s’agit d’une lecture de l’eschatologie chrétienne dans le présent africain. La théologie, une certaine théologie cache ses envers, quand il est question d’analyser le réel africain. Ces envers se déclinent sous plusieurs figures : exaltation de la culture, coagulation des signifiants identitaires, enfermement de l’imaginaire dans des « idées reçues » et par conséquent, stagnation de l’avenir du Chrétien africain. Ces envers théologiques ont sans doute pour source, l’enfermement du discours théologique dans des querelles méthodologiques stériles, qui ramènent la théologie en Afrique à un « devoir-être », à un statut de perpétuel projet. Le temps est assurément venu de « faire » la théologie en Afrique, au sens fort du terme. Faire la théologie, non pas en s’évadant vers un « ailleurs » déplacé, dépassé ou décalé dans l’espace et dans le temps, mais en s’efforçant de repenser Dieu, l’histoire et le sujet en gestation, à partir de la condition africaine. C’est dans cette perspective que nous nous proposons de scruter la modernité africaine selon une eschatologie anticipative ou proleptique.
Nous tenterons de saisir le type de rapport qui peut se penser et s’organiser entre l’eschatologie chrétienne et la modernité africaine. La question qui nous servira de fil conducteur est la suivante : comment se traduit la venue ultime de Dieu dans le présent africain ?
D’abord, pourquoi une eschatologie proleptique ? Par « proleptique », nous entendons la dynamique de l’anticipation, quand il est question de prospective. La notion de « prolepse » 1 ou d’anticipation nous permet d’éviter à la fois la désécularisation et l’objectivation de l’ eschaton. Désécularisé , l’ eschaton est conçu comme une réalité réalisable exclusivement dans un autre monde. Objectivé, il est déprécié au profit d’un progressisme moralisateur à réaliser dans ce monde. Il est donc d’un intérêt majeur de mettre en perspective la période historique qui nous concerne, à la lumière de cette catégorie, parce que notre histoire est souvent interprétée comme n’ayant pas de prospective. Tout se passe comme si l’on ne pourrait plus envisager un avenir humain au milieu du brouillage des repères. La catégorie de « prolepse», dans la mesure où elle désigne l’anticipation de l’avenir dans le présent tout en sauvegardant ce qu’il y a d’inédit dans l’avenir, permet l’examen des conditions et des limites d’effectuation des actes historiques. De la sorte, l’eschatologie proleptique implique une compréhension particulière de la temporalité.
Les rapports entre eschatologie proleptique et temporalité s’inscrivent dans l’horizon fondamental de l’agir chrétien, agir dont l’épanouissement ne peut advenir que dans le rachat du temps des mains des idéologues qui interprètent les événements selon leurs intérêts. Ainsi, l’eschatologie proleptique dont il sera question ici intégrera la critique du discours théologique constitué en Afrique, à travers l’analyse des faits de modernité, en vue de l’inscription du non-encore dans l’histoire africaine. Une telle analyse s’appuiera sur un temps ouvert, un temps qui articule l’eschatologie comme surgissement du Novum dans le réel africain.
Evoquer l’idée de modernité africaine, au moment précis où tous les indicateurs, couplés à des expériences sur le terrain, font apparaître l’évidence de situations alarmantes, est une approche cognitive paradoxale. En effet, les études en sciences humaines (sociologie, anthropologie, économie, géographie) et théologiques soulignent de façon