Histoire religieuse de la Guadeloupe au XIX e siècle
272 pages
Français

Histoire religieuse de la Guadeloupe au XIX e siècle , livre ebook

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272 pages
Français

Description

Durant ce long XIXe siècle, la Guadeloupe connaît diverses mutations. La religion catholique prend une place incontestable et durable dans la société, ce qui lui octroie un pouvoir encadrant très fort et des domaines de compétences immenses. Ce livre, en retraçant l'évolution du fait religieux au XIXe siècle, aide à la compréhension de la formation de la société guadeloupéenne dans ses comportements et certaines de ses caractéristiques identitaires.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2012
Nombre de lectures 28
EAN13 9782296506718
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

HISTOIRERELIGIEUSE฀ delaGuadeloupee au ฀ X I X ฀ siè cle
Idèles, dans la pratique de leur spiritualité, dans leurs comportements
MaxDidon
Siècle e
MaxDidon
HISTOIRERELIGIEUSEdelaGuadeloupee au ฀ X I X ฀ siè cle
1815-1911
HistoirereligieusedelaGuadeloupeauXIX
Histoire religieuse de la Guadeloupe e au XIX siècle 1815- 1911
Max Didon HISTOIRE RELIGIEUSE DE LA GUADELOUPE E AU XIX SIÈCLE 1815- 1911 L’Harmattan
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00287-3 EAN : 9782336002873
Introduction
Au XIXe siècle, la religion accompagne les grandes mutations de la société guadeloupéenne. Entre 1815 et 1911, l’histoire religieuse de la Guadeloupe a connu différentes phases d’évolution. Durant cette période, la Guadeloupe est réellement devenue catholique. Dans cette colonie où le culte était réservé à un petit nombre, on assiste à une démocratisation progressive du fait religieux. Les esclaves, négligés par les ecclésiastiques par le passé, pour des raisons essentiellement raciales, profiteront progressivement de la pastorale. L’installation de la religion catholique s’opère en deux étapes. À partir de 1815 jusqu'en 1850, la religion catholique connaît une phase de renouveau orchestrée en commun par l'État français et les autorités ecclésiastiques. Elle se termine avec l’installation de l’évêché à Basse-Terre. La deuxième phase correspond aux années concordataires. Entre 1850 et 1911, date de l'application de la loi de séparation dès l'Église et de l'État, la religion connaît, à la fois, et consécutivement ses heures de gloire, probablement les plus belles qu'elle ait connues au XIXe siècle, mais aussi ses heures de graves malheurs, sûrement les plus dures depuis la Révolution française. Entre 1815 et 1850, après une période révolutionnaire qui a laissé la religion exsangue, on assiste à un cycle de renouveau qui progressivement, en plusieurs étapes, va aboutir à l’érection de l’évêché en 1850. Dans un premier temps, les autorités religieuses et politiques mènent une série de campagnes de recrutement pour renforcer le cadre. Localement, on construit des églises, on crée de nouvelles paroisses. Les ecclésiastiques réaménagent les intérieurs, achètent les éléments nécessaires au bon fonctionnement du saint ministère. Mais ce rétablissement connaît des débuts fort difficiles. Au commencement, les autorités françaises ne misent pas vraiment sur l'Église catholique pour structurer la société guadeloupéenne. Elles se contentent de fournir le personnel religieux nécessaire aux offices religieux d’un petit groupe de Guadeloupéens. Les esclaves, en grande majorité, en sont privés. À la fin, des années 1830, vers 1839 plus exactement, les autorités françaises décident d'associer la religion catholique au processus abolitionniste. On prend conscience en plus haut lieu que le discours dispensé par les ecclésiastiques pourrait être un atout très
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important pour préparer les esclaves à vivre leur future citoyenneté. L’idée est d’utiliser la force moralisatrice et pacificatrice du discours religieux pour procéder à une abolition sans heurts, sans désorganiser les structures politiques, économiques et sociales de la colonie. Alors, à partir de cette date, des liens très forts s’établissent entre le politique et la religion pour la gestion de la société guadeloupéenne. Ce nouveau pacte d’assistance mutuelle entraîne de nombreux changements. Le budget consenti à la religion pour cette colonie s’accroît fortement. On augmente également le personnel religieux. Des lois sont décidées pour imposer une pastorale destinée exclusivement aux esclaves. La préfecture apostolique est transformée en évêché, signe de l’accomplissement de l’acte missionnaire, commencé depuis le début de la colonisation de la Guadeloupe. On passe d'une Église missionnaire à une Église concordataire. Cette mutation a d’énormes effets sur les populations locales. On assiste à la création de