Histoire économique du monde islamique
69 pages
Français

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Histoire économique du monde islamique , livre ebook

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Description

La mémoire collective considère généralement l'Islam comme l'entrave essentielle au progrès économique et social des peuples qui s'en réclament. La plupart du temps sont étudiés les conflits sociaux, les guerres et les manoeuvres politiques. C'est omettre que les périodes du VIIe au XIe siècle ont été celles où le monde arabo-musulman a fait de remarquables avancées dans la compréhension des phénomènes marchands, des mécanismes monétaires ou en matière de finances publiques. L'ouvrage tente de réunir l'ensemble des travaux jusqu'alors entrepris sur le sujet afin de mettre en lumière le versant économique de l'histoire de l'Islam.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 février 2019
Nombre de lectures 16
EAN13 9782336865270
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre

Ahmed Danyal ARIF




Histoire économique du monde islamique

De l’Arabie préislamique à la dynastie umayyade
Copyright




















© L’H ARMATTAN , 2019
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr
EAN epub : 978-2-336-86527-0
À Imaan,
Puisses-tu un jour écrire un livre meilleur.
NOTES
La numérotation des versets du Coran utilisée dans cet ouvrage compte la Basmalah ( Au nom d’Allah, le Gracieux, le Miséricordieux ) comme premier verset de chaque chapitre. Le lecteur remarquera donc une différence d’un verset par rapport à l’ordre numérique. Exemple : le verset 6 du chapitre 95 dans la traduction utilisée sera le verset 5 du même chapitre dans les autres traductions.
PROLOGUE L’histoire que l’on n’a jamais racontée
Les époques de bonheur écrivait Hegel, sont « les pages blanches » de l’histoire parce que ce sont des « périodes de concorde ». Depuis quelques temps, il est de bon ton chez les historiens d’émettre des doutes quant à la place de l’Islam dans la sphère de l’économie (Kuran, 2011). D’autres refusent même catégoriquement d’envisager que l’Islam ait pu être à un moment donné une force motrice dans l’histoire de l’humanité. La plupart du temps, sont étudiés les conflits sociaux, les guerres et les manœuvres politiques faites par les mécontents et les rebelles, aspirant à exercer l’autorité et à exploiter les plus faibles. De l’autre côté, nous trouvons les victimes, elles aussi intéressées et aspirant au pouvoir avec pour grand objectif de rétablir la justice.
En effet, notre mémoire collective est la plupart du temps structurée par les effroyables violences et les abominables injustices perpétrées en son nom ou que nous, communs des mortels, nous nous sommes infligé par le passé. C’est omettre que les périodes du VII e au XI e siècle au moins, ont été des périodes où l’Islam a excellé en matière économique. En conservant et en enrichissant l’héritage intellectuel gréco-romain, le monde arabo-musulman a fait de remarquables avancées dans la compréhension des phénomènes marchands, des mécanismes monétaires ou en matière de finances publiques.
C’est pourquoi notre champ d’investigation sera avant tout celui de l’histoire économique. On ne saurait toutefois se limiter à une simple histoire de l’économie, dans la mesure où elle est inséparable des autres événements qui ont tissé l’histoire de l’Islam. La vie de l’Homme est un tout ; la vie économique est inséparable de la vie privée de l’individu, de sa vie sociale, de l’ensemble de ses croyances et de ses valeurs. C’est donc en soi l’évolution de tout un milieu social et culturel que nous allons essayer de suivre pendant un peu plus de cinq siècles.
Le statut singulier de l’Histoire