la Guadeloupe catholique. Différents indices révèlent une pratique en nette augmentation. Le nombre de communiants, de messalisants, de pascalisants, n’a cessé de s'amplifier. Les premières communions et même les mariages, un des cauchemars récurrents des prêtres, connaissent une évolution à la hausse. L’activité catéchistique s’intensifie. Les congrégations en plus grand nombre multiplient les œuvres, etc. Ainsi entre 1815 et 1850, la religion est rétablie puis installée durablement et de façon générale dans toutes les couches de la société guadeloupéenne. Il s’agit par conséquent, après avoir analysé ce processus de renouveau et la façon dont la Guadeloupe est devenue catholique, de se poser aussi la question du rôle que la religion a vraiment joué dans cette société. Dans un deuxième temps, entre 1850 et 1911, l’histoire religieuse de la Guadeloupe connaît deux phases d’évolution très opposées l’une de l’autre. La première qui va de 1850 à 1880 ; correspond au triomphe du catholicisme. Par contre, la seconde s’apparente à une période de forte turbulence qui s’achève par une rupture. C'est la plus grande crise que connaît l'Église catholique depuis l'épisode révolutionnaire. Entre 1850 et 1880 les liens établis entre les deux autorités demeurent encore très forts. L'État français mise sur la puissance de l'Église pour gérer toutes les sphères de la société guadeloupéenne. Il s’en remet à l’école congréganiste dirigée par les frères et les sœurs pour l’éducation des enfants. Les sœurs hospitalières soignent les maux des Guadeloupéens. Plus encore, il lui laisse le soin d’organiser la société dans sa globalité. Durant la période esclavagiste et celle qui a suivi, la religion, forte de sa capacité à moraliser, a pacifié cette société. Les enjeux de cette deuxième partie sont de plusieurs ordres. Il s’agit tout d’abord, d’étudier la construction de cette société catholique pour comprendre le type de catholicisme qui est exporté. S’agit-il d’une religion exotique ou d’une religion rigoriste conforme aux prescriptions romaines ? Ensuite, l’autre fait majeur, qui est aussi important
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que le premier, concerne la nouvelle place que la religion tient dans cette nouvelle société coloniale post-esclavagiste. Nous savons que la période est marquée par des enjeux économiques importants, notamment pour ce qui concerne la gestion de la main-d'œuvre et la compétitivité de l'économie sucrière. Quel est le rôle de cette église, qui a vu son pouvoir de persuasion renforcé ? À partir de 1880, avec les lois laïcisantes appliquées par les gouvernements républicains, c'est le divorce entre les deux autorités, qui fut consommé, en 1911, avec la séparation des Églises et de l'État. L'État français ne fait plus de la religion une collaboratrice indispensable pour la gestion de la société guadeloupéenne. Il ne délègue plus. L'État ambitionne de déconfessionnaliser la société guadeloupéenne. Il décide de laïciser les écoles dans le but d’éduquer lui-même les enfants Guadeloupéens aux nouvelles valeurs républicaines, qui diffèrent désormais de celles de la religion. Nombre d’institutions publiques sont ainsi dépossédées de leurs symboles religieux. La religion voit sa vocation à gérer toutes les activités humaines fortement ébranlée. S’amorce alors un conflit entre les deux autorités. Se retrouvent, face à face, deux projets de société concurrents, l’un fondé sur des valeurs rationalistes et l’autre tourné vers le ciel. Cette politique n’est pas sans conséquence sur le fait religieux dans la colonie. Elle aboutit à la séparation des Églises et de l'État. C’est la fin d’un cycle qui annonce une nouvelle phase de l’histoire religieuse de la Guadeloupe. Ces nouveaux enjeux divergents entraînent de problématiques nouvelles qui diffèrent des précédentes. Désormais, ce n'est plus à une religion conquérante que l'on a affaire, mais à une religion menacée, poussée dans ses retranchements et sur la défensive. Ce changement des relations suscite nombre de questions : Comment cette politique de laïcisation est-elle menée dans la colonie ? Comment les ecclésiastiques répondent-ils ? Quelles en sont les répercussions sur la pratique religieuse ? Comment les Guadeloupéens ont-ils réagi ? Globalement, sur l'ensemble de la période, il s'agit de s'interroger sur la manière dont les Guadeloupéens sont devenus catholiques au XIXe siècle. Et d’étudier la part de la religion catholique dans la formation de la société guadeloupéenne et notamment le rôle qu’elle a joué dans le système esclavagiste et après dans la société coloniale.
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Première partie 1815-1850 : Du rétablissement à l’Église concordataire
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