Nous ne pouvons que nous désoler du désamour qu’entretiennent les disciplines de l’histoire et de l’économie. Heureuses ou malheureuses, ces références ont mis en avant certains travaux habituellement marginaux et ont été peu relayées dans le débat public, d’autant qu’elles ont révélé, que le nombre de personnes travaillant actuellement sur l’histoire économique, était extrêmement réduit au sein des départements universitaires. Paradoxalement, la diffusion et les progrès d’outils semblaient offrir de nouveaux instruments de mesure, et de nouvelles possibilités d’analyse des économies du passé. Il ne fait aucun doute que cette « extinction » tire son essence de l’attention politique consacrée à ces sujets, mais aussi de l’idée selon laquelle, le capitalisme serait le système économique ultime. En effet, épris d’un messianisme social (Arif, 2018a), l’économiste formaliste va vouloir dès le XIX e siècle modeler la « science économique » sur la physique, l’amenant fréquemment à nier l’historicité et la contingence des théories. Le champ de l’histoire économique a donc été particulièrement marqué par l’idéologie de la fin de l’histoire, et son corrélat politico-économique, à savoir l’idée d’un triomphe nécessaire (ou du moins, fortement souhaité) des démocraties capitalistes (Calafat & Monnet, 2016).
Mais la dérive scientiste de certains économistes va les amener à négliger que l’histoire est, qu’on le veuille ou non, une partie intégrante du récit national. Elle n’est pas seulement une chronique d’événements ; plus importante encore, elle est une galerie dévoilant les scénarios successifs des réalisations et des échecs de l’humanité. Elle est ce miroir lucide dans lequel on peut voir les épisodes animés de l’ascension et de la chute des nations et des civilisations à travers l’interaction d’idées, de personnalités, d’institutions et de sociétés. Alors que se déroulent pour l’œil humain ces scènes fascinantes, il confronte dans le même temps l’esprit des défis. L’Histoire nous invite à réfléchir, à analyser, à approfondir et à découvrir les forces étiologiques derrière toutes ses dynamiques. En somme, elle ouvre pour l’humanité une possibilité d’apprendre du passé, afin de remodeler le présent, et ouvrir la voie à un avenir meilleur (Chapra, 2008 ; M. B. M. Ahmad, 2013b).
L’étude de l’Histoire est d’autant plus importante en ce qu’elle permet – dans l’analyse portée sur l’Islam – d’y déceler les erreurs commises par les générations antérieures et de moduler notre comportement actuel. En effet, n’a-t-il pas été révélé au Prophète de l’Islam que « Nous te relatons toutes les nouvelles importantes des Messagers par lesquelles Nous affermissons ton cœur », et qu’il s’agit d’une « exhortation et un rappel pour les croyants » (Coran, 11 : 121) ? En réalité, le Coran ne souligne pas seulement la nécessité de comprendre l’ensemble des facteurs responsables de la montée et du déclin des nations. Il invite l’humanité entière à comprendre la conception divine comme intégrée dans les processus historiques. Il a attribué à l’humanité non seulement le rôle d’apprendre de l’Histoire, mais aussi de la façonner. Sa mission historique en tant qu’individu et en tant que communauté, est d’œuvrer en permanence à établir et à vivre selon la volonté divine dans l’espace et le temps de l’Histoire. Cette volonté divine se caractérise par une lutte active pour l’établissement de la justice (Coran, 4 : 136), de manière à permettre à l’humanité de chercher le Bien dans ce monde et dans la vie à venir. On comprend mieux ici que la religion islamique, que ce soit sur le plan politique, économique ou social, a été guidée par une tout autre conception du monde.
Une autre vision du monde
Tout économiste (et historien !) reconnaît que le bien-être constitue le summum bonum de toute activité humaine. Mais compte tenu de la rareté des ressources, le bien-être de tous ne peut être pris en compte si celles-ci ne sont pas utilisées de manière efficace et équitable. À cet effet, chaque société a besoin de développer une stratégie efficace, qui est consciemment ou inconsciemment, conditionnée par sa vision du monde (Chapra, 2014). Ainsi, il est primordial de garder à l’esprit que l’histoire économique que l’on va raconter a été guidée par une vision du monde tout à fait différente des sociétés capitalistes actuelles.
La vision matérialiste des économies capitalistes a eu tendance à attacher une importance maximale à l’aspect matériel du bien-être humain, et à ignorer en règle générale, son aspect spirituel. Les thuriféraires de cette vision font le plus souvent valoir que le bien-être peut être atteint si l’on donne aux individus une liberté sans entrave afin de poursuivre leurs intérêts propres, et de maximiser leur satisfaction en fonction de leurs propres préférences. Une telle vision du monde laisse finalement peu de place à l’éthique ou à l’intervention du gouvernement dans l’attribution et la répartition des r

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